Fourmi103

Actualités de Curiosity - 2013

Messages recommandés

Le 28/08/2021 à 16:40, ALAING a dit :

Tout ce superbe travail ne doit pas sombrer dans l'oubli ;)

Le 28/08/2021 à 12:55, BERTRAND76 a dit :

tout ce boulot doit laisser une trace .... un petit "bouquin"  un dossier, un petit truc chais pas quoi, mais y'a un truc a faire!!!!!!

 

Merci à vous.

En fait j’ai déjà travaillé sur ce projet et je continue aujourd’hui, c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles je ne m’investis pas trop dans le sujet "Mars 2020 Perseverance".

Après un décès qui m’a dévasté et mes problèmes de santé qui ont suivi, l’“annus horribilis” 2020 a quelque peu ébranlé le cours de ma vie et brouillé les perspectives. Bien sûr tout ça reste difficile encore aujourd’hui, mais j’ai la chance de me passionner encore pour pas mal de choses, ce qui permet souvent de chasser les idées noires.

Concernant Curiosity la "matière" existe déjà, mais il demeure un point central : la mise en forme en fonction de l’objectif à atteindre.

 

Par exemple, tout le laïus que j’avais élaboré pour "Astrosurf Magazine" en 2018 (en particulier sur le CD) était resté factuel et globalement assez technique. Ce n’est sans doute pas la voie à suivre pour un bouquin. Il me semble qu’il faut rendre le sujet plus accessible, plus attractif, en contant plus "simplement" l’histoire, voire la "petite histoire" de la mission. Par exemple en m’autorisant à ajouter quelques aspects insolites et/ou considérations personnelles comme j’ai parfois eu l’audace de le pratiquer dans ma chronique.

Avant de me lancer définitivement dans un tel projet, il restera surtout à vérifier que ce bouquin intéresse une maison d’édition quelconque.. Sachant que ( élément décisif !) je peux faire miroiter au moins un douzaine de promesses d’achat xD -_- !

Mais même si le projet de bouquin ne se concrétise pas, peu importe. Je me réserve le droit de produire quelque chose pour les amis et pour moi, comme un point final à tout ce boulot, une forme "d'accomplissement personnel".

Bon, de toute façon il faudra attendre que la mission se termine, même s’il est probable qu’elle n’ira guère au-delà de 2022.

 

 

Le 26 août 2021 le rover s’est de nouveau dirigé plein Ouest en grimpette sur la pente située sous le Fronton de Greenheugh, parcourant environ 35 m pour se rapprocher de la prochaine cible de forage.

 

POSITION AU 26 AOÛT 2021 (SOL 3219) – Phil Stooke :

 

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Je cite Catherine O'Connell-Cooper, géologue planétaire

"Curiosity a pour directive de forer tous les 25 mètres de dénivelé environ. Notre dernière campagne de forage remonte à six semaines à peine, lorsque nous avons foré à Pontours lors de la mission 3170, mais le plan de ce week-end nous permet de nous préparer à forer à nouveau, puisque nous sommes maintenant 25 mètres plus haut. Le plan de ce week-end marquera le premier sol (" sol zéro ") de cette campagne de forage, alors que nous nous mettrons en position au-dessus de la cible rocheuse souhaitée. Nous roulerons sur une courte distance de 15 mètres jusqu'à un substrat rocheux prometteur, dont la composition chimique et les propriétés physiques seront évaluées dans le prochain plan afin de nous assurer que nous pouvons forer en toute sécurité notre trente-troisième trou sur Mars !"

 

HAZCAM AVANT – 27 AOÛT 2021 (SOL 3220) :

 

Sous le Fronton

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NAVCAM -  26 AOÛT 2021 (SOL 3219) :

 

La bien nommée "Temptation Hill", dont la base est parsemée de grands nodules style "popcorn", suffisamment grands pour être visibles sur l'image ci-dessous

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Les terrains récemment parcourus ont présenté deux types de textures - l'une lisse, l'autre plus rugueuse avec de petits nodules ou grains apparents.

La texture rugueuse a déjà été étudiée, cette nouvelle texture relativement lisse sera aussi observée attentivement par les instruments, et probablement forée à quelques mètres de là. 

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PANOS NAVCAM - 26 AOÛT 2021 (SOL 3219) - Jan van Driel :

 

Un endroit incroyable...

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MASTCAM - 26 AOÛT 2021 (SOL 2019) :

 

Un paysage "lunaire" de roches nues et lisses et de dunes de sable clair

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Le Fronton s'avance au dessus du rover avec cette structure imposante coiffée du grès sombre qui le couvre 

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Les éboulis de grès sombre du Fronton dévalent la pente avec l'érosion

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il y a 46 minutes, vaufrègesI3 a dit :

Sachant que ( élément décisif !) je peux faire miroiter au moins un douzaine de promesses d’achat xD -_- !

J'en suis :)

Le truc, il faudrait beaucoup d'images et de photos mais j'espère qu'elle ne sont pas soumises à droits d'auteur.

Mais c'est aussi elles ( en plus du texte ) qui rendent le sujet vraiment passionnant ;)

J'espère sincèrement avoir un souvenir de tout ce travail avant de lâcher la rampe :)

Bonne soirée,

AG

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Forage reporté au 5 Septembre suite à un problème de communication Terre > Mars.

 

Susanne Schwenzer, géologue planétaire :

"Notre récent plan à deux sols pour les sols 3226-3227 (2 et 3 Septembre) n'a pas été transmis par liaison montante, le rover a donc eu une pause de deux sols. Le prochain plan est un plan de quatre sols, car le lundi est le jour férié de la fête du travail aux États-Unis. Par conséquent, le plan comprend maintenant des préparatifs de forage, tels que la réalisation d'un raster ChemCam, l'observation multispectrale DRT (avec brossage) et Mastcam du site de forage au sol 3228 (4 Sept), et la préparation de CheMin. Curiosity effectuera un forage à "Maria Gordon" au sol 3229 (5 Septembre), suivi d'une caractérisation des portions, et d'une investigation multispectrale Mastcam et d'une investigation spectrale passive ChemCam des résidus de forage".

 

"Plus nous montons, plus le paysage apparaît spectaculaire et accidenté".

 

PANO MASTCAM - 1er SEPTEMBRE 2021 (SOL 3225) - Robert Charbonneau :

 

Magnifique !

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Susanne Schwenzer (suite) :

"Nous sommes de retour dans la saison où les épisodes de gel sont probables. Par conséquent, une recherche de détection de gel sur la cible "Mangersta Sands" est prévue. La cible sera examinée deux fois, une fois très tôt le matin et une fois pendant la journée pour comparer l'hydrogène, un indicateur de la teneur en eau à différents moments. La Mastcam prend deux grandes mosaïques pour documenter le paysage spectaculaire - car le spectaculaire n'est pas seulement un jugement esthétique, il y a aussi beaucoup de géologie à voir, avec différentes couches, textures et structures. Enfin et surtout, nous avons également les observations atmosphériques standard, les enquêtes DAN et REMS".

 

 

MOSAÏQUE MASTCAM - 28 AOÛT 2021 (SOL 3221) - Jan van Driel : 

 

Au premier plan le monticule nommé "Temptation Hill". Noter la présence de nodules type "pop corn" tout autour

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MASTCAM - 29 AOÛT 2021 (SOL 3222) :

 

Les "pop corn".. 

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Le  33ème forage réalisé hier 5 septembre semble réussi !

 

 

HAZCAM AVANT - 5 SEPTEMBRE 2020 (SOL 3229) :

 

Préparation/positionnement

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Début de l'opération de forage

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On y est ! 

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Terminé !

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Le résultat semble positif - à vérifier

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NAVCAM - 5 SEPTEMBRE 2021 (SOL 3229) :

 

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Ca fore de partout et on ne parle que de Persévérance aux infos ! 

A croire que les Médias n'aiment que le tout neuf !

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L’objectif principal du week-end dernier était que le labo SAM étudie le matériau provenant du forage "Maria Gordon" en le chauffant à très haute température pour déterminer de quoi il est fait et comment l'eau a pu interagir avec la roche dans un passé lointain.

 

Je cite Lauren Edgar, géologue planétaire (c'est moi qui surligne) :

"Malheureusement, le plan du week-end n'a pas été transmis au rover en raison d'un problème de DSN, ce qui signifie que le plan à deux sols d'aujourd'hui [13 et 14 sept] a été consacré à la récupération de ces activités. CheMin a pu analyser l'échantillon de forage la semaine dernière, c'est maintenant au tour de SAM. Les principales activités du plan d'aujourd'hui [13 sept] sont le dépôt à SAM et l'analyse des gaz évolués. CheMin déversera également l'échantillon afin de vider la cellule pour une utilisation future".

FIN DE CITATION

 

Le "problème de DSN" est une conséquence de la prochaine conjonction solaire qui s’annonce.

"Nous commençons à voir les premiers signes de la conjonction solaire de Mars de cette année en voyant une légère dégradation du niveau de signal direct vers la Terre", a expliqué le 13 septembre 2021 Richard Stephenson qui supervise les opérations du Deep Space Network, le réseau de communications avec l’espace lointain.

Le maximum de la conjonction solaire doit avoir lieu entre le 2 et le 14 octobre. Pendant cette période, "nous avons un moratoire sur le commandement de tous les vaisseaux spatiaux de Mars". Tous les deux ans, les communications avec les engins posés sur Mars, ou orbitant autour de la planète, sont en quelque sorte mis "en veille" pendant environ deux semaines.

Pendant cette période, les particules chargées du Soleil risquent d’interférer en créant des "trous" dans le signal reçu sur Terre. Mais le plus gros souci viendrait des signaux que nous tenterions d’envoyer aux engins martiens depuis la Terre : ils risquent de recevoir des commandes incomplètes, ce qui pourrait nuire à leur bon fonctionnement s’ils tentaient de les appliquer.

 

En attendant les opérations se poursuivent avec les échantillons de forage à "Maria Gordon"

 

Je cite Lucy Thompson, géologue planétaire :

"En planifiant la journée d'aujourd'hui [15 sept], nous devions être attentifs à la consommation d'énergie après la livraison énergivore de l'échantillon foré de Maria Gordon à SAM et l'analyse des gaz évolués (EGA) de cet échantillon qui se déroule actuellement sur Mars. En attendant les résultats de l'EGA de SAM, nous continuons d'étudier le terrain étonnant qui nous entoure, alors que nous passons des roches argileuses aux roches sulfatées

Sur la base de ces résultats, l'équipe SAM décidera si elle veut effectuer une [nouvelle] analyse par chromatographie en phase gazeuse et spectrométrie de masse, ou si nous procéderons au largage de l'échantillon. Si nous larguons l'échantillon, nous espérons pouvoir nous éloigner de Maria Gordon la semaine prochaine".

 

RAPPEL DU CONTEXTE ET POSITION ACTUELLE :

 

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HAZCAM AVANT - 15 SEPTEMBRE 2021 (SOL 3238) :

 

Toujours ce soleil rasant qui permet de saisir tous les détails du relief. Au centre de l'image le trou de forage. 

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CHEMCAM - 15 SEPTEMBRE 2021 (SOL 3238) :

 

Noter la précision des deux lignes verticales de tirs laser 

 

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PANO MASTCAM (version "carte postale") - 1er SEPTEMBRE 2021 (SOL 3225) - Damia Bouic  

 

Superbe..

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Version "rognée" pour désigner l'étroit "Passage Maria Gordon" que le rover devra emprunter pour atteindre plus haut l'accès au "Fronton de Greenheugh" 

 

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Le 15/09/2021 à 11:19, vaufrègesI3 a dit :

J'espère qu'à l'occasion... on m'en fera cadeau xD !!

 

Miam !!!.....

Je pense que je vais faire un détour pour tester cette "roche martienne":P

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Le 10/09/2021 à 17:00, vaufrègesI3 a dit :

La livraison et l'analyse du matériel de forage de Maria Gordon sont prévues en premier lieu au laboratoire CheMin, ce qui permettra de donner des informations détaillées sur les minéraux qui sont présents dans cette roche

 

Ils nous les donneront quand ces informations détaillées sur les minéraux présents dans cette roche (ainsi que pour les précédents forages et diverses et nombreuses autres analyses) ?

 

Il faut toujours attendre beaucoup de temps (des mois) avant de pouvoir connaître les résultats des analyses et leur interprétation.

 

Dés que possible, il serait bon de faire un petit topo récapitulatif sur les résultats des analyses fournis par la Nasa (j'ai oublié la date de la "grande messe" où ils doivent dévoiler leurs résultats).

 

D'avance merci, cher Fauvy, ainsi que pour ta persévérance à animer et faire vivre ce fil passionnant (avec actuellement des paysages escarpés assez beaux).

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Souvenirs souvenirs !.. Par Michelle Minitti, géologue planétaire (c'est moi qui surligne) :

 

La conjonction solaire est une fois de plus à nos portes - le moment où le Soleil s'interpose entre Mars et la Terre dans leurs danses orbitales et empêche toute communication fiable entre nous et nos amis robotiques.

 

C'est la cinquième conjonction connue par Curiosity, et un événement cosmique aussi régulier que la conjonction est le moment idéal pour réfléchir : où étions-nous la dernière fois que Mars, la Terre et le Soleil se sont alignés de la sorte ? Revoir ce que nous avons fait autour de chaque conjonction, c'est un peu comme feuilleter un album de souvenirs.

 

Nous nous sommes dirigés vers notre première conjonction, à partir du sol 236 (avril 2013), tout juste sortis de l'excitation d'avoir trouvé des preuves d'un environnement habitable dans notre premier échantillon de forage "John Klein", et encore soulagés d'avoir survécu à une panne majeure de l'ordinateur du côté A. Curiosity fonctionne encore aujourd'hui sur l'ordinateur du côté B.

 

Lors de notre deuxième conjonction, au Sol 1004 (mai 2015), nous venions de passer le cap du sol 1000 et avions terminé l'exploration (sur nos roues déglinguées) de "Pahrump Hills", la section la moins exposée du Mont Sharp. Nous y avons prélevé trois échantillons de la "formation Murray", dominée par les mudstones. Nous nous sommes garés pour la conjonction près d'un contact entre la "formation Murray" et une autre formation majeure nommée "Stimson", un dépôt de grès éolien. Curiosity a continué à rencontrer des variations de ces deux formations tout au long de son exploration de Gale.

 

La conjonction #3 a commencé au Sol 1756 (juillet 2017), et nous nous sommes retrouvés assis sur la "formation Murray" juste au nord de "Vera Rubin Ridge", en regardant sa superposition attrayante et ses variations de couches et de couleurs. Jusqu'à ce point, nous avions échantillonné notre chemin à travers le " Plateau Naukluft " coiffé par "Stimson", manœuvré à travers les " Buttes Murray " coiffées par "Stimson", et étions en train d'échantillonner systématiquement la "formation Murray" lorsque la foreuse est tombée en panne. La perte de la capacité de forer et de livrer des échantillons à CheMin et SAM a été un coup dur, mais l'équipe, pour emprunter à notre rover frère, a persévéré pour continuer à construire l'histoire des roches de Gale avec le reste de la charge utile.

 

Lors de la conjonction suivante, au sol 2506 (août 2019), nous avions monté et descendu plusieurs fois la crête "Vera Rubin" et pénétré dans la région argileuse de "Glen Torridon". Nos multiples traversées de la crête n'étaient pas seulement destinées à l'exploration. Depuis la précédente conjonction, les ingénieurs ont inventé une nouvelle façon d'utiliser la foreuse pour nous permettre une fois de plus de recueillir des échantillons. Nous avons revisité le terrain pour recueillir des échantillons là où ce n'était pas possible auparavant, et nous sommes satisfaits d'avoir prélevé des échantillons dans "Glen Torridon". Nous avons acquis l'échantillon n°22, l'échantillon argileux de "Glen Etive", juste avant la conjonction. Au milieu de toute cette exploration et de cet échantillonnage, Curiosity a également survécu à une tempête de poussière quasi planétaire !

 

Cette fois-ci, la cinquième conjonction au sol 3251 (octobre 2021), nous sommes assis à quelques mètres seulement de notre 33e trou de forage, "Maria Gordon", dans l'ombre du côté ouest du "fronton de Greenheugh". Nous avons réussi à atteindre le sommet du bord nord du fronton depuis la dernière conjonction, ce qui nous a permis de traverser, d'échantillonner et d'analyser un autre contact "Murray-Stimson" (mais plus haut !). Nous espérons pouvoir grimper à nouveau sur le fronton lorsque nous passerons des roches riches en argile de la région de "Glen Torridon" aux couches riches en sulfate du Mont Sharp. Mais pour les prochaines semaines, nous allons simplement faire une pause, regarder la vue d'en haut et apprécier tout ce que nous avons fait et tout le chemin parcouru.

 

 

PANO MASTCAM - 24 SEPTEMBRE 2021 (SOL 3247) - Jan van Driel :

 

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PANO NAVCAM (GIF) - 27 SEPTEMBRE (SOL 3250) -Jan van Driel : 

 

Joli "dust devil" à l'Est

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MOSAÏQUES MASTCAM - 28 SEPTEMBRE 2021 (SOL 3251) :

 

Regard vers le haut et la prochaine destination

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Éboulis des roches stratifiées (sédiments éoliens de type "Stimson") qui coiffent le fronton

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MASTCAM - 24 SEPTEMBRE 2021 (SOL 3247) : 

 

Les nodules de type "Pop Corn" -_-

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32 forages de Curiosity

Depuis "John Klein"  le 8 février 2021 (sol 182) jusqu'à "Pontours" le 7 juillet 2021 (sol 3170) - Manque seulement le 33ème et dernier forage "Maria" Gordon" réalisé le 5 septembre 2021 (sol 3229) : 

 

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Il y a 2 heures, ALAING a dit :

Que de jolis trous Daniel :)

Bonne soirée,

Ça me fait penser au poinçonneur des lilas !!!!!!!  xD

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Pour revenir à ma curiosité concernant les analyses faites par le labo SAM de Curiosity, que sait-on des résultats des analyses faites "par voie humide à basse température" sur les échantillons prélevés dans la "vallée argileuse" (le forage "Mary Anning" fut le premier) à l'aide d'un rare et précieux réactif qui par "dérivation" devait permettre de détecter par chromatographie en phase gazeuse-spectrométrie de masse, la présence d'acides gras de type carboxcylique, un constituant essentiel des cellules vivantes ?

 

Tu nous avais bien expliqué ça à l'époque, encore merci Fauvrèges, et mis l'eau à la bouche. C'était il y a maintenant un peu plus d'un an et j'attends toujours les résultats de ce type d'analyse. Si j'ai bien compris, c'est le "black-out" à ce sujet, motus et bouche cousue.

 

C'est en effet assez bizarre et bien dommage pour l'intérêt que peuvent porter tous ceux qui suivent la mission...

Modifié par Géo le curieux

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Le 08/10/2021 à 00:33, Géo le curieux a dit :

C'était il y a maintenant un peu plus d'un an et j'attends toujours les résultats de ce type d'analyse. Si j'ai bien compris, c'est le "black-out" à ce sujet, motus et bouche cousue.

 

L’équipe de Curiosity c’est de plus de 400 chercheurs et ingénieurs tenus par des règles strictes de communication. Il est interdit à l'équipe scientifique de Curiosity de partager et de discuter des données scientifiques de la mission avec qui que ce soit jusqu'à ce que les données soient accessibles au public lors de publications et/ou leur exposé lors des réunions scientifiques programmées chaque année telles que "l'American Geophysical Union" ou la Conférence "Lunar and Planetary Sciences” (LPSC).

Au  point qu’en avril 2014, constatant cette "omerta" sur les résultats, Ciel&Espace avait titré : "CURIOSITY EST-IL PARANOÏAQUE ?"-_-

Ça ne s'est pas vraiment amélioré depuis, au contraire.

 

QUELQUES RAPPELS

Pour une analyse standard dans le labo SAM quelques dizaines de milligrammes d’échantillon sont pyrolysés (chauffés) jusqu’à environ 900°C dans les fours de l’instrument. Les molécules contenues dans les gaz qui s’en dégagent sont analysées par un chromatographe en phase gazeuse (GC) développé par les laboratoires français LATMOS, LISA et LGPM, avec le soutien du CNES, couplé à un spectromètre de masse (MS) développé par le centre NASA Goddard Space Flight Center aux Etats-Unis. La chromatographie (GC) permet de séparer les composants individuels d’un mélange de molécules initiales, et la spectrométrie de masse (MS) de les identifier par pesée moléculaire.

 

L'analyse GC-MS peut travailler sur des liquides, des gaz et des solides. Mais à l’état solide ou liquide, atomes et molécules sont fortement associés les un(e)s aux autres. L’état gazeux offre de meilleures possibilités d’isolement des molécules les unes des autres, à condition d’effectuer les mesures dans un vide assez poussé afin d’éviter les regroupements ou les interactions de molécules entre elles. C’est là une des premières contraintes techniques fortes de la spectrométrie de masse : isoler une molécule nécessite tôt ou tard le passage à l’état gazeux sous basse pression.

La seconde nécessité est de “contrôler“ la molécule ou l’atome ainsi isolé. En effet, à l’état gazeux et à basse pression, les molécules sont indociles et ont un parcours aléatoire de type Brownien. On ne peut rien leur faire-faire... Les ions sont beaucoup plus maîtrisables puisqu’ils obéissent aux lois de l’électromagnétisme. La spectrométrie de masse traite donc de molécule ou d’atomes ionisés.

 

SAM comporte un système de manipulation des échantillons, un "carrousel" de 74 petites coupelles pour recevoir des échantillons d’un volume de 0,78 cm3, 59 de ces cellules sont fabriquées en quartz et peuvent résister à un chauffage à très haute température, jusqu’à 1100 °C, lorsqu’elles sont placées dans un four afin d’extraire les gaz pour analyse. Après usage, les coupelles peuvent être nettoyées par pyrolyse et être à nouveau disponibles.

 

CEPENDANT, POUR ÉVITER DE DÉGRADER LES MOL֤ÉCULES FRAGILES SENSIBLES À LA CHALEUR ET À L’OXYDATION DES PERCHLORATES IL EXISTE 9 AUTRES COUPELLES, fermées par un opercule transperçable et remplies de solvants chimiques pour les expériences dites de "chimie humide" À BASSE TEMPÉRATURE. Ces solvants sont des produits chimiques spéciaux appelés "agents de dérivatisation" conçus à l’origine pour rendre certaines molécules plus faciles à détecter. Pour pouvoir être séparée par chromatographie en phase gazeuse les molécules organiques doivent être volatilisées. La technique la plus simple pour les rendre volatiles est de les chauffer à plus ou moins haute température. Cependant, pour étudier des molécules fragiles, sensibles à la chaleur, il est également possible de passer par la technique de dérivatisation. Celle-ci permet de rendre volatile des molécules organiques en attachant sur ces dernières des fonctions chimiques particulières. Ainsi dérivatisées, les molécules passent facilement à l’état gazeux, ce qui rend alors possible leur analyse. Sachant aussi que la dérivatisation est plus efficace que la chaleur pour l’étude de molécules organiques volumineuses, ou réactives.

 

À l'intérieur du labo, le système de conditionnement et de manipulation des échantillons comprend un carrousel de 74 coupelles : 6 en quartz contiennent des échantillons d'étalonnage, 9 en métal sont remplies de solvants chimiques pour les expériences de chimie humide à basse température, et 59 en quartz sont prévues pour le chauffage des échantillons (jusqu'à 1100 °C) afin d’en extraire les gaz et les diriger vers le GC-MS :

 

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Le 08/10/2021 à 00:33, Géo le curieux a dit :

Pour revenir à ma curiosité concernant les analyses faites par le labo SAM de Curiosity, que sait-on des résultats des analyses faites "par voie humide à basse température" sur les échantillons prélevés dans la "vallée argileuse" (le forage "Mary Anning" fut le premier) à l'aide d'un rare et précieux réactif qui par "dérivation" devait permettre de détecter par chromatographie en phase gazeuse-spectrométrie de masse, la présence d'acides gras de type carboxcylique, un constituant essentiel des cellules vivantes ?

 

En fait la première analyse "par voie humide à basse température" a été mise en œuvre sur le site de "Glen Etive" où le rover s'était attardé et avait réalisé deux forages le 4 août 2019 (sol 2486) et le 15 septembre 2019 (sol 2527). L’équipe avait alors évoqué des "résultats spectaculaires" et, quelques mois après, avait même envisagé sérieusement d’y revenir pour un troisième forage !

 

Parmi les 9 coupelles destinées aux expériences de chimie humide, 7 sont équipées de réactif répondant au doux nom de N-méthyl-N-tert-butyldiméthylsilyltrifluoroacétamide (MTBSTFA) , et 2 d'hydroxyde de tétraméthylammonium (TMAH). Ces substances réagissent avec les molécules organiques pour former de nouvelles substances qui sont plus faciles à transformer en gaz et plus résistantes à la chaleur. Cela rend le composé organique plus susceptible de survivre au chauffage et d'entrer dans une phase gazeuse qui passera à travers le GC-MS de SAM pour analyse.

La recherche de molécules organiques sur Mars est l'un des objectifs majeurs de SAM. Mais certaines molécules d'un grand intérêt astrobiologique - comme les acides aminés et les acides carboxyliques ne sont pas directement analysables par le GC-MS de SAM car ils ne sont pas facilement volatils ou sont finalement trop dégradés par le chauffage à des centaines de degrés. Jusqu’ici Curiosity n'avait donc pu recueillir que des molécules issues de la décomposition de molécules plus grosses impossibles à identifier. "La dérivatisation permettra peut-être de trouver notre Graal : des acides aminés", espère Caroline Freissinet. "Les acides aminés sont à la transition entre chimie complexe et vie primitive. On s'attend à ce qu'il y en ait sur Mars, mais personne ne les a jamais découverts".

 

Donc, pour analyser ces molécules il faut les aider à se transformer en molécules volatiles. Pour ce faire, il faut déclencher une réaction chimique avant analyse dans l'une des 9 coupelles contenant un réactif liquide. Le capuchon en aluminium de la coupelle est d'abord perforé avec deux aiguilles pour libérer le liquide. On laisse ensuite tomber l'échantillon solide (jusqu'à ~ 150 mg) dans la coupelle contenant le réactif liquide. La réaction de "dérivatisation" se produit lorsque l'échantillon est chauffé en réaction au contact avec le réactif chimique (MTBSTFA ou TMAH).Les molécules présentes dans l'échantillon deviennent plus volatiles, plus résistantes à la chaleur et plus séparables, ce qui les rend beaucoup plus faciles à analyser avec le GC-MS.

- Le réactif TMAH peut libérer des acides gras liés dans des macromolécules ou des monomères chimiquement liés associés à des phases minérales et rendre ces substances organiques détectables. Les acides gras, un type d'acide carboxylique qui contient un groupe fonctionnel carboxyle présentent un intérêt particulier compte tenu de leur présence dans les matériaux biotiques et abiotiques.

- Le réactif MTBSTFA permet surtout d’éviter de dégrader les molécules organiques sensibles à la chaleur et à l’oxydation des perchlorates (*), en particulier pour l’analyse de molécules organiques volumineuses, ou/et réactives.

 

Le réactif TMAH a été utilisé pour la première fois sur le site "Mary Anning". 

Le processus de livraison au labo SAM d’échantillons (6 portions) du 28ème forage "Mary Anning 3" (riche en argile) a été annoncé pour le 10 septembre 2020 (sol 2878) au soir, et l’analyse devait suivre..

Une opération qui, pour la première fois incluait donc un ajout du réactif chimique TMAH pour rendre certains composés organiques réfractaires volatiles et donc détectables par les chromatographes. Sachant que la majorité des molécules organiques d'intérêt exobiologique sont réfractaires (acides aminés, acides carboxyliques etc.).

Noter que la quantité d’échantillon utilisée pour chaque portion analysée dans une coupelle ne dépasse pas 150 mg (soit env. le volume d’un dé à coudre). La réaction de dérivatisation se produit lorsque l'échantillon est chauffé en réaction au contact avec le réactif chimique TMAH. Les molécules présentes dans l'échantillon deviennent plus volatiles, plus résistantes à la chaleur et plus séparables, ce qui les rend beaucoup plus faciles à analyser avec le GCMS. Une deuxième phase de chauffage ne devrait pas dépasser 600°C en raison de la stabilité thermique du TMAH et permettra d’envoyer les gaz dans l’une des six colonnes GC pour la séparation énantiomérique et l’identification de masse des molécules organiques par le GC-MS.

 

Si on en croit l’équipe scientifique du rover, il aura donc fallu... huit ans (!) pour rechercher et trouver un échantillon de roche qui soit le meilleur choix pour utiliser une ressource précieuse et non renouvelable de l'instrument SAM : l'hydroxyde de tétraméthylammonium, ou TMAH. SAM ne comporte donc que deux coupelles à échantillons contenant une quantité infime de ce composé spécial qui permet à l'instrument de détecter plus facilement les composés organiques riches en carbone.

 

Plus spécifiquement le TMAH peut libérer des acides gras liés dans des macromolécules ou des monomères chimiquement liés associés à des phases minérales et rendre ces substances organiques détectables par chromatographie en phase gazeuse-spectrométrie de masse (GC-MS). Les acides gras, un type d'acide carboxylique, présentent un intérêt particulier compte tenu de leur présence dans les matériaux biotiques et abiotiques : ils sont des constituants omniprésents et abondants des membranes cellulaires bactériennes et eucaryotes.

Les acides gras sont donc essentiels pour les organismes vivants. Ils font partie de la membrane d'une cellule donnée et peuvent également servir de carburant pour la cellule elle-même.

 

En utilisant la spectrométrie de masse (la capacité à séparer les molécules en fonction de leur masse), l'expérience de chimie humide TMAH sera en mesure de détecter des composés organiques qui ne sont normalement pas détectables. L'expérience TMAH sera en mesure d'extraire, de détecter et d'analyser les acides gras en les libérant des membranes cellulaires.

Sachant que détecter un acide gras abiotique serait déjà énorme. Cela en dirait beaucoup aux planétaires sur la manière dont les molécules organiques sont originaires et/ou sont livrées et préservées sur la surface martienne.

 

Signe de l’intérêt porté au site "Mary Anning", Curiosity y a stationné près de.. deux mois ! Et les opérations se sont poursuivies avec l’utilisation d’un autre réactif pour une nouvelle expérience de "chimie humide" sur un échantillon de "Mary Anning 3".

 

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Je cite Michelle Minitti, géologue planétaire :

"En se basant sur les premiers résultats de l'expérience de chimie humide SAM de la semaine dernière, l'équipe SAM a choisi de la compléter avec une deuxième expérience de chimie humide sur l'échantillon de forage "Mary Anning 3" du plan d'aujourd'hui. La première expérience a été réalisée avec le réactif hydroxyde de tétraméthylammonium (TMAH), et la seconde sera réalisée avec le réactif N-méthyl-N-(tert-butyldiméthylsilyl)trifluoroacétamide (MTBSTFA). On les appelle des expériences de chimie humide parce que SAM ajoute un réactif liquide à l'échantillon avant de l'analyser.

Chaque réactif réagit différemment avec l'échantillon, de sorte que chaque expérience apporte un éclairage légèrement différent sur les composés carbonés présents dans l'échantillon. Ensemble, nous obtenons une image plus complète de la chimie de l'échantillon de Mary Anning."

Ils ont d'ailleurs très vite indiqué avoir trouvé des similitudes entre "Glen Etive" et "Mary Anning"..

 

Lesquelles ??.. Ben.. patience..  ou pas :| -_-.

 

Sur le plan extrêmement sensible de la biologie, les consignes de discrétion sont très strictes. Par exemple sur le site de Mojave exploré en début 2015, il aura fallu attendre mi-2018 pour prendre connaissance de la découverte de molécules organiques complexes dans les échantillons de forage de « Cumberland » ! Il est vrai que l’analyse avait été compliquée, en partie parce qu’une coupelle de solvant (utilisé pour l'analyse à froid - dite de "chimie humide") - avait fui, ce qui a contribué à des signaux trompeurs. De plus, certaines des lectures pouvaient provenir d'une contamination provenant de la Terre; d'autres auraient pu être produites par combustion lorsque l'échantillon était chauffé, ce qui aurait pu être le cas lors d'une détection antérieure de matières organiques par Curiosity... Bref, il aura fallu décortiquer tout ça depuis des millions de km, et ce n'est pas simple.

 

 

À ce stade d’une mission déjà bien avancée dans ses objectifs, je me permet de poster à nouveau ces quelques considérations :

 

Dans ce fil j'ai parfois cité Michel Morange, professeur de Biologie à l’Ecole Normale Supérieure et Directeur du Centre Cavaillès d’histoire et de philosophie des sciences à l’ENS.

Dans le "Ciel&Espace" de Mars/Avril 2017 consacré (un peu) à la vie dans l'Univers, M. Morange était questionné sur cette problématique avec deux autres scientifiques (Louis d'Hendecourt et Purification Lopez-Garcia). Il est intéressant de noter que ces échanges avaient révélé assez peu de convergences sur les questions liées à "l'émergence" de la vie, sans doute en bonne part en raison d'approches différentes.

 

J'ai relevé cette remarque de Michel Morange qui corrobore ce que j'ai souvent tenté d'exprimer par ici :

Je le cite : "L'exploration de Mars en revanche est très intéressante : On n'y découvrira sans doute pas la vie, mais peut-être un système pré-vivant dont les traces sur Terre ont été complètement effacées [par la tectonique]. Une telle découverte nous permettrait de faire d'énormes progrès sur la compréhension des processus menant à la vie." 

FIN DE CITATION

 

On peut même se demander si cette découverte ne serait pas plus fondamentale que la détection d'une vie passée (ou présente).

Sur Mars, le cheminement de la chimie prébiotique vers la vie a pu, ou non en franchir le seuil. Elle a pu aussi le franchir puis s’arrêter compte tenu de conditions devenues trop hostiles. Ou encore la vie (monocellulaire) a pu commencer en surface puis se réfugier dans le sous-sol. Là encore, elle a pu s’adapter puis s’éteindre après avoir péniblement continué quelque temps sous forme ralentie puis dormante. Cette évolution avortée ou stoppée se traduirait par ce que l’absence de rejets métaboliques clairement identifiables laisse entrevoir. Le temps a pu jouer un rôle important. On ne sait pas s’il a été suffisamment long sur Mars, toutes les autres conditions étant remplies, pour que le processus prébiotique commence et aboutisse.

Les conditions ayant permis l’émergence de la vie sur Terre (environnement réducteur, températures,…) n’existent plus à notre époque (peut-être à cause de la vie elle-même et de ses rejets, notamment d’oxygène) et sur Mars la période pendant laquelle l’évolution prébiotique et l’évolution planétologique ont permis "l’allumage" de la vie a pu être très/trop court.

Sachant que les modalités d’évolution et de grande variabilité des conditions environnementales martiennes ont pu également beaucoup jouer.

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Bonjour,

J'interviens peu sur ce fil extrêmement intéressant, et merci à ses animateurs et notamment @vaufrègesI3

juste une précision assez peu relevée et qui peuvent créer des confusions voire des fantasmes, car celle-ci est faite dans de nombreux articles de presse

la confusion est sur le terme "organique" qui n'est pas, loin de là, un marqueur ou une preuve de la présence de la vie. c'est un faux ami.

En effet la chimie organique est la chimie du carbone et des molécules dont il est un des éléments (avec l'hydrogène, l'oxygène, l'azote..). Cela va du simple méthane, aux hydrocarbures (pétrole) aux composés complexes des acides aminées et des molécules d'origines biologiques.

La très grande partie des molécules organiques basiques ne sont pas d'origine biologique mais plutôt d'origine géologique, de même il est possible d'expliquer la formation physico-chimiques de la plupart des acides aminés, et de nombreuses molécules carbonées complexes, sans présence de la vie.

La grande confusion porte sur ces termes : "composés organiques", "matière organique". Ce dernier, à mon avis ne devrait être utilisé qu'avec beaucoup de précautions, dans le cas où des cellules, des organites, des organes seraient réellement observés.

Les rares molécules basiques de chimie organique qui pourrait prouver l'origine biologique sont des molécules chirales (même formules mais différentes uniquement par leur configuration tridimensionnelle, image l'une de l'autre dans un miroir) dont un seul des énantiomères n'est présent - l'homochiralité. Ceci a déjà été cité dans de nombreux post du forum.

Sur le sujet, la thèse très intéressante et accessible de Carole Freissinet du CNRS

https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00615481/document

 

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il y a 55 minutes, marco polo a dit :

La très grande partie des molécules organiques basiques ne sont pas d'origine biologique mais plutôt d'origine géologique, de même il est possible d'expliquer la formation physico-chimiques de la plupart des acides aminés, et de nombreuses molécules carbonées complexes, sans présence de la vie.

 

La chimie organique est assez clairement délimitée (c'est la chimie des composés du carbone, pas forcément liés au vivant, bien loin de là), celui de la chimie minérale à des contours plus flous puisqu'il concerne tout le reste: les espèces moléculaires non carbonées comme l'eau, le dioxygène...

J'ai la faiblesse de croire que ceux qui me lisent ici depuis assez longtemps ont bien compris  cet aspect du problème vu le nombre d'interventions où ce point a été systématiquement précisé.

 

Par exemple page 150 de ce fil (message de rappel du 3 septembre 2020) - je me cite :

Une fois éliminées les molécules organiques les plus simples, c’est-à-dire celle à bases azotées et une kirielle d’acides aminés dont la synthèse peut être abiotique, il reste les molécules organiques complexes dont la présence pourrait laisser entendre plus fortement la possibilité d'une vie passée. Ces molécules, composées de 10 atomes de carbone, pourraient ressembler à des blocs de construction connus de la vie tels que les 22 acides aminés qui composent les protéines que le vivant utilise, et les molécules dont la synthèse nécessite un équipement enzymatique.

Par exemple, la présence d'acides carboxyliques, acides aminés ou acides nucléiques seraient des indices d'une forme de vie, et le chromatographe en phase gazeuse de SAM permet l’identification des isotopes de carbone ainsi que la chiralité de ces derniers s'ils ne sont pas trop dégradés (entre autres par le perchlorate). En effet le monde vivant est chiral, les bio-monomères ne présentent qu'une seule des deux conformations chirales. Les acides aminés, les sucres et les lipides sont principalement homochiraux dans tous les systèmes vivants et leur structure polymérique forme des arrangements secondaires asymétriques (*).

D'où l'intérêt de l'analyse par voie humide à basse température. Ceci pourrait apporter un indice fort en faveur de leur origine biotique.

 

 

(*) J’ai longuement développé le sujet de l’homochiralité à plusieurs reprises dans ce fil, en dernier lieu page 151 (message du 11 septembre 2020) .

 

Voir ici :  http://www.astrosurf.com/topic/113977-actualités-de-curiosity-2013/?page=151

 

Modifié par vaufrègesI3
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@vaufrègesI3, je ne te mets pas en cause et oui j'ai lu tes très intéressants post sur le sujet, mon intervention est plus pour le néophyte, qui risque de faire cette confusion sur le terme "organique"... en l'évoquant lors de discussions je me suis aperçu que beaucoup de personnes faisaient la confusion :  "organique" = "vie" ou biologique

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Merci Vaufrèges de partager ce travail absolument remarquable.

Sans en rajouter je peux juste dire que d'expérience beaucoup de gens y compris des étudiants à l'observatoire de Paris comprennent parfois à tort que chimie organique ne veut pas dire biologique.

Alors les journalistes lambda, n'en parlons pas.

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A 16 ans je savais faire la différence entre chimie orga et chimie du vivant (mes cours de chimie dans mon Cours Complémentaire de l'époque). J'ai aujourd'hui 84 ans. Je suis affolé de voir que le problème se pose encore ! Ceci étant dit, grand grand merci à Monsieur Vaufrèges.

 

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