Benj Poup

[CROA] 25 juin, quand le ciel étoilé traine des pieds

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Pour cette première sortie étoilée de l'été, je retrouve mon pied à terre sous les étoiles, à côté de Try. Un grand beau temps m'accueille... seule la nuit semble trainer un peu des pieds. Le ciel est parfaitement dégagé, et Antarès, bien que basse, est bien visible. J'attaque d'emblée avec Saturne, qu'un satellite croise. Saturne est au ras de l'horizon, et ballotée par la turbulence, ce qui lui donne de jolies couleurs.

L'ombre de la planète sur l'anneau est bien visible, et en cherchant bien, dans les moments de calme, je devine la division de Cassini, de façon très intermittente. Titan se promène, pas très loin. Mais ce soir, j'attends le lever de Jupiter. Pour patienter, je me suis établi un petit itinéraire, réalisé dans mes petites cartes « made in Coelix », qui doit me conduire entre le Scorpion et Ophiuchus. Mais, comme un rituel, qui consiste à oublier quelquechose à la maison, ma petite carte est restée ... sur la table du Salon. C'est donc équipé de mon C8, de mes jumelles, de mes oculaires et de l'atlas de José Torres, que j'improvise mon programme du soir.

Sur le terrain, cet atlas fait des miracles, et simplifie considérablement le pointage improvisé dans des régions mal connues. La méthode , testée avec succès lors d'un précédente sortie, est toujours aussi efficace : l'objet est d'abord repéré sur la carte, au milieu d'étoiles allant jusqu'à la mag.9. Les jumelles permettent de retrouver ces mêmes étoiles, et l'objet recherché, s'il est assez brillant. Enfin, une transposition des étoiles vues aux jumelles dans le large champ de l'oculaire de 40mm me met définitivement sur les rails. La méthodes est très efficace, et offre par ailleurs quelques agréables récréations aux jumelles.

Les étoiles commencent à occuper le ciel : Le triangle d'été, le trapèze d'Hercule, le Bouvier, les 7 étoiles de la Grande Ourse, la Polaire... Le W de Cassiopée est difficilement visible, au ras de l'horizon nord. Un flash Iridium survole Saturne et Mars, alors que les étoiles du Lion s'enfoncent dans le crépuscule.

Mars semble entourée d'une atmosphère ... bleutée. La faute à l'atmosphère bien terrestre qui m'entoure, et qui chahute la planète rouge. Jupiter vient juste de pointer le bout de son nez au-dessus des arbres, mais je lui laisse le temps de prendre de la hauteur.

Je pointe Beta du Scorpion, facilement dédoublée à 100x. Dans mon souvenir, c'était une double plus serrée, et je suis surpris de la résoudre avec une telle facilité, compte-tenu du brassage provoqué par la turbu et la température du tube. Il s'avèrera que c'est bien une double facile; les conditions d'observation la rende juste assez vilaine.

En vue de me rendre vers M 4, je pointe Antarès. Je suis toujours surpris de cette couleur rouge flamboyante. Le fond de ciel – très clair – rend la recherche de M 4 plutôt délicate. A 50x, l'amas apparaît, et quelques étoiles sont visible en vision directe. En décalé, le champ large révèle un amas diffus, sans coeur bien marqué. Les étoiles les plus brillantes semblent être un petit peu décalées par rapport au noyau. Mais il ne fait pas assez sombre pour bien l'apprécier. Il serait intéressant d'y revenir plus tard.

Je glisse sur Rho Oph, située à proximité. A 50x, cette étoile double s'accompagne de deux étoiles un peu moins brillantes, qui dessinent un triangle isocèle, dont Rho serait la pointe. On devine déjà le caractère « double » de Rho, et il suffit de pousser le grossissement pour confirmer cette impression. A 100x, elle reste serrée, mais est toutefois bien séparée. A 200x, l'image devient franchement mauvaise.

M 80, dans le même secteur, est un amas globulaire beaucoup plus accessible que M 4. Baigné dans un champ riche en étoiles, il apparaît plus petit, mais aussi beaucoup plus concentré, et saute immédiatement aux yeux. A 50x, aucune étoile n'est résolue. Mais en poussant le grossissement, quelques étoiles apparaissent en décalé.

Il est presque minuit, et l'horizon nord ouest est encore marqué par des lueurs bleu marine encore marquées. Je quitte le Scorpion, pour filer vers Hercule, quasiment au zénith. M 13 est un fabuleux spectacle ! Bien visible aux jumelles, l'amas apparaît résolu sur toute la surface en vision directe à 50x. A 100x, des centaines d'étoiles apparaissent en décalé. C'est tout simplement magnifique !

Je file ensuite vers Alpha Her, une très jolie double, facilement séparée à 50x. La composante la plus brillante semble blanc-jaune, et son compagnon, un peu plus bleuté.

La Voie lactée se dessine petit à petit, du triangle d'été vers le Sagittaire, qui se lève également. J'entreprends alors un long périple dans ce qui, de mon poit de vue, reste la plus belle région du ciel. Aux jumelles, je pointe M 6 et M 7, au ras de l'horizon. Puis je remonte sur la Lagune, la trifide, Omega... Autant de taches floues que je retrouve peu après dans le champ du 40mm.

Je réalise alors que c'est ma première excursion dans le Sagittaire avec cet oculaire. La promenade en grand champ est de toute beauté : M7 révèle plusieurs dizaines d'étoiles formant un ensemble aux contours mal définis. Un peu plus haut, la nébuleuse Oméga baigne dans un champ d'étoiles d'une richesse incomparable, tout comme M 22, ou comme la Lagune... Un voyage qui mériterait plus d'attention de ma part, et un peu moins d'humidité sur la lame du C8...

Il se fait tard, et je termine ma soirée avec Jupiter : lumineuse, terriblement lumineuse ...Mais terriblement mal définie. Les deux bandes principales sont bien visibles, et le regard s'accroche à ce qui pourrait bien être la grande tache rouge; mais la planète géante reste assez décevante.

Finalement, je décide de replier le matériel, alors que sur l'horizon nord, il ne fait toujours pas nuit... Le quartier de Lune s'apprête à se lever : maintenant, c'est à lui de veiller sur le ciel étoilé.

Les gesticulations nocturnes du voyageur (pas si) immobile (que ça) derrière son télescope sont visibles sur cette vidéo :
http://netvibes.box.net/ping/download/171512228/1f0i3evhae4vfc6u9cncfestj7

Benjamin Poupard - Le Voyageur immobile

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