Compte-rendu: Mission Anorolaer

Arrivée au Pic le matin, où Bruno et Alain m'attendent (Alain terminant une mission coro et Bruno étant monté la veille). Les spacieux quartiers du T60 nous accueillent. Le MOPAP2 trône dans sa boite et la coupole a été nettoyée par l'équipe précédente.
Grand beau temps avec quelques brumes montantes l'après-midi. Alain travaille à l'alignement optique de son spectro. Bruno et moi allons voir Jean Lecacheux à propos de l'occultation d'une étoile par l'astéroïde Christa, prévue pour demain soir: le Pic est en frontière de la ligne d'occultation donc l'expérience devrait être intéressante... occultation de courte durée ou bien pas d'occultation du tout...
L'après-midi nous adaptons la lunette d'Alain sur la rotule Mono-Ball avec deux trous faits à l'atelier. Elle pourra ainsi être montée en parallèle au T60.

Dégustation de magret séché et Moscatel avant le repas.

Mars la bleue

Mars la jaune

Nous profitons d'avoir l'Audine montée au foyer du T60 pour continuer avec un peu d'imagerie, histoire d'évacuer le stress de l'occultation ;-)
Bruno profite également de la terrasse désertée pour faire des photos grand champ avec son D70, sur pied fixe ou bien sur le "compteur à gaz" (une petite monture équatoriale bricolée).
Nous enchaînons des poses sur M27 Dumbell au foyer avec filtre H-alpha de 10nm et Alain mitraille le même objet avec son Atik et son objectif de 60mm, en trichromie.
Nous naviguons ensuite vers la Nébuleuse Boule de neige visitée la veille dans le but de faire de l'imagerie H-alpha. Puis nous démontons le porte-oculaire afin de fixer le spectro de Alain sur l'équerre et sa platine micrométrique. Un peu de temps est mis pour retrouver l'objet, mais aucune hésitation devant sa couleur bleue révélée par la Toucam, et surtout par les raies intenses de l'oxygène OIII et les raies de l'hydrogène Alpha et Beta! Ce type d'objet est un régal en spectro! Nous enchaînons les poses avec les réseaux de 100 et 300 traits/mm.

Belle journée avec quelques nuages peu agressifs. Petite balade dans l'après-midi au Lac d'Oncet pour Bruno et moi. Coucher de Soleil puis coucher de Venus sur la terrasse Baillaud.
Bruno est sorti sur la terrasse Sud pour une séance de photos nocturnes (comme la veille et l'avant veille) mais... toc toc toc... je l'entends toquer sur la coupole pour me demander de lui ouvrir une porte étant donné que celle de la terrasse vient d'être fermée par Jean-Jacques Védère, adjoint-chef-sécurité-parano. Je pars lui ouvrir la porte grise du Vaussenat puis vais aimablement demander à Jean-Jacques s'il peut bien nous ouvrir la porte de la terrasse Sud par commodité siouplait merci.
Je n'étais pas conscient de la faille critique de sécurité que cela représenterait pour l'Observatoire et comme il me l'explique il est hors de question de laisser cette porte ouverte à notre disposition en raison des dangers permanents d'intrusions malveillantes qui pèsent sur le Pic, comme nous le savons tous.
Après lui avoir fait remarquer que de nombreuses autres portes permettent de rentrer dans le Pic il me fait savoir qu'elle ne sont pas connues des terroristes. Je tiens donc à signaler ici quelques moyens commodes d'intrusion à leur intention lorsque la porte de la terrasse Sud est fermée:

• la porte du plan incliné, au pied du TBL: facile d'accès par la terrasse TDF elle peut s'ouvrir de l'extérieur;
  
• la porte du couloir TBL, près de la table d'orientation, fréquemment entrebâillée. La proximité de la table d'orientation en fait un point de vue agréable avant votre intrusion;
  
• la porte de la médecine de montagne, également fréquemment ouverte, située sous le couloir suspendu entre Charvin et Tourelle;
  
• la porte des ateliers à l'aplomb du T60, directement accessible depuis la face Sud du Pic;
  
• la porte de la terrasse tourelle: plus technique car elle nécessite un rétablissement ou une courte-échelle. A réserver aux commandos de plusieurs hommes;
  
• la porte de la terrasse du T1M: également un peu plus technique car nécessitant une escalade facile (III-) du mur des écuries; la porte de l'escalier T55 est également souvent ouverte;
  
• enfin vous pouvez vous adresser aux équipes du T60 en toquant sur la coupole: elles se feront un plaisir de vous ouvrir si vous souhaitez entrer illicitement.

Très belle journée, peu de nuages. On profite à plein du Pic et de sa terrasse. Petit apéro pris sur la terrasse du T1M avec nos amis des Observateurs Associés puis on va manger en terrasse, très agréable!

Coucher de Soleil depuis la Baillaud, un peu crasseux, mais on est plutôt scotchés par ce que vient de nous montrer Sandrine, la toubib: un joli reflet de la Lune dans le Lac d'Oncet. La Lune est tantôt une tache floue éparpillée sur les vaguelettes, tantôt un premier quartier plus resserré aux contours tourmentés. Superbe!

Retour à la coupole pour jeter un oeil sur un Jupiter très stable, puis on file assister aux multiples feux d'artifice de Pau, Tarbes, Soumoulou, Luz... certes lointains et chétifs mais tout de même amusants à contempler du dessus.
Nous regagnons la coupole dans le but de faire de la photo au foyer avec le D70. Requete préalable aux équipes d'éteindre les lumières des couloirs du téléphérique, exécutée un peu à reculons.
Bruno pointe Dumbell en moins de deux et l'on peut se régaler au Nagler. Cependant il nous semble que les étoiles sont un peu allongées de temps en temps... sans doute le vent... jusqu'à ce que nous réalisions que la longueur d'allongement est modulée avec le bruit du moteur de suivi! Après confirmation, on constate que l'allongement n'est présent qu'avec le suivi vitesse lente: lorsque le bouton Rapide est enfoncé (DEL rouge) les étoiles sont immédiatement plus ponctuelles: sans doute une mise en résonance de la monture? A tester dans d'autres positions du télescope...
En attendant, Bruno enchaîne ses acquisitions et c'est superbe, nonobstant la forte coma en bord de champ.
1h du matin, je vais éteindre la galerie du téléphérique.

Bruno enchaîne sur le bel amas du Sagittaire M22 (ci-dessus), tandis que Alain et moi traitons les images précédemment réalisées.
Puis direction le Cygne et un cadrage serré sur la Nébuleuse Pélican.
Fin de nuit ventée.

Beau temps. Alain réalise des poses à l'Atik en parallèle tandis que Bruno se consacre à de la photo numérique au foyer: une constatation est qu'il est bien difficile de focaliser, et que apparemment l'appareil photo a légèrement bougé et tourné au cours des poses. Il faudra que nous fabriquions une meilleure bague allonge (ou plus simplement attendre l'arrivée du correcteur de champ conçu par Guillaume Blanchard).

Quand à moi je vais m'installer sur la table de pique-nique de François Colas, sur la terrasse T1M pour réaliser des poses grand champ sur le "compteur à gaz". Les poses de 120 secondes s'enchainent sans aucune erreur de suivi avec une focale courte certes (35mm sur camera CCD Artemis). Poses en visible et H-alpha, très enthousiasmantes, et spectres grand champ avec simplement un réseau 100tr/mm placé devant l'objectif: on repère au premier coup d'oeil les types d'étoiles et... bon sang, l'émission H-alpha de Delta Sco est visible!
Acquisitions jusqu'aux premières lueurs de l'aube.

Emission de l'étoile Be Delta Sco

Samedi 16 Juillet 2005

Grand beau! Un plein soleil règne sur le Pic et pas un nuage ne vient troubler la belle soirée. Alain et Bruno alternent les objets célestes en parallèle au T60 tandis que je me réinstalle sur la terrasse du T1M pour des poses de ciel profond en H-alpha, Lune oblige. Quelques spectres grand champ en fin de nuit.

ci-contre, le T60 devant le coucher de Lune