vaufrègesI3 15 124 Posté(e) 18 septembre 2019 Images rapprochées du trou de forage "Glen Etive 2" (de nuit avec LED) MAHLI - 17 SEPTEMBRE 2019 (SOL 2529) : Noter les alignements d'impacts Laser ChemCam dans la paroi du trou Image originale de Sean Doran (issue de la caméra HiRISE de l'orbiteur MRO) avec tracé du parcours réalisé et du parcours prévisionnel - Renseignée par mes soins pour le contexte et la position actuelle de Curiosity (image cliquable) : 5 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 124 Posté(e) 19 septembre 2019 L’EXPÉRIENCE SPÉCIALE DE CHIMIE HUMIDE POUR L’ANALYSE D’ÉCHANTILLONS EST ENFIN ANNONCÉE À "GLEN ETIVE 2" !! Extrait de la mise à jour du 19 septembre 2019 (sol 2531) - par Abigail Fraeman, géologue planétaire au JPL – je cite (c'est moi qui surligne) : "Dans le plan de lundi [16 Septembre], nous avons effectué des tests de chute de portion d’échantillon de forage "Glen Etive 2" [couvercles d’entrées labos fermés], et ce matin [19 septembre], nous avons été accueillis avec de belles images des échantillons. Notre test réussi signifie que nous sommes prêts à livrer l'échantillon Glen Etive 2 aux instruments d'analyse de Curiosity pour de bon aujourd'hui ! D'habitude, nous envoyons d'abord les échantillons de forage à CheMin pour analyse, mais nous avons décidé de faire les choses à l'envers cette fois-ci. Pour cet exercice, nous voulons d'abord livrer à SAM afin de nous assurer que nous avons suffisamment d'échantillons disponibles pour une expérience SAM standard et une expérience spéciale de chimie par voie humide. Nous sommes d’abord assez satisfaits d’effectuer une livraison SAM, car nous avons déjà des analyses CheMin sur l’échantillon foré "Glen Etive 1" situé à proximité et nous pensons que "Glen Etive 2" sera probablement composé de matériaux similaires". FIN DE CITATION L’analyse standard SAM doit débuter dès cette nuit, du 19 au 20 septembre (sols 2531 à 2532) avec un potentiel de trois échantillons, l’expérience de chimie humide devrait suivre un peu plus tard. Rappel des enjeux : Les perchlorates martiens se forment naturellement, comme les perchlorates terrestres, grâce au rayonnement solaire ultraviolet puissant qui atteint la surface et facilite l’oxydation des éléments chlorés contenus dans le sol en l’absence d’eau. L’oxydant doit provenir de l’oxygène de l’atmosphère (sur Mars, quelques molécules d’oxygène libre et l’oxygène des molécules de gaz carbonique qui est abondant, ceci sur des temps géologiques). Chauffés, les perchlorates sont extrêmement corrosifs, et on a pu constater qu’ils ont très probablement corrompu les analyses des Viking, ainsi que celles de l’atterrisseur Phoenix en 2008. C’est d’ailleurs Phoenix qui, le premier, a déterminé l’existence de cet oxydant. Chauffés jusqu’à 900 degrés à l’intérieur du labo SAM (*), les perchlorates modifient les structures des composés organiques, de sorte que les identités originelles des matières organiques martiennes dans la roche restent incertaines. Lorsque les premières molécules organiques complexes ont été découvertes en mai 2013 (sol 279) par Curiosity à "Cumberland", l’action de chauffer l’échantillon, et donc les perchlorates, a détruit les molécules organiques originelles en les transformant en chlorohydrocarbones, rendant impossible leur identification originelle. Il semble qu’ensuite on ait réussi partiellement à en tirer les leçons : un nouveau et très long protocole d’analyse a été mis au point permettant de contourner quelque peu l’action des perchlorates, ce qui a permis de découvrir des molécules organiques complexes "pas trop mal préservées" (dixit François Forget) dans un échantillon prélevé en janvier 2015 (sol 882) à 6 centimètres de profondeur dans une roche cible nommée "Mojave" (roche sédimentaire lacustre de la "Formation Murray"). Mais ces molécules "pas trop mal préservées" sont encore trop dégradées pour permettre une analyse isotopique qui permettrait de les observer selon un angle particulier, celui de la chiralité.. Au cas où , ceci pourrait apporter une preuve importante en faveur de leur origine biotique. Actuellement, l’hypothèse chimique ou géochimique (abiotique) est forcément privilégiée, mais les résultats n’excluent pas, soyons fous, une origine biologique qui expliquerait tout aussi bien la nature des molécules organiques déjà observées. Dans un Ciel&Espace de 2012 ou 2013 (que je peux retrouver dans ma copieuse collections de mags'.. disons si besoin ) j’ai scrupuleusement relevé les propos de Michel Cabanes, co-responsable de SAM et attaché en particulier au chromatographe en phase gazeuse, le GCSM – je le cite : "Si Curiosity trouve (par exemple) des acides aminés et qu'ils sont comparables aux 80 variétés recensées dans la météorite de "Murchinson", on n'aura guère de doute sur leur origine cosmique. Si, en revanche, ils ressemblent aux 22 espèces d'acides aminés que le vivant utilise, la question d'une origine biotique se posera. Ces acides aminés seront alors regardés selon un angle particulier, celui de la chiralité".. « Les instruments du rover sont parfaitement capables de déterminer la chiralité de ces derniers. Ceci pourrait apporter une preuve importante en faveur de leur origine biotique". Disons que parler de "preuve" à ce niveau c'est probablement un peu audacieux , mais bon, c'est lui le spécialiste et je ne fais que rapporter ses propos.. Il est bien clair pour tout le monde, et sans aucun doute aussi pour lui, qu'il s'agirait là d'un "indice important" mais que la "preuve" ne serait raisonnablement constituée qu'en analysant un tel échantillon sur Terre, avec bien d'autres moyens qu'un labo de la taille d'un micro-onde. "L'usine à gaz" que constitue le projet Nasa/ESA de retour d'échantillons récoltés par Mars 2020 est en cours d'élaboration pour le présenter respectivement au Congrès US et aux ministres des Etats participants de l'ESA. En cause, le financement.. et ça risque d'être copieux . De toute façon l'échéance de ce retour d'échantillons (si l'opération réussit, ce qui est loin d'être gagné) semble se profiler au mieux au début des années 30.. Alors pour ma part, vieux, malade et fatigué , j'accueillerais un "indice important" dans un délai plus court avec ravissement . Au sujet de l'expérience de chimie humide du labo SAM : POUR ÉVITER DE DÉGRADER LES MOL֤ÉCULES FRAGILES SENSIBLES À LA CHALEUR ET À L’OXYDATION DES PERCHLORATES IL EXISTE donc 9 AUTRES COUPELLES, fermées par un opercule transperçable et remplies de solvants chimiques pour les expériences de "chimie humide" À BASSE TEMPÉRATURE. Ces solvants sont des produits chimiques spéciaux appelés "agents de dérivatisation" conçus à l’origine pour rendre certaines molécules plus faciles à détecter. Pour pouvoir être séparée par chromatographie en phase gazeuse les molécules organiques doivent être volatilisées. La technique la plus simple pour les rendre volatiles est de les chauffer à plus ou moins haute température. Cependant, pour étudier des molécules fragiles, sensibles à la chaleur, il est également possible de passer par la technique de dérivatisation. Celle-ci permet de rendre volatile des molécules organiques en attachant sur ces dernières des fonctions chimiques particulières. Ainsi dérivatisées, les molécules passent facilement à l’état gazeux, ce qui rend alors possible leur analyse. Sachant aussi que la dérivatisation est plus efficace que la chaleur pour l’étude de molécules organiques volumineuses, ou réactives. Sachant que ces 9 coupelles n’ont encore jamais été utilisées. Elles ne sont utilisables qu’une seule fois, il s’agit donc de les utiliser à bon escient, et un forage dans la zone qui constitue l’objectif majeur de la mission, la vallée argileuse, peut donner des résultats intéressants.. Et il semble bien que ce soit déjà le cas pour l'analyse standard SAM de "Glen Etive 1".(*) (*)Pour une analyse standard dans le labo SAM quelques dizaines de milligrammes d’échantillon sont pyrolysés (chauffés) jusqu’à environ 900°C dans les fours de l’instrument. Les molécules contenues dans les gaz qui s’en dégagent sont analysées par un chromatographe en phase gazeuse (GC) développé par les laboratoires français LATMOS, LISA et LGPM, avec le soutien du CNES, couplé à un spectromètre de masse (MS) développé par le centre NASA Goddard Space Flight Center aux Etats-Unis. La chromatographie permet de séparer les composants individuels d’un mélange de molécules initiales, et la MS de les identifier par pesée moléculaire. 8 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Alain MOREAU 7 318 Posté(e) 20 septembre 2019 Le 18/09/2019 à 23:55, vaufrègesI3 a dit : Noter les alignements d'impacts Laser ChemCam dans la paroi du trou Remarquable de précision quand on pense à la stabilité nécessaire ! Merci une fois de plus pour ton impressionnant travail de communication sur cette mission 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 124 Posté(e) 21 septembre 2019 Salut Alain . C'est un message copieux, et pour ceux qui, tout au long de ces sept longues années ont eu le courage de suivre encore ce fil, mon dernier message peut paraître du rabâchage car j'ai moultes fois évoqué ces mêmes éléments dans les pages précédentes. Je m'attache en effet à insister lourdement sur les enjeux et les perspectives de la mission, aspects qui me semblent nécessaires d'assimiler pour appréhender correctement la phase actuelle d'investigations dans la vallée argileuse en général, et aujourd'hui plus que jamais dans la très prometteuse zone de forage de "Glen Etive" où Curiosity opère depuis bientôt 2 mois. La planification de la semaine passée a été centrée sur l'analyse standard par le labo SAM d'un l'échantillon de "Glen Etive 2", ce qui impliquait de chauffer les quelques milligrammes de matériaux d'une coupelle jusqu'à hautes températures, une analyse nommée "evolved gas analysis" (EGA). Une opération qui s'est terminée avec succès avant qu'un échantillon soit transféré en interne pour une expérience spéciale de chimie par voie humide dans le plan d'activité de la semaine prochaine. Le labo de chimie et de minéralogie (CheMin) effectuera également des travaux de préparation dans le cadre de ce plan en prévision du transfert d’un échantillon à ce labo, un transfert interne au labo prévu pour la fin de la semaine prochaine, semaine plutôt chargée donc.. Ces opérations demeurant très énergivores, il ne reste que peu de place pour d'autres activités. Seul le laser ChemCam sera sollicité pour encore affiner l'étude de la chimie des roches environnantes. De même les images se font rares, mais bon, sur ce plan on a quand même déjà été pas mal "gavés" tout au long de cette mission.. Pour le plaisir, deux panoramiques : MASTCAM - 3 MARS 2018 (SOL 1981) - Thomas Appéré : MASTCAM - 16 MARS 2018 (SOL 1994) - Justin Cowart : 6 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 124 Posté(e) 24 septembre 2019 (modifié) Selon Melissa Rice, Géologue planétaire au Western Washington University, l’expérience de chimie par voie humide du labo SAM sur l’échantillon de forage "Glen Etive 2" devait être réalisée ce jour, 24 septembre 2019 (sol 2536). Je cite et je surligne : "Le site "Glen Etive", que nous étudions depuis un mois, est assez attrayant pour cette expérience spéciale !".. Il y a déjà eu pas mal de commentaires assez sobres mais du même type depuis que Curiosity opère à "Glen Etive", et malgré la grande prudence que les scientifiques attachés à cette mission doivent observer dans leur "reporting", il transpire de leurs propos quelque peu aseptisés que quelque chose d'intéressant ou de nouveau résulte des analyses. Pas forcément un truc "bouleversifiant" mais.. affaire à suivre.. Du fait des activités très énergivores du labo SAM, Curiosity passera ensuite la majeure partie de la journée à recharger ses batteries , en se consacrant à un petit nombre d’observations scientifiques supplémentaires (notamment des observations ChemCam du reliquat d’échantillons inutilisés et vidés au sol de "Glen Etive 1", puis de galets, ainsi qu'un film Navcam pour surveiller les nuages). MASTCAM - 19 SEPTEMBRE 2019 (SOL 2531) : Sur le pont du rover, les deux entrées du labo SAM. Celle dont la trappe est ouverte a permis d'introduire les trois échantillons de "Glen Etive 2" (le 19 septembre). Modifié 26 septembre 2019 par vaufrègesI3 6 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 124 Posté(e) 26 septembre 2019 Mauvaise nouvelle.. Selon la mise à jour du 25 septembre de Kristen Bennett, géologue planétaire au Centre de science astrogéologie de l'USGS, l’expérience de chimie par voie humide du labo SAM sur l’échantillon de forage "Glen Etive 2" prévue le 24 septembre ne s’est pas effectuée, car – je cite : "Il y avait un problème dans l'ensemble des activités SAM prévues qui a conduit à la non réalisation de ces activités. Pendant que nous diagnostiquons le problème, nous faisons une pause dans les activités de forage et remplissons le plan avec de nombreuses données scientifiques à distance". Aucune précision n’est apportée sur la nature de ces "difficultés". En attendant le diagnostic, le plan d’activité des 26 et 27 septembre (sols 2538 et 2539) comprend la reprise des observations non abouties lors du sol 2537, et en particulier une mosaïque Mastcam du mont Sharp. Il y aura également un film NavCam pour rechercher les "dust-devils", un film sur l'horizon pour la surveillance des nuages, une observation de la visibilité directe et une observation de l'altitude des nuages. Plusieurs observations Mastcam sont incluses pour estimer la quantité de poussière dans l'atmosphère. Je cite à nouveau Kristen Bennett : "Espérons que ce sera un bref entracte et que nous serons de retour aux activités d’analyse de forage dans le plan du week-end !". HAZCAM AVANT - 25 SEPTEMBRE 2019 (SOL 2537) : HAZCAM ARRIÈRE - 25 SEPTEMBRE 2019 (SOL 2537) : À l'arrière du rover, 2 mois après, les traces de roues dans le sable sont toujours très marquées. À gauche la bande noire souligne la crête "Vera Rubin", et au delà les remparts Nord du cratère Gale ferment l'horizon . NAVCAM - 23 SEPTEMBRE 2019 (SOL 2535) : Le Mont Sharp plein soleil. MASTCAM - 23 SEPTEMBRE 2019 (SOL 2535) : 17h50, coucher de soleil derrière les remparts Nord 3 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 124 Posté(e) 30 septembre 2019 Bonne nouvelle !! Selon Susanne Schwenzer, géologue planétaire à l'Open University, SAM est de nouveau en bonne santé et Curiosity devait consacrer la majeure partie de son temps des sols 2540 à 2542 (28 au 30 septembre 2019) aux activités de l'expérience de chimie par voie humide. "L'équipe de planification est très enthousiaste, et nous croisons les doigts pour que nous trouvions des données intéressantes lundi". Mais toujours aucune info sur les problèmes qui ont fait échouer cette expérience initialement prévue le 24 septembre.. Le labo SAM étant prioritaire, peu d'autres activités programmées sur cette période du fait du peu d'énergie restant disponible. À noter une nouvelle série de tirs Laser ChemCam RMI sur la paroi du trou de forage "Glen Etive 2" pour tenter de recueillir encore plus de données, Susanne Schwenzer qualifiant cette cible de "très importante" !. Ce qui semble bien signifier que quelque chose d'intéressant s'est révélé sur ce site.. Il ne reste plus qu'à attendre les données du labo SAM.. et à espérer que l'équipe du rover et la Nasa veuillent bien nous en livrer quelques miettes en avant première ! Pas gagné, le plus souvent c'est un peu l'omerta .. MASTCAM - 29 SEPTEMBRE 2019 (SOL 2541) : 4 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 124 Posté(e) 3 octobre 2019 Curiosity opère sur le site "Glen Etive" depuis plus de 2 mois Le 3 octobre (sol 2545) Curiosity poursuit la collecte des données de la nouvelle analyse d’échantillon effectuée par le labo de minéralogie CheMin au 1er octobre (sol 2543). L’activité principale du jour est le nettoyage de la colonne de chromatographie en phase gazeuse du Labo SAM : lors de l’analyse quelques dizaines de milligrammes de l’échantillon sont pyrolysés (chauffés) jusqu’à environ 900°C dans les fours de l’instrument. Les molécules qui s’en dégagent à l’état gazeux (*) sont analysées par un chromatographe en phase gazeuse (GC) développé par les laboratoires français LATMOS, LISA et LGPM, avec le soutien du CNES, couplé à un spectromètre de masse (MS) développé par le centre "NASA Goddard Space Flight Center" aux Etats-Unis. La chromatographie en phase gazeuse (CG) sert à scinder les mixtures pour en faire des composants individuels au moyen d'une colonne capillaire à température contrôlée. Les petites molécules, qui ont des stades d'ébullition bas, descendent le long de la colonne plus rapidement que les grandes molécules, qui ont des stades d'ébullition hauts. La spectrométrie de masse (MS) sert à identifier les diverses composantes dans leur spectre de masse. Chaque composant a un spectre de masse unique, ou quasi unique, que l'on peut comparer avec des bases de données de spectres de masse, ce qui permet de les identifier. (*) L'analyse GC-MS peut travailler sur des liquides, des gaz et des solides. Mais à l’état solide ou liquide, atomes et molécules sont fortement associés les un(e)s aux autres. L’état gazeux offre de meilleures possibilités d’isolement des molécules les unes des autres, à condition d’effectuer les mesures dans un vide assez poussé afin d’éviter les regroupements ou les interactions de molécules entre elles. C’est là une des premières contraintes techniques fortes de la spectrométrie de masse : isoler une molécule nécessite tôt ou tard le passage à l’état gazeux sous basse pression. La seconde nécessité est de “contrôler“ la molécule ou l’atome ainsi isolé. En effet, à l’état gazeux et à basse pression, les molécules sont indociles et ont un parcours aléatoire de type Brownien. On ne peut rien leur faire-faire... Les ions sont beaucoup plus maîtrisables puisqu’ils obéissent aux lois de l’électromagnétisme. La spectrométrie de masse traite donc de molécule ou d’atomes ionisés. L’explosion des techniques de spectrométrie de masse résulte de la multiplication des choix technologiques permettant de répondre à ces deux contraintes : un état vaporisé à basse pression et l’ionisation des molécules. Le plan d’activité du 3 octobre vise aussi par ailleurs une grande diversité de cibles. Après avoir suffisamment analysé le substrat rocheux à proximité, l’attention s’est tournée vers les matériaux à veines blanches. L'image Chemcam RMI ci-dessous montre la cible "Glen Lyon" le 23 septembre (sol 2535). ChemCam cible une large veine blanche, appelée "Bighouse" et par ailleurs des cailloux avec une série de tirs laser sur une cible de 2m30 appelée "liddery". CHEMCAM RMI – 23 SEPTEMBRE 2019 (SOL 2535) : La cible "Glen Lyon" Le sol suivant, le plan d’activités comporte plusieurs mesures environnementales courantes, notamment pour déterminer le niveau de poussière atmosphérique, la recherche de dust-devils, une observation active DAN, et l’enregistrement habituelle des données RAD et REMS. MASTCAM - 2 OCTOBRE 2019 (SOL 2544) : Face au rover, vers le Nord-Ouest: les remparts Nord du cratère qui culminent à environ 3000 m. Dans ces mêmes remparts, à gauche de l'image, on distingue un cratère d'impact de type "splosh". Il comporte des éjectas lobés (significatifs de présence d'eau à l'impact). 4 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 124 Posté(e) 8 octobre 2019 Le rover Curiosity de la NASA trouve une ancienne oasis sur Mars NEWS - 7 octobre 2019 https://mars.nasa.gov/news/8522/nasas-curiosity-rover-finds-an-ancient-oasis-on-mars/?site=msl Si vous pouviez voyager dans un passé de 3,5 milliards d'années, à quoi ressemblerait Mars ? La situation évolue parmi les scientifiques travaillant avec le rover Curiosity. Imaginez des étangs sur le sol de Gale Crater, le bassin antique de 150 km de large que Curiosity explore. Des ruisseaux pourraient avoir traversé les murs du cratère, courant vers sa base. Regardez l’histoire en avance rapide, et vous verriez ces cours d’eau déborder puis se tarir, un cycle qui s’est probablement répété plusieurs fois au cours de millions d’années. Cette animation montre comment des ruisseaux ont peut-être coulé du mont Sharp jusqu'au sol du cratère Gale, où des étangs salés ont peut-être été laissés lorsque la région s'est asséchée au fil du temps. Les roches enrichies en sels minéraux découvertes par "Curiosity", à un endroit du mont Sharp appelé "Sutton Island", suggèrent que l'eau a disparu lentement, plutôt que tout à la fois, retournant probablement dans la région dans un cycle persistant de séchage et de débordement : C'est le paysage décrit par les scientifiques de Curiosity dans un article de Nature Geoscience publié aujourd'hui. Les auteurs interprètent les roches enrichies en sels minéraux découvertes par le rover comme preuve de l'existence d'étangs saumâtres peu profonds ayant subi des épisodes de débordement et de séchage. Les dépôts servent de filigrane créé par les fluctuations climatiques alors que l'environnement martien est passé d'un environnement plus humide au désert glacial qu'il est aujourd'hui. Les scientifiques aimeraient comprendre combien de temps a duré cette transition et à quel moment exactement. Ce dernier indice pourrait être un signe de découverte à venir alors que Curiosity se dirigera vers une région appelée "unité de sulfate" qui devrait s'être formée dans un environnement encore plus sec. Cela représente une différence radicale par rapport au bas de la montagne où Curiosity a découvert des traces de la persistance de lacs d’eau douce . Gale Crater est l'ancien vestige d'un impact massif. Les sédiments transportés par l’eau et le vent ont fini par remplir le fond du cratère, couche par couche. Une fois les sédiments durcis, le vent a sculpté les roches superposées dans le mont Sharp, sur lequel Curiosity est en train de grimper aujourd'hui. Désormais exposée sur les pentes de la montagne, chaque couche révèle une époque différente de l'histoire martienne et contient des indices sur l'environnement qui prévalait à l'époque. "Nous sommes allés à Gale Crater car il conserve cette trace unique de l'évolution de Mars", a déclaré l'auteur principal William Rapin de Caltech. "Comprendre quand et comment le climat de la planète a commencé à évoluer est un autre casse-tête : quand et combien de temps Mars est-il capable de soutenir la vie microbienne en surface ?" Ses co-auteurs et lui décrivent les sels trouvés dans une section de roches sédimentaires appelée "Sutton Island", haute de 150 mètres que Curiosity a visité en 2017. D'après une série de fissures de boue à un endroit nommé "Old Soaker", l'équipe savait déjà que la région avait des périodes de sécheresse intermittentes. Mais les sels de "Sutton Island" suggèrent que l'eau est également concentrée en saumure. Généralement, lorsqu'un lac s'assèche complètement, il laisse des tas de cristaux de sel pur. Mais les sels de "Sutton Island" sont différents : d’une part, ce sont des sels minéraux, pas du sel de table. Ils sont également mélangés à des sédiments, suggérant qu'ils se sont cristallisés dans un environnement humide, peut-être juste sous des étangs peu profonds en train de s'évaporer et remplis d'eau salée. Le réseau de fissures de cette dalle de roche martienne appelée "Old Soaker" pourrait s'être formé à partir du séchage d'une couche de boue il y a plus de 3 milliards d'années. La vue s'étend sur environ 1,2 mètre de gauche à droite et combine trois images prises par la caméra MAHLI (Mars Hand Lens Imager) sur le bras du rover Curiosity Mars de la NASA. MAHLI était positionné à environ 90 cm au-dessus de la surface lorsqu'il a pris les images composantes le 31 décembre 2016, au cours du sol 1566.. La dalle porte un réseau de polygones à quatre et cinq côtés de 1 à 2 centimètres de diamètre, ce qui correspond au motif généralement formé quand une fine couche de boue sèche. Certaines arêtes des polygones sont des arêtes de matériaux de la même couleur que la roche environnante. Cela pourrait résulter d'un processus en trois étapes après la formation de fissures dues au séchage: les sédiments soufflés par le vent s'accumulent dans les fissures ouvertes. Plus tard, ces sédiments et la boue séchée deviennent des roches sous la pression de multiples couches plus jeunes qui s’accumulent au-dessus d’eux. Plus récemment, après que les couches sous-jacentes aient été érodées par le vent, le matériau d'obturation des veines résiste mieux à l'érosion que le matériau autrefois boueux : Étant donné que la Terre et Mars étaient similaires à leurs débuts, Rapin a supposé que "Sutton Island" pourrait ressembler à des lacs salins de l’Altiplano en Amérique du Sud. Les ruisseaux et les rivières qui coulent des montagnes dans ce plateau aride et de haute altitude mènent à des bassins fermés semblables à l'ancien cratère Gale de Mars. Les lacs de l’Altiplano sont fortement influencés par le climat au même titre que Gale. "Pendant les périodes plus sèches, les lacs de l'Altiplano deviennent moins profonds, et certains peuvent se dessécher complètement", a déclaré Rapin. "Le fait qu'ils soient sans végétation les fait même ressembler un peu à Mars." Remplie de lacs saumâtres, ci-dessous la saline de Quisquiro dans l'Altiplano sud-américain. Les cours d'eau et les rivières qui s'écoulent des chaînes de montagnes vers ce plateau aride de haute altitude mènent à des bassins fermés semblables à l'ancien cratère Gale sur Mars : Les signes d'une Mars qui s'assèche Les roches enrichies en sel de "Sutton Island" ne sont qu'un indice parmi plusieurs que l'équipe du rover utilise pour comprendre comment le climat martien a changé. En parcourant l'intégralité du parcours de Curiosity, qui a débuté en 2012, l'équipe scientifique constate un cycle de temps humide à sec sur de longues périodes sur Mars. "En escaladant le mont Sharp, nous constatons une tendance générale d'un paysage humide à un paysage plus sec", a déclaré Ashwin Vasavada, scientifique du projet Curiosity. "Mais cette tendance ne s'est pas nécessairement produite de manière linéaire. Plus vraisemblablement, c'était désordonné, avec des périodes plus sèches, comme ce que nous voyons à "Sutton Island", suivies de périodes plus humides, comme ce que nous voyons dans « l’unité argileuse" que Curiosity explore aujourd'hui. " Jusqu'à présent, le rover avait rencontré de nombreuses couches de sédiments plats qui avaient été doucement déposées au fond d'un lac. Chris Fedo, membre de l’équipe, spécialiste des couches sédimentaires à l’Université du Tennessee, a indiqué que Curiosity traverse actuellement de grandes structures rocheuses qui auraient pu se former seulement dans un environnement plus énergétique, comme une zone balayée par le vent ou des ruisseaux en écoulement. Le vent ou l'eau qui s'écoule accumule les sédiments en couches qui s'inclinent progressivement. Quand ils durcissent dans la roche, ils deviennent de grandes structures similaires à "Teal Ridge", sur lesquelles Curiosity a enquêté l'été dernier. "La recherche de couches inclinées représente un changement majeur, dans lequel le paysage n'est plus complètement sous l'eau", a déclaré Fedo. "Nous avons peut-être quitté l'ère des lacs profonds." Curiosity a déjà aperçu des couches plus inclinées dans l’unité de sulfate lointaine. L’équipe scientifique prévoit de s’y rendre au cours des deux prochaines années et d’enquêter sur ses nombreuses structures rocheuses. Si elles se formaient dans des conditions sèches qui persistaient pendant une longue période, cela pourrait signifier que l'unité contenant de l'argile représenterait un stade intermédiaire - une passerelle vers une autre époque de l'histoire aquatique du cratère Gale. "Nous ne pouvons pas dire si nous voyons encore des dépôts éoliens ou fluviaux dans l'unité argileuse, mais nous sommes à l'aise pour dire que ce n'est certainement pas la même chose que ce qui s’est passé [plus bas] ou ce qui nous attend " [plus haut], a dit Fedo. Un guide de Gale Crater : Le rover Curiosity nous a beaucoup appris sur l'histoire de Mars et son potentiel à soutenir la vie. Lien vidéo : https://mars.nasa.gov/resources/20328/a-guide-to-gale-crater/?site=msl Il y a environ 3,7 milliards d'années, un important impact de météorite a balayé le cratère initial, fissurant la roche et laissant un pic central lors du rebond sur la surface. C’est une période plus humide dans l’histoire de Mars. Les eaux souterraines s'infiltrent dans le nouveau cratère, tandis que les rivières alimentées par la pluie ou la neige fondante y pénètrent également, formant un grand lac - et transportant du gravier, du sable et du limon. Ce matériau continue de s'accumuler pendant des millions d'années. Et à mesure que chaque couche se cimente dans la roche, elle enregistre un instantané de l'environnement qui l'a façonnée. Avec le temps, le séchage progressif de Mars ferme les rivières. Mais les sédiments s'accumulent continuellement à mesure que du sable et de la poussière pénètrent dans le cratère, enterrant profondément les dépôts accumulés dans l'eau. Pendant ce temps, les eaux souterraines restent profondément sous la surface poussiéreuse. À un moment donné, les vents qui transportaient les sédiments ont commencé à les affouiller. Dans les zones plus proches du bord du cratère, ces vents s’infiltrent jusque dans les anciens dépôts lacustres. Et au fur et à mesure que ce poids est levé, ces couches se fissurent, ce qui facilite la circulation des eaux souterraines et leur modification avant leur dessèchement. Il y a environ 3 milliards d'années, il nous reste la forme de base que nous voyons aujourd'hui. C'est dans cette version de Gale Crater que Curiosity a aidé à reconstituer l'histoire : les schémas sédimentaires montrent que beaucoup d'eau était présente de façon continue pendant des millions d'années - à la fois sous la forme d'une nappe souterraine persistante et d'un lac de longue date (avec des périodes de sécheresse occasionnelles) ). Les lectures minérales et chimiques montrent que l'eau du lac et du sous-sol était propice aux microbes potentiels. Les échantillons de forage du fond du lac montrent les éléments clés, les molécules organiques, les nutriments et les sources d'énergie que les microbes auraient pu utiliser. L'eau circulant dans les fractures souterraines aurait pu soutenir la vie même dans des roches profondément enfouies. Et la composition de certaines couches les rend bonnes pour préserver les signes potentiels de la vie passée. Pris ensemble, les éléments de preuve indiquent que Gale Crater (et Mars en général) est un lieu où la vie - si jamais elle émergeait - aurait pu survivre pendant un certain temps. Une fois notre mission première remplie, nous continuons à explorer : découvrir l'histoire de Mars et en apprendre davantage sur comment et où les futures missions peuvent rechercher les signatures laissées par une vie ancienne potentielle. 7 1 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Kaptain 5 880 Posté(e) 9 octobre 2019 Encore et toujours un immense merci, Daniel, tout ça est proprement passionnant ! 1 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
dfremond 4 478 Posté(e) 9 octobre 2019 (modifié) Grand merci Daniel pour ce feuilleton passionnant! Il y a 11 heures, vaufrègesI3 a dit : Les lectures minérales et chimiques montrent que l'eau du lac et du sous-sol était propice aux microbes potentiels. Les échantillons de forage du fond du lac montrent les éléments clés, les molécules organiques, les nutriments et les sources d'énergie que les microbes auraient pu utiliser. L'eau circulant dans les fractures souterraines aurait pu soutenir la vie même dans des roches profondément enfouies. Et la composition de certaines couches les rend bonnes pour préserver les signes potentiels de la vie passée. Pris ensemble, les éléments de preuve indiquent que Gale Crater (et Mars en général) est un lieu où la vie - si jamais elle émergeait - aurait pu survivre pendant un certain temps. Eh bien! J'ai rarement vu autant d'optimisme! Tout est prêt pour l'experience de chimie en phase humide... qu'on attend toujours.. Modifié 9 octobre 2019 par dfremond Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 124 Posté(e) 9 octobre 2019 il y a 54 minutes, dfremond a dit : Tout est prêt pour l'experience de chimie en phase humide... qu'on attend toujours.. Si si, elle avait été prévue le 24 septembre, puis elle a été reportée (et réalisée) sur la période du 28 au 30 septembre.. Je me cite : Le 30/09/2019 à 22:24, vaufrègesI3 a dit : SAM est de nouveau en bonne santé et Curiosity devait consacrer la majeure partie de son temps des sols 2540 à 2542 (28 au 30 septembre 2019) aux activités de l'expérience de chimie par voie humide. "L'équipe de planification est très enthousiaste, et nous croisons les doigts pour que nous trouvions des données intéressantes lundi". Mais toujours aucune info sur les problèmes qui ont fait échouer cette expérience initialement prévue le 24 septembre.. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
dfremond 4 478 Posté(e) 9 octobre 2019 Il y a 5 heures, vaufrègesI3 a dit : Si si, elle avait été prévue le 24 septembre, puis elle a été reportée (et réalisée) Ah pardon, je savais qu'elle était reportée, mais pas qu'elle avait été réalisée. On n'a aucune nouvelle des ses resultats, alors? Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 124 Posté(e) 9 octobre 2019 Il y a 5 heures, dfremond a dit : On n'a aucune nouvelle des ses resultats, alors? Non, aucune.. Sur l'ensemble des résultats, et particulièrement dans le domaine biologique, chaque membre de l'équipe scientifique de la mission est tenu par un contrat de confidentialité extrêmement contraignant. Je me souviens qu'il y a eu quelques soucis avec ça au début de l'aventure avec un ou deux membres de l'équipe un peu trop "bavards". Si quelque nouveauté/découverte significative est à mettre à l'actif de la mission, on devra le plus souvent attendre la publi et la conférence de presse ou/et la grande messe annuelle en planéto pour en prendre connaissance, le plus souvent plusieurs mois plus tard, sinon plus. En tout cas, à tort ou à raison, compte tenu des derniers commentaires (parfois sibyllins) des scientifiques lors des mises à jour (et de ma longue expérience ), il me semble que les investigations menées depuis plus de deux mois à "Glen Etive" ont pu être assez "productives".. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
dfremond 4 478 Posté(e) 9 octobre 2019 (modifié) il y a 19 minutes, vaufrègesI3 a dit : En tout cas, à tort ou à raison, compte tenu des derniers commentaires (parfois sibyllins) des scientifiques lors des mises à jour (et de ma longue expérience ), il me semble que les investigations menées depuis plus de deux mois à "Glen Etive" ont pu être assez "productives".. Oui, et il y a eu pas mal de declarations un peu etonnantes recemment: comme la déclaration de James Green, affirmant qu'on aurait peutetre la preuve d'une vie extraterretstre d'ici 2 ans, mais que le monde ne serait pas prêt pour cette nouvelle... https://www.ouest-france.fr/sciences/espace/nasa/nasa-nous-somme-tout-pres-de-trouver-de-la-vie-extraterrestre-mais-sommes-nous-prets-6549966 Mais il y a eu de nombreux gros titres un peu partout sur cette déclaration... etonnante. Ensuite, la déclaration recente tres optimiste ci-dessus sur les dernieres constatation de Curiosity, mais sans révéler les résultats de cette fameuse experience en phase humide... Y-aurait-il "anguille sous roche"? On piaffe d'impatience... Modifié 9 octobre 2019 par dfremond Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 124 Posté(e) 10 octobre 2019 (modifié) Il y a 21 heures, dfremond a dit : comme la déclaration de James Green, affirmant qu'on aurait peutetre la preuve d'une vie extraterretstre d'ici 2 ans, mais que le monde ne serait pas prêt pour cette nouvelle.. En fait, rien de nouveau ici.. James Green entretient un "bruit de fond" sur le sujet de la vie E.T., la NASA est dans ce registre depuis des lustres, on peut comprendre pourquoi.. En revanche, quand il déclare "que le monde ne serait pas prêt pour cette nouvelle", il faut plus encore relativiser .. On se souvient de l'annonce fracassante en 1996 de la découverte de la météorite martienne ALH 84001 censée révéler des structures fossiles microbiennes.. Je ne me souviens pas que la population ait alors souffert d'une angoisse fébrile quelconque, ni de questionnements existentiels soudains .. En premier lieu, je me demande déjà s'il est bien clair pour tout le monde qu'un organisme tel qu'un microbe est déjà un organisme VIVANT, qu'il n'y a aucune différence ou hiérarchie à établir avec toute autre espèce sur cet aspect : microbe ou pachyderme, c'est du pareil au même.. Aucune manifestation de la Vie n'est "supérieure" ou "inférieure" à une autre puisque chacune de ses incarnations est une démonstration de sa puissance créatrice.. Pour beaucoup, une déclaration selon laquelle "nous ne sommes pas préparés à une découverte de la vie sur Mars" évoquerait plutôt la rencontre avec une civilisation martienne "intelligente", ce qui pourtant ne semble plus vraiment envisageable .. Donc, inutile de se "préparer".. Dans sa déclaration, James Green fait certainement référence aux missions martiennes Nasa/Esa qui seront lancées l'an prochain.. Et sur Mars, il est bien clair qu'il pourrait éventuellement s'agir soit de la découverte d'une chimie prébiotique, soit "idéalement" de traces de vie passée (sous la forme de molécules organiques complexes, tels que les acides aminés,acides nucléiques, protéines, lipides ou sucres, constitutifs de l'ADN.. ). Pas vraiment de quoi soulever les foules, à mon humble avis.. Modifié 10 octobre 2019 par vaufrègesI3 4 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 124 Posté(e) 12 octobre 2019 En raison d'un problème avec le réseau de communications Deep Space Network la semaine dernière, l'équipe a dû abandonner pas mal d’activités programmées précédemment et les reporter à la fin du week-end des 5 et 6 octobre. Le 8 octobre (sol 2549) était prévu la séquence qui annonce la fin prochaine des opérations sur ce site, celle au cours de laquelle le rover se prépare à vider au sol le reliquat de matériau de forage (de "Glen Etive 2") non utilisé et restant stocké dans la chambre d’échantillonnage. Opération effectuée sans problème comme le prouve cette image : MASTCAM - 9 OCTOBRE 2019 (SOL 2550) : Plus près Le 9 octobre (sol 2550) l’APXS n’étant pas parfaitement centré sur le tas de matériau déversé, l’équipe APXS a donc demandé à se repositionner pour une autre intégration de nuit plutôt que sur les résidus formés autour du trou de forage, comme prévu de manière stratégique Le 10 octobre (sol 2551), MAHLI a pris des images du tas de matériau de vidage pour voir si le capteur de contact APXS y a imprimé une empreinte. Tard dans la soirée, MAHLI prenait une image de l'entrée du labo CheMin et plusieurs de la paroi du trou de forage à l'aide de ses LED pour l'éclairage. MAHLI - 10 OCTOBRE 2019 (SOL2551) : Entrée du labo de minéralogie CheMin (éclairée par les LED de la caméra) Examen des parois du trou de forage "Glen Etive 2" avec l'éclairage LED L'APXS a été ensuite placé au centre du tas de matériau pour une intégration de nuit, CheMin effectuant une autre analyse minéralogique de l'échantillon de forage "Glen Etive 2" en parallèle. Le 11 octobre (sol 2552), MAHLI devait prendre une autre image du matériau déversé pour rechercher une nouvelle empreinte APXS. Ensuite, ChemCam a effectué des tirs laser sur une cible du substratum appelée "Skelbo" afin de mesurer sa composition chimique et a pris une image pour vérifier ces tirs. CHEMCAM RMI - 11 OCTOBRE 2019 (SOL 2552) : La cible des tirs lasers nommée "Skelbo". Les impacts sont alignés au centre de l'image Puis la routine avec Navcam pour rechercher les nuages et les dust-devils avant d'imager le ciel pour mesurer les variations de luminosité et contr-aindre l’évaluation de la taille des particules de poussière en suspension dans l'atmosphère. PANO MAHLI 3,7 mb - 12 OCTOBRE 2019 (SOL 2553) - Paul HAMMOND : La tête du mât avec les caméras MastCam, NavCam et l'instrument ChemCam, au loin les remparts Nord du cratère Gale de 150 km de diamètre.. Coucou Elon, elle est où ta Starpschiiit ???? 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Alain MOREAU 7 318 Posté(e) 13 octobre 2019 Il y a 3 heures, vaufrègesI3 a dit : Coucou Elon, elle est où ta Starpschiiit ???? Ouhhh : ça c'est bas, c'est petit, c'est mesquin ! À part ça, je remarque deux rangées de tirs parallèles aux strates dans le trou de forage, en sus du sondage vertical habituel, probablement pour détecter de possibles hétérogénéités : des précisions là-dessus ? On observe des traces blanches qui surmontent la rangée supérieure : réaction au chauffage, discontinuité pré-existante ? Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 124 Posté(e) 13 octobre 2019 Il y a 6 heures, Alain MOREAU a dit : je remarque deux rangées de tirs parallèles aux strates dans le trou de forage, en sus du sondage vertical habituel, probablement pour détecter de possibles hétérogénéités : des précisions là-dessus ? Salut Alain ! L'équipe ChemCam a déjà réalisé ce genre de tirs sur les parois d'un trou de forage. Il s'agit là d'analyser la chimie d'une fine strate blanche (très probablement du sulfate de calcium) qui apparaît mieux sur cette image ChemCam du 29 septembre : Noter que certains résidus qui entourent le trou de forage présentent une couleur très claire. Ces résidus sont issus des deux premiers cm de profondeur de forage.. Les éléments de couleur claire observés dans ces résidus sont donc très probablement issus de la strate claire cible de tirs laser dans le trou de forage La sélection d'un site de forage prend en compte un certain nombre de facteurs. Ce qui est recherché entre autres c'est une roche "native" , c'est-à-dire un substrat rocheux qui n'a probablement pas été déplacé depuis sa formation et qui comporte un socle plus épais. Bien qu'il puisse y avoir des roches "déplacées" (ou "flottantes") intéressantes, le substrat rocheux "natif" peut être plus stable pour le forage et son contexte géologique est plus simple à interpréter. La priorité est donnée aussi aux relativement grandes expositions du substratum rocheux pour disposer de suffisamment d'espace pour forer, analyser l'échantillon et le vider au sol en fin d'exercice. À "Glen Etive", il s'agit bien d'une roche native et la taille de la dalle de substrat rocheux est encore plus importante que d'habitude, ce qui a permis aussi de forer une deuxième fois. 2 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Pulsarx 767 Posté(e) 13 octobre 2019 Au vu de ces premières missions, rovers et observateurs en orbite, est-on plutôt similaire à ce qui se fait sur Terre en terme de processus géologiques ? En parcourant les post, je lis plusieurs fois que telle roche en cours d'analyse "est probablement du xxxxxxx". Ces suppositions sont le fait d'une similitude faite avec ce que l'on trouve ici sur Terre ou bien avec ce qui a été trouvé jusqu'à maintenant sur Mars ? En fait, à quel point Mars est-elle géologiquement différente de la Terre ? Y a-t-il des matériaux qui n'ont rien à faire là ou ils sont, avec notre expérience terrienne ? Etc ... Merci pour ces éclaircissements et grand merci pour le travail de relais et d'analyse des informations des différentes missions. C''est passionant ! 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 124 Posté(e) 13 octobre 2019 (modifié) Il y a 5 heures, Pulsarx a dit : Au vu de ces premières missions, rovers et observateurs en orbite, est-on plutôt similaire à ce qui se fait sur Terre en terme de processus géologiques ? Il me semble qu'il faut distinguer deux choses : La chimie minérale et les processus géologiques. Tout comme la chimie organique (depuis les nuages interstellaires jusqu'aux planètes en passant par les comètes et les astéroïdes), la chimie inorganique (ou chimie minérale) paraît universelle. Concernant les processus géologiques qui englobent les mécanismes physico-chimiques, tout comme sur Terre ils dépendent essentiellement de critères environnementaux et du temps écoulé.. De nombreux critères environnementaux différencient Mars de la Terre : Gravité, composition et densité de l’atmosphère, pression atmosphérique, radiations, absence de champ magnétique, températures, ensoleillement, absence de tectonique, éléments auxquels il convient d’ajouter les variations chaotiques et importantes de l’axe de rotation de Mars au cours de son histoire qui ont notablement influencé le climat martien. Mais comme sur Terre, les processus géologiques paraissent parfaitement corrélés aux conditions environnementales locales. Il y a 5 heures, Pulsarx a dit : En parcourant les post, je lis plusieurs fois que telle roche en cours d'analyse "est probablement du xxxxxxx". Ces suppositions sont le fait d'une similitude faite avec ce que l'on trouve ici sur Terre ou bien avec ce qui a été trouvé jusqu'à maintenant sur Mars ? On ne trouve rien de très "exotique" sur Mars, on y trouve les mêmes types de roches que sur Terre, ce que confirme le labo de minéralogie de Curiosity. Du coup il est facile d'extrapoler au vu des images.. Il y a 5 heures, Pulsarx a dit : En fait, à quel point Mars est-elle géologiquement différente de la Terre ? Y a-t-il des matériaux qui n'ont rien à faire là ou ils sont, avec notre expérience terrienne ? Etc … Mars est une petite planète avec une fine atmosphère presque exclusivement faite de CO2. Au premier ordre, la météorologie martienne peut être comparée avec celle qu'on pourrait attendre d'un froid et sec désert sur terre. Cependant plusieurs phénomènes font du climat martien un système plus complexe qu'il apparait de prime abord. Premièrement près de 30% de l'atmosphère de CO2 se condense chaque hiver à haute latitude pour former des calottes polaires de glace de CO2, produisant de larges variations de pression sur toute la surface de la planète et une circulation atmosphérique sans équivalent sur terre. Deuxièmement, une quantité très variable de poussière en suspension poussée par les vents modifie les propriétés radiatives de l'atmosphère, avec parfois des tempêtes de poussières globales capables d'obscurcir complètement la planète. Les observations ont montré que ce système climatique complexe est hautement variable, de saison à saison et d'année en année, mais ces variations restent mal comprises. En fait, le système climatique martien a probablement subi de grandes variations liées aux oscillations des paramètres de l'orbite et de la rotation de Mars (obliquité) il y a quelques millions ou même quelques milliers d'années. Ces oscillations affectent les températures de surface et le cycle de l'eau. Dans un passé beaucoup plus lointain, il est maintenant avéré que Mars ait pu être une planète complètement différente de ce que l'on observe aujourd'hui. Les observations géologiques (cours de rivières et deltas asséchés, sédiments lacustres) et minéralogiques (argile, sulfates) des plus vieilles surfaces de Mars, remontant à plus de 3 milliards d'années, montrent à l'évidence que l'eau était alors abondante à la surface, au moins épisodiquement. Mars a pu être chauffée par une atmosphère plus épaisse contenant des gaz à effet de serre et des nuages, par des flux géothermiques et, épisodiquement, par de grands impacts de météorites. À raison d'une atmosphère dont la pression est de 0,7 % de la pression sur Terre et surtout dont la masse volumique est de 0,020 kg/m3 soit 60 fois moins que sur Terre, il faut un vent √60 ~ 7,7 plus rapide pour exercer la même pression dynamique. Pour résumer, en capacité de pression dynamique, des vents martiens à 200 km/h équivalent à une brise terrestre de 26 km/h quand il s'agit de déplacer un objet et à un bon vent de 68 km/h en termes de capacité à soulever un objet. Sachant que la poussière augmente notablement la masse volumique. Sur mars, le régime des vents est souvent lié à la topographie, mais il est aussi saisonnier. C'est en tout cas le seul facteur d'érosion, et sur des milliards d'années cet élément devient majeur.. En effet deux phénomènes importants façonnent la surface de Mars : 1-Les tempêtes globales de poussières qui s'autoalimentent dans le désert martien et qui se développent principalement lorsque Mars est au plus près du soleil. Les vents y soufflent en moyenne à 60 km/h, avec des pointes pouvant dépasser les 100 km/h. 2-Les tourbillons de poussière (dust devils) qui apparaissent généralement pendant les heures les plus chaudes de la journée, en milieu et en fin d'après midi. On a pu les observer systématiquement avec les rovers, landers et même les orbiters car ils sont très nombreux à sillonner la surface de Mars, et représentent un mécanisme efficace de brassage de la poussière. A tel point qu'ils pourraient être à l'origine des tempêtes de poussière. En général, ils mesurent environ 2 kilomètres de haut, mais on en a observé qui montaient jusqu'à 8 kilomètres. L'aspect le plus marquant de la géologie martienne est probablement la forte dissymétrie morphologique et topographique qui existe entre l'hémisphère sud et l'hémisphère nord. Dans la région australe, on trouve des terres très cratérisées (et donc très vieilles), qui se situent plusieurs kilomètres au-dessus du niveau de référence. Au contraire, l'hémisphère nord est caractérisé par des plaines mornes et jeunes, qui s'étendent quelques kilomètres en dessous du niveau de référence. La croute terrestre est composée aux 2/3 de basaltes, de même la surface de la planète rouge est principalement composée de roches volcaniques. Depuis le départ de son site d'atterrissage, Curiosity étudie essentiellement des roches sédimentaires, les "mudstones" (terme d'origine anglaise), qui sont des roches sédimentaires à grains très fins composées à l'origine d'argile ou/et de boue. Les variations minéralogiques dans ces "mudstones" peuvent être dues à la variété des matériaux déposés par l'eau s'écoulant dans les lacs, et peuvent se différencier selon les processus de sédimentation et de formation de roches, ainsi que la façon dont les roches ont été plus tard altérées. Il semble que le basalte soit aussi une source non négligeable dans la composition de mudstones. Modifié 13 octobre 2019 par vaufrègesI3 2 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Pulsarx 767 Posté(e) 13 octobre 2019 J'ai effectivement hésité à précisé ma pensée quand j'ai parlé de "processus géologiques". Ma pensée était vraiment axée sur la composition du sol, des affleurements étudiés jusqu'à maintenant etc... En poussant très loin le truc, il s'agissait de savoir si l'on avait le même type matériaux que sur terre, avec des compositions "similaires" ou si l'on avait par exemple 70% de fer, 10% d'oxygène etc ... bref des valeurs vraiment loin de de qui se fait chez nous. Et d'ailleurs, sait-on si Mars a/avait la même structure interne que la Terre, à savoir croûte-manteau supérieur-etc.., une tectonique des plaques ? Merci pour toutes ces précisions dans le post précédent. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
Kaptain 5 880 Posté(e) 13 octobre 2019 Il n'y a pas de tectonique des plaques sur Mars, ce qui fait qu'Olympus Mons est le plus grand volcan du système solaire. Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 124 Posté(e) 13 octobre 2019 Il y a 3 heures, Pulsarx a dit : En poussant très loin le truc, il s'agissait de savoir si l'on avait le même type matériaux que sur terre, avec des compositions "similaires" ou si l'on avait par exemple 70% de fer, 10% d'oxygène etc ... bref des valeurs vraiment loin de de qui se fait chez nous. Et d'ailleurs, sait-on si Mars a/avait la même structure interne que la Terre, à savoir croûte-manteau supérieur-etc.., une tectonique des plaques ? J'ai essayé d'être synthétique jusqu'ici, mais "en poussant" comme tu dis, ça pourrait devenir compliqué .. À ce jour, la structure interne de la planète rouge n’a pas pu être déterminée directement. En effet, les sismomètres des sondes du programme Viking de la Nasa lancées dans les années 1970 n’ont pu effectuer aucune mesure fiable.. Pour l’heure, avec les données indirectes obtenues par les landers et orbiteurs on suppose, on suppute même, que Mars possède une structure intérieure "standard", constituée d’une croûte d’environ 50 km d’épaisseur, d’un manteau d’environ 1700 km d’épaisseur et d’un noyau d'approximativement 1700 km de rayon, essentiellement, voire entièrement, liquide. Pour en savoir plus, il faudra attendre les résultats des sismomètre SEIS (Seismic Experiment for Interior Structures) de la mission InSight ayant pour mission d'étudier la structure interne de Mars. Il a fourni le premier enregistrement d’un séisme martien le 6 avril 2019.. et actuellement cette mission est suivie sur Astrosurf : Sinon Mars doit contenir moins de fer que le globe terrestre (25 % contre 33 %), bien que l'on observe une forte concentration de fer en surface (17%).. Quant à la tectonique, elle a certainement un peu joué au tout début de la formation de la planète, mais depuis elle est inexistante.. Pour la géologie martienne je te conseille ce site assez complet (mais qui a besoin d'être actualisé), sachant qu'il il existe bien d'autres sources : http://www.nirgal.net/geologie.html 3 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites
vaufrègesI3 15 124 Posté(e) 14 octobre 2019 Arrivé le 30 juillet (sol 2481) sur le site de "Glen Etive", et après de deux mois et demi d'immobilité et deux forages suivis de nombreuses analyses, aujourd'hui 14 Octobre (sol 2555) les images démontrent que Curiosity a repris la route ! Avant son départ, le rover s'est offert un nouveau selfie sur fond de vallée argileuse : MAHLI 8,2 mb - 12 OCTOBRE 2019 (SOL 2553) - Paraisosdelsiste : Première ébauche en attendant la version officielle PANO NAVCAM 6,2mb - 14 OCTOBRE 2019 (SOL 2555) - Jan van Driel : Pas encore véritablement de repères pour situer la nouvelle position 2 1 Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites