Benj Poup

[CROA] Rentrée sous les étoiles à l'observatoire de Beine Nauroy

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C'est la rentrée sous les étoiles ! En guise de salle de classe, je m'offre une place au premier rang sous la coupole de l'observatoire de Beine Nauroy, et en guise de tableau noir, un ciel ... pas noir, mais plutôt laiteux. La faute à une Lune bien gibbeuse - on est à 48h de la Pleine Lune - qui vient éclairer un ciel bien terne.

Compte-tenu des conditions plutôt moyennes, j'opte pour un programme totalement improvisé, à base d'étoiles doubles et de planètes lointaines, en l'ocurrence, Uranus et Neptune, seules planètes observables ce soir.

Je commence par l'initialisation du télescope, me promenant entre Altair et un amas ouvert rendu invisible par la clarté du ciel. Un allez-retour entre Altaïr et Albiéro me confirme que le télescope est correctement orienté, et le pointage ne posera aucun problème durant toute cette soirée.

Le ciel est digne de celui que l'on pourrait trouver en plein centre-ville. Albiréo est visible à l'oeil nu, mais sans éclat. Les 410mm du télescope lui redonnent heureusement un peu de vie ! Un vrai boulevard sépare les deux composantes dorées et bleutées. Peut-on rêver meilleur départ?

Je file sur M 27, espérant me prendre une bonne claque, mais là encore, le fond de ciel est à l'ouvrage. La nébuleuse s'y noie littéralement, et perd toute sa pêche et son contraste. Il manque un bon ciel et un bon filtre à ce premier regard sur le ciel profond.

Je poursuis avec M 71, toujours bien calé dans son joli fond d'étoiles au milieu de la voie lactée. Une 20aine d'étoiles sont résolues autour d'un noyau brillant. Une vision sympathique.

Je file ensuite sur NGC 6905, une nébuleuse planétaire qui mériterait mieux que le ciel de ce soir. Facile à repérer à côté d'une petite étoile, elle dessine une tache floue facile, que mon premier regard m'a fait prendre pour un anneau de fumée. On dirait une M 57 en version "light".

NGC 6891 est une nébuleuse planétaire d'un tout autre genre. Beaucoup plus petite que la précédente, elle ferait plutôt penser, au premier regard, à une étoile légèrement défocalisée. Son effacement en vision direct ne laisse que peu de doute à son caractère de nébuleuse planétaire.

Je disais, plus haut que le pointage ne posait aucun problème. Parfois, il réserve quelques surprises étonnantes : la raquette de commande m'annonce Gamma du Dauphin comme étant située sous l'horizon... Surprenant, compte-tenu de sa position bien méridienne... Un mauvais paramètre de la raquette, peut-être ? Peut-être. Il n'en reste pas moins que Gamma du Dauphin est belle et bien visible, avec une belle couleur jaune pâle pour la composante principale, et blanc bleutée pour sa voisine. Très joli couple stellaire !

J'attaque mon programme de doubles moins connues, et me voilà dans la Flèche, face à STF 2504, une double dont les composantes affichent respectivement une magnitude de 7 et de 9, séparées de 8". Aucune couleur n'est visible à faible grossissement, mais en défocalisant à plus fort grossissement, la principale paraît blanc-bleutée, et sa voisine rouge-orange. Joli aussi.

Dans l'Aigle, je m'arrête sur STF 2404, plus serrée que la précédente. Les deux étoiles sont données avec des magnitudes de l'ordre de 7 et 8, et présentent une jolie couleur dorée. Encore une à garder pour plus tard.

Avec STF 2415 et ses 2" de séparation, on commence à attaquer les choses sérieuses, et à prendre en défaut le télescope, dont la collimation n'a pas été refaite. Est-ce un défaut de l'optique ou bien une étoile double que j'observe? Impossible d'être catégorique.

A suivre, STF 2445, dans le Petit Renard. Dans ma liste de double, beaucoup se ressemble - au moins sur le papier - et on rencontre souvent des étoiles de magnitude 7-8, séparées d'une dizaine de secondes d'arc. STF 2445 appartient à cette grande famille, et m'incite à chercher des curiosités un peu plus éclatantes. En clair, STF 2445 ne restera pas dans ma mémoire !

Ma cible suivante est plus intéressante : 4 magnitudes séparent les deux composantes de Dzeta de la flèche, connue sous le nom très poétique de STF 2585. Les deux étoiles affichent respectivement 5 et 9 de magnitude, pour une séparation de 8". Facile et impressionnante, et à tenter dans de plus petits instruments.

L'observation de STF 2586 est compliquée par une séparation assez faible, mise à mal par la non-collimation du télescope, et ce malgré le bel écart de magnitude.

Je remonte petit à petit vers le Cygne puis bifurque droit sur Pégase, en direction de NGC 7006, un amas globulaire discret, qui apparait ici comme une tache floue, avec une condensation centrale assez marquée, et un halo dont on imagine qu'il puisse être résolu sous un beau ciel.

En comparaison, M 15 est beaucoup plus intéressant ! Plus grand, plus lumineux, et résolu en vision directe, il m'offre l'occasion d'une expérience visuelle inédite : en fixant le regard, en essayant de ne pas quitter l'amas des yeux pour accumuler sa lumière, des dizaines d'étoiles semblent apparaitre les unes après les autres, et l'amas s'élargit démesurément. J'imagine la vision que procurerait M 15 sous un ciel de bonne qualité !

Je quitte les merveilles du ciel profond pour attaquer mon programme planétaire et file sur la planète Neptune. Et dès le premier coup d'oeil, aucun doute n'est possible. Malgré sa petite taille, Neptune ne peut pas être confondue avec une étoile. Il s'agit bel et bien d'un disque, et non d'un point. Un disque minuscule qui se situe à une distance extraordinairement fabuleuse, c'est vrai. Une distance qui ne veut rien dire pour le commun des mortels, mais qui, finalement, est une distance moins extraordinairement fabuleuse que celle des étoiles observées pendant cette soirée. Neptune, désormais planète la plus lointaine de notre système solaire, marque ainsi la limite de l'à peu près concevable, en terme de taille et de distance. Ma petite expérience mystique du jour.

Uranus, pour sa part, joue aux étoiles doubles. A côté d'elle se trouve en effet une étoile de magnitude 9 (j'avais pour ma part noté "très brillante", croyant me rappeler qu'elle devait en croiser une à cette époque...). Uranus est là encore un bel objet, avec un vrai diamètre apparent, avec un contour bien net, que l'on ne peut confondre avec rien d'autre. J'ai par contre du mal à noter une franche différence de couleur entre les deux planètes, qu'elles semblent partager. Une couleur froide ...

Allez, la sonnerie de la fin de l'heure étoilée vient de retentir sous la coupole. Il est temps de ranger les oculaires et de fermer le télescope, avant de bûcher sur les prochains devoirs à rendre. Une éclipse partielle de Lune par exemple.

Benjamin

Dans les Etoiles - site web perso

[Ce message a été modifié par Benj Poup (Édité le 11-09-2006).]

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Monsieur Pouplier,

Je vous mets un 20/20 pour ce devoir de rentree, bien constancie

a + yann

[Ce message a �t� modifi� par yapo (�dit� le 12-09-2006).]

[Ce message a été modifié par yapo (Édité le 12-09-2006).]

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