La comète C/2023 V5 (leonard) a été découverte le 06 novembre dernier à la magnitude 17.4, à peine avant 5 semaines son passage au périhélie, prévu pour le 13 décembre 2023, à 0.85 ua du Soleil.
Elle n'y survivra d'ailleurs probablement pas (!), car c'est un astre instrinsèquement très faible et donc très petit : sa magnitude absolue, m0, étant de 20.0 à 20.5...
Elle ne sera accessible que quelques semaines, en pratique :
grâce à un périgée très favorable, à 0,23 ua de la Terre, qui lui fait gagner 2,5 à 3 magnitudes
Pour les matheux : m1 = m0 + 5 log (D) + 2.5 n log(r), soit ici : m1 = 20.5 + 5 log(D) + 10 log(r)
la distance au Soleil, r est à peu près égale à 1 ==> 10 log(r) donne 0
mais la distance à la Terre très inférieure à 1 donne une correction négative : 5 log(0,23) = -2.6
J'ai eu la chance de pouvoir l'observer 2j seulement après sa découverte, quand elle était encore sur la Possible Comet Confirmation Page (PCCP), sous la désignation provisoire "C40DFE1", et en plus elle était dans le même champ que l'amas globulaire M2 :
(Crop pour aller à l'essentiel)
et voici le champ complet :
( Clic droit puis Ouvrir dans un Nouvel Onglet/Nouvelle Fenêtre pour voir l'image à 100% )
Newton SW 200/800 avec correcteur de coma, caméra ASI 294-MCpro + IR-cut, Nord à peu près en Haut
Monture AZ-EQ6 - ASIAir - poses guidées avec dithering pour 1 pose sur 5
Nuit du 08 au 09 novembre 2023, de 18h27 à 20h53 utc
431 poses de 15s à -15°C, Temps d'intégration de 01 h 47 min 45s
Traitement Siril-1.2.0, Finition avec Gimp 2.10.28
Échantillonnage ramené à 2"/pixel
On note la présence de deux traînées laissées par les deux astéroîdes les plus brillants parmi les 9 jusque V=21 présents dans le champ ce soir là
La proximité à la Terre a eu l'avantage d'augmenter son éclat mais aussi l'inconvénient de la voir filer à vive allure : ce n'était pas la fusée C/2023 H2 (Lemmon) filant à 27"/min, mais on en était pas si loin avec près de 12"/min pour C/2023 V5, çà se voit d'ailleurs aisément sur le compositage cométaire brut :
elle semble bien perdue au milieu de tous ces filets d'étoiles...
La comète présente une chevelure très diffuse de 33" de diamètre environ, peut-être plus large mais elle devient alors quasi-transparente...
Les mesures photométriques donnent :
m1 = 17.6 ( rayon de 6' )
m2 = 18.7 ( rayon de 6" )
Malgré sa faiblesse, cette comète est un peu particulière, car c'est le cinquième membre connu du groupe de Liller :
La comète C/1988 A1 (Liller) a brillé vers la magnitude 6 en mai 1988, les plus anciens s'en souviennent certainement
8 ans plus tard était découverte la comète C/1996 Q1 (Tabur) qui a brillé vers la mag 6 en septembre 1996 avant de de désintégrer à l'approche de son périhélie
On s'est vite rendu compte que les orbites de ces deux astres étaient similaires et que c'étaient en fait des fragments de la même comète, qui ont dû se séparer lors du périhélie précédent, estimé à 2900 ans plus tôt pour Liller !
Par la suite, on découvrit plus récemment, deux autres membres de ce groupe :
C/2015 F3 (SWAN) qui a brillé vers la magnitude 10 en mai 2015
et C/2019 Y1(ATLAS) qui a atteint la magnitude 8 en mai 2020
Combien d'autres fragments circulent encore, nul ne le sait : espérons que le prochain soit tout de même plus conséquent !
Voilà, vous savez tout.
Très bonne soirée à toutes/tous
Salut à tous,
Ce n'est pas une nouvelle fable de La Fontaine, c'est juste pour participer un peu, avec cette observation que j'ai faite le 22 novembre, avec le télescope Schaumasse de l'Observatoire de Nice et une caméra QHY600, avec des poses de 110 secondes.
je suivais l'astéroide 6100 Kunitomoikkansai, un astéroide double que j'ai découvert en 2016 grâce aux éclipses du satellite devant et derrière le corps principal. Comme je l'avais suivi lors de l'opposition de 2019 et qu'il était aussi en phase d'éclipses, je voulais voir si lors de cette nouvelle opposition en 2023, on pouvait retrouver les éclipses mutuelles du satellite.
Finalement, on observe à nouveau des éclipses cette année (période du satellite 0.769 jours):
La courbe de lumière, recalée sur la période du corps primaire (période 0.1793 jours) :
Le 22 novembre, l'astéroide est passé près de la nébuleuse sombre LDN 1493, dans le Taureau. Il y avait un autre astéroide dans le champ, 3873 Roddy.
En faisant la photométrie des étoiles de comparaison, je suis tombé sur une étoile dont la courbe de lumière variait avec une période très rapide, de l'ordre de 9 minutes.
Il s'agit d'une naine blanche variable, V411 Tau, découverte en décembre 1964 par Arlo Landolt. A la différence des étoiles pulsantes, du genre RR Lyrae, qui présentent des pulsations radiales (le rayon varie), les naines blanches variables (de type ZZ Ceti), présentent des pulsations multimodales, non radiales, avec des harmoniques comprises entre 70 secondes et 25 minutes, qui sont probablement dues à des ondes de choc qui traversent l'atmosphère super dense de ces étoiles. Les astronomes auraient observé de nombreux modes de pulsations pour V411 Tau, allant de 6.3 minutes à 23 minutes, mais avec des amplitudes plus faibles.
Sur la courbe de lumière que j'ai obtenue, sur un peu plus de 6 heures, on voit bien le mode principal à 544 secondes (fitté par la courbe rouge). L'amplitude de variation est plutôt faible {~0.05 mag):
L'abscisse est graduée en heures.
Il faudrait suivre cette étoile sur plusieurs jours pour essayer de retrouver les modes de pulsation, mais là, il y a la pleine Lune, alors ça sera pour une autre fois.
En tous cas, ça peut être une cible sympa pour ceux qui ne veulent pas faire de la photométrie pendant toute la nuit...
Le champ:
Et une animation avec Roddy qui passe à côté de V411:
des infos ici:
https://cosmicreflections.skythisweek.info/tag/v411-tau/
https://fr.wikipedia.org/wiki/HL_Tau_76
Apres plusieurs années de pratiques astronomiques, hier soir mon jardin, j'ai eu l'heureux et hasardeux plaisir de voir mon premier bolide !
Evidemment la presse locale a relayé l'évenement, mais avec un article qui démontre, une fois de plus, que bien rares sont les journalistes qui peuvent se permettre de parler d'astronomie ou plus généralement de Science, sans tomber dans certains travers...
Sinon il y a une petite video qui montre le phénomène, capturé par une dashcam
https://rci.fm/deuxiles/infos/Insolite/Un-impressionnant-phenomene-lumineux-dans-le-ciel-de-Martinique-et-de-Guadeloupe
On reste dans l'air du temps (système solaire) mais avec un objet vagabond, façonné par l'Homme : l'astéroïde Didymos qui depuis l'impact avec sa sonde a des airs de comète.
Image réalisée par David Vernet le 19/10/2022 au T1000 du C2PU. 260 x 40s avec la QHY 600M et un filtre SDSSrp.
Pas de darks ni de flats (image recadrée) pour ne pas ramener du bruit (pi les flats étaient pas top). Double empilement : normal sur les étoiles avec rejet standard (SIRIL sigma clipping), et sur le noyau avec rejet drastique (SIRIL algo de Student). Compositage ensuite avec la position du début de séquence pour l'astéroïde.
Voilà, c'est pas NGC 5907 ou M100, mais cette image me file les jetons quand je pense qu'on y voit une action humaine ! On devine assez bien le dédoublement de la queue.