Benj Poup

CROA d'hiver - épisode 1 - A Beine Nauroy avec 50 collégiens ...

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Ce début de mois de février 2008 n'est pas sans rappeler ce fabuleux mois d’avril 2207, qui avec ses 30 jours de soleil ininterrompus et ses 30 nuits claires, nous avait offert une longue parenthèse étoilée, bienvenue après un hiver maussade et un début de printemps pourri. Une longue parenthèse étoilée, donc, et de nombreuses soirées passées derrière les télescopes… Et de jolies collections d’yeux cernés le lendemain matin au boulot.

Le mois de février 2008 n’ayant que 29 jours – et ayant commencé sous la pluie – il ne pourra évidemment pas faire mieux. Mais ces premiers jours de ciel dégagé, pour ne pas dire immaculé, ont été l’occasion de quelques sorties nocturnes, avec le cercle restreint des membres de l’Atelier Astro de la MJC de Dormans, dans un premier temps, puis avec une cinquantaine de collégiens du nord des Ardennes, et enfin … tout seul. L’occasion d’observer quelques objets stars du ciel d’hiver et de faire quelques découvertes d’objets moins connus, tour à tour derrière mon C8 et derrière le T410 de l’observatoire de Beine Nauroy. Quelques occasions de se faire bien plaisir !

Conduire une observation nocturne avec 50 collégiens n’a rien pour inspirer la mélancolie : l’obscurité aidant, mon auditoire se dissipe volontiers, et même si le printemps est encore loin, ça drague pas mal dans les recoins les plus sombres… Mes jeunes pousses d’astronomes commencent le dur apprentissage de l’obscurité, et doivent s’astreindre à couper leurs téléphones portables, leur MP3… ce qui revient à peu près à leur demander de s’arracher un bras. Il faut maintenant redécouvrir le vrai ciel – bien différent, par son ampleur, de celui découvert un peu plus tôt dans la journée au planétarium – et une petite séance de « ciel ouvert » commence. La Grande Ourse, la Petite Ourse et le W de Cassiopée retrouvent leur place au milieu d’autres constellations anonymes. « Mais c’est celle-là, la Grande Ourse, non ? » « Non, là, c’est Orion ! ». L’utilisation du laser vert s’avère être, pendant tout cet épisode de lecture du ciel à l’œil nu, une redoutable arme … à double tranchant. La possession d’un tel objet impose aussitôt un respect total de la part de mes jeunes padawans, et permet aussitôt de capter l’attention de l’auditoire le plus évaporé. Son utilisation est très utile pour retrouver les dessins des constellations avec une facilité déconcertante. Mais, malheurusement, il arrive également que le centre d’intérêt se resserre sur … le laser lui-même !

Au pied du télescope, les observations commencent. Aux commandes d’un LX200 de 250mm, je me tourne vers la nébuleuse d’Orion. Je sors également ma paire de jumelles, et invite ceux qui font la queue derrière le télescope à jeter un œil sur les Pléiades. Las. Il suffit que je tourne le dos le temps de recentrer la nébuleuse pour que mes jumelles se trouvent pointées … vers les fenêtres éclairées des maisons du lotissement voisin. Incorrigibles !

M 42 étonne par la présence de ses 4 étoiles centrales. La nébuleuse obtient pour sa part un succès tout relatif. Les amas d’étoiles, comme M41, en-dessous de Sirius, émerveillent mon auditoire. Et la vision de Saturne arrache des « Ouah, c’est beau ! ». J’ai même eu droit à un « Oh, on dirait un dessin ! ». J’aimerais tant, moi aussi, ne jamais avoir observé la planète Saturne, pour le simple plaisir de la découvrir !

Mais le car sonne l’heure du retour en terres ardennaises pour nos 50 astronomes, et l’observatoire, maintenant déserté, retrouve brusquement son calme habituel. Il ne reste plus que quelques irréductibles derrière le 410, décidés à profiter encore un peu de la beauté du ciel de ce soir. Je profite de l’occasion pour porter à nouveau le regard sur des objets observés la veille, à Try, avec l’Atelier Astro de Dormans, derrière le C8.

Deux configurations matérielles très différentes : avec le C8 et les 70° de mon oculaire de 40mm, je privilégie les larges champs, à 50x de grossissement. Avec le T410, l’oculaire que nous privilégierons est un UWA, de 24mm si j’ai bonne mémoire, qui nous donne un grossissement de 100x. L’observation de gros objets, comme M 41 ou M 35 est, de fait, plus agréable au C8 : ces larges amas d’étoiles respirent dans le 40mm, alors qu’ils semblent au bord de l’asphyxie dans l’UWA. Mais le diamètre du T410 fait (heureusement !) la différence sur des objets diffus, comme la nébuleuse d’Orion. Les filaments les plus subtils apparaissent au premier coup d’œil dans l’UWA, et un court instant, il me semble même voir, dans les régions les plus brillantes, quelques couleurs rosées que je n’avais aperçues qu’une seule fois au T60 du pic.

J’ai également beaucoup observé M46 pendant ces séances d’observation. Les étoiles peu brillantes de l’amas forment un ensemble compact, cohérent, agréable à observer aux plus faibles grossissements. Le diamètre du C8 permet de retrouver NGC 2438, une subtile nébuleuse planétaire visible sur le bord de l’amas. Elle serait en réalité située en avant-plan, mais faute d’avoir quelques siècles devant moi pour la voir évoluer, je me contenterai de l’idée qu’elle est «au cœur de la nébuleuse ». Au C8, elle ne saute pas au yeux, apparaissant plutôt comme une sorte de poussière dans l’œil : sa présence discrète est suffisante pour perturber le regard, et permet de la sortir du fond étoilé. Au T410, la présence de la nébuleuse ne fait plus aucun doute. Une petite boucle, l’ébauche d’un rond de fumée, est bien visible.

NGC 2392, la nébuleuse du clown, pose beaucoup moins de questions. Au T410, la nébuleuse est brillante, très brillante, même. C’est surtout l’éclat de son étoile centrale qui surprend … et qui dérange. Il faut en effet grossir davantage pour « éteindre » l’étoile et voir quelques détails – des assombrissements radiaux, en l’occurrence. Avant de fermer le cimier de la coupole, nous tournons le télescope vers le trio des galaxies M95, M96 & M105, dans le Lion. Ces trois galaxies sont bien visibles, et annoncent l’arrivée du ciel de printemps au-dessus de nos têtes. Mais nous restons sourds à l’appel des sirènes galactiques qui nous auraient conduit loin, très loin au fond de la nuit, et décidons de clore ce qui restera comme une riche soirée … prélude à quelques autres qui seront couchées sur le papier sous peu !

Benjamin Poupard - Le Voyageur immobile

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Salut,
trés intéressant et bien agréable à lire.

C'est marrant, avec le club MAGNITUDE 78, nous avoins vécu à peut près la même chose vendredi dernier. Une classe de 3éme, soit une vingtaine de jeunes, accompagnés de leurs parents et professeurs.
Mais, classe rarissime à option "Grec/Astronomie", sur l'initiave des profs de Physique, Grec et Français où nous avons le plaisir d'intérvenir régulièrement.

Donc des jeunes intéressés, dégourdis, avides de conaitre, heureux de découvrir. Du bonheur !
Tout c'est parfaitement passé, les objets visités, le ciel était leur unique sujet de conversation (et pas le laser de pointage !). Et puis, nous étions une bonne douzaine du club, autours de 6 télescopes, de 250 à 460. Ainsi, l'auditoire butinait de ci, de-là, sans les intérminables queues derrière les instruments. Ainsi, de très nombreux objets ont pu être pointés et visités, comparés par rapport aux divers instruments, avoir des explications détaillées et celà, dans d'excellentes conditions.

Bref, bien bô projet.

Amicalement

Serge

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