Christophe Pellier

Albédo géométrique de quelques détails martiens 17/11

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Salut,

Je vous présente un petit travail de photométrie de disque, sur Mars, effectué à partir d'une série d'images prises à travers des filtres photométriques Johnson/Cousin le 17 novembre, dans des conditions excellentes. Le but au départ était de réaliser une simple réflectance relative des détails, mais à force de creuser je suis parvenu à faire tourner des équations me permettant d'aboutir à un vrai calcul d'albédo...

Le départ du travail consiste à calculer les magnitudes apparentes de la planète dans toutes les bandes de couleur choisies. Pour cela j'ai observé trois étoiles de référence à proximité et masse d'air similaire, dans les Poissons. Avec seulement trois étoiles et sans tous les termes nécessaires à une photométrie précise ce n'était pas gagné, mais les résultats sont plutôt bons, surtout en V, R, I. Les magnitudes U et B sont en-deçà des références (planète moins brillante qu'attendu), il est certain que la faute en revient d'abord à cette incertitude, mais je pense qu'il est possible que cela reflète aussi au moins en partie la réalité, la planète étant au moment de l'observation très largement dépourvue de détails brillants dans les courtes longueurs d'onde (calotte minuscule, et quasiment pas de nuages blancs)

Ensuite, il faut calculer les magnitudes planétaires absolue, c'est à dire comme si Mars était placée à une unité astronomique du Soleil, et une unité astronomique de l'observateur. Pour cela j'ai utilisé une équation trouvée dans un papier de Richard Schmude, de l'ALPO, qui fait des travaux de photométrie planétaire depuis très longtemps. 

Cela permet ensuite de calculer le rapport entre la luminosité du Soleil et celle de la planète, c'est à dire l'albédo. Pour complexifier le tout, dans le cas de Mars il faut aussi corriger les intensités initiales des paramètres orbitaux qui ont un effet très important sur les intensités apparentes : l'angle de phase solaire (Soleil - Mars - Terre), la longitude de la planète, et sa saison. Les équations nécessaires ont été trouvées dans des articles d'Anthony Mallama. Les résultats sont corrects en V (albédo de référence : 0,15 à 0,17), très proches en R et I (0,25, 0,3) et un peu en deçà donc en U et B mais ça ne gêne pas ces résultats modestes.

J'ai mesuré plusieurs régions différentes. Amazonis, désert brillant du nord ; Valhalla, transition géologique nord/sud d'albédo particulier (rouge, et qui présente une inversion d'albédo dans l'UV par rapport aux taches sombres qui deviennent plus claires), Mare Cimmerium, tache sombre classique, et la calotte polaire. L'albédo de cette dernière est de façon surprenante assez faible, mais on l'observe ici à son minimum de taille réduit près du pôle sud, où l'angle d'éclairage par le Soleil n'était plus que de 15°. C'est donc plus son albédo apparent qu'on mesure, dans tous les résultats que j'ai vus sur le même sujet, elle est normalement le détail le plus brillant.

Toutes les mesures sont normalisées de façon à ce que chaque détail montre fictivement la même taille que la planète entière.

Voilà donc aucune découverte sur cette observation, mais il s'agissait surtout d'un exercice avant d'attaquer ma véritable cible qui sera la planète Jupiter l'année prochaine :) 

(je remets aussi la planche avec les images traitées)

M2020-11-17_22-11_albedo_cp.png

M2020_11_17-CP.png

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Eh bien en voila un travail qui sort des sentiers battus, tu mérites bien ta qualité de Maître des filtres ! ;) Bravo !

J'ai quelques difficultés pour visualiser la manip malgré tes explications... J'y reviendrai :D

 

Xavier

Modifié par artemis
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J'ai du mal à comprendre... c'est des albédo relatifs en fonction de la longueur d'onde normalisés à la même valeur en U?

J'ai du mal à croire sinon que la calotte polaire martienne ait un albédo comparable à la lune...o.O

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Merci Xavier, j'ai fait synthétique parce que c'est complexe !

il y a une heure, biver a dit :

J'ai du mal à comprendre... c'est des albédo relatifs en fonction de la longueur d'onde normalisés à la même valeur en U?

J'ai du mal à croire sinon que la calotte polaire martienne ait un albédo comparable à la lune...o.O

Salut Nicolas, et bien c'est ce que j'écris plus haut : je ne mesure ici que l'albédo d'une calotte qui n'est plus éclairée qu'à 15° d'angle... elle est donc beaucoup moins éclatante que lorsqu'on mesure par exemple la calotte printanière qui descend plus bas en latitude. 

Pour t'en convaincre, regardes ce qui se passe quand on copie-colle l'image de la calotte sélectionnée par-dessus Amazonis, au filtre B:

image.png.10f7b18db9935d4273ecf09adcfaf533.png

La brillance apparente est une illusion d'optique :) tu sais comme ces points qui ont l'air d'avoir une couleur différente parce qu'ils sont placés dans un environnement différent alors qu'en fait non ? Ben c'est un peu pareil ;)

Sur mes mesures, il n'y a qu'en ultraviolet que la calotte devient le point le plus brillant ici, mais de peu. Il n'y a pratiquement aucun contraste global dans cette bande au moment de l'observation.

  • Merci 1

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Bonjour Christophe,

 

Bravo pour cette manip très intéressante et qui, effectivement, sort des sentiers battus. Je comprends l'approche "globale" de mesure de la magnitude absolue de Mars en comparant avec des étoiles, et en appliquant les formules adéquates pour mettre les distances à 1UA. En revanche, pour la mesure des détails individuelles, je me demande s'il n'y a pas un problème sur la normalisation des mesures afin de donner une taille équivalente a chacune des régions étudiées. Si, pour un filtre donné, tu regardes la moyenne des intensités de tes pixels pour deux zones différentes, disons Cimmerium et la calotte polaire, alors, plus ou moins, je m'attendrais que le rapport d'albedo soit en relation avec le rapport de ces moyennes... ou alors je me trompe dans la compréhension de tes résultats. Autre petite question, fais tu des corrections de sensibilité de ton équipement (et éventuellement de la transparence de ton atmosphère) pour comparer des bandes différentes? Ça serait intéressant de comparer l'albédo de la calotte avec un spectre en réflection de la glace de CO2...

 

En tout cas, c'est très intéressant et je te remercie de nous ouvrir à de nouvelles observations. Super !!!!

 

Arnaud

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Merci Arnaud,

il y a 35 minutes, Arnaud17 a dit :

Si, pour un filtre donné, tu regardes la moyenne des intensités de tes pixels pour deux zones différentes, disons Cimmerium et la calotte polaire, alors, plus ou moins, je m'attendrais que le rapport d'albedo soit en relation avec le rapport de ces moyennes

J'avoue que je ne comprends pas cette question... tu peux reformuler ?

il y a 35 minutes, Arnaud17 a dit :

Autre petite question, fais tu des corrections de sensibilité de ton équipement (et éventuellement de la transparence de ton atmosphère) pour comparer des bandes différentes?

Oui, c'est le rôle du premier calcul des magnitudes apparentes. J'ai appliqué la méthode AAVSO, un peu approximative en raison du faible nombre d'étoiles observé. Dans les mois qui viennent je vais faire un travail plus conséquent à ce sujet pour préparer les prochaines apparitions planétaires.

il y a 35 minutes, Arnaud17 a dit :

Ça serait intéressant de comparer l'albédo de la calotte avec un spectre en réflection de la glace de CO2...

En effet, bon sur ce coup-là je ne pense pas que la mesure soit pertinente. J'avais retenu qu'il y avait une bande d'absorption dans l'IR plus profond. Voici des références plus justes:

Travail de Stéphane Erard au Pic du Midi en 1995 (attention les filtres ne sont pas les mêmes, avec le jeu UBVRI je ne peux pas observer la chute d'albédo globale après 700 nm vu que je n'ai qu'un seul point). La saison est le printemps boréal, avec une calotte bien plus importante:

image.png.b498ec1100b7c8da705b5c337bba24ab.png

C'est plutôt bien cohérent avec mes valeurs, sur les premiers points.

Je crois qu'il a appliqué une correction photométrique pour éviter le gradient de luminosité du disque. Je ne l'ai pas fait de mon côté (je ne sais pas faire ça)

 

Travail obtenu à partir des données HST en 1995 également : il y a une constante ajoutée à chaque spectre pour bien les séparer mais le profil est correct. La calotte est la courbe 5 à gauche.

image.png.be05f181c2582bfa28798c85e0bc222f.png

 

Modifié par Christophe Pellier

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D'accord pour l'illusion de contraste (une coupe nord-sud serait parlante aussi..) à condition qu'on ne soit pas victime d'un effet de (manque de) résolution qui diluerait la calotte dans un evironnement plus sombre - la calotte résiduelle est une glace "sale"?

Mais ceci dit en UV si tu dis qu'elle est ce qui a de plus brillant, là elle devrait (en U) avoir un albédo plus élevé que Amazonis ?

J'avais du mal à comprendre tes histoire de 15°... c'est une histoire d'assombrissement au bord, autrement dit de fonction de phase ou plutôt de dépendence vis à vis de l'angle d'éclairement, importante autant pour le tour de la calotte, qu'elle même, qui n'aurait pas une diffusion vraiment isotrope?

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il y a 55 minutes, biver a dit :

D'accord pour l'illusion de contraste (une coupe nord-sud serait parlante aussi..)

J'en ai fait justement, les voilà. Ce n'est pas calibré en intensité, juste décalé à la louche. L'oeil ne se rend pasbien compte des intensités sur une image 2D!

image.png.3cb57fbc0176a41422ce7d20450b63a3.png

 

il y a 56 minutes, biver a dit :

à condition qu'on ne soit pas victime d'un effet de (manque de) résolution qui diluerait la calotte dans un evironnement plus sombre

A oui, c'est effectivement un critère possible. J'ai utilisé un cercle de diamètre 2 pixels, et il est possible qu'il y ait une erreur car elle est vraiment petite sur les images. Mais à la vue des coupes, je ne pense pas que ça bouleverserait les résultats...

il y a 58 minutes, biver a dit :

Mais ceci dit en UV si tu dis qu'elle est ce qui a de plus brillant, là elle devrait (en U) avoir un albédo plus élevé que Amazonis ?

Plus brillant c'est relatif. Dans mon tableur excel je trouve un albédo de 3,4% pour les deux (et 3,1% pour Valhalla qui est le détail le moins intense...). On est dans l'épaisseur du trait. La planète est pratiquement "flat" dans cette bande sur cette observation (cf la coupe)

il y a une heure, biver a dit :

J'avais du mal à comprendre tes histoire de 15°... c'est une histoire d'assombrissement au bord, autrement dit de fonction de phase ou plutôt de dépendence vis à vis de l'angle d'éclairement, importante autant pour le tour de la calotte, qu'elle même, qui n'aurait pas une diffusion vraiment isotrope?

Je suis encore loin de saisir tous ces concepts Nicolas ;) pour être plus clair, 15° c'est la hauteur du Soleil au-dessus du pôle sud en Ls 316. On n'est plus très loin d'un éclairage rasant, et les ombres au sol sur une surface qui n'est pas lisse à petite échelle doivent sérieusement diminuer l'albédo de la glace... qui de plus en effet n'est pas très propre, les images des sondes montrent que les calottes résiduelles sont couvertes de sable rouge en fait...

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Re-bonjour Christophe et merci pour tes réponses.

 

Je vais reformuler ma première question, mais ton copier-coller sur la planète me donne la réponse... tout en me laissant presque sans voix. Simplement, ce que je voulais dire, c'est que pour une image donnée, à peu de chose près, le rapport d'albedos entre deux régions doit être pratiquement égal aux rapports de flux (ADU de ta caméra) de ton image. C'est là que ton copier-coller me surprend beaucoup (et c'est très intéressant) à savoir que ce qui parait être une calotte polaire beaucoup plus brillante qu'Amazonis ne l'est en fait pas... ça c'est une surprise!

 

Je comprends que l'angle rasant des rayons solaires au niveau de la calotte puisse diminuer l'albedo depuis notre point de vue. Ne faut-il pas alors prendre cet angle en compte (peut-être est-ce fait) si on veut comparer les albedos des terrains toutes choses égales par ailleurs? Si on veut comparer les albedos depuis notre point de vue, alors ce n'est sans doute pas nécessaire, enfin je pense.

 

Arnaud

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il y a 5 minutes, Arnaud17 a dit :

Simplement, ce que je voulais dire, c'est que pour une image donnée, à peu de chose près, le rapport d'albedos entre deux régions doit être pratiquement égal aux rapports de flux (ADU de ta caméra) de ton image

Ok je vois mieux :) 

il y a 5 minutes, Arnaud17 a dit :

C'est là que ton copier-coller me surprend beaucoup (et c'est très intéressant) à savoir que ce qui parait être une calotte polaire beaucoup plus brillante qu'Amazonis ne l'est en fait pas... ça c'est une surprise!

Oui, et moi aussi du reste je ne m'attendais pas à ça... mais les mesures ne mentent pas, contrairement à notre oeil dans des circonstances trompeuses ;)

il y a 6 minutes, Arnaud17 a dit :

Ne faut-il pas alors prendre cet angle en compte (peut-être est-ce fait) si on veut comparer les albedos des terrains toutes choses égales par ailleurs?

Si certainement, et c'est ce que j'évoquais plus haut, je pense que les pros font ce type de correction, mais à ce stade je ne sais pas le faire. Peut-être dans une prochaine étape... 

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Le 28/12/2020 à 18:46, Christophe Pellier a dit :

Si certainement, et c'est ce que j'évoquais plus haut, je pense que les pros font ce type de correction, mais à ce stade je ne sais pas le faire. Peut-être dans une prochaine étape... 

 

Bonjour,

 

Merci pour cet article (avec celui d'Uranus) !

Pour la correction, peut-être qu'il faut utiliser une correction liée aux facteurs de forme qui sont utilisés en rayonnement thermique. Ces facteurs permettent de caractériser comment 2 surfaces se voient pour échanger leurs flux radiatifs (typiquement de comparer le cas où les surfaces se font face et  le cas où l'une est inclinée à 90-15 = 75°).

C'est un peu compliqué pour le cas présent (ça peut se calculer par simulation cela dit) mais il y a une formule déjà calculée pour le cas suivant ou les surfaces se touchent (ce n'est pas le cas du Soleil et de Mars, j'en conviens mais je n'ai pas trouvé mieux avec une dépendance à l'angle) :

image.png.1360ddd962c3cf5e4044473466580e22.png

F12 représente le facteur de forme pour le rayonnement émis par 1 vers 2 (il vaut 1 lorsque tout part vers 2 et 0 si rien n'arrive vers 2).

 

Pour différentes valeurs de a1/a2 (disons que le Soleil est a1) et pour theta = 0 et 75°, on obtient les valeurs suivantes :

image.png.bb4e18fbfb06ffcdb0254ee7fd9fe3cd.png

 

Je pense qu'on peut aller vers le cas extrême a1 >> a2 ce qui donnerait donc une perte de 37% du flux reçu (par rapport au cas où la surface serait directement face au Soleil) dans le cas où theta = 75° (inclinaison de 15° donc). Peut-être que ça peut te permettre de recaler l'intensité pour le calcul d'albédo en divisant par 0,63 ?

Après, il faudrait voir ce que ça donne lorsque les corps sont très éloignés et prendre en compte les formes sphériques mais ça donne une tendance.

 

Je ne connais pas trop le sujet pour les calculs que tu as faits donc je suis peut-être à côté de la plaque mais si jamais ça peut dégrossir la question...

Modifié par Spadge

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Le 05/01/2021 à 23:24, Spadge a dit :

Pour la correction, peut-être qu'il faut utiliser une correction liée aux facteurs de forme qui sont utilisés en rayonnement thermique.

Spadge, excuses-moi j'ai complètement oublié de te répondre...

J'avoue ne pas être en mesure de me saisir des concepts que tu proposes. Dans tous les cas, quand j'attaquerai Jupiter je sais vers qui me tourner car des scientifiques ont déjà fait des calculs d'albédo sur cette planète en effectuant cette correction (l'équipe autour de Sanchez-Lavega en Espagne).

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Il y a 17 heures, Christophe Pellier a dit :

Spadge, excuses-moi j'ai complètement oublié de te répondre...

J'avoue ne pas être en mesure de me saisir des concepts que tu proposes. Dans tous les cas, quand j'attaquerai Jupiter je sais vers qui me tourner car des scientifiques ont déjà fait des calculs d'albédo sur cette planète en effectuant cette correction (l'équipe autour de Sanchez-Lavega en Espagne).

 

Salut Christophe,

 

Pas de souci, je n'étais pas sûr de faire avancer le schmilblick de toutes façons :) 

En fait, ce que je voulais essayer de déterminer, c'est la différence de flux reçu (flux rayonné par le Soleil) entre une surface qui ferait face à la source et une autre inclinée à 75° (équivalent à une élévation de 15° du Soleil par rapport à cette surface inclinée). Appelons k le rapport flux(75°) / flux(0°). k < 1 car la surface à 0° est mieux éclairée.

 

Si je comprends bien ta démarche pour le calcul de l'albédo, tu regardes les intensités lumineuses (ramenées à une distance de référence) de Mars et du Soleil et pour chaque région, tu calcules le rapport entre l'intensité lumineuse de la surface et celle du Soleil. Comme l'albédo est en fait le rapport entre l'intensité lumineuse reçue et celle émise, tu apportes donc des corrections car tu mesures des intensités depuis un autre point.

 

Pour la suite, voici quelques notations. J'essaie de mettre en équation pour voir si j'ai bien compris le problème (et que tu puisses me corriger si je comprends mal).

Soit : 

- Fs : flux rayonné par le Soleil et mesuré depuis le point d'observation (dans la bande spectrale qui t'intéresse)

- Fm : flux rayonné par Mars et mesuré depuis le point d'observation (même bande spectrale)

 

Pour prendre en compte la correction de distance (ou de magnitude apparente), tu ramènes les 2 astres à une même distance de référence du point d'observation et entre elles (1 ua) ce qui te fait appliquer un facteur correctif Km1 pour Mars et un autre Ks1 pour le Soleil.

Du coup, Ks1 Fs est le flux que recevrait Mars en provenance du Soleil s'ils étaient distants de 1 ua et Km1 Fm est le flux réémis par Mars et mesuré à 1 ua.

Pour le Soleil, le facteur vaut 1 vu qu'il est déjà à la bonne distance si je ne dis pas de bêtise ?

Bref, ça tu le fais via l'équation de Richard Schmude. Si tu as le papier, je suis curieux de le lire car je ne comprends pas le besoin de mettre Mars à 1 ua du Soleil. Du moment que tu la ramènes à 1 ua de la Terre, ça ne change rien, non ? C'est peut-être pour te permettre de calculer le flux directement reçu par Mars depuis le Soleil ?

 

Ensuite, je dirais qu'il faut également apporter les corrections suivantes :

- prise en compte du fait qu'une surface martienne au pôle reçoit moins de flux qu'une surface à l'équateur (le facteur k défini plus haut que je renomme Ks2)

- par corollaire, prise en compte également que la surface qui nous fait face nous transmet plus de flux qu'une surface inclinée comme les pôles (facteur Km2)

- prise en compte du lieu d'observation via la hauteur de l'astre dans le ciel (terrestre) : là ce n'est pas très clair pour moi mais peut-être qu'il faut faire une correction liée à l'épaisseur d'atmosphère terrestre traversée qui est donc plus importante lorsque l'astre est bas (c'est peut-être négligeable, je ne connais pas les ordres de grandeur) ==> je néglige.

 

Il y sûrement d'autres corrections comme ce qui est associé aux filtres où aux instruments (peut-être utile pour la décomposition spectrale ?) mais je néglige ici.

 

A la fin, pour avoir l'albédo qui est le rapport entre flux incident et flux réémis, tu ferais donc : 

A = (Km1 Km2 Fm) / (Ks1 Ks2 Fs)

 

Il y a un  truc que je ne saisis pas :

Le 27/12/2020 à 13:24, Christophe Pellier a dit :

Pour complexifier le tout, dans le cas de Mars il faut aussi corriger les intensités initiales des paramètres orbitaux qui ont un effet très important sur les intensités apparentes : l'angle de phase solaire (Soleil - Mars - Terre), la longitude de la planète, et sa saison

 

Ces corrections ne sont pas prises en compte lorsque que tu ramènes Mars et le Soleil à la distance de référence de 1 ua ?

Ou alors c'est pour corriger le fait que Mars reçoit le rayonnement Solaire dans une direction et que tu mesures le flux réémis dans une direction différente ?

 

 

 

Concernant la notion de facteur de vue, ça peut être compliqué à calculer selon la situation mais simple à appréhender physiquement.

Si on considère 2 surfaces 1 et 2, le facteur de vue (ou de forme) F12 permet de caractériser le fraction de flux rayonnée par la surface 1 et que la surface 2 capte (en supposant le rayonnement isotrope).

Par exemple, si on considère une sphère 1 qui rayonne uniquement à l'extérieur imbriquée dans une sphère 2 qui rayonne uniquement à l'intérieur d'elle-même, la surface 1 ne va "voir" que la surface 2. Autrement dit, tout le flux rayonné par 1 va être reçu par 2 et F12 = 1. Ou encore, si tu tires un rayon depuis la surface 1 dans n'importe quelle direction, il va forcément aller sur la surface 2 (voir les flèches rouges ci-dessous). En revanche, l'inverse n'est pas vrai : si tu tires un rayon depuis la surface 2, il peut aller taper la surface 1 mais aussi aller sur la surface 2 (la surface 2 "se voit" elle-même, voir les flèches vertes). Tu as donc F21 < 1 et F22 non nul (F11 = 0).

Dès qu'on a une surface convexe, elle ne peut pas émettre sur elle-même.

 

image.png.e5a26e81411a47fbc67fddbb6b6129d5.png

 

La formulation analytique pour 2 surfaces quelconques est la suivante :

image.png.4843eabfb8a4be0ae353510846886fb0.pngimage.png.97e59941fe8a94aca637bc278e40b9ce.png 

 

On montre facilement que S1 F12 = S2 F21 (ce qui permet de calculer facilement le cas des sphères imbriquées).

 

Si on en revient au cas du Soleil et Mars, on comprend aisément qu'une surface qui regarde directement le Soleil (à l'équateur) reçoit plus de flux qu'une surface où le Soleil est à 15° (au pôle) et le calcul des facteurs de vue permet de comparer les flux reçus (de calculer le facteur k défini plus haut).

Intuitivement, on a envie de dire que pour un même quantité d'énergie Q arrivant sur une surface à l'équateur et au pôle, la répartition se fait sur une surface Se à l'équateur et sur une surface Sp au pôle de sorte que Sp = Se / sin(15°) ~ 4 Se.

image.png.26a610220a24088cdb04e67dc8267560.png

 

Donc par unité de surface, le pôle recevrait 4 fois moins d'énergie que l'équateur.

Resterait peut-être à faire un calcul similaire pour prendre en compte comment le pôle est incliné par rapport à nous puis éventuellement faire la même chose avec le Soleil et ça permettrait de recaler les intensités.

Mais les pros qui font ce genre de calcul doivent sûrement avoir des outils tous automatisés qui te font aussi le café.

 

Et là je me rends compte que ça fait un gros pâté et j'espère que je suis compréhensible  :) 

 

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Le 12/01/2021 à 23:31, Spadge a dit :

Si je comprends bien ta démarche pour le calcul de l'albédo, tu regardes les intensités lumineuses (ramenées à une distance de référence) de Mars et du Soleil et pour chaque région, tu calcules le rapport entre l'intensité lumineuse de la surface et celle du Soleil. Comme l'albédo est en fait le rapport entre l'intensité lumineuse reçue et celle émise, tu apportes donc des corrections car tu mesures des intensités depuis un autre point.

C'est bien ça la démarche de base en effet ! Pour être précis, le dénominateur est un disque fictif de la taille de Mars à la distance de 1AU, supposé parfaitement réfléchissant. 

Le 12/01/2021 à 23:31, Spadge a dit :

Si tu as le papier, je suis curieux de le lire car je ne comprends pas le besoin de mettre Mars à 1 ua du Soleil. Du moment que tu la ramènes à 1 ua de la Terre, ça ne change rien, non ? C'est peut-être pour te permettre de calculer le flux directement reçu par Mars depuis le Soleil ?

C''est ça - la distance de 1UA c'est une simple convention, c'est exactement comme pour la magnitude absolue des étoiles dont on calcule la valeur qu'elles auraient à une distance de 10 parsecs (la distance de 1UA fait du reste partie de cette convention également)

L'article est ici  et l'équation est en page 122. 

Le 12/01/2021 à 23:31, Spadge a dit :

Il y a un  truc que je ne saisis pas :

Le 27/12/2020 à 13:24, Christophe Pellier a dit :

Pour complexifier le tout, dans le cas de Mars il faut aussi corriger les intensités initiales des paramètres orbitaux qui ont un effet très important sur les intensités apparentes : l'angle de phase solaire (Soleil - Mars - Terre), la longitude de la planète, et sa saison

 

Ces corrections ne sont pas prises en compte lorsque que tu ramènes Mars et le Soleil à la distance de référence de 1 ua ?

Ou alors c'est pour corriger le fait que Mars reçoit le rayonnement Solaire dans une direction et que tu mesures le flux réémis dans une direction différente ?

La mise à distance ne suffit pas car:

- L'angle de phase solaire : la luminosité de la planète n'est pas la même, tout choses égales par ailleurs, à la quadrature qu'à l'opposition, où sa luminosité augmente par effet miroir. Donc il faut le corriger

- La longitude : l'hémisphère de Tharsis brille plus que celui de Syrtis Majors, car il s'agit d'un détail brillant :) 

- La saison : l'hémisphère sud de la planète étant largement couvert de taches sombres, il est moins brillant que le nord, et donc quand la planète nous présente cet hémisphère (cas en 2020), elle est moins brillante encore une fois toutes choses égales par ailleurs, que lorsque que c'est le pôle nord qui est tourné vers nous.

Le 12/01/2021 à 23:31, Spadge a dit :

Mais les pros qui font ce genre de calcul doivent sûrement avoir des outils tous automatisés qui te font aussi le café.

Est-ce que tu maîtrise la correction Minnaert ? C'est comme ça que Stéphane Erard avait travaillé au Pic du Midi en 1995. J'ai l'impression qu'il a fait ses calculs sur des cartographies corrigées du gradient de luminosité grâce à cela. Voir ici, le papier complet peut être téléchargé vient un lien en haut de page:

https://lesia.obspm.fr/perso/stephane-erard/docs/Mars/Mars95_Sc.html 

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Bonjour Christophe,

 

Merci pour tes explications, je vais regarder tout ça. Je ne connais pas la correction Minnaert, en fait, je fais un peu de thermique mais pas du tout appliquée à l'astro. C'est l'occasion de concilier les 2 :), merci pour ton partage d'infos !

 

A+

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      Ce mois-ci marque le 20ième anniversaire de l’atterrissage de Spirit et Opportunity sur Mars, dans le cadre d’une mission dont l’héritage s’étendra loin dans le futur.
      En janvier 2004, les rovers jumeaux de la NASA nommés Spirit et Opportunity ont atterri de part et d’autre de Mars, donnant le coup d’envoi d’une nouvelle ère d’exploration robotique interplanétaire. Ils sont arrivés de manière spectaculaire à trois semaines d’intervalle, chacun niché dans un groupe d’airbags qui ont rebondi sur la surface environ 30 fois avant de s’arrêter et de se dégonfler. La mission des rovers de la taille d’une voiturette de golf : rechercher des preuves que de l’eau a déjà coulé à la surface de la planète rouge.
      Leurs découvertes allaient réécrire les manuels de science, y compris la découverte d’Opportunity peu après l’atterrissage des célèbres « myrtilles » – des cailloux sphériques de l’hématite minérale qui s’étaient formés dans l’eau acide. Plusieurs années après le début de la mission, Spirit, imperturbable mais traînant maintenant une roue endommagée, a découvert des signes d’anciennes sources chaudes qui auraient pu être des habitats idéaux pour la vie microbienne il y a des milliards d’années (si tant est qu’il en ait jamais existé sur la planète rouge).
      Les scientifiques soupçonnaient que Mars avait depuis longtemps été radicalement différente du désert glacial qu’elle est aujourd’hui : des images orbitales avaient montré ce qui ressemblait à des réseaux de canaux sculptés par l’eau. Mais avant Spirit et Opportunity, il n’y avait aucune preuve que l’eau liquide avait formé ces caractéristiques.
      « Nos rovers jumeaux ont été les premiers à prouver l’existence d’une Mars primitive humide », a déclaré l’ancien scientifique du projet Matt Golombek du Jet Propulsion Laboratory de la NASA en Californie du Sud, qui a géré la mission Mars Exploration Rover. « Ils ont ouvert la voie à l’apprentissage d’encore plus de choses sur le passé de la planète rouge avec des rovers plus grands comme Curiosity et Perseverance. »
       
      Un héritage durable
       
      Grâce en partie à la science recueillie par Spirit et Opportunity, la NASA a approuvé le développement du rover Curiosity de la taille d’un SUV pour déterminer si les ingrédients chimiques qui soutiennent la vie étaient présents il y a des milliards d’années sur ce qui était autrefois un monde aquatique. (Le rover a découvert peu de temps après son atterrissage en 2012 qu’ils l’étaient.)
       
      Perseverance, qui est arrivé sur la planète rouge en 2021, s’appuie sur le succès de Curiosity en collectant des carottes de roche qui pourraient être apportées sur Terre pour vérifier les signes d’une vie microbienne ancienne grâce à la campagne Mars Sample Return, un effort conjoint de la NASA et de l’ESA (Agence spatiale européenne).
       
      Alors qu’ils travaillaient sur Spirit et Opportunity, les ingénieurs ont développé des pratiques d’exploration de la surface qui se poursuivent aujourd’hui, y compris l’utilisation de logiciels spécialisés et de lunettes 3D pour mieux naviguer dans l’environnement martien. Et après avoir perfectionné des années d’expertise au cours des voyages des rovers jumeaux sur la surface rocheuse et sablonneuse de Mars, les ingénieurs sont en mesure de planifier des trajets plus sûrs et plus longs, et de mettre rapidement en place les plans quotidiens beaucoup plus complexes nécessaires à l’exploitation de Curiosity et Perseverance.
       
      Les membres de l’équipe scientifique sont également devenus plus habiles dans leur rôle de géologues de terrain virtuels, s’appuyant sur des années de connaissances pour sélectionner les meilleurs moyens d’étudier le terrain martien à l’aide des « yeux » robotiques et des outils portés par leurs partenaires itinérants.
       
      Marathon martien
       
      Conçu pour durer seulement 90 jours, Spirit a atterri le 3 janvier ; Opportunity le 24 janvier. Les rovers d’exploration de Mars ont persévéré pendant des années – dans le cas d’Opportunity, près de 15 ans, pour finalement succomber à une tempête de poussière enveloppant la planète en 2018. Cette durabilité a dépassé les rêves les plus fous des scientifiques et des ingénieurs, qui ne s’attendaient qu’à une exploration localisée sur une distance ne dépassant pas 600 mètres.
       
      Au lieu de cela, grâce à leurs substituts robotiques à longue durée de vie, l’équipe a eu la chance de parcourir une grande variété de terrains martiens. Opportunity, le premier rover à parcourir une distance de la longueur d’un marathon sur une autre planète, couvrirait finalement près de 45 kilomètres au total – la distance la plus longue parcourue sur une autre planète.
       
      « C’était un changement de paradigme auquel personne ne s’attendait », a déclaré l’ancien chef de projet John Callas du JPL. « La distance et l’échelle de temps que nous avons parcourues ont été un saut de portée qui est vraiment historique. »
       
      La chance de voir tant de choses a été essentielle pour révéler que non seulement Mars était autrefois un monde plus humide, mais aussi qu’elle abritait de nombreux types d’environnements aquatiques différents – eau douce, sources chaudes, piscines acides et salées – à des moments distincts de son histoire.
       
      Une inspiration continue
       
      Les jumeaux itinérants ont également inspiré une nouvelle génération de scientifiques. L’une d’entre elles était Abigail Fraeman, qui était une lycéenne invitée au JPL la nuit de l’atterrissage d’Opportunity. Elle a pu observer l’excitation lorsque le premier signal est revenu, confirmant qu’Opportunity avait atterri en toute sécurité.
       
      Elle a poursuivi une carrière de géologue martienne, retournant au JPL des années plus tard pour aider à diriger l’équipe scientifique d’Opportunity. Aujourd’hui scientifique adjointe du projet Curiosity, Fraeman appelle de nombreux collègues proches de nombreuses personnes qu’elle a rencontrées la nuit de l’atterrissage d’Opportunity.
       
      « Les personnes qui ont fait fonctionner nos rovers jumeaux pendant toutes ces années forment un groupe extraordinaire, et il est remarquable de voir combien d’entre eux ont fait de l’exploration de Mars leur carrière », a déclaré Fraeman. « Je me sens tellement chanceuse de pouvoir travailler avec eux tous les jours alors que nous continuons à nous aventurer dans des endroits qu’aucun humain n’a jamais vus dans notre tentative de répondre à certaines des plus grandes questions. »
       
      Meilleurs résultats scientifiques
      https://mars.nasa.gov/mer/mission/science/results/
       
      'Myrtilles' martiennes
      https://mars.nasa.gov/resources/6944/martian-blueberries/
       
      Spirit détecte des preuves surprenantes d’un passé plus humide
      https://www.jpl.nasa.gov/news/mars-rover-spirit-unearths-surprise-evidence-of-wetter-past
       
       
       
    • Par guy03
      Bonjour
      Je pensais que pour revoir Mars il fallait attendre 2025 ....mais non 2024 sera parfait!!!  Mars sera bien visible (et trés haute!!) dans le ciel à partir d'octobre. Son mouvement apparent va ralentir. Elle sera en opposition mi janvier 2025. Bon on est pas au mois d'octobre encore mais j'ai hâte de l'observer et lui tirer le portrait. Son diamètre apparent sera pas énorme mais on grossira avec les oculaires et les barlows!

    • Par Sauveur
      Salut 
       
      une petite Mars avant dodo 😉
       
       

    • Par phenix
      salut  les astrams 
       
      voici  la conjonction  lune venus et mars le 21.06.2023
      une petite compo de 2 images au 1000d  et sigma 150 f2.8  sur staraventurer
      2 single  shot  de  8 sec  a 800 iso  
      petit traitement vite fait avec toshop  et assemblage  avec  ice  
       
      bon cieux 
      serge

    • Par phenix
      nouvelle version de mars et m44 du 02.06.23
      j ai enlevé la vilaine trame de l image initiale , assombrit le fond du ciel  ( trop  ? ), et augmenté un peu les couleurs
       

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