maire

CROA astronomie et éclipse au NIGER

Messages recommandés

A mon tour de vous raconter notre voyage au Niger à l'aide de l'agence de voyage spécialisé dans les voyages de la connaissance Terra Incognita. Je suis l'accompagnateur d'un petit groupe de 8 personnes. A Roissy je récupère 7 passagers... le 8ième ayant validé sa carte d'embarquement, il s'intégrera au groupe à Agadez, destination du vol.
Poids de ma valise: 27kg!! Avec la monture Mizar AR et le trépied : excédent de poids de plus de 7 kg... mais visiblement le climat est à la tolérance lorsque je commence à discuter que c'est du matériel d'astronomie... ouf ça passe. Mais le problème c'est le tube 150 F/3,5... Même si ce dernier est court, finalement avec le rembourrage il s'avère trop volumineux pour le bagage à main et puis je suis à 6Kg en plus!!... Une passagère de mon groupe se propose gentiment de me passer le bagage mais en soute... Aïe! Je crains le pire... quelques étiquettes fragiles et voilà le télescope dans la soute de l'Airbus A321 tout neuf!
Ensuite je passe le matériel photo et les oculaires Pentax en bagage à main... et voilà. Cela fait 16 ans que je n'étais pas retourné au Niger, pays que je connais ma fois assez bien. Fait rare, le survol du Sahara s'effectue avec une visibilité exceptionnelle. Les Chotts, les Oasis, le Hoggar, la mine d'Uranium d'Arlit puis le massif de l'Aïr se dévoile avec une précision étonnante. Je retrouve dans l'avion d'autres accompagnateurs astro de Terra Incognita, c'est la franche rigolade voire euphorisante...
Atterrissage à l'Aéroport Mano Dayak du nom d'un éminent chef Touareg disparu en 1995 dans des conditions tragiques. Il y a 6 groupes Terra Incognita mais également d'autres. Des gros véhicules 4x4 déjà pré-chargés nous attendent en rang d'oignon!! Je fais connaissance avec Liman le guide touareg de Tidène expédition, les chauffeurs et le cuisinier. Nous devons au terme d’un périple de quelques jours au travers du désert du Ténéré rejoindre l’oasis de Bilma situé dans la bande de centralité de l’éclipse. Après une petit repas, nous prenons la route vers les falaises de Tiguidit. Contrôle de gendarmerie à la sortie de la ville, quelques palabres et la feuille de route est OK. Nous apercevons au nord les contreforts de l’Aïr. La visibilité est décidément excellente. Le soir venu, je monte le télescope... Réglage des contrepoids rempli avec du sable du désert ! Bricolage indispensable sinon je devais passer dans mes bagages encore les deux contrepoids de 3kg chacun... Mise en station, nous sommes au sud d’Agadez c'est-à-dire à 17° de latitude nord... Donc pour ce faire, j’avais pratiqué préalablement une encoche dans l’ergot de buté de la monture équatoriale Tout fonctionne bien ! J’observe un peu... je pointe l'Epi (Spica) de la Vierge pour essayer et ensuite je scrute les constellations de l’hémisphère sud aux jumelles. Rhahhhh.... Oméga du Centaure, facilement repérable s’impose d’emblé. J’ai succombé momentanément aux charmes du laser vert (ben oui... heureusement ici en plein désert peu d’avions et pas de rassemblement astro...) aimablement prêté par Fabrice pour montrer les constellations lors des veillées aux étoiles autour du feu. Un Touareg d’un autre groupe, je l’ai su après, a utilisé à ce propos une métaphore d’une grande acuité : « le pique-étoiles »
Au télescope, Oméga du centaure est énorme à 53x avec le pentax XW 10mm. Il occupe une grosse part du champ. L’aspect granuleux apparaît, il est très dense. Je me dis qu’il faudrait revenir avec un plus grand diamètre pour mieux séparer quelques étoiles... En tout cas, je ne me lasse pas de le regarder aussi bien au télescope qu’aux jumelles. Un des membres du groupe à des 7x50 qui se prête bien aux observations de grand champ. Je démonte, je décide de me réserver pour demain. Après une nuit sous une voûte étoilée d’une pureté incroyable... (L’aspect de la voie lactée dans le Sagittaire est tout simplement impressionnant, on dirait des nuages !) Le nord du Niger comme lieu d'exception pour l'astronomie... en plus la turbulence y est vraissemblablement d'un niveau assez faible comme j'ai pu le constater. Toutefois il faut souvent attentre la dissipation de la restitution de chaleur de la journée, une heure tout au plus. Nous décidons de monter sur les contreforts Est du massif de l’Aïr. Ici, se mélange paysage minéral et dune à proximité des reliefs (Cirque d'Arakao). Le lendemain, on exige l’observation de Saturne !!! Maintenant que je suis rodé à la latitude du lieu, j’entreprends une collimation aux petits oignons ce qui est obligatoire pour un télescope aussi ouvert : F/3,5! L’absence de turbulence et la stabilité du ciel sont étonnantes. Certains sont émus de voir Saturne aussi belle, les bandes, l’ombre du globe sur les anneau, la division de Cassini bien ciselé... au Pentax XW 3,5mm. Jupiter dans la Balance est facilement observable sans turbulence vu la latitude également ! Quelqu’un s’interroge : comment se fait-il que dans ce 150 je vois mieux que dans mon SC de 300 ?... Beaucoup de choses... la collimation, la qualité des miroir, les oculaires... Je passe les détails de la discussion... M51 : des observateurs sans expériences en distinguent parfaitement les bras ! De même je repère facilement les bras de M100 dans la Vierge ! ... dans un 150, c’est bluffant. Le fond du ciel est d'une noireceur surprenante! Nous poursuivons avec à nouveau Oméga du centaure. Puis, la très brillante galaxie NGC5128, une puissante radiosource, qui montre des nodosités et la fameuse bande sombre qui la traverse. Mais vu la qualité du ciel, l’observation de la nébuleuse Eta Carinae ne pose pas de problème. C’est de toute beauté. C’est la première fois que je vois cet objet au télescope en visuel. Le ciel est assez émouvant vert minuit : au nord la Polaire est à 15° au dessus de l’horizon alors qu’au sud la Croix du Sud se lève majestueusement... Et plein sud, le Scorpion trône à bonne hauteur : M4 est superbe avec beaucoup d’étoiles bien résolues. Deux heures du matin... Nous décidons de dormir un peu. Mais à 4h je ne dors pas vraiment... j’ouvre les yeux... le Sagittaire est là... à pleurer tellement c’est beau. Comme une théière avec du thé bien chaud matérialisé par les volutes de vapeur d'eau... la voie lactée... C’est vraiment extraordinaire ce ciel loin de tout lampadaires… Je me rue sur le télescope pour observer les habituels M22, M8, M20, M11, M17... Inutile de préciser mon état au petit matin... Traversée du Ténéré est ensuite entreprise... soit près de 600 Kms de dune pour rejoindre Bilma. A noter la présence d’André Brahic dans un des groupes. Les Touaregs utilisent pour s’orienter un système bien particulier : le TPS (Touareg Positioning System) !!! C’est autre chose que l’homo-occidentalus avec son GPS à la con... à mon sens contraire à l’esprit d’un tel voyage presque initiatique. Je n’avais donc volontairement pas cherché à emmener de GPS... Je m'amuse de voir les réactions de mon groupe admiratif dela capacités emblématiques des Touareg à s'orienter... Entre autres les effets du vent de nord-est dominant sur les dunes, les déjections de chameaux à certain endroit des pistes cavaranières, l’orientation du soleil suffisent à maintenir un cap très précis entre les cordons de dune... Certains, muni donc de GPS avec moultes batteries de rechanges (et même un chargeur solaire ... très pratique je dois concéder...) ont été très surpris de la précision de la route suivie... Bivouac en plein désert... Et là, le ciel pur, limpide sur 360°... c’est écrasant de beauté ! Le landemain catastrophe... un embrayage d’un des 4x4 a lâché ! Et bien les chauffeurs se sont transformés en mécano hors pair... Pose, dépose d’une boîte de vitesse et remplacement d’un disque d’embrayage d’un Land Cruiser avec 2 crics seulement et la force d’hommes déterminés en moins de 3h30... et au beau milieu des dunes ! Nous sommes le 27 mars... Personnes n'a rien dit mais je sens bien que chacun pense à l'éclipse... Nous bivouaquons avant de rejoindre le site de l’éclipse dans le Kaouar près de l’Oasis de Bilma. Nous sommes ici sur le territoire des Kanouris et des Toubous. Ces derniers habitent également le massif du Tibesti au Tchad à quelques 250 kms de là à vol d'oiseau mais dont l'accès est interdit aux voyageurs depuis le Niger. Nous décidons de nous installer sur un des contreforts des falaises pour espérer voir arriver l’ombre de la lune. Bivouac. J’installe le télescope pour une mise un station précise... vers 4 heures du matin une brume un peu poussiéreuse comme il en existe parfois dans ces zones nous entoure. Horreur! Les étoiles visibles en soirée ont toutes disparues! Cela m’inquiète un peu mais je vois Jupiter au travers... je me rendors gagné par le someil. Au petit jour la brume se lève à peine et nous embaume dans une sorte de coton surréaliste... Certes un trou de bleu est au dessus de nous. Nous avons bien fait de nous mettre en hauteur... même si le soleil est visible de la plaine. Premier contact ! Des clameurs émanent des chauffeurs tous équipés de lunettes ou viseclipse... Liman le guide touareg ne me lâche pas d’une semelle, il est un peu inquiet du phénomène et cherche quelque part à se rassurer. Un fin croisant de soleil trône presque au Zenith. La lumière s’est affaiblie. Puis c’est l’obscurcissement étrangement progressif par rapport à l’Alsace en 1999. La perception de l’ombre de la lune est impossible, cela est du sans doute au lissage des contrastes opéré par la faible brume ambiante mélangée à de la toute fine poussière de sable.. Totalité. La falaise prends des tons rouge-ocres... Je prends quelques photos diapos au Velvia 50 en afocal sur le Pentax 10mm (dommage que le développeur -bien connus dans les galeries commerciales que je ne nommerai pas- m’a dégradé les copies numériques... je vais devoir faire appel à un scanner à diapo d’un ami). Je montre les protubérances visibles à l’oculaire à Liman. Il n’a jamais vu cela de sa vie... Toutefois, il se souvient de l’éclipse de 1973 qui a eu lieu au nord du Niger. Il espère que cela sera annociateur de pluie... indispensable et vitale dans ce pays.
L’ambiance est profondément émouvante... plus loin clameurs au sommet de la falaise où le reste de mon groupe a pris ses quartiers...
Là je fatigue je vous raconterais la suite peut-être demain...

Photo d'ambiance:
A gauche Liman notre guide touareg et Boubacar le chauffeur à la recherche du premier contact.

[Ce message a été modifié par maire (Édité le 04-04-2006).]

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Merci. J'ai déjà un peu complété le texte!

[Ce message a été modifié par maire (Édité le 04-04-2006).]

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Il n'y a pas à tortiller: un CROA pareil, ça s'appelle un chef-d'oeuvre qu'il faut encadrer et conserver précieusement. Merci et vivement la suite!

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
L'obscurcissement doux a précédé l'apparition des grains de Bailly... puis la couronne imposante n'en fini pas de me surprendre. Les protubérances très rouges... surprenant. Vénus est là, je n'ai même pas pris la peine de chercher Mercure mais certains l'ont vu... Je n'arrive pas à faire des photos... Trop d'émotion même si j'ai grillé de la pellicule avec des vitesses manuelles sans réfléchir... je ne pouvais pas. Il y a un défaut de MAP léger sur les photos enfin on verra bien sur la nouvelle numérisation...

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
La suite Eric!
Bonjour le petit coup de stress, que de voir partir le tube du 150 en soute...
Et celui de la brume, alors que la veille il faisait si beau. Dommage qu’elle ne se soit pas levée. Ah le ciel nocturne du Sud que tu nous décris, ça donne sacrément envie d’y retourner, et sur le champ!
Et quelle joie, je l’ai aussi ressentie, d’avoir pu faire partager à ton guide Liman l’image des protus à l’oculaire. Partager des sensations intenses comme ça, c’est des moments forts.

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Sympa ce CROA...

J'etais de l'autre cote de la zone interdite du Tibesti, en Libye, avec a peu pres le meme type d'infrastructure, ambiance et magie du desert... Pas vraiment de brume ( a part sur 3-4 degres a l'horizon qui empechait de vraiment voir le rayon vert), mais ce vent parfois genant emportant un sable fin partout (et sans doute mauvais pour nos optiques et electroniques) au point certains soirs d'en avoir entre les dents des qu'on parlait un peu trop...

Sinon, bivouac dans le desert avec la voie lactee pour seul toit, les pointes a 130km/h dans les dunes de sable et la ruee type "Paris-Dakar" de centaines de caravanes de 5-10 4x4 vers le lieu de l'Eclipse au sud du Waw Namous le 28 mars. Sur-realiste cette invasion du desert...

La croix du Sud emergeait juste de l'horizon (on etait a 25-26 degres Nord) au milieu de la nuit, mais c'etait un des but chaque nuit de la voir entierement a l'oeil nu. L'instrumentation etait limitee a un 115/900 mon MTO 100/1000 converti en telescope, jumelles,...

Mais c'etait deja bien pour faire decouvrir le ciel aux neophytes du groupe... j'en ai profite aussi pour regarder 73P-C et Pojmanski au MTO100mmx33... a peine plus faibles qu'au T407mm ce matin a 50km de Paris...

Avant et apres l'eclipse on s'est aussi amuse a chercher la Lune et Venus en plein jour. En tous cas, grace a l'eclipse, on aura vu la Lune tous les jours, le matin au debut et le soir a la fin. Venus etait eclatante pendant la totalite, et j'ai eu juste le temps d'apercevoir Mercure. Un du groupe a vu aussi Fomalhaut qui etait dans les parages...

Nous etions 18 (la majorite venait de l'Observatoire de la Cote d'Azur) plus 11 chauffeurs/guide/cuisiniers...
Avec les peripeties habituelles: essieu demonte/remonte en plein desert en 1/2h pour un probleme, pneu creve sur la route pour le retour a l'aeroport 1/2h avant le checking et change en 5min... le groupe qui se coupe en deux et se perdent de vue dans le desert a 50km de distance la veille de l'eclipse... on se retrouvera 1h20 avant le premier contact... les peripeties qui font le charme de ce voyage.

Nicolas

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Oui Nicolas pas mal de dégats sur le matériel en fait...
Je viens de finir le lavage à l'eau clair des Pentax XW!!! car le sable a été partout. Car auparravant un crrrrrr très désagréable se faisait sentir au réglage de la bonnette... La dépose des miroirs et leur lavage du même tonneau du 150 (optique Bonnin donc à chouchouter tout de même!) est au programme. La monture équatoriale pas trop grave mais on sens bien que la mécanique a bouffé du sable... (Comme moi d'ailleurs parfois... 70kms de vent dans le Ténéré pour commençer l'installation d'un bivouac, c'est assez dantesque...) Donc démontage intégrale quand j'aurais le temps... heureusement il me reste le dobson 300
Nicolas, des pointes à 130 c'était l'enfer non?
j'avais emmener un anémomètre et il me fut très utile. Toutefois le vents faobles mais quelque peu tourbillonant au moment de l'éclipse ne m'a pas permis de mesurer le fameux "vent de l'éclipse" ressenti lors de certaines eclipses totales.

[Ce message a été modifié par maire (Édité le 04-04-2006).]

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Merci Eric pour ce magnifique CROA qui donne envie d'aller voir un beau ciel! Je retiens le fait suivant: on peut voir les bras de M51 dans un 150mm sous un excellent ciel! C'est ça qui me bluffe le plus...

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Merci, merci pour cette tranche de pure plaisir.

Mais le sable, voilà l'ennemi.
Comment protéger ses optiques, son appareil photo et ses optiques ? Si tu devais le refaire qu'est-ce que tu ferais ?

jeanlg

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
ouais merci pour ce beau croa, ahh si seulement on pouvait avoir un ciel comme ça chez nous, ça doit être le pied absolu !!
@+, Thierry

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Déja, il ne faut pas observer en présence d'un fort vent... je l'ai fait quand même... La solution c'est les sachets de congélations refermables pour les optiques (genre Ziploc). Cela marche pas mal et cela permet de bien protéger certaine pièce si on se conforme à un rangement rigoureux après chaque manipulation.

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Ah les salauds !!! J'en suis vert de jalousie ! Merci, merci Eric de nous faire partager cette aventure exceptionnelle.
A propos, excellente expression, le "pique-étoiles"... à retenir.

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
A noter nous étions en mars... alors que la période idéale pour avoir des ciels sans brumes et de micro particule de sable en suspension, c'est plutôt en plein hiver. J'ai d'aileurs dans l'idée un projet d'observation dans l'Aïr au nord d'Agadez et en altitude ... à voir.

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Salut,
Trés chouette compte rendu !
Nous les p'tits gars de Terre d4Aventure étions pas loin dans le grand erg de Bilma au su ouest du massif du Kawar.

Nous avons eu le même stress lorsque les étoiles se sont éteinte la veille vers minuit.

La brume est restée un peu malgré tout et je pense que nos photos ne permettront pas de sortir ne couronne géante.

Le spectacle par contre était magique !


cordialement
Bruno

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant