Benj Poup

[CROA] 2 octobre 2011 - le ciel d'été joue les prolongations

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En ce début d'octobre, l'été semble jouer les prolongations. Un bel anticyclone nous offre des nuits incroyablement douces – le bonheur de pouvoir observer sans devoir empiler les couches de pulls – et la Lune nous offre l'obscurité de son absence. Me voilà donc sous la coupole de l'observatoire de Beine-Nauroy, aux commandes du T410, profitant de conditions idéales pour m'offrir un petit bout de ciel … d'été, bien sûr.

Avant de tourner le télescope vers les étoiles, je pointe du regard Delta et Mu Céphée, Algol, Gamma Cassiopée et Beta de la Lyre, relevant leurs variations d'éclat dans mon petit carnet. Delta Céphée est aujourd'hui bien pâlichonne, et vient rappeler à celui qui sait où regarder que le ciel étoilé n'est pas intangible.

Les choses sérieuses commencent alors: je tourne le télescope vers M 57, la nébuleuse annulaire de la Lyre. J'alterne les grossissements et les filtres : Quelques essais en grand champ avec le Nagler de 26mm, avant une plongée dans la nébuleuse avec le 10mm et son filtre OIII. Sauf que cette combinaison me fait perdre les étoiles. Je les retrouve avec le Nagler de 13mm, qui rend la vision beaucoup plus agréable. L'anneau est très très net, et le fond de la nébuleuse apparaît en gris sombre. Les bords de la nébuleuse apparaissent plus brillants que les pôles, et quelques étoiles se laissent deviner en vision décalée tout autour.

M 56 souffre pour sa part de son voisinage. Coincé entre M 57 et M 27, il est souvent négligé. Il s'agit pourtant d'un très bel amas globulaire, parfaitement résolu en direct avec le 13mm. Trente étoiles sont visibles en décalé. L'amas ne présente qu'une faible condensation centrale sur laquelle se superposent une demi-douzaine d'étoiles brillantes . La vision d'ensemble est très agréable !

Je grimpe ensuite vers le zénith, dans la constellation du Cygne, en direction de NGC 6826, la fameuse Blinking nebula. Au 13mm, la nébuleuse apparaît comme une tache ovale un peu lobée. Au 10mm, on commence à deviner l'étoile centrale, entourée d'une couronne plus sombre, elle même entourée d'un anneau brillant un peu ovalisé. Et avec le 5mm, débarrassé du filtre OIII, la vision se précise : le cœur de la nébuleuse est très brillant, et l'étoile centrale, que le filtre avait un peu éteint, jaillit véritablement. En revenant sur le 10mm, mais toujours sans filtre, l'étoile centrale est très nette, et est entourée d'une boule ovale. La nébuleuse est très brillante en décalé, mais disparaît pratiquement en vision directe.

Je me rapproche de Deneb, où je croise NGC 6866, un amas ouvert assez large qui s'apprécie très très bien au 26mm. Les étoiles de l'amas, d'un éclat assez uniforme, dessinent une forme de lettre « x » minuscule. On compte peut-être 25 étoiles dans la partie centrale, et 40 en regardant tout autour.

Je progresse lentement dans le Cygne, et glisse vers M 29. Les 410mm du télescope transforment ce petit amas d'étoiles en un objet tout à fait passionnant. Au 13mm, on voit évidemment les 8 étoiles principales de l'amas. Mais quantités d'étoiles – pas moins d'une trentaine - apparaissent tout autour et au cœur du rectangle principal. La vision est très belle !

J'entame ensuite un périple autour des dentelles du cygne : la boucle autour de NGC 6992-95 est bien visible, mais sans être exceptionnellement brillante. J'ai de bien meilleurs souvenirs de cet région, avec des instruments pourtant plus modestes. Cela tient peut-être au manque de champ, ou au manque transparence du ciel ? La boucle de NGC 6960 est beaucoup plus détaillée : on sent très bien l'épaisseur de cette partie des dentelles, dont le bord paraît notablement plus lumineux.

Avant de foncer bille en tête sur M 27, je m'arrête sur deux amas ouverts de la constellation du Petit Renard : NGC 6940 et NGC 6885.

NGC 6940 occupe un tiers du champ du 26mm. L'amas, vaguement triangulaire, apparaît comme un tapis d'étoiles assez faibles, d'éclat uniforme, et qui domine le fond de ciel. Je ne remarque pas de concentration d'étoiles en son centre, mais au contraire, une zone plus sombre au cœur de l'amas. Un objet pas vilain du tout !

NGC 6885, sans être très impressionnant, n'est pas ridicule du tout. 3 étoiles brillantes sont visibles dans le champ de l'oculaire et l'une d'elles se superpose presque sur l'amas. Celui-ci compte des étoiles d'éclat différent. L'amas compte une douzaine d'étoiles moyennes et une demi-douzaine d'étoiles plus faibles qui viennent rehausser l'ensemble.

Arrivé sur M 27, je ressors l'artillerie d'oculaires, pour finalement retenir le 10mm, sans filtre, pour apprécier le fond étoilé. La nébuleuse occupe alors la moitié du champ, et on devine déjà ses extensions les plus faibles. L'étoile centrale est bien visible, etune poignée d'étoiles apparaît en décalé au cœur et autour de la nébuleuse. Avec le filtre OIII, la vision est sympathique, mais je continue à préférer la vision sans filtre, qui permet de mieux voir les étoiles.

Je poursuis dans la constellation de la Flèche, avec M 71, sa pièce maîtresse : ce sympathique amas globulaire offre une vision assez comparable à celle de M 56. Ce dernier se détache toutefois un peu mieux, car l'amas n'est pas dans la voie lactée. L'amas est finement résolu en vision directe. En vision décalée, un deuxième tapis d'étoiles plus faibles apparaît, noyé dans le premier tapis d'étoiles brillantes. La forme de l'ensemble est vaguement pyramidale.

J'accorde ensuite un peu de temps à NGC 6905, dans le Dauphin. Sans filtre, cette nébuleuse planétaire apparaît comme une tache floue ronde et assez uniforme, encadrée par 3 étoiles brillantes. Une de ces étoiles est très légèrement décentrée par rapport à la nébuleuse. Une forme semble se préciser avec le filtre OIII ; comme si deux anneaux venaient à se croiser et à donner une épaisseur au milieu de la nébuleuse, qui est ainsi encadrée par deux régions plus sombres.

Toujours dans le Dauphin, NGC 6934 est un modèle réduit de l'amas globulaire M 15. Comme ce dernier, il compte une étoile brillante dans son voisinage immédiat. Le cœur de l'amas est très concentré, résolu en vision décalée. Sept à huit étoiles sont visibles en direct. L'objet est plutôt sympathique.

NGC 7006 est un amas globulaire un peu plus petit, mais surtout beaucoup moins brillant que le précédent. Il est pratiquement impossible à résoudre en vision directe.

Je termine mon périple dans le Dauphin avec gamma Del : cette célèbre étoile double est facilement séparée au 26mm, mais la coloration blanc-jaune et bleutée des deux étoiles est plus nette au 10mm. L'écart de luminosité est très faible.

Dans la dernière ligne droite de mon itinéraire du soir, je m'arrête longuement sur M 15 ; Superbe vision : une saupoudrée d'étoiles d'éclat très très uniforme, au cœur très très marqué. L'amas est résolu jusqu'au centre en direct, et en décalé … offre un vrai feu d'artifice !

M 2 est également très très beau, mais très différent de M 15. Plus petit, son noyau semble s'étaler sur une plus grande surface. Sur le papier, l'amas est peut-être moins étendu, mais possiblement plus brillant. En décalé, un tapis d'étoiles entoure l'amas. C'est superbe !

NGC 7009, la Saturn nebula, est très brillante, et ce, quelque soit la combinaison d'oculaires utilisée. La forme ovale de la nébuleuse est évidente, mais ses « antennes » ne se laissent que difficilement approcher.

Le dernier objet « profond » de ma soirée, M 72, se trouve juste à côté de NGC 7009. Mais cet amas globulaire est bien bas sur l'horizon... Cette petite tache floue, qui n'est pas résolu en direct, est dominée par une simple étoile brillante. Mais globalement, la rugosité qui caractérise habituellement ce type d'objet n'apparaît pas.

Mon dernier regard est pour Jupiter : l'image n'est pas très bonne, mais on voit nettement le diamètre des 3 satellites visibles dans le champ de l'oculaire. Le plus gros des 3 satellites est situé près du globe jovien ; je suppose qu'il s'agit de Ganymède. A côté, les deux satellites ont un diamètre comparable, mais un éclat différent. Le premier semble plus jaune, alors que le second est légèrement plus blanc ; je parie pour Io et Europe. Bingo ! Après vérification dans Stellarium, je touche le tiercé dans l'ordre !

Benjamin

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Salut,

Hé oui, c'est la fin du ciel d'été. Merci de nous avoir proposé ce "sky tour" autour du Cygne. Ca me rappelle de bons souvenirs d'observations.

Place désormais à l'automne en première partie de nuit, et de l'hiver en dernière.

Fabrice.

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Un beau récit ! Au moins tu ne négliges pas les amas ouverts... En plus de ceux que tu as observés, j'aime bien NGC 6811 et 6819, sortes de M11 en plus faibles (petits, riches et denses).

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