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UNE ECLIPSE AU PAYS DES PYRAMIDES

Une éclipse comment ca marche
Introduction : pourquoi l'Egypte ?
Lundi 27 mars : première soirée au Caire
Mardi 28 mars : l'arrivée à Salloum
Mercredi 29 mars :

Jeudi 30 mars :

Vendredi 31 mars : le ciel vu d'avion
L'éclipse partielle vue depuis la France
A quand la prochaine éclipse ? (ou le SAROS pour les nuls)

 

ECLIPSE VUE DEPUIS L'EGYPTE

L'éclipse de Soleil du 29 mars 2006 était partielle en France mais totale le long d'un étroit couloir de 250 km s'étendant du Bénin à la Turquie, en passant par la Lybie et l'Egypte. En raison des facilités d'accès de ce dernier pays, ainsi que des très fortes probabilités d'y bénéficier d'une météorologie favorable, c'est vers lui que j'avais décidé d'émigrer.

Carte IMCCE

But de l'escapade : pouvoir observer l'éclipse en vrai spectateur, ce que je n'avais pu faire réellement lors de l'éclipse de 1999, accaparé par l'organisation de l'observation publique de cette éclipse à Fécamp. Pour des raisons pratiques de temps et de budget, j'ai fait le choix de m'inscrire dans un voyage organisé par la librairie scientifique Uranie de Vannes, son directeur, Hervé Burillier, et le voyagiste "Voyageurs du Monde". C'est donc avec 42 autres astronomes amateurs que je me suis envolé à l'aube du lundi 27 février en direction du pays des pyramides.

Photo Philippe Ledoux

Lundi 27 février :

Au terme d'un vol sans histoire, le transfert vers l'hôtel se fit au milieu de la cahotique circulation automobile cairote, où les notions de priorité, de code de la route et de prudence semblent avoir une valeur très très très relative...

Photos Philippe Ledoux

Logés au Caire dans un charmant hôtel datant de l'époque victorienne, l'accueil fut absolument parfait et notre première nuit égyptienne l'occasion d'une balade dans les rues surpeuplées de la capitale, jusqu'à ce qu'une pluie diluvienne ne vienne mettre un terme à nos pérégrinations. Cette pluie était-elle un mauvais présage pour l'éclipse ?

La nuit fut marquée pour les insomniaques angoissés par une revue de détail du matériel optique et astronomique, avec la hantise d'avoir oublié en France une pièce essentielle du télescope ou de l'appareil photo. Arrgggg.....

Veillée d'armes pour Fabrice Bourge (Photo Philippe Ledoux)

Quant aux non-insomniaques, leur nuit ne fut pas plus calme pour autant, en raison de l'appel à la prière du muezzin, diffusé dès 04 h 30 du matin par les hauts-parleurs de la mosquée la plus proche...

Mardi 28 février :

Allez hop, tout le monde dans l'autocar. Direction la Méditerranée et le site d'observation que le gouvernement égyptien a organisé à Salloum, que nous atteindrons au terme d'un long voyage de 12 heures.

Carte IMCCE / La ville de Salloum (Photo Philippe Ledoux)

Notre arrivée, à la nuit tombée, aura été marquée par le ratatinage intégral d'un Toyota qui roulait sans phare et qui, sur le point de s'engager sur la voie ferrée, y renonça pour se rabattre brutalement sur sa droite, exactement sous les roues de notre autocar ! Malgré la diligence des services de secours, tous les efforts pour ranimer le Toyota furent vains, son bloc moteur, après la collision, ayant l'épaisseur d'une galette de blé noir... quant à ses trois occupants, Allah devait être de bonne humeur ce soir-là, puisqu'ils s'en sortirent avec seulement quelques contusions et plaies superficielles. Un bon repas, préparé par l'équipe de "Voyageurs du Monde" présente sur le lieu du bivouac, nous remit rapidement de toutes nos émotions.

Hervé Burillier à l'écoute de ses ouailles (Photo Philippe Ledoux)

La soirée nous a permis d'observer quelques unes des constellations de l'hémisphère Sud, habituellement invisibles depuis la Normandie : la Poupe, les Voiles, avec en prime l'amas géant Omega du Centaure : que du bonheur, quoi... Et voir Sirius plantée à plus de 45° au-dessus de l'horizon, c'est quand même quelque chose de rare pour un nordiste !

Mercredi 29 mars :

Après une nuit frisquette, nous nous sommes éveillés sous un épais manteau de brouillard qui enveloppait tout le camp de Salloum, conférant à l'aube une allure fantômatique à souhait. Fort heureusement, le Soleil aidant, la brume finit par se dissiper pour laisser place à un magnifique ciel bleu sans nuage.

Le Soleil se lève sur Salloum (Photo Philippe Ledoux)

Chacun des 7000 participants du camp de Salloum put alors commencer à installer son matériel, au milieu d'une joyeuse tour de Babel où se mêlaient des accents japonais, anglais, français, néerlandais, sans compter plusieurs autres sabirs absolument incompréhensibles à nos oreilles.

Daniel Bardin, armé jusqu'aux dents (Photo Philippe Ledoux)

Chronomètre en main, il n'y avait plus qu'à attendre que sonne l'heure H ! Enfin, à 9 h 20 TU, le moment tant attendu : le premier contact, visible sur la photo ci-dessous comme une discrète petite encoche à la droite du Soleil. L'éclipse vient de commencer !

09 H 22 TU (Photo Philippe Ledoux)

Au fil des minutes, durant plus d'une heure, cette encoche va s'agrandir lentement, venant manger une part de plus en plus importante du disque solaire

09 H 40 TU (Photo Philippe Ledoux)

10 H 00 TU (Photo Philippe Ledoux)

10 H 30 TU (Photo Philippe Ledoux)

A la surface du Soleil, un petit groupe de taches est visible, donnant ainsi plus de relief à la progression de la Lune devant le disque solaire.

Photo Laurent Laveder

Les jeux de lumière du Soleil partiellement éclipsé au travers d'un carton percé ou bien au travers des interstices des doigts ont donné naissance à des ombres chinoises du plus bel effet, grâce au principe du sténopé.

Sténopé réalisé par Philippe Ledoux
Sténopé réalisé en Turquie par Laurent Laveder

Les feuilles d'un arbre peuvent remplacer avantageusement le carton percé, pour peu que vous ayez pris soin d'utiliser une simple feuille de papier pour y projeter l'image du Soleil.

Photo Alain Lecavelier, réalisée en Turquie

Si vous possédez l'ADSL une vidéo de 1.84 Mo au format wmw est à votre [disposition ici] ce format nécessite pour être lu le "Lecteur Windows Media" de Windows XP.

Mais bien sûr, l'instant que tout le monde attendait, c'était celui de la phase totale de l'éclipse. Enfin, à 10 h 38 TU, le dernier rayon de lumière disparait ! L'éclipse totale du Soleil commence !

Une éclipse totale du Soleil est un instant tellement magique que l'on voudrait le partager avec tous ceux que l'on aime, et bien au-delà, avec le monde entier. Mais, lorsqu'on tente de s'atteler à cette tache, tout devient incertain, inachevé, et les mots du langage fuient sous notre plume comme du sable. Car une éclipse est un phénomène extra-ordinaire que les mots ordinaires ont bien du mal à restituer. Peut-être un poète y parviendrait-il ? Oui mais, voilà, comment faire lorsqu'on n'est pas poète soit même ? Comment décrire ce ciel dont la couleur vire en un bleu à la fois profond et d'une luminosité électrique : il existe bien le mot "bleu cobalt" mais qui le comprendra ? Au moment où la couleur du ciel vire au bleu cobalt, celle de l'horizon se teinte d'orange

L'horizon de Salloum avant le début de l'éclipse
5 mn avant l'éclipse totale : une étrange lueur verdâtre
commence à nimber l'ensemble du paysage
L'arrivée de l'ombre de la Lune sur Salloum
L'ombre de la Lune se déplace au-dessus de nos têtes
L'horizon de Salloum durant l'éclipse totale
L'horizon de Salloum durant l'éclipse totale
Photos Philippe Ledoux et Fabrice Bourge

Comment faire partager le spectacle insensé de cet étrange globe noir suspendu en plein ciel comme par miracle ? Une fois le disque solaire totalement masqué par la Lune, l'atmosphère du Soleil -- sa couronne-- surgit comme un rêve, avec ses grands filaments argentés fuyant dans l'espace.

Photo Philippe Ledoux

Si vous possédez l'ADSL une vidéo de 3.53 Mo au format wmw est à votre [disposition ici] ce format nécessite pour être lu le "Lecteur Windows Media" de Windows XP.

Et il y a aussi le brillant petit liseré de la chromosphère, la couche la plus profonde de l'atmosphère du Soleil, encerclant d'un mince anneau rose le Soleil noir durant une petite seconde au tout début de la phase totale de l'éclipse, avant que la Lune, dans sa lente marche devant notre étoile, ne vienne nous le masquer.

Photo Laurent Laveder

Seule, une petite protubérance parviendra à s'arracher à la chromosphère et à monter suffisamment haut dans le ciel pour rester visible durant toute l'éclipse, prenant l'aspect dans mes jumelles d'une petite flammèche de couleur fuschia, s'élevant au-dessus du pôle Nord du limbe solaire. Elle est bien visible au télescope et sur les photographies réalisées avec des temps de pose suffisamment courts (1/1000° sec) pour éviter qu'elle ne soit noyée dans la lumière de la couronne solaire.

Photo Laurent Laveder

Par contre, les temps de pose photographiques supérieurs à 1 seconde montrent mieux les gigantesques jets de plasma brûlant qui forment la couronne solair.

Temps de pose croissants, mettant en évidence la couronne solaire (Photos Fabrice Bourge)

Ce 29 mars 2006, ces grands filaments argentés, qui fuyaient largement de part et d'autre des tropiques du globe solaire, contrastaient avec l'aspect en petit hérisson qu'avait cette même couronne solaire lors de l'éclipse de 1999. Bien sûr, il y a de très belles photographies pour vous montrer ce spectacle. Bien sûr... Bien sûr...

Photo Philippe Ledoux

Le retraitement informatique des images de la couronne solaire permet même d'obtenir des résultats réellement somptueux

Les jets de plasma de la couronne solaire : image brute (Photo Koen van Gorp)

Les jets de plasma de la couronne solaire : image retraitée (Photo Koen van Gorp)

Les poses photographiques les plus longues permettent même de visualiser des phénomènes curieux que l'oeil n'a pas perçu au moment de l'éclipse, comme la lumière cendrée de la Lune...

7 secondes de pose au foyer d'une lunette Pronto 70/480 (Photo Philippe Morel)

Mais aucune de ces photos, aussi magnifique soit-elle, ne pourra jamais vous faire sentir l'atmosphère indéfinissable dans laquelle nous étions plongés : à la fois sentiment très intime de vivre un moment unique dans la vie d'un être humain. Et en même temps, de le vivre dans la même ferveur électrique que les 7 000 autres astronomes amateurs réunis à Salloum et, au-delà des frontières de l'Egypte, de le vivre en coimmunion avec toutes celles et tous ceux qui étaient placés sur le trajet de l'éclipse. Etrange paradoxe que celui d'une éclipse : expérience individuelle intense et formidable aventure collective tout à la fois...

Il faudrait également que je vous parle du point étincelant de la planète Vénus, basse sur l'horizon, à l'ouest du Soleil, avec, à mi-chemin entre Vénus et l'astre du jour, la petite piqûre lumineuse de la fugitive planète Mercure, celle qui tant de fois ne s'est pas présentée à nos rendez-vous nocturnes dans ma brumeuse Normandie. Si les principales planètes étaient bien visibles, par contre, la forte luminosité de la couronne solaire a empêché que ne s'allument les étoiles dessinant les constellations mais n'a pas empêché de faire, là encore, de bien belles photographies.

Montage Philippe Ledoux, à partir d'une photo de Laurent Laveder réalisée en Turquie

Bien sûr, toutes ces belles images font rêver. Mais aucune d'entre elle ne pourra cependant vous faire ressentir les frissons qui ont parcouru ma peau lorsque s'est levé le vent de l'éclipse et lorsque la température a chuté de 27° à 10°. Et aucune photographie ne pourra non plus vous expliquer comment les quelques 4 minutes d'éclipse totale, que j'avais prévu de remplir de mon copieux programme photographique, se sont transformées en une minuscule poignée de secondes, comme aspirées irrésistiblement par le grand trou noir de l'éclipse, là-haut dans le ciel.

De même, aucune photographie ne peut rendre réellement compte des changements que l'éclipse apporte à la Nature. Par exemple, en Turquie, les nénuphars se sont refermés, pendant que les grenouilles se sont mises à coasser comme si la nuit était venue

Photos Alain Lecavelier

De même, aucune photographie, aussi somptueuse soit-elle, ne peut vous faire ressentir le crève-coeur, le brise-rêve qu'a été la réapparition du Soleil, lorsque son premier rayon lumineux a jailli au travers des profondes vallées qui entaillent la surface lunaire pour dessiner dans le ciel tout d'abord le chapelet des grains de Baily puis une merveilleuse bague de diamant

Les grains de Baily (Photos Laurent Laveder)

La bague de diamant (Photo Philippe Ledoux)

Animation Guennadi Marchenko

Comme un grand coup de poignard, le premier rayon du Soleil vient ainsi déchirer ce bref instant d'éternité qu'a été l'éclipse totale. A près de 3000 km/h, l'ombre de la Lune va quitter l'Egypte pour foncer vers la Méditerranée, en direction de la Turquie où des milliers d'autres passionnés attendent, eux aussi, l'éclipse promise. Au loin, sur les terres arides du désert égyptien, nous avons vu l'ombre de la Lune s'enfuir à toute vitesse vers le nord-est pendant que de part et d'autre de l'horizon, la lumière du Soleil confluait vers nous en deux immenses vagues chaudes.

La fuite de l'ombre de la Lune à droite du paysage turc, pendant que le Soleil éclaire à nouveau la gauche (Photo Stephan Heinsius)

Le déplacement de l'ombre de la Lune sur le globe terrestre (Animation satellite EUMETSAT)

" Portes ouvertes sur les sables, portes ouvertes sur l'exil,

Les clés aux gens du phare, et l'astre roué vif sur la pierre du seuil :

Mon hôte, laissez-moi votre maison de verre dans les sables.

L'Été de gypse aiguise ses fers de lance dans nos plaies,

J'élis un lieu flagrant et nul comme l'ossuaire des saisons

Et, sur toutes grèves de ce monde, l'esprit du dieu fumant déserte sa couche d'amiante.

Les spasmes de l'éclair sont pour le ravissement des Princes en Tauride."

Saint John Perse

Aspect typique d'un astronome amateur heureux (Photo Fabrice Bourge)

Puis la Lune a poursuivi sa route et a découvert à nouveau progressivement le disque solaire, durant une seconde phase partielle qui a duré plus d'une heure

10 H 45 TU (Photo Philippe Ledoux)

Plus anecdotique, nous avons tenté, en vain, de répondre pendant l'éclipse à une question existentielle qui nous taraudait depuis 1999 : est-il vrai qu'un oeuf tient debout tout seul lors d'une éclipse de Soleil ? En dépit de la confection d'un support high tech strictement horizontal, et du choix d'un bel oeuf frais du jour, nous ne sommes jamais parvenu à faire le tenir debout, que ce soit avant, pendant ou bien après l'éclipse.

L'oeuf refuse de tenir debout ! Photos Philippe Ledoux

Il parait cependant que dans le camp de Salloum, d'autres participants y sont parvenus. Bernard Prieto, qui était dans le sud est de la Libye pour observer l'éclipse, a tenté la même expérience avec succès. Pour notre part, ce n'est qu'en tenant notre fichu oeuf au bout du doigt que nous sommes parvenus à le stabiliser !!! Le mystère reste donc entier...

L'oeuf accepte de tenir debout ! Photo Bernard Prieto

Jeudi 30 mars :

Sitôt l'éclipse terminée, nous avons repris la route du Caire pour retrouver notre hôtel. Le jeudi matin, après une courte nuit de sommeil, lever dès 7 heures pour aller visiter Le Caire et ses environs. Incontournable : la visite des pyramides ! L'apparition de ces dernières en pleine ville, au détour d'un feu rouge, est un sujet d'étonnement pour chacun

Photos Philippe Ledoux

De fait, le plateau de Giseh, où sont implantées les pyramides, surplombe la ville du Caire. Au-delà des pyramides et du sphynx, le désert commence...

L'après-midi de ce jeudi a été consacré au non moins incontournable Musée des Antiquités du Caire, immense caverne d'Ali Baba où sont accumulés les trésors exhumés par les différentes campagnes de fouilles archéologiques que l'Egypte a pu connaître.

Les éclopés qui espéraient pouvoir se reposer un peu n'étaient pas au bout de leurs peines, puisque, sitôt revenus de Giseh, la soirée fut consacrée à une visite du souk situé à proximité de la grande mosquée Al Husseini

Au terme de nos déambulations dans ce souk grouillant de monde, nous finîmes la soirée dans un restaurant typique du pays des pyramides...

Photo Philippe Ledoux

... avant d'aller nous coucher... en mettant le réveil à sonner à 03 heures du matin, afin de ne pas rater l'avion du retour !

Vendredi 31 mars :

Dur, dur de se réveiller à 3 heures du mat' après s'être couché à minuit... Mais les avions n'attendent pas les retardataires. Petite consolation : aujourd'hui, nous ne serons pas réveillés à 04 h 30 par l'appel à la prière du muezzin...

Pour adoucir notre spleen, le voyage du retour se fera sous un beau ciel bleu, nous autorisant quelques jolies photos depuis le hublot de l'avion d'Air France.

La Sicile
La petite tache blanche de l'Etna à l'horizon
Le massif du Mont Blanc
La vallée de Chamonix
La France
Le Lac Léman
Photos Philippe Ledoux
 

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