La beta test est enfin terminée, je suis libéré de mes engagements contractuels et je peux donc vous parler librement de mon expérience avec l'eVScope et vous faire part de mes impressions. Pour la partie observation je vous ferai plusieurs retours avec quelques photos à l'appui, mais j'ai besoin d'un peu de recul car le telescope a fait l'objet d'une mise à jour récente qui a vraiment bouleversé positivement la qualité. Mais je vais quand même vous en toucher deux mots.   Petit rappel : Le principe de l''eVScope est né de ses deux fondateurs, Arnaud Malvache et Laurent Marfisi  (tous deux chercheurs), rejoints peu après par Franck Marchis (chercheur au SETI) et Antonin Borot (également chercheur). Ils avaient lancé un genre d'oculaire électronique reposant sur un capteur CMOS qui amplifiait la lumière pour accéder aux objets faiblement lumineux du ciel. Cet oculaire a été petit à petit amélioré, j'imagine en parallèle de leurs activités scientiques, jusqu'à l'idée de sortir un produit grand publique reposant sur ce système (peut être suite à l'accueil enthousiaste du public lors des manifestations). Ce projet est passé par la plateforme de Crowfunding KickStarter fin 2017 et le buzz a été tel, que l'objectif de sortir quelques eVScope en mode artisanal, s'est traduit par un succès phénoménal et a recueilli plus de 2M€... Il a donc fallu gérer tout de suite un process industrialisé de fabrication. Ce qui évidemment n'est pas du tout la même chose que sortir artisanalement un produit... D'où un petit retard d'un peu plus d'un an par rapport à la date de livraison initiale. Enfin bref, fin septembre dernier, me voilà embarqué pour mon plus grand bonheur, dans la beta test.    Première partie, sur le matériel : L'eVScope ressemble à un Newton, disons que c'est une base de Newton, sauf que le secondaire a été remplacé par un capteur Sony couleur IMX224. Il a un diamètre de 115mm et un rapport F/D de 4. On retrouve un système monobras bien rigide, un peu comme chez Celestron, motorisé en Alt/Az. Le trépied est très compact, léger et possède deux rallonges qui permettent de lever l'oculaire à environ 1m60 du sol. Ce trépied est équipé d'un niveau à bulle et de deux vis de serrage pour fixer le tube via un socle circulaire. Le trépied malgré l'absence d'entretoise est solide et rigide. L'ensemble pèse environ 7kg, ce qui le rend facilement transportable par une personne en un seul voyage.       Une photo de l'intérieur du tube où on voit dans le reflet du primaire, le capteur à la place du secondaire.     Une photo de l'avant du tube où on voit une araignée, assez volumineuse, qui permet sans doute de faire passer le cablage du capteur CMOS avec toute la partie 'intelligente' de l'eVScope qui doit se situer dans le bras.   Le tube est doté d'un cache bien conçu qui incorpore un masque de Bathinov, extrêmement pratique lors de la mise au point. Il se clipse aisément à l'avant du tube.   La mise au point se fait par une grosse molette située à l'arrière du tube, derrière le miroir primaire. Sa taille rend très facile la mise au point fine, elle est un peu lâche, mais ça fait très bien le job. Avec le masque de bathinov, en pointant une étoile brillante, impossible de se tromper. Autour du disque gradué, il y a également deux vis qui servent à la collimation.   Enfin l'observation se fait via un oculaire 'électronique' situé en partie basse du tube et très confortable pour l'observation, je vais y revenir un peu plus bas. Cet oculaire est doté d'une mise au point, ce qui permet aux porteurs de lunettes de s'en passer.      Caractéristiques techniques : L'eVScope embarque sa batterie, rechargeable via un port mini usb 2.0. Comme dit précédemment, le telescope est motorisé en Alt/Az et est doté d'un module Wifi pour pouvoir connecter un smartphone et manoeuvrer le telescope via l'application Unistellar. Il n'y a pas de raquette, seul l'application smartphone peut manoeuvrer le telescope. Il y a également un second port USB, qui permet éventuellement de connecter un appareil (par exemple le smartphone) pour le recharger. L'oculaire électronique est en fait un écran oled d'excellente définition, très contrasté situé au fond de l'oculaire.  Comme dit précédemment le principe de l'eVScope repose sur ce qu'on appelle la vision amplifiée, en clair on utilise les capacités d'un capteur CMOS réputé (Sony IMX224) pour accéder à des objets faiblement lumineux et difficile, voire impossible d'accès avec du visuel simple.   L'observation : Comme pour tout telescope, une bonne mise en température est importante. Le tube étant ouvert, le miroir relativement modeste, en une demi heure l'affaire est entendue. Pour démarrer l'observation on met le trépied à niveau, on installe le tube dessus, on démarre l'eVScope, on lance l'application Unistellar sur le smartphone et on se connecte au telescope comme à une borne wifi. L'eVScope utilise les données GPS du smartphone pour vous localiser. Une fois la connexion établie, on retire évidemment le cache avant, on pointe une zone du ciel quelconque et on demande à l'eVscope de se mettre en station. C'est là le premier point intéressant de l'eVScope, car il n'utilise aucune des méthodes classiques de nos montures. L'eVScope compare ce qu'il observe avec sa carte du ciel interne et reconnaît au bout de quelques secondes où il se situe et lance le suivi. L'observation peut alors commencer. Via l'application il est possible de choisir des objets proposés ou de demander d'autres objets via la base interne d'objets très étoffée (je ne connais pas le nombre exact d'objets contenus dans cette base). Une fois l'objet sélectionné on demande à l'eVScope de le pointer. Une fois sur l'objet, l'eVScope réactive son système de reconnaissance automatique du champ observé, ce qui a tendance à le rendre moins rapide que les systèmes goto de nos montures classiques. Mais une chose est sure, c'est que ce système assure de toujours avoir l'objet dans le champ et ce, même si il n'est pas visible dans l'oculaire. L'observation propose deux modes, un mode dit LiveView et un autre mode dit Enhanced Vision. Le premier mode permet d'avoir une image en directe non retraitée, sur laquelle il est possible de paramétrer le temps d'exposition et le bruit. Le temps d'exposition peut aller jusqu'à 4 secondes. Mais ce n'est pas la force de l'eVScope. C'est le second mode qui nous intéresse. Une fois l'objet souhaité dans le champ (même si invisible en LiveView), on lance le mode EnhancedVision. Celui-ci va s'appuyer sur l'empilement d'images et utilisé des algorithmes 'maisons' pour chercher à extraire l'objets observés. Les algos jonglent entre augmenter l'exposition, la réduction du bruit, la maîtrise de la pollution lumineuse,... On voit au fur et à mesure l'objet apparaître et devenir de plus en plus évident, coloré (pour certaines nébuleuses), jusqu'à arriver à un optimum. Ensuite les algos oscillent autour de cet optimum. Tout le savoir faire d'Unistellar est alors mis à contribution, car c'est cet optimum qui nous intéresse. Je ne vais pas dans ce post vous détailler mes observations, j'attends encore un peu, car la toute dernière version du logiciel a apporté une fulgurante amélioration (la beta sert à ça). Autant mes premières impressions ont été mitigées, autant sur les dernières soirées j'ai été enthousiasmé, j'ai trouvé une image fine et piquée, qui exploitait vraiment à l'excellente qualité de l'oculaire électronique. D'ailleurs parlons rapidement de cet oculaire que certains ont qualifié de gadget. Je peux vous assurer qu'il n'en est rien et que l'image dans l'oculaire est nettement plus belle que sur un smartphone. Sur mes dernières observations, j'ai retrouvé la sensation d'observer le ciel en direct. Je reste prudent et j'attends d'autres observations pour vous confirmer cette impression. J'ai principalement observé sur un site particulièrement sujet à la pollution lumineuse. Je ne doute pas que sous un ciel noir, les résultats seraient encore meilleurs. Voilà pour l'instant. Si vous avez des questions n'hésitez pas !