Dr Eric Simon

A la poursuite de Neptune

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Hier soir, je savais que j'allais voir du nouveau, parce que je l'avais décidé. Oui, j'allais voir une planète bleue. L'autre planète bleue. Neptune. Mais avant d'arriver à cette destination peu banale, il fallait tout de même coller quelque peu à l'actualité astronomique du moment, quelque peu...

C'est donc entre 23h30 et 02h45 que je me postai sur mon spot préféré, avec une qualité de ciel comme ça : bien.

L'actualité concernant une de mes galaxies favorites (c'est décidé, je me l'approprie entièrement celle-là), je commence donc par aller y jeter un œil... Vous avez peut-être reconnu M51, la galaxie du tourbillon, qui a vu exploser une étoile dans l'un de ses bras fin juin. Il est donc encore temps, avant que cette supernova s'éteigne inéluctablement, d'aller regarder ça... Et effectivement, après avoir appris où se trouvait ladite supernova grâce à mon Astronomie Magazine préféré, je pouvais presque facilement la trouver. Faut quand même avouer que son éclat est pas loin d'une magnitude 14 et qu'une vision en décalé est nécessaire, mais c'est émouvant de ce dire que cette étoile est en train de disparaître dans un feu d'artifice final, pour laisser derrière elle peut-être qu'une petite étoile à neutrons tournante...

Et, là je ne peux m'empêcher de penser à Bételgeuse... qui pourrait à son tour exploser, demain, après demain ? dans 10 ans ? Plus ? Ca serait un tel spectacle car nous serions au balcon...

Quittons maintenant les Chiens de chasse pour quelque chose de totalement différent (and now for something completely different as would say John Cleese).

Nous nous rendons vers l'horizon sud, dans la constellation de l'Ecu de Sobiesky (Scutum), et j'ai choisi d'observer l'amas ouvert le plus dense (le plus beau ?), M11, qui se trouve assez aisément, ma méthode est la suivante :

- On commence par repérer l'étoile alpha de Scutum, elle se trouve sur le bord d'une zone dense de la voie lactée, on peut s'aider de éta et nu d'Ophiuchus, toutes les trois, elles forment un triangle presqu'équilatéral.

- Une fois sur alpha, on traverse la voie lactée en direction d'une étoile assez brillante, lambda de l'Aigle.

- M11 se situe très exactement à mi-chemin entre alpha scu et lambda aqu...

Cet amas est d'une beauté sans nom pour un amas ouvert, sans doute parce que se densité le fait prendre pour un amas globulaire duquel on parviendrait à résoudre quantité d'étoiles... On peut distinguer quelques étoiles jaunes qui semblent s'être perdues dans cet essaim à dominante blanches/bleues. On peut admirer probablement entre 100 et 1000 étoiles ici. Je recommande fortement!

Nous restons à la page 67 du PSA mais nous allons maintenant nous vautrer dans la globularité du Sagittaire... en clair, nous allons faire le tour des amas globulaires du Sagittaire dans le sens des aiguilles d'une montre en commençant notre tour de France Constellation juste en dessous de la nébuleuse de la Lagune (voir l'épisode précédent!!) et deux petits amas globulaires : NGC6544 et NGC6553, très petits, peu contrastés, pour ces deux là, la résolution en étoiles reste du domaine de l'imagination.

En descendant vers le bec verseur de la théière du Sagittaire, nous passons là encore dans les parages d'une visite précédente, mais pour regarder un globulaire sans aucune prétention : NGC6540, assez semblable aux précédents, bien que quand même plus intéressant, je ne sais trop pourquoi...

Nous arrivons ensuite à la pointe du bec verseur, autrement dit sur Alnasl (ou encore lambda), qui a la particularité d'arborer pas moins de deux amas globulaires, certes minuscules et peu contrastés, dans son voisinage proche, à tel point que tout ce beau monde tient dans le champ de 82° de mon Nag13. NGC6528 se trouve juste au dessus de Alnasl, très peu contrasté; NGC6522, un peu décalé, est mieux visible, mais ça reste des petites boules diffuses sans noyau défini et ni une vision décalée, ni un grossissement plus fort n'apportent beaucoup plus.

On pivote légèrement du côté de l'étoile Kaus Media (delta), pour retrouver NGC6624, qui est un globulaire sans grand intérêt (du moins avec mon instrument!).

On continue notre descente vers l'horizon pour retrouver un Messier, et quelque chose me dit que ça va être plus joli à regarder : M69. Sans non plus casser trois pattes à un canard (sauvage?), M69 est un amas globulaire bien plus contrasté que les précédents visités, la séparation en étoiles individuelles se fait difficilement, sa taille n'est pas énorme non plus...

NGC6652 : petit, faiblement contrasté, mouais. On retourne chez Messier pour la peine, avec M70, qui lui est super facile à pointer puisqu'il se trouve à l'aplomb de lambda (le couvercle de la théière, vous suivez ?) et pile au milieu (ou à un chouïa) de la base entre Ascella et Kaus australis... M70 a une ressemblance avec son accolyte M69, mais offre d'avantage d'étoiles résolues, ce qui est somme toute une marque de courtoisie bienvenue pour l'astram qui commence à avoir un peu froid...

Le tour continue en se rapprochant de Ascella, et on retrouve M54, petit en taille, certes, mais fort pourvu, cet amas, joli tout plein dirai-je même, un noyau central bien brillant, une population dense et pas mal résolue (Nag13, je ne tente pas plus gros). A déguster sans modération. Mais je crois que ce n'est rien avec ce qui nous attend ensuite parce que nous remontons vers le sommet de la théière pour se jeter à corps perdu sur M22...

Que c'est beau ! que c'est magnifique ! M22 est énorme ! En fait je conseille à tout le monde de faire le tour des globulaires du Sagittaire dans ce sens, parce que le contraste de taille et de tout devient alors saisissant ! Je pense soudain à M13 ou M92, c'est dire si la comparaison est flatteuse...

M22 est à graver sur les tablettes de gourmandise. Il tient entièrement dans le champ du Nag13, ou presque, oui... On y est, on y reste de longues minutes....

On termine ce globutour avec un tout petit NGC6638, pas loin du géant, sans aucune compassion possible .... seule la vue dans le même champ que lambda possède un intérêt; puis, non loin de lambda également, de l'autre côté, on termine avec M28, qui est de taille moyenne, on y distingue nettement une partie centrale brillante, sans pouvoir résoudre beaucoup d'étoiles individuelles. Disons qu'il est du même ordre de grandeur qualitative que M70 ou M69.

On quitte la page 67 du pocket sky atlas pour ce rendre sur la page 66, tout en restant dans le Sagittaire, et pour aller voir si j'y suis sur un autre globulaire (Sagittaire, c'est un peu LA constellation des amas globulaires, vous le savez)... euh, oui, je parlais de M55. Il est étonnant ce M55, il montre une vaste étendue, presque aussi gros que M22, un peu moins en fait, mais surtout peu brillant, dense, mais peu brillant, sympathique car différent.

Le froid et l'humidité (bizarre!) commencent à s'accentuer, il est temps de passer sérieusement au planétaire et à l'actualité, comme promis. C'est donc Vesta qui sera ma cible avant d'attaquer Neptune. Vesta, donc. Astéroïde qui fait parler de lui, exploré qu'il est par une sonde bien curieuse... Et exploré par mon Dobson muni de ces Nagler.

Vesta se trouve aujourd'hui dans le Capricorne, pas très très facile à localiser, avouons, mais j'ai remarqué que c'était toujours plus difficile en fin de sortie, étrange, non ?...

Bon, c'est donc quelque part entre epsilon et iota du Capricorne qu'il faut scruter, non loin d'un petit couple dont l'une est une double... Fameux jeu de piste (je pense toujours aux gens qui ont des montures goto et qui ne connaissent pas cette joie du jeu). Après moult triangles et aventures pythagoriciennes, je trouve enfin ce Vesta très brillant au demeurant, oui! Il est bien jaune aussi, brillant et jaune. On ne cherche pas à voir un quelconque diamètre bien sûr, c'est juste pour voir...

Le ciel commence à se couvrir méchamment vers l'horizon nord-nord-est, je ne sais pas ce que ça signifie, ou du moins, je comprends que c'est bientôt fini pour moi, mais il me reste Neptune à voir ce soir, vite...

Heureusement, on est déjà dans les parages, sauf que... il faut pouvoir trouver des points de repères visuels utiles pour arriver sur Neptune... que choisir ?

On part de iota du Verseau et on trace une droite vers théta du Verseau (Ancha), sur cette droite, à environ 1/3, se trouve une étoile (38) et Neptune se trouve juste en dessous... Facile sur le papier, un peu moins en réalité... mais on y arrive, comme toujours, en prenant le temps qu'il faut.

La voilà cette planète bleue ! Elle brille de pleins feux bleu-vert, I'd say, ressemblant à une grosse étoile brillante, la géante gazeuse semble bien turbulente, (l'atmosphère s'est fortement dégradée, des nuages approchent, du vent en altitude, des inversions de température, rien de bon...), mais laisse place à l'imaginaire, cette planète si lointaine, qui me renvoie les photons de mon soleil à moi, surtout les bleus, comme pour réchauffer mon esprit rafraîchi, qui s'endort lentement dans la nuit silencieuse, en rêvant à ces confins du système solaire...

Il est 2h45 seulement, les nuages s'amoncèlent gravement, me laissant sur un désir d'Uranus inassouvi... mais laissant par là même un objectif certain pour les prochaines aventures. Fort heureusement.

Dr Eric SIMON http://drericsimon.blogspot.com

Dobson Sky Watcher 254 mm F/4.7 TV Nagler 13 mm, TV Nagler 3.5 mm, HR planetary 5 mm, Plössl 10 mm, Plössl 25 mm, Barlow TV x2 filtres Moon et OIII, Guided by Telrad

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Salut,

Merci pour cette ballade nocturne et la poesie associée. Ca me donne envie d'aller faire un petit tour vers cette astre aux confins de notre système solaire...

Fabrice.

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Belle ballade, qui me rappelle un peu la mienne de la nuit précédente.

Pour la SN, je l'estime plus brillante que 14, je dirais entre 12 et 13...j'ai pu la voir en vision directe et sans aucun doute au T180...ton ciel était peut être moins bon que le mien, dans ton 254 tu aurais du la voir sans problème, pas en vision décalée.

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