TITAN
Dernière mise à jour: 3/09/2004

Un site du Pr. R. Raynal, Dr de l'université de Toulouse

PARAMETRES ORBITAUX

A LA DECOUVERTE DE TITAN

DERNIERES NOUVELLES PAR CASSINI-HUYGENS

UNE VIELLE TERRE CONGELEE ?

TITAN ET LA VIE


VOL VERS TITAN (Cassini au jour le jour)


Photo JPL - Titan par Voyager 1... et par Cassini le 4/07/2004
CARACTERISTIQUES PHYSIQUE

UNE ATMOSPHERE MYSTERIEUSE
Apports des missions Voyager

UNE SURFACE ENIGMATIQUE

Histoire
Carte Hubble Space Telescope (HST)
Carte European Southern Observatory (ESO)

REFERENCES



titan by cassini 04/07
Sphère d’incertitudes
océans des possibles
l’esprit s'élance espérant à l’ombre des anneaux
les voies de la raison perçant les voiles opaques
dans l’attente de sombres flots si souvent espérés
d’une marée de glaces sous des cieux étrangers
nous expérons la vie dans les exhalaisons putrides
nous voulons le microbe sous les roches muettes
espérance d'une vie au dela de l’abîme
fraternité d’ancêtres au temps des mondes jeunes
angoisse de solitude au coeur de l’âme humaine
nos instruments vont sonder de leurs yeux métalliques
ces contrèes ignorées ou foisonnent nos doutes
apportant telle une fugitive étoile
quelques lueur irisées de la planète bleue

RR, 2004


Un monde énigmatique, à des millions de Km de la Terre, orbitant autour de Saturne, voilé d'une brume opaque...
Se pourrait-il que ce monde ai vu se développer d'exotiques formes de vie ? Des éléments de réponse le 15 janvier 2005.

Note: les photos et illsutrations sont gracieusement fournies par le JPL, la NASA ou l'ESA. Que ces agences soient remerciées pour la mise de ces magnifiques documents dans le domaine public. Les schemas personnels que j'ai réalisé sont librement copiables, pour peu qu'un lien renvoie vers ce site ou que leur origine soit mentionnée. Pour toutes remarques ou suggestion : un mail ici !

Note: le html ne permettant pas l'écriture exposant/mantisse,
les puissances de 10 sont notées sous la forme mantisse(exposant): 10 puissance 3 est donc noté 10(3)

 Paramètres orbitaux
 Caractéristiques physiques


Titan comparé aux planètes telluriques (première ligne) et à des satellites (la Lune, Io, Europe, Ganyméde et Callisto) représentés à la même échelle. Photomontage JPL

Distance moyenne de Saturne
(demi grand axe de l'orbite) : 1221850  km

Révolution autour de Saturne en 15 jours 22 h 41 mn (sens direct) . Présenterait la même face à Saturne pendant toute sa révolution (comme le Lune pour la Terre) , donc un "jour" sur Titan dure 15 j 22h 41 mn (confirmé par Lemmon & al., université de l'Arizona).

Inclinaison orbitale par rapport à l'équateur de Saturne: 0,33°
(Saturne elle même est inclinée de 2° 30' sur l'ecliptique)

Excentricité : 0.03

Vitesse orbitale moyenne: 5,6 km/s

Tourne autour du Soleil en 29 ans et 167 j.

Distance moyenne au Soleil : 9,55 UA
soit 1430 millions de km.

titan par voyagerDiamètre : 5150 Km soit 1/24 du diamètre de Saturne.

Plus gros satellite de saturne, n°2 du systéme solaire, derrière Ganymède, satellite de Jupiter. Titan est donc plus gros que la planète Mercure (4847 km).


Superficie: 83 millions de km2, (2 fois l'Asie).

Masse: 1,35 x 10(26) g soit 2 masses lunaires

Densité : 1,8

Atmosphère : oui (N2 et quelques % CH4).

Pression atmosphérique : 1,6 Bar

Température moyenne près de la surface: - 180 °C

vitesse de libération: 2,65 km/s

Gravité au sol: 14 % de la gravité terrestre.

Albedo : 0,21

Flux énergétique solaire à la surface:
(Terre 1400 W/m2): 1 à 2 W/m2

Absence de champ magnétique détecté à ce jour.

Un peu d'histoire.

Titan a été découvert en 1655 par l'astronome et opticien néerlandais Christiaan Huygens, brillant physicien qui a laissé son nom à un type d'oculaire. De magnitude 8,3, Titan est visible dans les plus modestes instruments d'astronomie comme une étoile jaunâtre brillante près de Saturne.

Toutefois, Galilée ne le découvrit pas lorsque, en 1610, il observa cette planète: la qualité de l'objectif de sa lunette, grossissant 30 fois à peine, était si médiocre qu'il ne pu même pas obtenir une image claire des anneaux de Saturne, dont il prit l'image déformée pour celle de deux satellites (dessin ci contre: Saturne par Galilée).
Ce fut donc 45 ans plus tard que Huygens découvrit non seulement Titan, mais aussi les anneaux: " la planète est entourée d'un anneau mince et plat, ne touchant nulle part la planète, et incliné par rapport à l'écliptique ". Il publia ses découvertes, dont la première détermination de la période de révolution de Titan, dans un ouvrage paru en 1659, systema Saturnum.

Par la suite, les astronomes eurent surtout à coeur l'étude du remarquable et énigmatique systéme des anneaux (ci contre: premier dessin représentant les anneaux) et les satellites passèrent au second plan: périodiquement, lorsque les anneaux devenaient peu visible, de nouveaux satellites de Saturne étaient découverts. Il en fut ainsi pour Japet et Rhea mais aussi pour la plupart des nombreux satellites du "seigneur des anneaux" (cf tableau).

C'est W. Herschel qui donna leur nom définitif aux 7 satellites de Saturne connus à son époque, et Titan fut ainsi baptisé parce qu'il était le plus brillant des "enfants de Saturne".

 Année

 Découvreur(s)
1671 - 1672
 Giovanni Cassini
 1684
 Giovanni Cassini
 1789
 William Herschel
  1848
 William et Geoges Bond, William Lassell
  1898
 William Pickering
  1921
 Comrie et Levin observent pour la première fois l'éclipse de Rhea par Titan.
 1966
 Audouin Dollfus
 1980
voyager 1

S. Larson, J. Fountain et R. Walker

J. Lecacheux et P. Laques

B. Smith, S. Larson, J. Fountain, H. Reitsema

K. Seidelmann, D. Pascu, W. Baum, D. Currie

R. Terrile

S.A. Collins

 1990
voyager 2
 M. Showalter
 2000
11 nouveaux Satellites ont été détectés, principalement par l'équipe de B. Gladman. Il s'agit de cailloux de quelques km de diamètre.
2004 La sonde Cassini découvre 2 nouveaux petits satellites

Une représentation à l'échelle des enfants de Saturne! De gauche à droite: Pan, Atlas, Prométhée et Pandore, Janus et Epiméthée, Mimas, Encélade, Telesto, Calypso et Tethys, Dioné (Helène est invisible à l'échelle), Rhea, Titan himself puis Hypérion, Japet et Phoebe. Infographie JPL

Une atmosphère mystérieuse.

L'astronome Catalan JC Solà a été le premier à suspecter l'existence d'une asmosphère épaisse sur Titan (Solà, 1905) en se basant sur les différences d'intensité lumineuse entre le centre brillant et les bords plus sombre du satellite. Il fit l'hypothèse que la lumière réfléchie au bord du satellite était affaiblie par une épaisseur d'atmosphère supérieure à celle franchie par la lumière renvoyée par le centre du disque.

C'est à la suite de cette observation que Sir James Jeans montrera que, la gravité de Titan étant insuffisante pour retenir une épaisse atmosphère, la présence de cette dernière devait impliquer une très faible agitation thermique, donc une basse température (ainsi que, comme nous le verrons, une dynamique de renouvellement des gaz). Sir Jeans donna ainsi une limite à la température de l'atmosphère Titanienne, qu'il calcula comprise entre - 213 et - 173 °C. Il montra également que, dans cette plage de température, les éléments de poids atomique inférieur à 16 ne pouvait perdurer dans l'atmosphère de Titan, car sa gravité n'empêchait pas leur évasion dans l'espace.

La première preuve indiscutable de l'existence d'une atmosphère sur Titan fut l'obtention de la signature spectrale du méthane en 1944 par Gerard Kuiper. Jusqu'aux missions voyager, les connaissances ne progressèrent quasiment pas, de nombreuses interrogations se faisant jour sur la densité, la température et la composition précise de ce manteau gazeux aussi froid que singulier.

La première sonde spatiale a atteindre Titan a été Pioneer 11 le 3 septembre 1979. Une des premières photos prises, malgré sa qualité médiocre, permit de constater que la luminosité du satellite n'était pas égale: un des hémisphère semblait plus brillant que l'autre (Photo de Titan le 3/09/1979, à 3,6 millions de km. JPL - NASA)

A la fin des années 70 (Voyager 1 atteint le systéme saturnien en novembre 80), plusieurs modèles se proposaient de décrire l'atmosphère Titanienne:

Les instruments des sondes voyager (et en particulier les spectromètres IR) allaient infirmer, dans le détail, chacun des modèles présentés, mais c'est celui de Hunten qui, de loin, s'approchait le plus de la vérité.

L'apport décisif des missions voyager, et après.

Bien que l'aspect de Titan dans le visible soit décevant (une boule orangée), les spectromètres IR et UV de la sondebrume titanienne permirent d'analyser la composition de la haute atmosphère: entre 82 et 94 % d'azote, puis environ 8% de méthane ainsi que de de l'argon (Khare & al., 2001).

Des molécules organiques impliquées dans différents modèles de chimie prébiotique, comme le cyanogène et le cyanure d'hydrogène, ont aussi été détectés, ainsi que des alcanes comme l'éthane et le propane, des nitriles (également par des observations terrestres) et des traces de vapeur d'eau (par le satellite ISO). L'atmosphère de Titan ne contient quasiment pas d'oxygène, ce dernier étant présent seulement sous forme de monoxyde de carbone CO. Toutefois, même cette faible quantité d'O peut conduire à des molécules oxygénées (Bernard & al., 2003) comme C2H4O (oxyde d'éthylène ou oxyrane). De l'ammoniac NH3 a aussi été obtenu dans des simulations de l'atmosphère titanienne.

Le 3 Juillet 1989, Titan a occulté l'étoile 28 Sgr, ce qui a permis d'obtenir de nouvelles données sur son atmosphère et de confirmer l'existence de changements saisonniers de son aspect et, peut être, de sa composition (on peut noter que le 24 aout 2004, Titan occultera une autre étoile, HIP 37084, ce qui sera visible de puis le N de l'amérique du S - éphéméride complet).

André Brack, responsable du seul (!) laboratoire d'exobiologie français, à Orléans, déclare que c'est " une atmosphère " à la Miller" dont rêvent les chimistes du prébiotique."

Ci dessus: à 22000 km de distance, voyager 1 a réalisé cette vue de profil de l'atmosphère de Titan montrant une brume d'altitude (bleue) surmontant de 500 km des nuages opaques orangés. - photo JPL - Cette brume reflète la lumière solaire et est à l'origine d'un refroidissement supplémentaire de la surface  de 7°C environ (Kasting, 2004).



Ci dessus : vue à contre jour par voyager 1, l'atmosphère de Titan apparaît nettement.

Photo JPL/NASA
Néammoins, les gaz détectés ne sauraient expliquer l'aspect brumeux et opaque de l'atmosphère. Celle ci est obscurcie par des molécules bien plus complexes. On peut supposer que ces molécules qui se forment dans la haute atmosphère (200 km d'altitude, - 100 °C) grace à l'énergie des divers rayonnements solaires et à l'influence de la magnétosphère de Saturne, sédimentent ensuite sur le "sol" de Titan pour former des couches d'une centaine de m d'épaisseur. Auparavant, elles forment dans l'atmosphère un aérosol de particules de 0,3 mm qui contribue à masquer la surface de Titan.

Il y a assez peu d'équipes qui travaillent sur l'environnement de Titan. Les nom des chercheurs ayant travaillé avec le célèbre et regretté Carl Sagan, de l'université Cornell, reviennent souvent dans les publications. Nul doute que les futurs résultats permettront de motiver et former une nouvelle génération de chercheurs.

Depuis 1986, la haute atmosphère de Titan (CH4 sous quelques dixièmes de bar) a été reconstituée plusieurs fois en laboratoire: dans les divers modes opératoires, un mélange de 9 parties de diazote pour une de méthane est bombardé de particules chargées représentant les protons et électrons pris au piége dans la magnétosphère de Saturne (Khare & al., 2001). Les protocoles expérimentaux peuvent également prendre en compte d'autres sources d'énergie, comme les rayonnements UV solaires où les éclairs


Dans toutes ces reconstitution, les équipes de recherche ont obtenu un mélange de molécules organiques d'une couleur évoluant du jaune - orangé vers le noir. Ce mélange a été nommé tholine (d'après le terme grec tholos, boueux), et il présente des caractéristiques spectrales correspondant à celles de la brume obscurcissant l'atmosphère Titanienne (Khare, Sagan & al., 1986). "La " tholine résulte de l'évolution de nombreux nitriles et hydrocarbures différents (Pietrogrand & al. 2001). Son hydrolyse acide conduit à la synthèse d'un maximum de 6 % d'acides aminés, d'hydrocarbures aromatiques polycycliques (PAH) ainsi que d'acides nucléiques. En fait, la tholine contient plus d'une centaine de molécules différentes, parmi lesquelles:

  • nitriles et amines
  • pyrroles et pyrazines
  • pyridines et pyrimidines
  • adenine
Les acides aminés susceptibles de se former à partir de ce solide mis en présence d'eau en milieu acide sont au moins au nombre de 16, parmis lequels glycine, acide aspartique, alpha et beta alanine parmi les plus abondants.
Les PAH représenteraient 10 % des nuages de l'atmosphère (Sagan & al., 1993). Ils comportent entre 2 et 4 cycles (chrysene par exemple, particulièrement abondante dans le milieu interstellaire). Ces molécules représenteraient  0,01 % de l'atmosphère (en masse). Des composés chimiques similaires ont également été détectés sur un des hémisphère de Japet, autre satellite de Saturne.

Une des particularité de l'atmosphère de Titan est liée à cette production d'hydrocarbures variés dans l'atmosphère du satellite: la formation et la condensation d'alcanes simples (méthane, éthane) est une des possibilités envisagée par les spécialistes. Des pluies d'hydrocarbures se produiraient sur Titan, ce qui ferait de lui le seul corps du systéme solaire, avec la Terre, à posséder à sa surface un élément à l'état liquide en grande quantité. En effet, la température de surface de Titan a été estimée à - 180 °C, ce qui permet le maintient des hydrocarbures à l'état liquide, et se rapproche même de la température de liquéfaction de l'azote (- 196 °C à 1 bar)

profil de l'atmosphère de Titanatmosphère Titan

Cette très basse température (l'azote liquide est utilisé sur Terre pour conserver indéfiniment les échantillons biologiques, les spermatozoïdes et les embryons) aurait "gelé" toute évolution vers l'apparition de la vie. A en croire T. Owen, du voyager Team, Titan garderait "au congélateur" les premières étapes chimiques conduisant à la vie.

Cependant, nous verrons qu'il existe quelques possibilités pour que ce "congélateur" ne soit pas aussi performant, et qu'une chimie prébiotique plus complexe que prévue ai pu se développer à la surface du satellite avant de se réfugier à l'intérieur de celui-ci..

On peut supposer valablement que l'atmosphère de Titan soit le cadre d'une dynamique comparable à celle observée sur Terre, avec des cellules de convection. Toutefois, il ne faut pas oublier que, vu la faible gravité de l'astre, l'extension de l'atmosphère (son épaisseur) est dix fois supérieure à celle de la Terre: alors qu'à 400 km d'altitude au dessus de la Terre nous sommes dans l'espace, une altitude similaire autour de Titan nous situe encore dans son atmosphère...

Titan est le lieu d'un effet de serre causé par H2, N2 et CH4, ces 2 derniers présents en abondance (Scatterwood & al., 1987). La présence de ce dernier gaz est énigmatique, car il ne peut se maintenir dans l'atmosphère. En effet, les photons UV décomposent le méthane en un radical méthyl CH3 et un atome d'H. Le méthyl contribuera à la synthèse des molécules de la tholine (tout une variété de molécules organiques formant un brouillard qui sédimente ensuite vers le sol - cf schéma) tandis que l'hydrogène s'évade dans l'espace, et forme autour de Saturne un tore d'hydrogène neutre centré sur l'orbite de Titan et s'étendant jusqu'à l'orbite de Rhéa (Cassini confirme le 04/07 l'existence de ce nuage d'hydrogène neutre - animation ici). La présence d'un disque de plasma comportant des ions H et O s'étendant entre l'orbite de Titan et celle de Téthys suggère peut être l'émission, actuelle ou passée, d'autres molécules ou espéces chimiques par l'atmosphère de Titan.

Ci contre: profils de température de l'atmosphère de Titan
Les trois courbes sont issues d'observations d'occultations stellaires
par l'équipe de Welle (1997) qui a mis au point un modèle donnant des limites
aux variations possibles de température (en bleu: maximum; en violet: minimum et en vert une valeur moyenne, qui n'est cependant pas plus probable que n'importe lesquelles situées entre les deux extremum du modèle. A noter que tous les modèles convergent vers une température au sol voisine de - 173 °C!
profil temperature Titan
welle titan temperature profile

L'absence de champ magnétique, qui place directement l'atmosphère "sous les feux du soleil" contribue à entretenir ces synthèses, bien que l'extension fluctuante de la magnétosphère de Saturne exerce également un effet à ce niveau. champ magnetiqueEn effet, Titan est, au cours de son orbite, parfois noyé dans la magnétosphère de Saturne et parfois directement exposé au vent solaire. Bien que Titan se meuve dans le même sens que la magnétosphère, la rotation de celle ci est bien plus rapide que celle de Titan, ce qui génére une onde de choc, Titan modifiant localement la structure de la magnétosphère de Saturne (cf schéma ci contre, extrait de NASA-passage to a ringed world).

Il est possible que les interactions entre l'atmosphère de Titan et la magnétosphère de Saturne induisent un champ magnétique liée au satellite (comme pour Vénus), champ qui pourrait aussi être causé, comme pour la Terre, par un effet dynamo lié à un intérieur métallique; mais n'a pas été encore détecté à ce jour.
Vous pouvez écouter les émissions radio en provenance de la magnétosphère, elles ont été enregistrées par l'instrument RPWS de la sonde Cassini et sont étudiées par une équipe de l'université de l'Iowa.

Cette continuelle destruction du méthane implique que le % de ce gaz doit varier fortement, modifiant par conséquent le climat global de Titan de façon cyclique (et posant le problème de l'origine du méthane). En effet, l'atmosphère de Titan devrait être totalement détruite par photolyse en 50 millions d'années "seulement" (Lunine & al.). Plusieurs mécanismes ont été proposés pour expliquer sa régénération permanente:

Les analyses de la fraction solide de la tholine, qui précipite à la surface (Sarker & al., 2003)  montrent que les molécules formées contiennent une part appréciable d'azote, ce qui veut dire que l'atmosphère de Titan perd également ce gaz...

L'atmosphère de Titan constitue un systéme très complexe, et sa très basse température permet à des espéces chimiques de se maintenir "hors équilibre". Les relations entre la photochimie qui s'y déroule, les aérosols et la dynamique atmosphèrique sont très mal connues. Des modèles permettant de coupler 2 de ces grandeurs ont été élaborés (Lebonnois S, 2000) et mettent en évidence des effets saisonniers ainsi que des mouvements atmosphériques complexes qui sont très dépendants de la composition chimique exacte de l'atmosphère (y compris à basse altitude), trop mal connue pour le moment. Des observations d'occultations stellaires (Bouchez, 2004) indiquent que les vents de haute altitude (courants jets) atteindraient des vitesses maximum vers 60° de latitude N (230 ± 20 m/s soit 830 km/h!)  alors que leur intensité serait "minimale" au niveau équatorial (110 ± 40 m/s soit 400 km/h).

Cassini Breaking news on Titan

  • 4/07 - détection de nuages d'altitude (méthane ?) au dessus du pôle sud contenant des particules atmosphériques de taille supérieure à celle envisagée dans les modèles.
  • 29/07 - Les brumes d'altitudes colorées se forment à 400 km d'altitude, lorsque les UV solaire détruisent les molécules de méthane et d'azote, produisant ainsi des intermédiaires très réactifs qui se recombinent pour former des molécules plus complexes contenant C, H et N. Ce sont ces molécules néosynthétisées qui forment les brumes d'altitude de Titan.
  • Début Septembre, un atelier de travail sur Titan se tiendra au  Goddard Space Flight Center. Les données les plus récentes sur l'atmosphère de Titan y seront présentées et discutées. En particulier, il s'agit de mettre à jour les différents modèles de la haute atmosphère afin de mieux préparer l'approche finale et la descente de Huygens.

Une surface enigmatique

La densité de Titan indique qu'il contient, comme les autres satellites de Saturne, de la glace d'eau en quantité, dont une partie est exposée à la surface du satellite (Griffith & al., 2003), ce qui signale une érosion des dépôts atmosphériques où la marque d'impacts récents. L'intérieur du satellite doit aussi être composé de CH4 et NH3 à l'état solide, ainsi que de silicates. Certains modèles décrivent Titan comme un corps non différencié, mais sa taille plaide en faveur d'une structure concentrique comportant un noyau de silicates surmonté de couches comportant une fraction appréciable de glaces (H2O, NH3 et CH4) mélangés à de la roche. A la surface  se trouvent aussi les dépôts de tholine, composée principalement de molécules de formule CxHyNz (Sarker & al., 2003), dont  C11H15N6, par exemple. Ces molécules ont une taille pouvant avoisiner les 800 Dalton (une unité de "masse" des molécules, à titre d'exemple CH3 "pèse" 15 Dalton) et comportant de nombreuses molécules d'azotes insaturées, donc potentiellement très réactives si elles sont mises au contact de l'eau.




structure interne Titan
La surface de Titan est restée énigmatique jusqu'à ce que des instruments puissants, terrestres ou en orbite (HST, ESO, VLT) entrent en activité et soient secondés par des techniques innovantes (optique adaptative). De même, des études de réflectométrie radar ont palié à l'absence d'un altimétre radar sur les sondes voyager, et ont permis de se faire une idée de la surface de ce satellite. Ainsi, il a été établi dès la fin des années 80 qu'il existait au moins une région particulièrement élevée, un "continent" sur Titan. Les premières "vues" de la surface ont été obtenues en 1990 par le HST, puis en 2001 et 2002 par les telescopes géants Keck II et Gemini North.
Ces observations se faisait à une longueur d’onde pour laquelle l’atmosphère Titanienne devrait être transparente, mais sa composition hétérogène  ainsi que ses mouvements ne permettent pas d’obtenir une vue claire de la surface.


Image HST/JPL/NASA

Smith a réalisé une animation montrant une rotation de Titan (nécessite quicktime)
La première carte de la surface de Titan, obtenue par l’équipe de P.H. Smith (HST team - cf références) à partir de 14 séances d’observations au moyen de la camera planétaire à grand champ (instrument WFPC2) du telescope spatial Hubble.

Smith & al. ont observé Titan entre le 4 et le 18 Octobre 2001 dans le proche infrarouge: à des longueurs d’ondes comprises entre 0,85 et 1,05 µm, l’atmosphère de Titan est transparente et permet d’apercevoir le sol. Les plus petits détails visibles ici ont une taille de 600 km environ.

Les couleurs obtenues ne résultent que d’un traitement qui classe les différentes parties de l’astre selon leur réflectivité IR. Aussi, il n’est pas possible de savoir à quoi correspondent physiquement les régions sombres ou brillantes, mais il est évident que la surface du satellite n’est pas entièrement, comme certains le pensait, recouverte d’océans!  Les observations ultérieures du HST team conduisent à penser que les structures les plus brillantes seraient des grands cratères d’impact ayant dénudé un sol de glaces et de roches mêlées.

Les pôles n’ont pu être cartographiés à cause de l’inclinaison de la surface du satellite à ce niveau ainsi que de l’épaisseur plus grande de d’atmosphère à traverser.



Les seules cartes  disponibles étaient celles des travaux de l'équipe de Peter H Schmith (2001). En Avril 2004, l'ESO a publié les résultats remarquables obtenus grâce aux techniques d'optique adaptative adaptées sur le VLT.

Carte des régions centrales de Titan (entre 40 ° de latitude S et 50 ° N - Contrairement à la majorité des cartes astro, l'Est est à droite).

Cette carte a été obtenue par des observations à 0,94 µm de longueur d’onde, dans la “fenêtre” du méthane, par le HST Team. Pour la réaliser, sept images espacées de 7 heures ont servit à localiser les nuages de l’atmosphère et à suivre leur dynamique. 7 autres images, espacées de 32 h, ont permis de couvrir l’essentiel de la surface. L’image de fond des nuages obtenue précédemment a été soustraite de celle obtenue dans la deuxième campagne d’observation. Les images obtenues ont été compilées, contrastées, ajustées entre elles et lissées. Les structures n’ont été conservées que si elles été visibles sur plusieurs images.
Malgré ces précautions, l’équipe de recherche admet que certaines des structures brillantes cartographiées peuvent être des nuages, et que les faibles différences de contraste ne sont guère significatives. En effet, le contraste original des images n’était que de 4% en moyenne.

Image HST/JPL/NASA

Le sol de Titan semble se partager entre des "continents" de glace d'eau ou de CO2, et des océans de méthane et d'éthane enrichis de composés organique formant une "soupe carbonée" contenant tous les éléments nécéssaires à l'apparition de la vie, mais à trop basse température. Les régions les plus sombres sur les images du HST correspondraient aux "mers" de Titan. Il est également possible que la surface soit très poreuse, marquée de cratères, et que les fluides y soient enfouis ou forment des lacs emplissant les cratères d'impact les plus marqués. En analysant les occultations des signaux de la sonde voyager, (Mc Kay & al, 1997), il semble que la teneur en méthane liquide à la surface de Titan puisse être comprise, selon les hypothèses retenues pour la composition de la troposphère, entre 8 et 85 %; avec un maximum de probabilité pour 60 %. Toutefois, le recoupement de ces données avec celles obtenues depuis la Terre laisse penser que les étendues liquides à la surface de Titan doivent être inférieures à cet optimum (peut être du fait de la localisation interne de certaines nappes d'hydrocarbures).



Les images ont été réalisées grace au telescope Yepun du VLT (8,2 m de diamètre).

Le SDI permet d’obtenir des images précises en traitant simultanément 3 longueurs d’onde différentes (il est destiné à la recherche d’exoplanètes). Les observations ont été réalisées en même temps :
- dans 2 longueurs d’onde IR pour lesquelles l’atmosphere de Titan est transparente.
- dans une longueur d’onde correspondant à l’atmosphère.
En comparant cette technique à celle utilisée 3 ans avant par Smith & al., il est aisé de comprendre que l’”effacement” de l’atmosphere des images est ici bien plus précis, les mesures ayant été simultanées, et non pas séparées dans le temps.
La carte des réflectivité obtenue est donc quasiment exempte d’artefact d’origine atmosphérique.

Un nouvel instrument d’observation, le SDI (Simultaneous Differential Imager) adapté sur le NACO (systéme d’optique adaptative corrigeant en temps réel la turbulence causée par l’atmosphère terrestre) à permis a une équipe de l’ESO (ESO team - cf réferences) d’obtenir ces images de Titan, les plus précises jamais réalisées (et qui démontrent une fois de plus le potentiel des télescopes “au sol”).

La vitesse des vents laisse penser que ces "mers" seraient agitées de fortes tempêtes, et soumises à des marées causées par Saturne (Sagan & al., 1995). D. Campbell, de L'université Cornell, considère que la polarisation des 2% d'ondes radio reflétées par la surface de Titan indique que les vagues qui agitent les étendues liquides de Titan sont comparables, où moins développées, que celles des océans terrestres.  Des chercheurs collaborant avec l'équipe de conception de la sonde Huygens ont toutefois considéré comme possible l'existence de vagues sept fois plus importantes (Genge, 2004) que celles de nos océans...

 Dans les régions polaires, il n'est pas exclu de découvrir des lacs d'azote liquide, la température d'ébulition de ce dernier n'étant que de très peu inférieure, à 1,5 bar, au - 180 °C moyens du sol. Les dernières vues de Cassini laissent en effet apparaitre une "calotte polaire" blanche... Les vents violents doivent également avoir provoquer une érosion éolienne intense propre à adoucir les reliefs les plus tourmentés.Coûte de titan

Expérimentalement, il est apparu que les produits organiques formés dans la haute atmosphète titanienne ne sont pas , pour la plupart, solubles dans les océans d'hydrocarbures (McDonald & al., 1994) : ils doivent donc former des dépots concentrés dans les deltas de éventuels "fleuves" d'hydrocarbures qui peuvent parcourir ce satellite.

Le schéma ci contre (d'après "passage to a ringed world" - NASA) résume les différents phénomènes ayant probablement contribés à façonner la surface de Titan: impacts météoritiques et cométaires (1);  percolation de fluides (2); émission de gaz (3) à partir de réservoir de méthane (6); "volcanisme" à partir de réserves de méthane gazeux (4) ou d'un magma (7) d'eau et d'ammoniac (5). La surface de Titan (8) peut être constituée de régolithe.

Par contre, une fraction non négligeable de molécules tholiniques azotées, comportant de 10 à 50 atomes de C, est soluble dans l'eau et pourrait y avoir été incorporée et transformée à l'occasion d'impacts météoritiques. Ces impacts ont pu, à l'instar de la Lune, recouvrir le sol de Titan d'une couche pulvérulente de débris, le régolithe, pouvant atteindre 1 km d'épaisseur et constituant un "piège à fluide" idéal. Seuls des météorites de taille kilométrique peuvent survivre à la traversée de l'atmosphère et frapper la surface de Titan (du moins, si son atmosphère a toujours été ce qu'elle est aujourd'hui...). Des simulations (Artemieva & Lunine, 2003) montrent que ces impacts peuvent avoir pour conséquence la liquéfaction d'une quantité appréciable (2 à 5% du volume du cratère) du sol de Titan, riche en glace d'eau. Le milieu liquide emplissant le fond du cratère d'impact peut mettre plusieurs centaines d'années avant de refroidir, permettant ainsi que se déroulent de nombreuses réactions d'hydrolyse des composés azotés insaturés, qui peuvent alors former des molécules prébiotiques complexes susceptibles d'êtres conservées lorsque la température redevient normale... jusqu'à la prochaine fusion partielle !

L'épaisseur des dépots "sédimentaires" de Titan serait comprise entre 4 et 30 m (Thompson & al., 1994). La surface de Titan, probablement embrumée, est plongé dans une pénombre permanente: 1/1000 éme de la quantité de lumière frappant la surface de la Terre constitue le plein midi sur Titan (ce qui représente 300 fois, tout de même, la lueur d'une pleine Lune sur notre planète...).

Titan map

Ces images ont été réalisées entre le 2 et le 8 février 2004 gracé au Telescope Yepun du VLT (8,2 m de diamètre) opérant à 1575 µm (IR proche). Ce sont les meilleures images de la surface obtenues.

Comme la rotation de Titan est synchronisée avec sa période de révolution, l’observation de la totalité de sa surface nécessite une orbite entière (16 j). Le temps d’observation disponible a permis de cartographier 3/4 de la surface. La camera SDI a permis de soustraire efficacement les composantes atmosphèrique des images obtenues (cf + haut).

Attention: cette carte n’est pas une carte topographique mais une carte de la réflectivité des structures du sol à une longueur d’onde unique: elle ne correspond pas à ce que nous verrions à l’oeil nu (ceci est assez peu signalé dans les revues de vulgarisation) et la nature des structures observées reste sujette à débat entre spécialistes.

Ces observations dans l’IR couplés à la réflectivité radio mesurée grace à radiotelescope d’Arecobo ont permis de suposer que les régions sombres correspondent bien à des hydrocarbures liquides. Les régions les plus claires seraient des plateaux recouverts de glaces. On peut remarquer l'excellent accord avec les résultats du HST team, qui présente l’avantage de couvrir les 1/4 de Titan non cartographiés par l’ESO.

L’ ESO-team a baptisé quelques structures sombres (des "mers "?) de noms pittoresques comme le “H penché”, le “chien”, la “balle” et la “téte de dragon”. Il est permis de penser que l’UAI ne conservera pas ces nom pourtant significatifs (Amusez vous à les retrouver sur les clichés!).

En combinant les résultats de l'ESO et de l'HST, on en vient à remarquer que l'hémisphère Sud de Titan posséde plusieurs "continents" (2 sont de grande taille, ) alors que l'Hémisphère Nord est de nature plus "océanique".

Les régions polaires de Titan pourraient, selon moi, receler des lacs d'azote liquide, ce dernier s'infiltrant en profondeur et finissant pas se vaporiser au contact de l'intérieur plus chaud du satellite, il se pourrait que ces régions soient le lieu d'éruptions d'azote comparable, dans leur aspect, aux geysers terrestres. L'existence de phénomènes liés au volcanisme sur Titan a déjà été envisagée (Kereszturi, 2004), et pourrait avoir pour conséquence l'existence de points chauds sous lesquels la température permettrait une évolution moléculaire prébiotique, voire plus.

Une histoire agitée

Titan s'est formé par accrétion dans un milieu éloigné du soleil, riche en substances volatiles telles que H2O, NH3 et CH4. Le méthane s'est essentiellement incorporé à l'intérieur du satellité sous forme de clathrates (Lunine & al., 1987). Après l'accrétion, Titan était un monde chaud (250°C - Lunine, 1985) nanti d'une très épaisse atmosphère de N2, H2O et CH4, endogène ou formée par bombardement cométaire, et soumis à de fréquents apports météoritiques qui en ont dispersé une grande partie. Ces chocs ont réchauffé l'intérieur du satellite, facilitant la différenciation interne et la libération des gaz des roches qui ont pu contribuer ainsi à la formation d'une atmosphère secondaire.

A la surface du satellite, et durant 100 millions d'années, un océan d'eau enrichi en ammoniac a pu exister, à une température voisine de 30 °C,  dans un milieu riche en sources d'énergies.

Toutefois, le refroidissement progressif était inévitable et 70 millions d'années plus tard une couche de glace de 30 klm d'épaisseur recouvrait l'océan primordial, qui serait resté liquide en profondeur.
interieur Titan
Intérieur de Titan de sa formation à aujourd'hui
(d'après Fortes, 1999)

La surface de Titan, compte tenu de sa taille et de sa région de formation, pourrait ressembler à celle de Ganymède, le plus grand des satellites de Jupiter (et du système solaire, d'ailleurs!).

ganymede

La surface de Ganymède donne t'elle un aperçu de celle de Titan, sans son atmosphère ?
Image Galileo Project, DLR, JPL, NASA

Une (vieille) Terre congelée ?

Il est de coutume de présenter Titan comme étant un témoin inaltéré des conditions régnant à la surface de la Terre à l'époque de l'apparition de la vie (Taylor F, 2000) mais c'est oublier que même sur ce satellite glacé une évolution moléculaire a pu se produire: il serait étonnant que les conditions physiques régant à la surface de Titan soient restées les mêmes depuis la formation de ce satellite !

Ainsi, l'énergie libérée par les impacts météoritique a du liquéfier transitoirement une grande proportion de la surface du satellite (Sagan et Thompson ont calculé en 1987 que chaque point de la surface de Titan à  eu 50 % de chance d'avoir été plongé transitoirement dans de l'eau liquide à la suite d'un impact météoritique). De l'eau pourrait être présente sur Titan (elle est fréquente à cette distance du soleil) sous forme solide, à l'état de clathrates (cages moléculaires constituant un moyen de dissoudre un gaz dans un solide - Thomson al., 1987) liées à du méthane (ci contre: clathrate animé). La tholine, au contact de l'eau, s'enrichit en d'acides aminés, hydrocarbures polycycliques et  bases nucléotidiques (dont l'adénine, qui peut également se former dans l'atmosphère). On peut noter que les composés organiques susceptibles de se former sur Titan ne conservent pas leur couleur jaunatre mais noicissent vite: la couleur présente de Titan impliquerait alors que la matière organique y soit soumise à un recyclage dont, pour le moment, nous ignorons à peu près tout.

Les sources d'énergie disponibles pour réaliser les synthèses organiques sont:

On peut noter que des modes de synthèse voisins de ceux à l'oeuvre sur Titan se produiraient également au niveau de certaines comètes (Khare & al. 1989).

Cassini Breaking news on Titan

  • 4/07 le spectromètre IR/visible donne les premières images de la surface, prise depuis une distance comparable à celle séparant la Terre de la Lune. Une nette dissymétrie N/S apparaît: des terrains variés comportant des structures rubanées (linéaires, curvilignes...) dans l'hémisphère S et probablement de grands cratères d'impact dans le N. Photos et animations JPL.
  • 4/07 les région sombres seraient constituées de glace d'eau relativement pure alors que les régions brillantes contiendraient plus d'hydrocarbures (à l'inverse de ce qui était supposé jusqu'ici!) - Baines K, JPL
  • L'existence de reliefs différents implique sans doute une activité géologique sur Titan
  • Les reliefs détectés confirment les données obtenues depuis le sol par les techniques d'optique adaptative, ce qui renforce encore leur intérêt!
Il reste 45 approches de Titan à réaliser, la plus proche à 1000 km de la surface (300 fois plus proche que celle réalisée vendredi). Un grand bravo aux équipes du JPL!


Et si Titan en avait...

Est il possible de poser sérieusement la question de l'existence d'une vie sur Titan ? Bien que notre ignorance concernant la surface (et l'intérieur!) du satellité puisse laisser la porte ouverte à toutes les élucubrations, il n'est pas interdit de réfléchir à ce que pourrait être une vie possible sur (ou plutot, nous l'allons voir, dans) Titan.

Il semble que la surface de Titan, malgré sa probable collection de molécules organiques, ne soit pas favorable à la vie. Pourtant, même en négligeant la possibilité que des formes de vie radicalement différentes de la notre (qui ne seraient donc pas, par exemple, basées sur l'eau liquide mais sur le méthane) s'y soient développées, il reste une possibilité pour qu'une activité bactérienne subsiste sur ce Satellite.

On peut fort bien imaginer, nous l'avons vu, que dans son histoire Titan a été plus chaud et qu'une vie primitive a pu y apparaitre. Elle pourrait se maintenir dans l'épaisseur du satellite, dans les roches qui le composent. Peut être cette vie bactérienne a t'elle disparue, peut être est elle parvenue à s'adapter en survivant dans des zones chaudes, dans l'épaisseur de la croute de Titan, réchauffée par les forces de marrées exercées à la fois par le soleil et surtout par Saturne. Un indice de leur présence serait la production continue et mystérieuse de méthane dans l'atmosphère. Cette production est peut être due à l'évaporation continue des océans d'hydrocarbures, mais alors qu'est ce que régénère ces océans? La question reste ouverte, d'autant plus que ces étendues ne semblent pas suffisantes pour expliquer le nécéssaire renouvellement atmosphèrique (Coustenis & al. 1995).

En effet, on connaît sur Terre des écosystèmes complets basés sur le méthane, et fonctionnant à faible température. Ainsi, des bactéries chimiolithotrophes anaérobies utilisant le méthane vivent en symbiose avec certains vers tel Hesiocaeca Methanolica dans les gisements sous marins d'hydrates de méthane (à des températures voisines de 0°C et sous forte pression, entre 500 et 800 m de profondeur (Suess & al., 1999).

Ces archaebacteries reduisent CO ou CO2 en méthane. Leur donneurs d'électrons sont l'hydrogène où des molécules organiques simples comme des alcools. Le calcul montre (Fortes, 1999) que le taux de production microbien de méthane est suffisant pour expliquer la production constatée dans l'atmosphère de Titan, pour peu qu'un mécanisme de transport efficace (volcanisme?) lui permette de regagner la surface...

Des communautés bactériennes anaérobies ont aussi été identifiées dans des sources chaudes sous-terraines (Chapelle & al., 2002) qui tirent leur énergie de l'oxydation de l' hydrogène et produisent du méthane selon la réaction:
CO2 + 4H2 ---> CH4 + 2H2O + énergie
Le fait de trouver ces bactéries méthanogènes dans des sources chaudes ne signifie pas qu'elles ne puissent vivre à l'origine dans un environnement plus froid, mais que seule cette niche écologique bien particulière les protège, sur Terre, de la concurrence des bactéries plus "classiques". Comme la décomposition du méthane génère de l'hydrogène, on peut inférer la possibilité que le niveau de base de la "biosphère" titanienne soit constituée de bactéries méthanogènes. Le méthane serait ensuite métabolisé par d'autres bactéries. Certaines d'entre elles pourraient même extraire leurs nutriments de la tholine: Carol Stocker, une scientifique des laboratoires Ames, affiliés à la NASA, a montré (Stoker & al., 1990) qu' une large varité de bactéries (aérobies facultatives ou anaérobies) communes dans nos sols terrestres (certains Clostridium, Pseudomonas, Bacillus, Acinetobacter, Paracoccus, Alcaligenes, Micrococcus, Corynebacterium, Aerobacter, Arthrobacter, Flavobacterium, Actinomyces) pouvait utiliser la tholine comme source de carbone. Cette métabolisation concerne, selon les cas,  les fractions solides, hydrophyles ou hydrophobes de ce mélange. Cependant, ces expériences n'ont pas été menées à - 180 °C.

Une autre possibilité a été souligné par Simakov (1999): des bactéries denitrificantes anaérobies pourraient être à l'origine de l'azote de Titan, ce dernier devant être considéré comme un biomarqueur. Le métaboslime de ces bactéries consomme des ions nitrates NO3- et rejette du N2. Cette production pourrait également se faire à partir de l'ammonium NH4+ qui doit être présent dans les profondeurs du satellite.
Certains biochimistes (Raulin, 1987; Raulin & al., 1995) ont d'ailleur suggéré qu'une vie chimiquement différent de la notre ait pu se développer à partir du NH, ce dernier jouant le role de O dans nos molécules organiques terrestres. Cette vie "ammoniaquée", pour spéculative qu'elle demeure, offre une voie intéressante à la recherche.

Dans l'état actuel de nos connaissances (de notre ignorance, plutot!), une vie bactérienne sur Titan dépend fortement de l'existence d'un océan enfouit nanti de "points chauds"  dans les profondeurs du satellite. En effet, certains modèles font état de l'existence d'un possible océan souterrain, situé à 30 km sous la surface et profond de 200 km, et composé principalement d'une solution d'ammoniac dans de l'eau (Grasset, 1996; Fortes, 1999). Cet océan pourrait il abriter la vie? Au vu de l'histoire du satellite et en se basant sur les capacités des bactéries terrestres, la réponse est affirmative. Fortes a effectué une revue des caractéristiques supposées de cet océan englouti résumée dans le tableau suivant:

Paramètres
Etat
Références
Température
 - 30 à - 40 °C
Sur terre, les rares milieux où de l'eau reste liquide à - 13°C contiennent des bactéries
Lunine & al., 1987
Gerday & al. ,1997
Pression
de 1000 à 4500 bar.
Des bactéries croissent à 1400 bar
Horikoshi;
Kato & al., 1998
pH
entre 10,5 et 11
Des bactéries terrestres croissent dans des milieux à pH 12
Krauskopf & al., 1995
 Jones & al ., 1999
Viscosité
6,4 centipoises (l'eau est environ à 1 centipoise)
Des micro-organismes terrestres vivent dans des milieux d'une viscosité de 1 poise...
 Kargel & al., 1991
Nutriments disponibles
P,S,K et Na sont disponibles en concentration semblables à celles de l'eau de mer terrestre. Il en est de même pour une grande variété d'éléments (Cu, Fe, Zn, Se...) ainsi bien entendu que pour le Carbone.
Engel &  al ., 1994
Energie disponible
L'énergie rayonnée par Titan, voisine de 4,5 x 10(11) W, est suffisante, dans l'absolu, pour alimenter 16800 milliards de t de bactéries / an. Cette énergie disponible est cependant inférieure de trois ordre de grandeur à celle de notre planète. La biosphère putative de Titan ne saurait être que modeste comparée à celle de la Terre, et limitée à un maximum de 3 niveaux tropiques environ (3 maillons de chaine alimentaire).
Jakosky & al., 1998

Ses conclusion sont résumées ainsi "L'océan primordial d'eau ammoniaquée de Titan est un milieu convenant probablement au développement d'une vie primitive dans l'histoire du satellite. Si cet océan existe encore, il y a une possibilité pour que cette vie subsiste encore. Les conditions régant dans cet océan, quoiqu'extrêmes par rapport  aux standarts terrestres au niveau de la pression et de la température, ne sont pas si drastiques qu'elles s'opposent  à la survie de micro-organismes. (Titan's proposed primitive ammonia-water ocean was probably a suitable habitat for the development of life early in the satellite's history. If this ocean is still present then there is a possibility that life can continue to survive. Conditions in the ocean, while extreme by terrestrial standards in respect of pressure and temperature, do not appear to be so extreme as to preclude the survival of microbial organisms).

L'existence d'une vie pourrait être détectée en se basant sur l'homochiralité (orientation préférentielle dans l'espace des molécules carbonées) qui caractérise sur terre les molécules produites par (ou entrant dans la composition) des êtres vivants. Bien que des processus abiotiques (mais prébiotiques) puissent générer cette homochiralité, leur détection serait une indication majeure selon laquelle Titan est bien engagé, jusqu'à un point inconnu, dans le chemin qui méne à la vie.

Dans cette optique, on peut alors regretter, comme A. Brack, que la sonde Huygens ne contiennent aucun instrument capable de caractériser l'homochiralité éventuelle des molécules organiques de Titan. D'autres indices pourraient aussi se révéler pertinents.

Indices d'activité biologique

  • Les formes de vies terrestres utilisent différemment les isotopes du carbone: le 12C est plus usité que le 13C. Cependant, la valeur du rapport  12 C/ 13 C connue pour Titan (Hidayat & al . 1997) est trop imprécise pour conclure.
  • De la même façon, l'utilisation par les êtres vivants des isotopes de l'azote n'est pas la même. Le rapport 15 N/ 14 N  peut donc être utilisé, mais il n'a jamais été déterminé sur Titan (Huygens devrait le faire).
  • Tout comme des matériaux remontent de l'intérieur du satellite Europe, des "éruptions" pourraient amener en surface des molécules provenant de l'océan profond. L'homochiralité de molécules rapidement congelées (et observables brièvement avant dissociation) comme des isoprenoïdes ou des cycloterpènes manquerait la première découverte de sigbnes indubitables d'une vie extra-terrestre.

Observer Titan

Pour les instruments d'amateur, observer Titan revient à observer Saturne! Le satellite y est visible comme une étoile brillante, son disque n'apparaissant que dans des instruments de gros diamètre (de 0,5 à 1 m), encore rares chez les amateurs . Il apparait alors comme la planète Vénus dans les petits instruments: un minuscule disque jaunâtre.
Il est possible d'observer les éclipses mutuelles des satellites, leurs occultations d'étoiles ainsi que leurs passages devant le globe de Saturne.

Ephémérides

Le programme le plus ambitieux d'étude de Saturne en cours est représenté par la mission Cassini-Huygens. De nombreux sites sont consacrés à cette mission:


Le site ci dessus donne aussi accés à des videos et animations, et permet de tékécharger la remarquable "encyclopédie Cassini" ("passage to a ringed world"), un document pdf (en anglais) de 168 pages décrivant la mission et la planète. Pour les enseignants, une présentation en powerpoint est également disponible.
Je l'ai traduite dans notre langue et la tient à votre disposition sur demande.







La sonde Cassini, lancée en octobre 1997, doit atteindre son orbite autour de Saturne le 1 Juillet 2004. La surface de Titan sera cartographiée par un altimètre radar et la magnétosphère de Saturne sera plus particulièrement étudiée pendant les 4 ans que durera l'activité de cette sonde La mission comporte un "aterrisseur" (Huygens).
Notons que l'étude de l'orbite de Cassini donnera des indications sur la rigidité de Titan. Ces informations, comparées à celles conçernant l'aspect de la surface et les interactions entre la magnétosphère de Saturne et un éventuel champ magnétique, permettons de confirmer ou d'infirmer l'existence d'un océan souterrain.

On peut cependant regretter que des problèmes de communication entre Cassini et Huygens soient apparus en cours de mission, nécéssitant la modification du plan de marche et repoussant la descente de Huygens le 15 janvier 2005 (elle était initialement prévue en novembre 2004). Espérons que ces difficultés liées à une mauvaise conception (et sans doute le fait que Cassini, sonde NASA, a été conçue séparément de Huygens, qui dépend de l'ESA) ne compromettent pas le déroulement de la mission. Huygens devrait effectuer sa descente de plusieurs heures au dessus d'une région considérée comme "mer", mais notre ignorance de la force des vents est telle qu'une incertitude de 11 ° environ sur sa longitude finale est à craindre, pouvant l'amener au dessu d'un "continent".
La sonde est considérée comme devant résister à l'impact et fonctionner quelques dizaines de mn au sol. Afin de ne pas être déçu, il convient d'être réaliste: tout comme pour beagle sur Mars, la descente n'étant freinée que  par parachute et aucun systéme de retrofusée ou d'airbag n'étant monté sur la sonde, les probabilité de survie au crash sont infimes. Seul espoir: que huygens tombe dans un "océan" d'hydrocarbure sur lequel, en principe, elle pourrait flotter... et qui amortirait le crash !

Objectifs de la mission
Equipement de la sonde
1 - Déterminer la composition de Titan et de son atmosphère ainsi que les meilleurs scenarios décrivant l'origine et l'évolution du satellite.

2 - Obtenir des chiffres précis donnant la composition de l'atmosphère.

3 - Etudier la structure verticale et horizontale de l'atmosphère, y rechercher les molécules complexes ainsi que les sources d'énergies alimentant la chimie de l'atmosphère. Etudier les effets de la lumière solaire sur la haute atmosphère ainsi que la formation et la composition des aérosols formés.

4 - Mesurer la vitesse des vents et les températures et étudier les modifications saisonnières des courants atmosphèriques.

5 - Déterminer l'état physique, la topographie et la composition de la surface de Titan. Obtenir ainsi quelques informations sur sa structure interne.

6 - Eclaicir les interactions entre la magnétosphère de Saturne et la haute atmosphère de Titan.

7 - Etablir l'existence d'étendues liquides à la surface, et étudier les grandes structures repérées depuis la Terre et suspectées être des "continents".

Vue d'artiste de la surface. L'érosion réelle est sans doute bien plus importante. JPL/
vue d'artiste de titan
  • un collecteur d'aérosols (pour analyse de l'atmosphère et des particules qui l'obscurcisse)
  • un pyroliseur (qui "brule" les molécules organiques afin de permettre l'analyse des fragments obtenus)
  • une caméra de descente (ouf ! nos brillants ingénieurs auraient pu oublier ce "détail", fondamental pour l'intérêt du public, qui paie la mission, comme ils ont oublié un imageur "au sol"!)
  • un radiomètre spectral (analyse des échantillons du collecteur d'aérosol)
  • un instrument de mesure de la vitesse du vent par effet Doppler
  • un chromatographe en phase gazeuse (analyse fine des gaz de l'atmosphère)
  • un spectromètre de masse (analyse des
  • un instrument consacré à l'étude de la structure nuageuse
  • un ensemble d'instruments effectuant des mesures à la surface, si la sonde survit à l'impact !


IIlustrations JPL

Les deux "vues d'artiste" ci dessus sont censées illustrer le contact final entre Huygens et Titan. Comme un oeil circonspect peut le remarquer, les deux artistes n'ont pas les mêmes conceptions quant à la grandeur apparente de Saturne dans le ciel de Titan (à moins qu'ils n'aient mal interprété l'excentricité de son orbite!). La présence allégorique d'une sonde Cassini énorme dans le deuxième dessin nous signale que nous sommes en pleine poésie (il en faut!). Soyons sur que Huygens nous révèlera, quoiqu'il arrive, un monde insoupçonné.

VOL VERS TITAN

A partir du 15/05/2004, retrouvez ici chaque samedi les aventures de Cassini à l'approche de Saturne!

Ici, une vue du seigneur des anneaux prise  début Avril. Remarquez les ceintures nuageuses de la planète, visibles avec un peu d'entrainement à l'aide d'un télescope de 200 mm seulement.

26/05/2004: Cassini prend des vues rapprochées révélant l'atmosphère turbulente, surtout dans les régions équatoriales, de Saturne.

Prochain passage près de Titan:  octobre 2004 (la sonde passera 30 fois plus près de Titan que lors de son approche du 2 Juillet)

Photos JPL
première carte de Titan par Cassini

Premières vues de Titan réalisées par Cassini début mai 2004. L'intéret en est assez limité à cette distance de Saturne, mais la carte réalisée à partir des isophotes montre bien le plus grand des "continents" s'étalant sur 40 ° de latitude et bien caractérisé par le HST-team.
Titan le continent H

Cette vue réalisée le 25 Juin 2004 à une longueur d'onde permettant de pénétrer quelque peu l'atmosphère laisse voir une structure en H penché qui confirme celle obtenue au sol par l'ESO-team.
brume bleu sur Titan
Cette vue de Titan réalisée par Cassini (photo JPL) le 30 juillet 2004 montre les brumes bleutées se formant dans la haute atmosphère de Titan et l'encerclant comme une double auréole.  Image en fausses couleurs à base de rayonnement UV. Contraste augmenté pour les couches de brume




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HST-Team: Pr. Smith PH & Lemmon M, étudiant en thèse, University of Arizona Lunar and Planetary Laboratory; Caldwell J, York University, Canada; Sromovsky L, University of Wisconsin; Allison M, Goddard Institute for Space Studies, New York City.

ESO team : Markus Hartung (ESO-Chile), Laird M. Close (Steward Observatory, University of Arizona, Tucson, USA), Rainer Lenzen, Tom M. Herbst and Wolfgang Brandner (Max-Planck Institut for Astronomie, Heidelberg, Germany), Eric Nielsen and Beth Biller (Steward Observatory, University of Arizona, Tucson, USA), and Olivier Marco and Chris Lidman (ESO-Chile).


Suggestions & remarques