roger15

Les observatoires français et la Résistance.

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Bonsoir à tous,

Ayant le privilège de compter Charles Fehrenbach au nombre de mes amis proches je peux vous confirmer que l'OHP a été un haut lieu de résistance. Non seulement des personnes de confession juive y ont été cachées, dont Evry Schatzmann le plus célèbre d'entre eux, dissimulé sous un faux nom avec de faux papiers par Charles Fehrenbach lui même, mais des parachutages d'armes à destination du maquis du Vercors y ont été pratiqués. D'autres armes ont transité par l'OHP pour être acheminées en direction de Marseille avec le camion à gazogène de l'observatoire qui, un peu plus tard, a été mis à disposition de la Résistance avec les autres véhicules automobiles dont disposait l'OHP. Couder a effectivement contribué à la naissance de l'OHP en s'occupant de la taille du miroir de 80cm puis de la retaille du 120cm Martin commandé initialement ... pour l'exposition universelle de 1879 mais il n'a pas été seul. L'essentiel de l'initiative revient à un couple de mécènes : Assan Farid Dina et son épouse Marie Wallace Schillito à qui nous devons le financement des débuts du laboratoire d'optique de l'Observatoire de Paris qui a permis le "lancement" de Couder puis de Texereau bien après ainsi que le financement complet de la construction du T80 et de sa coupole. La prospection pour l'installation de ce télescope a été menée de 1924 à 1926 et mettait en concurrence la Haute Provence et le Mont Salève près de Genève où avait été construit le château des Avenieres, propriété des Dina aujourd'hui reconverti en hôtel de luxe. Souvenir de cette prospection, la lunette de 24cm confiée par Dina à un membre de la SAF, Louis Prudhomme, offerte ensuite à Gabrielle Flammarion. Elle se trouve toujours à Juvisy et sous la conduite de Jean Texereau, son objectif Carl Zeiss a remplacé l'objectif d'origine de la lunette de 24cm de Camille Flammarion.

Moment très émouvant il y a quelques jours : cet objectif a à nouveau été démonté pour permettre le déménagement de la lunette qui a quitté dimanche matin l'Observatoire Flammarion pour deux ans de restauration tout près de l'OHP. Nous pensons le remonter sur sa lunette d'origine et réinstaller l'ancien objectif de Camille Flammarion, permettant ainsi d'envisager avec la lunette Zeiss Dina la possibilité d'installer un outil unique de popularisation dans le parc de l'observatoire, ce qu'interdit le testament de Gabrielle Flammarion pour la lunette actuellement en cours de restauration.

Effectivement, une bonne partie de tous ces souvenirs figurent dans l'ouvrage de Charles Fehrenbach "Des Hommes, des Telescopes, des Etoiles" aujourd'hui devenu introuvable mais, bonne nouvelle, j'ai eu le bonheur de pouvoir contribuer à la réédition de cet ouvrage qui sera effective cet été chez Vuibert.

Quant à Charles Fehrenbach, en dépit de ses 93 printemps, il garde bon pied et bon oeil et une mémoire parfaite. Nous l'avons reçu l'an dernier aux Rencontres Astro Ciel à Valdrôme et il y revient cette année tant il a fait l'unanimité par sa gentillesse et sa simplicité.

Philippe Morel.

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Roger15,

Disposant de tous les textes de la réédition du livre de Charles Fehrenbach, je peux te faire parvenir en .doc le chapitre que tu recherches à condition d'avoir une adresse mail.

Comme tous les autres chapitres de ce magnifique ouvrage celui ci est passionnant.

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Bonjour Astrocomets, bonjour Philippe Morel,

Je serai effectivement ravi d'avoir en document Word le chapitre du livre de Charles Fehrenbach concernant l'Observatoire de Haute Provence et la résistance.

Mon adresse électronique est :
roger point lesourd are eau base ouanadou point fr.

Roger 15.

PS : je suis très content d'apprendre par toi que l'ouvrage de Charles Fehrenbach "Des Hommes, des Télescopes, des Etoiles" sera réédité cet été chez Vuibert.

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voilà, un post inatendu ,mais combien instructif,'jy reviendrai souvent , william

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Bonjour Dobcat, bonjour William,

Tes commentaires m'ont fait bien plaisir. J'essaie en effet, avec mes modestes connaissances, de "poster" en évitant de ressasser toujours les mêmes réponses sur les mêmes sujets qui sont sans cesse abordés sur Astrosurf et sur Webastro…

Pour moi l'astronomie ne se limite pas à l'observation avec un instrument. Et je suis très content qu'un grand "dobsonnien" comme toi (pour ceux qui ne le sauraient pas "Dobcat", le Catalan, a construit lui-même de ses mains un télescope Dobson de 410 mm de diamètre !…) s'intéresse à l'histoire de la Résistance dans les observatoires français.

Roger 15.

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quote:
"- Bonjour, c'est Etienne Moujotte qui m'envoie.
La pub c'est dans 5 minutes, alors l'astronomie, la résistance, toutes ces conneries, ça doit s'arrêter.
- Mais..! Qu'est-ce qu'on doit faire?
- Ne vous inquiétez pas, je m'occupe de tout. Combien sont les 7 nains?
- Mais, qu'est-ce que ça veut dire, c'est complètement débile.
- Quel est le prénom de Alain Delon?
- Mais c'est complètement nul.
- (montrant un téléscope) Quel est cet objet : une guèpe, un saucisson ou un téléescope?
- Même les questions dans les apéricubes sont plus intelligentes que ça!
- Tu n'as répondu à aucune question. Tu n'est qu'un gros nulard, espèce de maillon faible!

...

- (son ami) C'est vrai, elles sont débile tes questions!
- Tu sais bien que j'avais pas le choix... Fallait bien récupérer les abrutis. Maintenant on peut lancer la pub!"


Je suis déjà dehors, mais loin, loin, loin...

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Resplendissime Roger > Pour me réhabiliter un peu de ma bévue un peu plus haut (lien déjà donné par ChiCyg) je te propose cette petite bio d'André Danjon, directeur de l'observatoire de Strasbourg de 1930 à 1935 et de Paris de 1945 à 1963. Il mérite assurément d'être évoqué dans le cadre de tes recherches.
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André Danjon est né à Caen le 6 avril 1890. Élève de l'Ecole normale supérieure en 1910, il est agrégé de physique en 1914 et mobilisé peu après, dans l'infanterie. Blessé en Champagne dès le début de la guerre, il perd un oeil, mais reprend du service et fait campagne en Italie dans le Service de repérage par le son.

Passionné d'astronomie, il se fait nommer aide-astronome, en 1919, à l'Observatoire de Strasbourg redevenu français. Il va donner aussitôt la mesure de ses talents d'organisateur en établissant rapidement un projet de reconstruction et d'équipement de cet observatoire; or des crédits généraux d'investissement scientifique viennent d'être ouverts, et le projet relatif à l'Observatoire de Strasbourg, qui constitue la première demande que reçoit le ministère, est adopté.

Peu après, en 1923, Danjon établit en cinq semaines un " avant-projet d'organisation d'un observatoire d'astronomie physique " qui va être à l'origine de la création de l'Observatoire de Haute-Provence.

Directeur de l'Observatoire de Strasbourg en 1930, il est élu doyen de la Faculté des sciences en 1935. L'Université de Strasbourg se replie à Clermont-Ferrand en 1940, il en devient recteur, organise la protection des étudiants et professeurs alsaciens, est arrêté par les Allemands en 1942 et est bientôt révoqué.

Nommé directeur de l'Observatoire de Paris en 1945, il est reconnu comme le chef de l'astronomie française. Il donne à celle-ci une impulsion qui s'étend à l'activité et à l'équipement de tous les observatoires de province. Pour longtemps les principaux chercheurs de ces établissements seront ses anciens élèves

Danjon, travailleur infatigable, effectuait encore des observations à l'âge de soixante-dix ans. Frappé en 1963 d'une attaque le laissant partiellement paralysé, il réapprend à parler et à lire; il rédige alors l'histoire de l'Observatoire de Haute-Provence, fondé en 1936 après treize années d'études au cours desquelles ses travaux et ses conclusions avaient été déterminants. Une complication pulmonaire lui est fatale le 27 avril 1967

Le document complet sur André Danjon : http://www.imcce.fr/fr/ephemerides/astronomie/Promenade/pages1/142.html

Histoire des observatoires de Paris, Meudon, Marseille, Pic du Midi, Toulouse, Lyon... : http://www.imcce.fr/fr/ephemerides/astronomie/Promenade/pages2/291.html

La page d'accueil de cet excellent site : http://www.imcce.fr/fr/ephemerides/astronomie/Promenade/pages5/51.html

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Bonjour excellentissime Vaufrèges,

Ah, André Danjon !!!…

Tu me fais très plaisir en évoquant le plus illustre des Astronomes français du vingtième siècle.

Je repense à ce choc en ayant appris sa mort au journal télévisé de 20 heures le 21 avril 1967. Ayant adhéré à la Société Astronomique de France l'année précédente, j'avais alors parcouru à la bibliothèque de la SAF plein d'articles sur lui, et était en admiration devant son traité de mécanique céleste "Astronomie Générale" que je lisais avec respect (mon niveau mathématique ne me permettant pas bien sûr de tout comprendre dans ses brillants calculs !…). J'avais surtout retenu que c'était l'homme qui avait sauvé la Société Astronomique de France après le vide causé le 31 octobre 1962 par la mort de Gabrielle Renaudot Flammarion (la deuxième épouse de Camille Flammarion) car cette femme, si elle avait sauvé la SAF en 1925 après la mort de son fondateur, contrôlait tout, dirigeait tout (à la fois la SAF et l'Annuaire Astronomique et Météorologique Camille Flammarion), mais ne savait pas déléguer… Fin 1962, début 1963; la SAF s'est alors tournée vers André Danjon, le seul homme qui pourrait assurer sa pérennité.

Si "l'Astronomie" a évoqué la mort de André Danjon dès le numéro de mai 1967 à la page 222, par un court entrefilet, il a fallu attendre le numéro de septembre 1967 pour que Jean Rösch (directeur de l'Observatoire du Pic du Midi, et Président de la Société Astronomique de France) évoque sa mémoire en début de bulletin (page 321). Et dans cet article de Jean Rösch j'en ai appris beaucoup sur le rôle de André Danjon comme sauveur de la SAF :
« C'est dans la séance du 9 novembre 1910 qu'est proposée l'admission de M. André Danjon, élève de l'Ecole Normale Supérieure, où il venait tout juste d'enter. (…). En 1913, le bulletin de la Société publie le premier article signé de son seul nom, consacré à une ingénieuse méthode de comparaison d'un chronomètre aux signaux horaires de la Tour Eiffel (…). Dans le bulletin de 1915, ce n'est plus hélas à propos d'observations que son nom est mentionné ; Camille Flammarion y relate la cruelle blessure de guerre dont il a été atteint, rend hommage à son courage, et ajoute, croyait-il si bien dire ? "Cette blessure n'interrompra pas une carrière astronomique si magnifiquement commencée". En 1923 il entre au Conseil et ne cessera pratiquement plus d'en faire partie. Il crée le Groupe Alsace, qui fera école et restera le modèle du genre. En 1947, Bernard Lyot lui transmet la présidence, et l'on pouvait penser que la Société, dès lors lui avait tout demandé ; il n'en était rien. Treize ans plus tard, en juin 1962, le Conseil, redoutant la fin prochaine de Mme Flammarion, Secrétaire Général et âme de la Société depuis la mort de Camille Flammarion en 1925, lui demande d'accepter à nouveau la présidence, ce qui ne s'était jamais vu dans nos annales, et en novembre de la même année, il reprend la barre. Mme Flammarion vient de disparaître ; il sait quelle rude tâche va être la sienne, dans la remise en route et la reconversion indispensable de la Société. Il cumule les fonctions de président et de secrétaire général, et qui songerait à s'en plaindre ? Près d'être libéré par la limite d'âge, de ses écrasantes fonctions officielles, mais toujours débordant d'énergie, il pourrait, son second temps de présidence révolu, rester, jusqu'à la limite de ses forces, la cheville ouvrière de la Société auprès de laquelle il vit et travaille depuis si longtemps. Mais le destin en a décidé autrement, qui le frappe lui-même, trois mois plus tard. La Société pendant trois ans, ne veut pas perdre l'espoir de la voir revenir. Ce n'est que l'an dernier que sur sa demande formelle et selon sa propre expression que nous avons "mis fin à la fiction de ses fonctions de Secrétaire Général". »

Ensuite, dans deux numéros de "l'Astronomie" Charles Fehrenbach (dont on a parlé plus haut) évoquera la carrière astronomique brillante de André Danjon.

Avant de terminer, Vaufrèges, je voudrais signaler, à propos de André Danjon, une anecdote peu connue le concernant : celui de sauveur du moral de l'Etat-Major de l'Armée Française le 9 juin 1918.

Le samedi soir 8 juin 1918 était une soirée de nouvelle Lune, donc toutes les étoiles, même les plus faibles, brillaient dans le firmament. Dans les tranchées depuis près de quatre ans les soldats alliés et allemands avaient pris l’habitude de se familiariser avec les constellations célestes lors de leurs tours de veille. Ils devaient redoubler d’attention les soirs de nouvelle Lune, censés pouvoir favoriser un coup de main des adversaires.

Le Soleil s’était couché à 20h52, heure d’été (c’était la troisième année de cette pratique) en avance alors d’une heure sur l’heure solaire, donc il était 19h52 en Temps Universel (heure du méridien de Greenwich). Dès 21h33 le ciel était devenu presque noir, car c’était le début du “crépuscule civil” (le Soleil étant à 6 degrés au-dessous de l’horizon) ; à 22h32 la nuit était très noire (début du “crépuscule nautique” ; le Soleil étant alors à 12 degrés au-dessous de l’horizon) et à 00h19 il était noir d’encre (début du “crépuscule astronomique” ; le Soleil étant à 18 degrés au-dessous de l’horizon).

En regardant vers l’Est, donc vers les lignes allemandes, du côté opposé du coucher du Soleil, les Poilus virent comme d’habitude se lever à 20h46 la merveilleuse étoile de première grandeur Altaïr (Alpha de l’Aigle). A 22h30 Altaïr était à 16 degrés au-dessus de l’horizon Est. Mais, Oh surprise, non loin d’elle (à 17 degrés à sa droite, donc vers le Sud-Est) il y avait une deuxième étoile de première grandeur et même plus brillante qu’Altaïr !… Les Poilus se frottèrent les yeux pour vérifier qu’ils n’étaient pas victimes d’une illusion d’optique, mais non : cette étoile mystérieuse était bien réelle !… On vérifia sur les cartes de l’Almanach Hachette de 1918 (qui était un des ouvrages les plus lus à l’époque) : aucune étoile de première grandeur, à part Altaïr (magnitude : 0,9), ne devait se trouver là !… L'étoile atteignit le jour même de sa découverte, vers 23 heures (soit 22 heures Temps Universel), son maximum d’éclat (magnitude : - 1,1) ; elle était donc aussi étincelante que Sirius, l’étoile la plus brillante du ciel !… André Danjon (1890-1967), le futur directeur de l’Observatoire de Strasbourg de 1930 à 1940 (il en fut chassé par les soldats nazis après la défaite de juin 1940), puis de l’Observatoire de Paris de 1945 à 1963, a raconté (dans un article dont, hélas, je n'ai pas retrouvé les références) qu’étant alors soldat au front on lui demanda, en tant qu’étudiant en astronomie jusqu’à sa mobilisation en août 1914, d’authentifier cette nouvelle étoile. Selon lui il n’y avait aucun doute : c’était simplement l’apparition soudaine d’une nova, très brillante. Le terme nova était apparu dans la langue française à la fin du dix-neuvième siècle, c’était la contraction de l’ancienne terminologie latine nova stella (étoile nouvelle). André Danjon expliqua à ses supérieurs militaires que très rapidement cette nova allait perdre de son intensité lumineuse. Effectivement, dès le lendemain cette étoile nouvelle commença à baisser de 0,3 magnitude par jour pour atteindre la troisième grandeur en quinze jours. Elle continua par la suite sa perte d’éclat, un peu plus lentement, et ne fut plus qu’une étoile de sixième grandeur (donc à la limite de la visibilité à l’œil nu) en novembre 1918.

De partout sur le Front des messages furent envoyés à l’État-Major des armées françaises à Chantilly le soir du 8 juin 1918 et le lendemain : ils signalaient que la majorité des soldats étaient persuadés d’une intervention divine, indiquant clairement, vu l’apparition vers l’Est, donc vers l’Allemagne, que Dieu annonçait par cette étoile mystérieuse une prochaine victoire des armées alliées face à la barbarie “boche” . Le ministère de la Guerre, après réflexion, refusa que la presse française évoque cette apparition et la soumis à une censure rigoureuse. Le fait que cette étoile nouvelle apparaisse dans la constellation de l’Aigle était fâcheux : cet animal étant le symbole de l’Empire allemand ! On pourrait en déduire que Dieu voulait favoriser le pays de Guillaume II ...

Et les soldats allemands dans les tranchées, ont-ils vu eux aussi cette étoile nouvelle ? Sans doute, mais ça les a moins marqué que les soldats alliés car cette étoile brillait vers l’Est, donc à l’opposé de la ligne de front.

Les supérieurs de André Danjon, tout content d'avoir trouvé la solution à cette apparition céleste mystérieuse, rassurèrent l'Etat-Major à Chantilly : cette étoile nouvelle dans la constellation de l'Aigle, n'était qu'un phénomène astronomique rare, mais explicable. Il n'y avait rien de surnaturel là !…

Roger Lesourd.

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