Utilisation du Correcteur de Dispersion Atmosphérique (CDA)
En préliminaire, rappelons que le CDA ne corrige que les effets chromatiques induits par la dispersion atmosphérique mais pas les aberrations chromatiques générées par les lentilles des lunettes, des oculaires ou des barlows.
L’efficacité du correcteur est fonction notamment de sa distance au plan focal. Pour une dispersion atmosphérique donnée (donc pour une élévation de l’objet observé donné) plus le correcteur sera près du plan focal et plus la correction à réaliser par le CDA devra être importante c’est-à-dire plus il faudra augmenter l’angle entre les 2 prismes et donc plus il faudra écarter les molettes. On aura donc intérêt à rapprocher le CDA au maximum du plan focal pour avoir suffisamment de précision dans les réglages, tout en le gardant suffisamment loin pour rester dans sa gamme de correction possible.
Dans la pratique, la mise en place et l’utilisation du CDA se font selon les étapes successives suivantes :
1. le correcteur ne doit être utilisé qu'avec des rapports F/D assez importants, supérieurs à 10. Il doit donc le plus souvent être placé après la barlow. Dans le cas contraire, le correcteur introduit de l’astigmatisme. Par ailleurs, comme mentionné précédemment, ce positionnement permet de garder le CDA suffisamment près du plan focal. Le positionnement de la roue à filtre (si elle est utilisée) n’importe pas, mais là aussi on pourra jouer sur son positionnement relatif au CDA pour écarter plus ou moins ce dernier du plan focal,
2. les molettes du correcteur en position 0 (c’est à dire les deux molettes jointes) doivent être placées à l'horizontale une fois l'objet pointé afin de générer une dispersion dans la même direction que la dispersion atmosphérique. 2 positions sont possibles : mollettes à gauche ou à droite, mais une seule position permet d'effectuer les corrections dans le bon sens, l'autre au contraire l'amplifiant. Avec le montage optique sans renvoi coudé utilisé la plupart du temps et présenté sur la figure 2, les molettes doivent être positionnées à droite,
3. Si l’imagerie de l’astre est au programme, la caméra utilisée doit alors être mise en place à ce moment de la procédure. La mise au point est alors effectuée à l’aide de la caméra, du porte-oculaire et de l’ordinateur comme pour une classique séance d’imagerie. S’il s’agit d’une observation visuelle, cette étape peut être sautée ainsi que la suivante,
4. La caméra est alors retirée et remplacée par un oculaire dont la focale permet de clairement distinguer la dispersion : un grossissement de 1x à 1.5 le diamètre de l’instrument est conseillé, La mise au point doit être faite en coulissant l’oculaire dans le porte-oculaire mais sans toucher au dispositif habituel (porte-oculaire ou système de translation des miroirs). Cette étape permet de conserver les réglages qui seront utilisés lors de la séance d’imagerie et donc d’optimiser la correction de la dispersion dans cette configuration,
5. La dispersion doit alors être corrigée en agissant sur les deux molettes du CDA et en contrôlant les effets à l’oculaire, mais en prenant garde de tourner les molettes symétriquement par rapport à un axe restant horizontal afin que la correction soit effectuée dans le plan vertical c’est-à-dire dans la même direction que la dispersion atmosphérique.
Lors de la correction, on doit voir les liserés rouge d’un côté et bleu de l’autre progressivement disparaître et l’image devenir plus blanche et nette. Le point de correction optimal est déterminé à l’œil ce qui ne présente pas de difficulté particulière avec un peu d’entraînement.
Une méthode possible est par exemple de sur-corriger par une trop grande rotation des molettes pour obtenir des liserés rouge et bleu similaires à ceux du point 0 mais inversés, et déterminer ensuite le point médian.
Pour les objets pour lesquels la dispersion n'est pas très évidente à voir (comme Mars compte tenu de sa couleur rouge prononcée), on peut plus facilement régler le CDA sur une étoile (blanche de préférence) située à une élévation équivalente. On voit très bien les effets de la dispersion sur les anneaux de diffraction.
Sur Jupiter, on peut aussi trouver le réglage optimal en cherchant à obtenir une couleur du limbe identique de part et d'autre de la planète. Cette méthode permet d'avoir un réglage très fin pour cette planète.
Le réglage du CDA à l’œil se fait sans filtre ou avec un filtre Ir-Cut afin de clairement visualiser les effets de la dispersion sur tout le spectre lumineux accessible à l’œil,
Une autre méthode de réglage du CDA fait appel à l’imagerie d’une étoile ou d’une planète de faible diamètre (Uranus ou Neptune par exemple) au travers d’un filtre violet W47. En effet, ce filtre laisse non seulement passer la lumière violette mais aussi l’infra-rouge. Or, comme expliqué précédemment, les effets de la dispersion atmosphérique varient en fonction de la longueur d’onde. Avec le filtre W47 on va donc pouvoir observer ses effets aux deux bouts du spectre.
En l’absence de correction avec un CDA, l’image de l’étoile se présente alors sous la forme de 2 spots séparés : l’un correspond à l’étoile vue dans le violet et l’autre à l’étoile vue dans l’infra-rouge. En tournant les molettes du CDA de manière symétrique, les 2 spots vont se rapprocher jusqu’à fusionner : en ce point, le réglage du CDA et la correction de la dispersion sont optimaux.
Pour cette méthode, l’utilisation d’une caméra numérique est requise puisque l’œil humain n’est pas sensible à l’infra-rouge.
La figure suivante fournit un exemple de ce type de réglage fait sur une étoile.