Astrophotographie

des planètes

 



La période d’opposition de Mars, autrement dit d’alignement Soleil - Terre - Mars (et donc de distance minimale entre la Terre et Mars) a pris fin début janvier 2023. Cette période favorable à l’observation et à la photographie de la « Planète rouge »  se produit tous les 2 ans et presque 2 mois, elle dure schématiquement 2 mois. Cette opposition de la toute fin de l’année 2022 a été caractérisée par un bon compromis entre le diamètre apparent (jusqu’à 17,2 secondes d’arc, au tout début décembre) et une très grande hauteur dans le ciel puisque Mars se trouvait alors dans la constellation des Gémeaux, atteignant une déclinaison remarquable de +25 degrés. Hélas, les oppositions suivantes (début janvier 2025, puis fin février 2027) seront nettement moins favorables, en matière de hauteur (donc de qualité des images) dans le ciel boréal et surtout de diamètre apparent donc de détails perceptibles (pas mieux que de 14,5 secondes d’arc en 2025, moins de 14 secondes d’arc en 2027).

Les images de Mars prises par les membres de la SAML en décembre 2022 et début janvier 2023 sont donc non seulement les dernières en date mais elles constituent peut-être les dernières images très détaillées de Mars avant longtemps.

Philippe, toujours très motivé par la Planète rouge, a bien profité de cette opposition de 2022, malgré une météo dans l’ensemble défavorable dans notre pays pendant cette période : peu d’images donc, mais de très grande qualité.

Le 1er décembre, c’est depuis son domicile de Manosque que Philippe a photographié Mars. Les conditions sont restées bonnes plusieurs heures, suffisamment longtemps pour assister à une journée sur Elysium, en bénéficiant d'un diamètre apparent de 17,2'', soit le maximum pour cette opposition. L'animation comprend douze images espacées de 30 minutes, de 19h52 TU à 01h23 TU, le méridien central passant de 159° à 240°. En début de session, les volcans Arsia, Pavonis et Ascraeus disparaissent au terminateur, suivis d'Olympus, tandis qu'Elysium apparaît au limbe, près des voiles polaires. En fin de session, Elysium se rapproche du terminateur, Syrtis Major se détache du limbe. On notera la disparition de petits nuages du voile. L'image fixe date de 23h22 TU.

                      


Le 6 décembre, les conditions étaient également correctes en début de soirée à Manosque, mais se sont vite dégradées. À deux jours de l'opposition, le diamètre apparent était de 17,1''. Le traitement est volontairement assez fort pour faire apparaître les volcans de Tharsis : Olympus, Arsia, Pavonis, Ascraeus. Plus au nord, près du terminateur et du voile polaire, on aperçoit Alba, un volcan plus modeste (8 km de haut tout de même). L'image a été prise à 21h29 TU. L'animation comprend cinq images espacées de 30 minutes, de 20h28 à 22h28 TU.

                      



Le 17 décembre, le diamètre apparent de Mars était déjà redescendu à 16,3''. Les conditions étaient excellentes à Lure en début de soirée. Les 8 images ci-après ont été prises avec le télescope C14 de la SAML (focale résultante : 8250 mm), elles sont espacées de 30 minutes (environ) entre 18h57 et 22h28 TU. Le méridien central va de 5° à 57°, soit en début de session les régions correspondant à Sinus Meridiani, Mare Erythraeum, Niliacus Lacus, Mare Acidalium (en partie couverte de voiles polaires). Niliacus Lacus et Mare Erytraeum apparaissent presque connectés par Oxia Palus, puis sont séparés par les plaines de Chryse et Xanthe. En fin de session apparaissent  Agathadaemon, Melas Lacus, Ius Lacus et Noctis Lacus (dont l'enchaînement correspondant plus ou moins à Valles Marineris), tandis que les volcans de Tharsis, dans l'ordre Ascraeus (effet de relief bien visible), Pavonis (plus difficilement perceptible) et Arsia apparaissent au terminateur. Les conditions se sont malheureusement effondrées avec l'arrivée du jet-stream au moment où le Soleil allait se lever sur Olympus.

  
  

  
  

  
  


À 22h47 TU, avec la même orientation et le même montage, donc la même échelle, Philippe a réussi à capturer les deux petites lunes martiennes Phobos et Deimos. Le disque de Mars était évidemment très surexposé. Voici ci-dessous un montage avec l'image de Mars de 22h28 TU.




 

  DERNIÈRES IMAGES DE MARS



En 2023, la planète Saturne est plus haute sur l'horizon qu’en 2022, mais la Terre se rapproche du plan de ses anneaux : autrement dit, les anneaux de Saturne « se ferment » et deviennent ainsi plus difficiles à observer… avec toutefois, en lot de consolation, la possibilité pour les satellites saturniens de produire des phénomènes tels que des occultations, transits et passages d’ombre sur la planète (comme dans le cas de Jupiter).

Dans la nuit du 12 au 13 août 2023, à la suite de l'observation publique menée dans le cadre de la Nuit des Étoiles, les conditions météorologiques et aérologiques étaient excellentes pour assister au passage du satellite saturnien Téthys devant le disque de Saturne. Philippe a saisi cette occasion remarquable, depuis la coupole de l’Observatoire Marc Bianchi, en utilisant le télescope C14 Edge HD de la SAML et sa caméra vidéo couleurs personnelle ZWO ASI.

Issue d’une capture vidéo prise autour de 0:53 TU, l’extraordinaire image ci-dessous nous montre Téthys passant devant le disque de sa planète, précédé de son ombre. Cerise sur le gâteau, un « spoke » est bien visible sur l'anneau A, côté gauche (il apparaît ici sous la forme d’une sorte de tache plutôt que de rayon, près de la division de Cassini).



L’image suivante, correspondant à une capture vidéo faite une vingtaine de minutes plus tard, autour 01:15 TU, fait bien apparaître le déplacement de Téthys, de son ombre, et du « spoke ».



 

  SATURNE AVEC TÉTHYS ET SON OMBRE



Durant le second semestre 2023, la planète géante gazeuse Jupiter est très favorablement placée sur la voûte céleste, sous nos latitudes, puisque située dans la constellation du Bélier donc haut dans le ciel lors de son passage au méridien.

Philippe l’a photographiée aux petits matins du 13 puis du 14 août 2023 à la Montagne de Lure, depuis la coupole de l’Observatoire Marc Bianchi. Dans les deux cas, il a utilisé sa caméra vidéo couleurs ZWO ASI 224 MC et le télescope C14 de la SAML.

Le 13 août, la Grande Tache Rouge n’était pas visible mais Jupiter était accompagnée de sa plus grande Lune, Ganymède.



Le lendemain matin 14 août, la lune galiléenne volcanique Io effectuait un transit devant la Grande Tache Rouge. Les images ont été prises à un peu plus d’une demi-heure d’intervalle (à 2h43 TU et 3h20 TU respectivement).

  


Des photos de Jupiter et d’autres planètes sont disponibles sur le site Internet personnel de Philippe dans sa rubrique Système solaire.

 

  JUPITER