Observatoire du Prieuré Gradignan

Jospin

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J'ai écrit ceci quelques jours avant la présidentielle; je n'avais certes pas vu venir Le Pen -et il faut dire que la presse, particulièrement la télévision, n'ont rien fait (litote) pour signaler le danger-, mais j'avais parfaitement vu que la gauche allait se planter. Je laisse ce texte en place.

Voici venu le temps des fripouilles... e


Jospin et les retraites, ou "comment perdre stupidement la présidentielle"


A peine de retour de Barcelone, Jospin a confirmé une des décisions de ce "machin" intereuropéen, comme aurait dit le Grand Charles: un alignement concerté de la durée des cotisations nécessaire à l'obtention de droits pleins à la retraite: de 40 ans pour le privé elle pourrait passer à 42,5 ans, alors même que de très nombreuses personnes issues, comme moi-même, du "baby  boom" de l'après guerre sont littéralement foutues à la porte de leurs entreprises à 54, 55 ou 56 ans, quand ce n'est pas (IBM Bordeaux par exemple) à 50 ans.

Chez les personnes à qui cela arrive, il est clair que naît le sentiment d'une carrière inachevée, parcellaire; certains en tombent malades, déclenchent des maladies graves et quelquefois mortelles; je sais de quoi je parle, j'ai été malade et j'ai vu mourir des amis guère plus âgés que moi, sans qu'il soit possible de repousser le lien de causalité.

Les plus chanceux survivent, certains en arrivent même à se refaire, pour leurs dernières années, une philosophie de la vie faite d'un mélange de cynisme et d'hédonisme. Après tout, il existe plusieurs professions pour lesquelles l'âge du départ en retraite est fixé à 55 ans.

Survient Jospin qui nous explique, au cours d'une émission animée par Christine Ockrent, qu'il est scandaleux d'envoyer en inactivité tant de seniors confirmés, qu'il faut au contraire les garder actifs, utiliser leurs compétences, et aligner ce qui se fait en France en matière de durée de cotisation sur la "moyenne" de ce qui se fait en Europe.

Lionel se fout du monde, et voici pourquoi:

Cela fait des années que dans nombre de grandes entreprises françaises de divers domaines (EADS, SNECMA, ALSTOM, THOMSON et bien d'autres, je ne cite que celles que je connais le mieux) il n'y a plus assez de travail; que les causes en soient l'évolution du capitalisme, la chute du mur de Berlin, la crise, la globalisation ou tout autre chose, la résultat est le même: il faut jeter les seniors à la poubelle pour rajeunir la pyramide des âges: place aux jeunes en quelque sorte, et c'est bien normal dans un certain sens.

L'évolution de la démographie est telle qu'il y a moins de cotisants, ce qui ne laisse pas de poser dans l'avenir un problème de financement des retraites des classes, toujours plus nombreuses, des retraités (qui soit dit par parenthèse, contribuent fortement à la marche de l'économie, du fait de leur nombre et de leurs revenus).

Il y a une solution à ce problème et une seule, et c'est d'augmenter les cotisations des actifs tout en faisant que l'économie abonde un fond de retraite par l'impôt, et ce sous le strict contrôle de l'Etat Garant et de lui seul (pas de capitalisation, rappelez-vous ENRON) : eh bien pas un seul de nos politiciens n'envisage ce type de solution, et Jospin, le "candidat  qui n'est pas socialiste" veut remettre au travail ceux qui comme moi et à leur corps défendant, ont fini par se faire à l'idée de partir en préretraite modeste vers 55 ans pour profiter un peu de la vie.

Je m'adresse au Premier Ministre Candidat, et le tutoiement est républicain:

Lionel, ça fait deux fois qu'on change les règles du jeu en cours de partie: la première lors du passage de la durée de cotisation à 40 ans; la seconde maintenant, et c'est un vrai cauchemar que ce soit un socialiste qui annonce la "bonne nouvelle".

Ta position est intolérable et tout aussi irrespectueuse des hommes que l'est le fait de les transformer en employés "kleenex", d'autant que tu n'as pas le moindre pouvoir d'obliger ou même d'inciter les entreprises à conserver les seniors et que tu le sais: c'est toi qui as vendu au privé les parts de l'Etat dans des entreprises comme la mienne (Aerospatiale) qui étaient, par mission, à son service.

Tu as pour l'heure perdu ma voix, et, si j'en juge par les réactions de mon environnement professionnel à tes récents propos, tu as aussi perdu de nombreux suffrages dans ma classe d'âge, même si l'on rencontre dans la population les habituels 10 pour cent de "jusqu'au bout-istes du boulot" qui aimeraient en emporter un peu au cimetière.

Il te reste fort peu de temps pour rectifier cette boulette.

Tu as été un assez bon premier ministre, tu es un médiocre candidat "de gauche" qui prétend ne pas être socialiste, et j'ai très peur que tu ne sois un président exécrable; détrompe-moi s'il te plaît!

© 2002 robert soubie

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copyright © 2001-2010 robert soubie ; dernière modification le 30 janvier 2010 00:08