Bruno-

Tests de matériel

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J'ai loupé une discussion très intéressante la semaine dernière sur les tests de matériel, et beaucoup de choses ont été dites. Je voulais quand même ajouter quelque chose.

Je suis moi aussi d'accord pour des tests effectués par des amateurs. Je pense que le modèle est ceux réalisés par Scopereviews, dont il faut s'inspirer : un amateur chevronné emprunte le matériel de ses copains et le compare avec des instruments étalons qu'il connaît bien. Un test comparatif me paraît indispensable. Pas pour comparer telle marque avec telle autres (un test "Meade vs Celestron" n'est pas très intéressant - voir un récent Astro Magazine...) mais bien dans l'idée que l'un des deux instruments est un étalon, et il servira pour d'autres tests.

Autre chose : j'aimerais bien que l'astronomie l'emporte sur l'optique dans les critères. Par exemple je préfère qu'on me dise que l'instrument atteint le pouvoir séparateut de 0.8" plutôt qu'on m'informe qu'il a tel rapport de Strehl. Ou bien que le suivi en longue pose a été possible à condition de réaliser un rattrappage toutes les 10 secondes en moyenne, plutôt que de me donner la valeur de l'erreur périodique (l'idéal est évidemment d'avoir les deux infos).

Voici par exemple un type de test que j'aurais aimé lire avant d'acheter mon Dobson Kepler 200 mm :

- Télescope de comparaison : un C8 typique (c'est l'étalon, il servira pour comparer avec d'autre matériel de ce type).

- Premier test : star-test. On compare avec celui du C8 étalon.

- Deuxième test : le pouvoir séparateur sur les étoiles. Qu'importe la turbulence, puisque l'étalon en sera affecté aussi et, si j'ai bien compris, quelle que soit la turbulence, c'est l'instrument ayant la meilleure optique qui l'emportera. Le testeur essaie de séparer des couples de plus en plus serrés et décrit précisemment ce qu'il voit. Une conclusion pourrait être : "même pouvoir séparateur, mais la séparation est plus facile dans un C8 grâce au suivi et à la possibilité d'employer de plus forts grossissements ; en outre les couleurs sont plus contrastées dans tel instrument".

- Troisième test : planétaire. La qualité de la division de Cassini est un bon test à mon avis : est-elle nette, sur tout l'anneau ? Par ailleurs voit-on l'anneau de crêpe ? Si la turbulence est médiocre, elle l'est aussi pour le C8 étalon, mais il est néanmoins intéressant d'effectuer une comparaison : on saura ce que vaut le Kepler par rapport à un C8 moyen sous un ciel courant, voilà tout. Bref, on pourrait lire par exemple "la division de Cassini est un poil plus nette dans le C8, surtout devant le disque, mais les couleurs semblent plus naturelles avec le Kepler" (je dis n'importe quoi, c'est pour donner une idée...)

- Quatrième test : magnitude limite des étoiles. Facile : on pointe une "selected area", la même pour les deux instruments, avec d'abord les oculaires de base fournis (car la plupart des acheteurs utiliseront ces oculaires là, du moins au début), puis on fait le test avec les mêmes oculaires de chaque côté (pour tester le tube optique et non l'offre complète), et on note la magnitude limite atteinte. Même si le ciel est médiocre, dans la mesure où il y a une comparaison avec le C8 étalon, on aura une conclusion intéressante à fournir.

- Cinquième test : idem avec des objets du ciel profond. Par exemple, sous un bon ciel, on va essayer de compter les galaxies du Quintet de Stephan. Conclusion possible : "trois galaxies extrêmement faibles au C8, une seule au Kepler, ce qui correspond à une perte de 0.5 magnitude environ" (ça ressemble un peu à mon expérience).

- Sixième test : aspect des objets du ciel profond. Là c'est plus subjectif, mais on va comparer un bel objet de chaque type : un amas ouvert (M35 + NGC 2158 par exemple), un amas globulaire (M13), une nébuleuse (M42), une galaxie (M31). Il s'agit de décrire les détails et de voir la différence. Par exemple, voit-on bien les deux bandes d'absorption de M31 avec les deux instruments ? Est-ce que le "golfe" de M42 est bien découpé ? Voit-on bien les couleurs de M42 ? Là encore, il faut essayer avec les oculaires livrés avec le télescope, puis tester avec les mêmes oculaires dans les deux cas.

Voilà pour donner une idée. Dans ce type de test, on ne se contente pas de donner des critères optiques ou mécaniques (lambda/8, erreur périodique de 10", ou je-ne-sais-quoi...)

Le jour où on test un Clavius, eh bien l'étalon sera une lunette Takahashi 128 (et j'ai l'impression que beaucoup de personnes aimeraient savoir ce que donnerait une telle comparaison...) Si on test un 115/900 chinois, on peut très bien le comparer avec une lunette 100/1000 comme étalon. Je trouve même que c'est d'autant plus instructif que l'étalon est différent du télescope testé (pas trop bien-sûr !) Mais l'idée est que le télescope étalon n'a pas besoin d'être du haut de gamme si le télescope testé ne l'est pas.

Ce type de test doit donc m'apprendre par exemple :
- si on peut faire du suivi longue pose avec une EQ-6 (ce n'est pas en mesurant l'erreur périodique qu'on répondra à la question) ;
- si on peut observer quelque chose sur les planètes, et quoi, avec une lunette 120/600 ;
- est-ce que les oculaires chinois (ou taïwanais) sont corrects (l'étalon sera non pas des Pentax mais des Celestron ou des Meade par exemple) ?
- puis-je faire de la photo en parallèle avec ce 115/900 ?

Oui, ça me fait penser, un truc indispensable : tester l'instrument sous TOUS les aspects de l'observation qu'il est susceptible d'offrir. Donc sur un 115/900, on DOIT essayer la photo en parallèle. Même s'il est azimutal ? Oui, aussi, car même si ce n'est pas possible, autant le signaler.

Sinon, je me fous complètement de savoir comment se présente le carton d'emballage. Je sais, ça va sans dire, mais une certaine revue a tendance à s'apesantir là-dessus... (sauf bien-sûr s'il y avait un gros problème à signaler, du type "livré sans carton" ou "carton tellement grand qu'il ne passe pas par la porte d'entrée", ou "attention le carton est radioactif"...)

Des tests qui seraient faits dans cette optique, ça m'intéresserait vraiment vraiment beaucoup beaucoup !

[Ce message a été modifié par Bruno Salque (Édité le 03-11-2002).]

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Le test des instruments est un sujet important et qui doit pouvoir devenir un "plus" d'Astrosurf Magazine.

Plusieurs de tes remarques sont très judicieuses.

Je pense qu'un premier objectif doit être de définir un "protocole de test idéal" pour les instruments. Dans la pratique, il ne sera pas toujours possible de dérouler le "protocole idéal", mais nous essayerons de le faire.

J'ai d'ailleurs prévu qu'un article sur ce thème soit publié dans le premier numéro d'Astrosurf Magazine.

J'invite tous ceux qui ont des idées à les soumettre, nous en ferons une synthèse.

------------------
Jean-Phlippe CAZARD
webmaster@astrosurf.com


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