Benj Poup

[Récit] Des géminides dans le brouillard

Messages recommandés

J'étais parti, jeudi soir, avec l'idée d'effacer de longues semaines de disette stellaire : hormis quelques coups d'oeil jetés négligemment sur le ciel ces derniers mois, mon journal de bord ne signalait aucune sortie digne de ce nom, mais plutôt une impatience grandissante.

Je guettais ce jeudi soir avec d'autant plus d'impatience que le temps s'annonçait beau depuis déjà plusieurs jours, que l'on approchait du maximum de l'essaim des Géminides, et que - bonheur suprême - le Soleil venait de nous envoyer une grosse bouffée de particules que l'on devait se ramasser en pleine figure le soir-même.

Du même coup, je pesais les "pour" et les "contre" l'idée d'aller m'enfermer sous la coupole de l'observatoire de Beine Nauroy. A l'abri du vent et du froid, ne risquais-je pas de passer à côté de brillants météores et des volutes électriques du Soleil? La présence d'un lotissement, au nord de l'observatoire risquait de toutes façons de compromettre la moindre observation d'aurore... D'un autre côté, je piaffais d'impatience à l'idée de tester la nouvelle motorisation du T410. La perspective d'entendre le ronronnement des nouveaux moteurs me plaisait plutôt. De fait, alors que je traversais la banlieue rémoise, j'hésitais, me demandant s'il fallait parier sur une sortie en pleine cambrousse ou une soirée tranquille, au presque-chaud. Mais les nappes de brouillard ont finalement décidé pour moi : arrivé à Beine Nauroy dans un épais coton, je longe l'observatoire sans même m'arrêter. Je poursuis ma route, espérant qu'en prenant de la hauteur, j'arriverai à revoir les étoiles.

Me voilà à errer dans un coin de campagne que je connais à peine, perché au-dessus de Reims. Je finis par trouver, pas loin de Berru, un bout de route où les nappes de brumes sont absentes. Et le ciel est superbe ! A peine sorti de la voiture, je suis accueilli par un bolide tranquille, qui passe entre Orion et le Taureau, finissant sa course un peu au-delà d'Aldébaran. J'avais peut-être oublié de vous dire : j'adore les Géminides ! Elles ont accompagné quelques-unes de mes plus belles soirées.

Seulement voilà : au lieu d'observer le ciel bien au chaud, l'oeil derrière le T410, me voilà adossé à la portière de ma voiture, en plein vent, à observer le ciel derrière mes jumelles... Mais le ciel est vraiment étincellant, et j'attaque une petite promenade du côté du Cocher. M 36, M 37 et M 38 rentrent presque dans le champ de mes jumelles, et cette perspective permet de mieux apprécier leur densité et leur différence de taille. M 37 et M 38, les plus remarquables, encadrent M 36, de dimension plus modeste. En me promenant dans cette région incroyablement riche en étoiles, je suis surpris de trouver également NGC 1893, un amas ouvert situé à proximité de M 36 et M 38. Moi qui pensais que seuls les Messiers les plus brillants (et quelques rares NGC) étaient visibles aux jumelles ! Du coup, je plonge vers Cassioppée, et retrouve sans difficulté NGC 663, un autre amas ouvert facile, situé entre Eta et Delta, les deux étoiles de la première branche du W de Cassiopée. Une carte des environs m'aurait certainement permis d'en retrouver quelques autres. J'ai également pu retrouver l'imposant M 35, et me suis régalé de la vision du gigantesque double-amas de Persée. Tout cela devrait me pousser à me préparer une petite liste d'objets à tenter aux jumelles, car il y en a plus que je ne l'imaginais.

Je prolongeais ma balade, et figurez-vous qu'il se passait quelque chose d'extraordinaire tout autour de moi : la Voie Lactée, visible discrètement au-dessus de ma tête en début d'observation, occupait maintenant tout mon champ de vision !

En fait non, c'était pas la Voie Lactée. C'était juste le brouillard qui venait d'envahir mon champ, et qui me disait :"bon, il est tard, il faut rentrer, maintenant...".

Benjamin - Dans les Etoiles

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
J'aime bcp ce genre de récit où l'on se raconte devant le ciel étoilé: il y a des émotions, du plaisir, et pas une énumération de tâches techniques fastidieuses concernant la mise en place et l'utilisation du matériel...
Belle soirée, Benjamin!
Jean

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Mon réçit ne sera pas aussi long mais c'est un instant en dehors du temps comme le chante Charlélie Couture.
Etant actuellement privé de télescope ce dernier étant devenu aveugle par l'absence de miroir secondaire, la faute au délai de réaluminure, mais bon laissons cela de coté on en a assez parlé.
Donc frustré de ciel d'hiver je n'ai pas raté l'occasion de me passer de télescope sans tellement y croire je ne pensais pas que les Géminides étaient autant actives, c'est donc jeudi soir, le 14 que je me suis installé dans mon jardin allongé sur un tapis de mousse avec bonnet et grosse doudoune.

A peine le temps de commencer à décoder l'hexagone d'hiver qu'une petite trace à peine perceptible et furtive traverse le pied de Pollux. Tiens je me dis que je ne suis pas venu pour rien.
C'est alors que j'ai continué mon périple à travers le Cocher, ce que j'aime c'est son petit triangle parfait, puis le Taureau , Orion avec sa rouge et sa bleue, sans oublier la petite Procyon.
Pendant ce temps des bolides j'en ai vu des magnifiques.
Je m'étais promis den voir au moins dix, mais après la neuvième une nappe de brume s'est étalée , "The End"
23h passé c'était l'heure d'aller me coucher demain je bosse

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant