Benj Poup

[CROA] 22 mai 2009 : Retrouvaille avec de vieilles connaissances

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Toute la journée, le ciel a affiché ses couleurs bleu azur, et ce soir, le cimier de la coupole de l'observatoire de Beine Nauroy s'ouvre sur un magnifique dégradé qui domine l'horizon ouest. Partant du jaune-orangé, il remonte vers un bleu marine tout juste piqueté d'étoiles. Un tel ciel ne peut pas mentir : la soirée sera excellente !

Au cours de mon itinéraire étoilé du soir j'ai retrouvé quelques-uns des objets célestes parmi les plus connus du ciel. Un itinéraire en forme de transition entre ciel de printemps et ciel d'été.

Alors que la nuit n'est pas encore tombée, j'initialise le T410 sur Arcturus. Ses brillantes lueurs orangées contrastent avec les nuances marines du ciel. La coupole irradie de tout le Soleil qui l'a baignée tout l'après-midi. L'air frais rentre par le cimier et se mélange à l'air tiède de l'observatoire ; la première heure d'observation sera turbulente, le temps que les températures s'équilibrent.

Du coup, la vision de Saturne, notre première cible de la soirée, en pâtit fortement. La planète aux anneaux, sur le déclin, se dédouble... Toutefois, dans les moments de calme, l'image se fait plus précise.

Il est un peu tôt pour Saturne, un peu tôt pour les galaxies, je décide donc de tourner le télescope vers Iota Cnc, jolie double colorée - mon Albiréo du ciel de printemps. Le bleu tranche avec le jaune pâle. Vraiment une très jolie double.

La Grande Ourse décline également, et je décide de rendre visite à quelques unes de ses illustres galaxies. M 82, pour commencer. Son long fuseau s'étire dans le champ de l'oculaire, les contours sont précis et me rappellent quelques anciens dessins. Belle vision. M 81, à ses côtés, en impose par sa taille, mais autour de cette large tache ovale et floue, aucun détail ne vient réellement accrocher le regard.

J'ai souvent rendu visite à M 81 et M 82, mais j'avais jusqu'alors négligé une petite galaxie voisine, pourtant facile : NGC 3077. Bien plus modeste que ses illustres voisines, elle apparaît comme une petite tache ovale qui se détache sans aucune difficulté du fond de ciel.

Le périple se poursuit ensuite vers M 3. L'objet est superbe, le cœur richement piqué d'étoiles. Mais la principale surprise de cette observation réside dans un petit point pas plus gros, ni plus brillant qu'une étoile ... et qui se déplace. Pas très vite, pas comme le ferait un satellite qui traverse le champ de l'oculaire en un instant, par exemple. Non, ce point évolue lentement, mais de façon sensible par rapport aux étoiles. Il lui faut une bonne minute pour traverser les 0,4° du champ de l'oculaire. Pourrait-il s'agir d'un satellite géostationnaire ? Je n'ai pas eu la présence d'esprit de couper la motorisation du télescope, ni de regarder dans quelle direction il se déplaçait par rapport aux étoiles. Et encore moins de noter l'heure... L'enquête sera complexe.

D'un fuseau à l'autre, je pointe le télescope vers la galaxie NGC 4565, "l'aiguille", comme je la surnomme. Sensiblement plus longue et plus fine que M 82, elle se prolonge encore davantage quand on place correctement son regard. La vision décalée fait ici des miracles.

Un peu plus au sud, M 104, la célèbre galaxie du Sombrero, se présente à la verticale - se distinguant ainsi de NGC 4565, qui apparaissait à l'horizontal dans l'oculaire. La bande poussiéreuse sombre découpe la galaxie en deux parties brillantes et bien distinctes. Là encore, le dessin exécuté il y a quelques années me revient en mémoire, à l'identique. Superbe !

En levant la tête, je réalise que la galaxie M 51 occupe une place idéale dans le ciel : proche du zénith, elle vient de passer l'angle mort du télescope. L'angle mort, c'est la position qui, pour accéder au porte-oculaire, oblige à grimper sur la plus haute marche de l'escabeau et ensuite à adopter une position d'équilibriste, à deux mètres au-dessus du pilier de béton qui supporte le télescope... Au centre de l'oculaire, les bras spiraux de M 51 et leurs milliards d'étoiles se détachent autour des deux bulbes galactiques. Une vision quasi-photographique !

Au ciel de printemps succède le ciel d'été, et je tourne le télescope vers M 13. Situé à la limite de l'angle mort du télescope, son observation est inconfortable, et suppose cette gymnastique peu rassurante que j'évoquais plus haut. En dépit de ses myriades d'étoiles, nous le délaissons, et nous nous tournons vers le triangle d'été, plus à l'est, là où nos gesticulations promettent d'être plus paisibles.

Déjà haut dans le ciel, M 57, l'anneau de la Lyre, tient toutes ses promesses. Sans filtre, il illumine le fond de ciel, ses contours sont précis. Avec le filtre OIII, on ne voit plus que lui!

Je m'offre un petit détour sur NGC 6826, l'étonnante "blinking nebula". Une nébuleuse planétaire un peu magicienne, qui n'aime pas qu'on la regarde dans les yeux. Quand on le fixe du regard, cet ovale brillant disparaît purement et simplement, et ne réapparait que lorsque l'on détourne le regard. Magicienne, ou timide.

Nous plongeons dans la Voie Lactée, survolons M 29 - les "petites Pléiades", avant de nous attarder sur M 27. Très brillante, elle est aussi très large. La surface qu'elle occupe dans le champ de l'oculaire laisse tout le loisir de la détailler. Ce que nous ne manquons pas de faire.

D'une double colorée à l'autre, nous jetons un œil sur Albiréo, flamboyante, avant de terminer notre promenade du soir dans les dentelles du Cygne. En partant de l'étoile 52 Cyg, nous suivons les contours précis de la petite dentelle, et remontons jusqu'à la pointe. Puis nous filons vers l'est et les grandes dentelles. Bien visibles, leur contour paraît moins net. Il manque un peu de champ pour apprécier l'ensemble avec le recul nécessaire. On ne peut décidément pas tout avoir.

Le cimier se referme sur un ciel rempli d'étoiles. La Voie Lactée est maintenant bien visible, et nous invite à nous attarder encore. "Restez encore un peu !", semblent dire les étoiles. Nous reviendrons, c'est promis, c'est promis !

Benjamin Poupard - Le (nouveau) blog du Voyageur immobile

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