roger15

Un certain vendredi 4 octobre 1957.

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Bonjour à tous, bonjour à toutes,

A l'occasion du cinquantenaire du début de la conquête spatiale je ne pouvais pas ne pas vous parler de Spoutnik 1. Voici comment Wernher von Braun a appris la nouvelle, et quelle fut la réaction des États-Unis après ce lancement.

Vendredi 4 octobre 1957 l'après-midi. Wernher von Braun reçoit à la base ABMA (Ammy Ballistic Missile Agency) à Huntsville dans l'Alabama une délégation officielle du gouvernement américain parmi lesquels deux personnages très importants : Neil MacElroy (Ministre de la Défense des États-Unis) et Wilbur Brucker (Ministre de l'armée). C'est en plein cocktail qu'on leur annonce la nouvelle la plus incroyable qui soit : l'agence soviétique Tass vient d'annoncer que l'URSS vient d'envoyer à 19h 28m 34s (Temps Universel) le premier satellite artificiel de la Terre. C'est une sphère d'aluminium de 58 cm de diamètre, pesant 83,6 kg, dont les émetteurs lancent en permanence un "bip, bip, bip…". Son orbite est de 215 km au périgée et de 939 km à l'apogée. Il fallait une heure et 36 minutes à Spoutnik 1 pour faire le tour de la Terre. Ce qui a le plus inquiété les officiels américains c'est que le fait qu'il y ait eu satellisation prouvait que l'Union Soviétique disposait d'un missile balistique intercontinental capable d'envoyer des bombes atomiques sur les États-Unis !…

Wernher von Braun et le général de brigade John B. Medaris, commandant l'ABMA, sautèrent sur l'occasion et demandèrent l'autorisation aux deux ministres présents de lever l'interdiction qui leur était faite de procéder aux préparatifs pour le lancement d'un satellite artificiel américain. Selon eux, dès qu'ils auraient le feu vert du gouvernement américain, 90 jours au maximum leur suffiraient pour procéder à un tel lancement. La réponse des deux ministres fut que seule l'US Navy allait relever incessamment le défit lancé par l'Union Soviétique… Mais, bon enfants, ils leur ont toutefois permis de commencer, discrètement, leurs travaux sur ce projet, au cas où…

Le dimanche 3 novembre 1957, alors que les Américains n'avaient toujours pas lancé un seul satellite, l'Union Soviétique lançait Spoutnik 2 (508 kg de charge utile), avec le premier être vivant de l'histoire de la conquête spatiale : la chienne Laïka. Précisons un point important : pendant 45 ans les Soviétiques affirmeront que cette pauvre chienne avait survécu environ dix à douze jours. Ce n'est qu'en 2002 que le docteur Dimitri Malashenkoven révèlera que Laïka avait en fait péri sept heures au plus après le lancement…

Deux à zéro, les officiels américains pressèrent donc l'US Navy d'envoyer très rapidement leur satellite artificiel, et en tout cas avant la fin de 1957 !… Cette pression lui fut fatale…

Le jeudi 5 décembre 1957 allait être la journée de la revanche des États-Unis : non seulement ils allaient réussir eux aussi à envoyer un satellite artificiel, mais, certains de la fiabilité de leur technologie, ils allaient convier le monde entier à y assister (alors que les deux lancements soviétiques s'étaient effectués dans le plus grand secret, et révélés seulement dès qu'on était certain de leur succès). Et, cerise sur le gâteau, les caméras de la télévision américaine étaient invitées à diffuser ce lancement en direct depuis Cap Canaveral (Floride).

A 16h 44m (Temps Universel) les moteurs de la fusée emportent vers l'espace le satellite "Vanguard-1A" une sphère en aluminium de 15,2 cm de diamètre et pesant 1,36 kg. Les trois réseaux télévisés américains (ABC, CBS et NBC) diffusent en direct ce magnifique décollage. Mais, deux secondes après avoir quitté le sol et après s'être élevée d’environ un mètre et vingt centimètres, la fusée composée de trois étages perd de la poussée et commence à retomber en penchant vers l’arrière. Ayant touché violemment la rampe de lancement, les réservoirs de carburant se rompent et explosent, détruisant entièrement la fusée et endommageant gravement la rampe de lancement !… Toute l'Amérique assiste en direct à la télévision à ce désastre technologique sans précédent !… Les États-Unis ont été humiliés par la stupide US Navy, dont les responsables ont alors rasé les murs du Pentagone dans les jours suivants…

Une véritable hystérie secoue alors les États-Unis : les Russes peuvent leur envoyer des fusées porteuses de bombes atomiques et eux se révèlent incapables d'envoyer une fusée à plus de deux mètres de hauteur !…

Le seul gagnant de ce désastre fut le satellite Vanguard-1A lui-même : éjecté de la fusée lors de l'explosion, sa coque a bien résisté et ses émetteurs ont bien fonctionné !… L'émotion causée par cet échec aux États-Unis sera telle que la presse américaine la comparera à un nouveau Pearl Harbor…

L'Américain le plus vexé par cet échec fut bien sûr le Président des États-Unis Dwigth David Eisenhower. Cinq jours après ce nouveau Pearl Harbor, le mardi 10 décembre 1957 il ordonna au ministre de la défense de lever immédiatement l'embargo qui frappait l'équipe de Wernher von Braun et de lui donner l'ordre de procéder le plus vite possible au lancement d'un satellite artificiel américain.

Le vendredi 31 janvier 1958, l'Amérique retient son souffle : une deuxième tentative de lancement d'un satellite artificiel va avoir lieu, toujours retransmise en direct à la télévision.

Ce jour-là le lanceur Jupiter C RS-29 (dérivé de la fusée Redstone), s'élève de Cap Canaveral emportant le satellite Explorer 1

Explorer-1, d’une masse de 13,9 kg se révèlera très utile pour les futurs vols habités puisqu'il découvrira les redoutables ceintures de radiation dites de Van Allen.

Le vendredi 31 janvier 1958 l'équipe de Wernher von Braun, retrouve le moral : elle a bien fait de choisir le camp américain plutôt que le camp soviétique en mai 1945 !…

D'autant plus que les Soviétiques vont très rapidement subir leur premier échec avec le lancement de Spoutnik 3. Le lundi 3 février 1958 les Soviétiques, certains de la fiabilité de leur technologie spatiale, invitent la presse internationale à assister au lancement de l'énorme satellite Spoutnik 3 (satellite en forme de cône, mesurant 3,57 m de hauteur), d'un poids de 1 327 kg !… Hélas pour eux, un des boosters tomba en panne et le lanceur s'écrasa 88 secondes après le lancement (après s'être élevé d'une douzaine de kilomètres)…. Furieux de cette humiliation publique, les Soviétiques retiendront la leçon et n'inviteront plus jamais la presse internationale à assister à un lancement. Ainsi, leurs prochains échecs resteront ignorés du grand public… Spoutnik 3 sera donc le premier et le seul échec officiel dans le lancement des objets partant vers l'espace.

Trois mois plus tard (le jeudi 15 mai 1958), le deuxième essai pour lancer Spoutnik 3 fut une réussite.

Entre temps, du côté américain, les mauvaises nouvelles s'accumulent pour l'US Navy et ses satellites Vanguard, et les échecs et des succès alternent pour l'équipe de von Braun :

* 5 février 1958 : échec pour l'US Navy !… Le satellite américain Vanguard-1B est détruit à Cap Canaveral dans l’explosion du lanceur Vanguard TV-3BU.

* 5 mars 1958 : échec pour l'équipe de von Braun. Le satellite américain Explorer-2 ne peut être placé sur orbite à la suite d’une défaillance du quatrième étage du lanceur Jupiter C.

* 17 mars 1958 : succès (enfin !!!…) pour l'US Navy. Le satellite américain Vanguard-1C est placé sur orbite par un lanceur Vanguard TV-4.

* 26 mars 1958 : succès pour l'équipe de von Braun. Le satellite américain Explorer-3 est placé sur orbite par un lanceur Jupiter C.

* 28 avril 1958 : nouvel échec pour l'US Navy !… Le satellite américain Vanguard-2A ne peut être placé sur orbite à la suite de la défaillance du troisième étage du lanceur Vanguard TV5.

* 27 mai 1958 : nouvel échec pour l'US Navy !… Le satellite américain Vanguard-2B ne peut être placé sur orbite à la suite de la défaillance de son lanceur Vanguard SLV-1.

* 26 juin 1958 : nouvel échec pour l'US Navy !… Le satellite américain Vanguard-2C ne peut être placé sur orbite à la suite de la défaillance de son lanceur Vanguard SLV-2.

* 26 juillet 1958 : succès pour l'équipe de von Braun. Le satellite américain Explorer-4 est placé sur orbite par un lanceur Jupiter C.

Si j'insiste autant sur ces échecs, c'est qu'à long terme ils seront très formateurs pour les vols habités de la NASA. Lors des vols humains, Mercury, puis Gemini, et enfin Apollo, la NASA fera toujours projeter aux journalistes étrangers lorsqu'ils arriveront à Cap Canaveral un documentaire d'une dizaine de minutes leur montrant, en insistant très lourdement, toutes ces images d'explosion de fusées, et qui se terminait par ce bandeau "Voilà pourquoi aujourd'hui nous savons comment envoyer des fusées dans l'espace !…".

Les années 1958 à 1966 furent dans l'ensemble très favorables pour la conquête de l'espace : sondes spatiales lunaires et interplanétaires (Lunik 1, Lunik 2 et Lunik 3 sont restées mémorables), voyages humains habités d'abord autour de la Terre, puis vers la Lune, satellites de télécommunications (Telstar, Early Bird).

L'année 1967 fut en revanche une douche froide pour les deux nations spatiales :

* 27 janvier 1967 : la cabine Apollo 1 prend feu et ses trois occupants (Virgil Grissom, Edward White, et Roger Chaffee) périssent carbonisés…

* 24 avril 1967 : Wladimir Komarov se tue lors de l'atterrissage de Soyouz 1, à cause du mauvais fonctionnement de ses parachutes…

Ces deux accidents dramatiques ont réveillé le monde entier qui s'était habitué aux succès ininterrompus des vols spatiaux. L'envoi d'êtres humains dans l'espace était, est, et restera une entreprise à très hauts risques !…

Pour moi, la mission spatiale la plus extraordinaire, fut le vol Apollo 8, du 21 au 27 décembre 1968. Aujourd'hui, à cause du "petit pas pour un homme" de Neil Armstrong le 21 juillet 1969, on l'a pratiquement oublié, mais c'était le vol le plus risqué et le plus extraordinaire de toute la conquête spatiale, il permettait à ces trois astronautes de réaliser le rêve de Jules Verne : aller (et revenir !…) de la Terre à la Lune !...

Ce vol Apollo 8, un des derniers grands triomphes de l'équipe de Wernher von Braun, mériterait d'être raconté spécialement.

Roger le Cantalien.

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Apollo8, ah Apollo8, c'est de l'histoire avec un grand H et pourtant si proche dans le temps et...si loin de l'etat d'esprit actuel. Tu as raison d'en parler Roger.
Mon premier souvenir "spatial" c'est au RdV Gemini 6 et 7 que je le dois. J'etais assis dans un autobus avec mon pere et sur la premiere du quotidien local, Nice-Matin, s'affichait en enormes caracteres l'exploit acompagné d'une photo qui ocultait tous les autres evenements. Tout le monde etait fasciné. Je venais tout juste d'avoir cinq ans et ce n'est que plus tard que j'ai compris que cet evenement s'inserait dans une grande epopée qui soustendait literallement tout l'imaginaire de la société de l'epoque et nous fournissait de nouveaux types de heros.Ce qui je conçois est difficillement comprehensible de nos jours.
Mais le premier choc conscient collectif, lors de mes 8 ans, ce fut quand notre jeune instituteur remplaçant trouva utile de nous installer devant la monstrueuse tele noir et blanc de l'ecole( que beaucoup ne possedaient pas encore à la maison) pour suivre, à la place du cours habituel, et commenter le decollage de la monumentale Saturne 5 du premier vol vers la Lune, la premiere veritable croisiere interplanetaire habitée, le saut dans le vide, le vol Apollo 8. Terrible puissance, cascade de flamme, chute de la carapace de glace... brrrrrrr. Ca avait quand même une sacrée "gueule" ce truc avec une sono d'enfer . Nous n'avons pas tardé à passer notre temps à construire des maquettes d'engins spatiaux ( Ah la Saturne 5 Revell au 1/90° qui flirtait le plafond de la chambre) à collectionner des vignettes de la "conquete" spatiale avec les photos des exploits de nos idoles

à decouvrir dans le Journal Pilote ou Spirou les dépliants des vols Apollo qu'on s'arrachait pour en faire des posters dans nos chambres,
et à bien bosser pour etre "astronaute", ce nouveau metier si prometteur. La suite vous la connaissez... et maintenant alors que l'ISS croupit en orbite terrestre, quarante ans après, je voyage avec mon telescope à des millions d'années lumiere de là porté "par les epaules des geants" pour reprendre l'expression de Harrison Schmitt (Apollo 17)

[Ce message a été modifié par Bernard Augier (Édité le 04-10-2007).]

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Ben ouais, les anciens, ça ne nous rajeunit pas...
Rappelez-vous ... à cette époque on disait : Mars en 1980, visite de Saturne ensuite... les E.T. n'avaient plus qu'à bien se tenir..
pfff !!! regardez ce qu'ils ont fait : z'ont virer Pluton de la cartographie... et pis, c'est tout !
Ah, non, j'oubliais : z'envoient des petites jeep modèle Dinky-toy sur mars pour faire des photos !! des gamins !!
Ah là là, ça avait quand même une autre gueule à cette époque !

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Merci Bernard !
Tu me fais plaisir en montrant le "Pilotorama" (ou Piloterama ?) de la Saturn V que je conserve précieusement et que j'ai pu ressortir pour montrer à mes enfants ce que c'était l'époque héroïque de l'aventure spatiale. J'en ai aussi quelques autres dont un avec vue éclatée du lanceur Vostok, du LM et un autre sur le Space Port de Merritt Island. Et dire qu'ils ont osé ferrailler les trois LUT, soit dit en passant ! A partir d'Apollo-8, j'ai commencé à récupérer articles, photos & bouquins d'astronautique mais je me suis calmé depuis ! l'hebdo disparu "Record" (qui s'en souvient ?) publiait aussi pas mal d'article sur l'espace ... Nostalgie, nostalgie !

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N'empeche que j'aurais jamais cru à l'epoque, alors que j'observais avec une lunette de 60 en rêvant au(x ?) 115/900 du club, que je me baladerais ajourd'hui avec un 400 personnel transportable dans le coffre de ma voiture avec un ordinateur portable connecté GPRS par mon telephone cellulaire et sa Webcam ou son APN
L'espace tourne un peu en rond, mais "grace" ( pitié Serge...) à l'espace, notre quotidien d'astronome amateur s'est etoffé de maniere inimaginable.
Ce sont pas mes bouquins d'Astronautique qui ont le plus vieilli mais ceux d'astronomie qui en quelques dizaine d'années sont devenus des reliques Ne parlons pas des clichés

[Ce message a été modifié par Bernard Augier (Édité le 04-10-2007).]

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Salut Roger, salut à tous.

Sur le site de l'INA, dans les archives, on peut retrouver beaucoup d'images, telles que les actualités de l'époque.

Ici, un film surprenant d'une V2 lancée en 1950 au Nouveau Mexique, et équipée d'une caméra.
Des images qui décoiffaient à l'époque ! : http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=dossier_theme

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Bonsoir à tous,

eh oui Roger, Apollo 8... EXTRAORDINAIRE !

Moi, ce qui me fascine, c'est le rythme incroyable des tirs américains de l'époque. Quant aux soviétiques, ils tireront durant des décennies quasiment toutes les semaines...

Les temps ont changé.

A 50 ans de recul, le passé entre doucement dans l'histoire. Il est certain qu'outre les historiens, nos contemporains vont tirer des leçons de tout cela. La nouvelle donne fait que les américains et les russes ne sont plus les seuls à jouer.

Nous verrons bien où cela nous conduit, mais la croissance des activités humaines est régie par des cycles. La question est donc de savoir où nous en sommes sur la courbe du cycle actuel ?

Gilles

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A l'évocation de ces très hauts moments de l'astronautique, je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée toute particulière pour celui qui marquait de sa fougue exaltée les media, en nous faisait intensément vivre chacun des plus critiques instants des missions de l'époque, j'ai nommé : Albert Ducrocq

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Bonsoir Toutiet,

Il ne faut pas oublier non plus l'excellent journaliste scientifique de Radio-Luxembourg Lucien Barnier.

Roger.

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Jean-Pierre Chapel et l'inusable François de Closets. Leur voix etait immeditement associée à l'epopée Apollo pour moi.

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Sans oublier, l'excellent spécialiste du spatial US (entre autres) : Jacques Tiziou.
Le journaliste Michel Amphrol aussi (pas sà»r de l'orthographe) qui nous faisait vivre fièvreusement les comptes à  rebours, plus récemment ...

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Pour ceux qui ne connaissent pas, il existe une série de 4 DVD retraçant cette épopée Apollo : http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=15896

Perso, j'ai apprécié, notamment l'épisode 5 "spider" qui décrit la genèse du LEM.

Sinon, ce qui m'a beaucoup marqué, ce sont les magnifiques maquettes qu'utilisait Jean-Pierre Chapel lors des ses explications à la télé. Un peu pataud (je crois me souvenir qu'à plusieurs occasions, elles lui ont échappées des mains ), mais sa prestation était généralement très claire et captivante...

Je me demande ce que sont devenues ces maquettes .. ? (sans doute rangées dans quelques placards avec les journalistes "non-conformes" de l'époque ...)

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