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J'ai écrit le texte qui suit en réponse à un "coup de gueule" qu'on lira ici (c'est à lire, plein de sagesse); ne sachant pas si ma réponse sera publiée, je la fais figurer ci-après, afin que nul n'en ignore.
Philippe, tu as écrit:
"Il serait donc bien, messieurs les motards de vous souvenir que rouler entre les files reste une tolérance, pas un droit."
Je tiens à te préciser qu'il n'existe aucune telle tolérance, comme cela a été rappelé aujourd'hui même (6 décembre 2002) dans une remarquable édition de l'émission radio "Le téléphone sonne" de France Inter: le passage d'une moto entre deux files de voiture est formellement interdit par le code de la route et est puni d'un retrait de trois points de permis; de même le franchissement d'une ligne blanche quel que soit le véhicule est formellement interdit, sauf que là on touche au sacré, au tabou
intangible: dans ma jeunesse on m'a enseigné qu'il ne faut JAMAIS franchir une ligne continue, et l'on m'a expliqué pourquoi. Je ne l'ai pas oublié.
Il faut absolument cesser de faire croire aux gens que sous prétexte que depuis peu d'années ces choses là se font, il faut les légitimer (les rendre légales) après les avoir considérées (c'est la phase où nous nous trouvons pour l'instant) comme "tolérées".
Ces infractions sont, ont toujours été et resteront probablement toujours des infractions réprimées par un règlement (le code de la route) certes imparfait mais tout à fait indispensable à notre survie.
Il faut rappeler que le code de la route n'est pas un ensemble de règles destinées à punir, à brimer, à frustrer telle ou telle catégorie de conducteurs: c'est, dans une société où il faut bien vivre ensemble, la formalisation de règles de bon sens destinées à préserver la vie et l'intégrité physique des gens, et ce quel que soit leur mode de locomotion.
Pourquoi cette émission était-elle "remarquable"? Eh bien parce que pour la première fois -du moins pour ce qui me concerne-, dans ces temps où l'on assimile vitesse autoroutière et insécurité -ce qui est stupide-, on a dit à quel point la moto était dangereuse (14 fois plus d'accidents par kilomètre parcouru), et à quel point, outre l'absence de protections intrinsèques caractéristique des deux-roues, c'était dû au facteur comportemental:
- un quart des motards ont un accident "tout seul" (personne en vue à incriminer).
- contrairement à ce qui se dit, les statistiques montrent que les motards ont autant de problèmes d'alcoolémie et de "fumette" que les automobilistes. Seules les conséquences diffèrent, au détriment des motards bien sûr.
- le passage entre files de voiture est un fort facteur d'accident; on s'en doute bien: ce sont les différences de vitesse qui créent les accidents, et si voitures et motos roulaient à la même allure ou tout au moins avec des différences de vitesse très faibles (disons 10 à 15 km/h parce qu'à des différences de vitesses supérieures l'obstacle se comporte littéralement comme un mur et le motard a de bonnes chances d'être tué) il y aurait moins de problèmes.
- j'ai un jour entendu un motard de mes amis expliquer que la seule manière pour un motard d'être en sécurité, c'est d'aller en permanence plus vite que les voitures (ce qui fatalement, vu la saturation de la circulation en zone urbaine ou semi-urbaine, implique une prise de risque); là on se moque carrément du monde, et j'ajouterai qu'il existe un certain pourcentage (moins de 10% malheureusement) de motards qui visiblement ont une autre opinion et roulent sagement à leur place dans la file derrière et
devant des voitures.
- le motard venant de l'arrière croit avoir la priorité de passage sur, par exemple, l'automobiliste qui voudrait changer de file; là dessus le code de la route est très clair, le véhicule qui est devant a priorité à la manoeuvre; il se doit d'utiliser le clignotant et de vérifier dans le rétroviseur que sa manoeuvre n'est pas dangereuse, mais il ne doit stricto sensu aucune priorité à un véhicule qui vient de loin. De même sur une autoroute, une voiture filant sur la file de gauche n'a pas la priorité
sur un véhicule situé devant qui déboîte pour doubler, tant du moins que cette manoeuvre n'est pas faite à la dernière seconde, auquel cas elle pourrait être dangereuse.
- le motard croit être vu par l'automobiliste, qui, en retour, devrait se pousser: il faut savoir que les automobilistes, sur les autoroutes ou les rocades urbaines, surveillent le véhicule qui se trouve devant, et ne peuvent en aucune manière détecter une motocyclette dans l'un de ses trois rétroviseurs; c'est encore plus vrai la nuit.
- un coup de bottes dans la portière d'un automobiliste qui ne s'est pas poussé, peut-être parce qu'il ne t'a pas vu a de fortes chances d'indisposer l'automobiliste sauf si c'est un saint, il est probable qu'il ne se poussera plus jamais...
Voila pour le mythe du "gentil" motard et du "méchant" automobiliste...
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