CROA d'Epsilonzero                                              

 
Lo a tous, voici la dernière version, les 3 heures du retour m'ont permi de retoucher quelques détails, et notamment de virer les innombrables coquille de frappes, dues à la fièvre de l'écriture . Voilà, en vous remerciant encore pour vos commentaires qui m'on été directement au guignol ! Bonne soirée, Epsi Mardi 19 octobre, il est 7h00, le quai du RER, il fait froid. Je lève les yeux en quête d'un petit sourire ou clin d'œil, là-haut, mais rien... Un avion perce la couche de nuages, son phare trouant la nuit, et mon esprit s'envole, vers le Célé, vers ce bolide de vendredi soir, qui, comme l'avion, à éclairé les nuages pendant un instant fugitif. Nous étions donc là-bas, dans le Lot, pour ce week end TRAS, et je m'en vais vous conter cette épopée stellaire, qui fut un grand moment de ma vie de modeste astronome amateur, mais aussi un grand moment de convivialité et d'amitié.
Ordoncques, vendredi matin, 2h00, réveil, plus de sommeil. La voiture est chargée de la veille, tout va bien, ben, départ, quoi! V1, V2, rotation, décollage, vitesse ascensionnelle positive, on rentre les trains, on vire les volets, et on branche l'auto pilote!
J'avale la nuit sur cette longue autoroute, et le ciel me nargue de ses trombes d'eau, entrecoupées de coins clairs, à travers lesquels je peux admirer quelques bouts de constellations. Orion, te voilà, je vois M42, et aussi le camion de devant qui se rapproche dangereusement... cool Epsi, tu verra ça plus tard... Arrivée vers 9h00 aux Amis du Célé, tout le monde semble dormir…non, un couple vaillant arrive, et je fais connaissance avec Antares et Sirius17. On se boit un jus réparateur, et les trasseurs débarquent au compte goutte, les yeux encore embrumés des visions de la veille (...)
Installation, matinée tranquille, et les arrivées se succèdent. On découvre enfin les visages de vieux amis connus sur le forum. L'après midi est consacrée à une petite visite sur le site d'observation, qui doit être paradisiaque lorsqu'il ne pleut pas et qu’il n’y a pas de crottes de sanglier partout. D'ailleurs, vlan, une averse nous oblige à lever le camp rapidement, et à redescendre à la base, pour préparer la suite. Et, fébrile, la fourmilière se met en route, car il ne faut pas louper l'apéro. Euuuuhla non ! Celui ci est dantesque, une explosion de saveurs et de goûts bien de chez nous. Chacun y va de sa spécialité régionale, et notre camp d'astro ressemble de près au salon interrégional de la gastronomie. Le liquide coule à flot, alimentant nos conversations, qui petit à petit convergent vers la soirée à venir. Le Chef, tout chose et le rose au joues, déballe son atlas qu'il a intérêt à connaître par cœur pour la prochaine! De temps en temps, quelqu'un fonce dehors, jette un œil, et des cris fusent "c't'à tomber, wahooo, chu sul cul, jamais vu un ciel pareil, bongu d'bois" et, dix minutes plus tard "c'est mort, la croûte est revenue, ‘ain de météo de mes belles". Hauts les cœurs, le repas expédié et dissout, la colonne de véhicules s'ébranle, chenilles jaunes au ventres pleins de dobsons, de friteuses, cocottes minutes et autres casiers à bouteilles. Le sommet est atteint, mais force est de constater que les nuages sont là, et bien là. Leurs volutes nous dévisagent, narquoises et blêmes. De temps en temps, une petite troués laisse filtrer un coin de voie lactée, inaccessible et fugitif. On se console, un vin chaud à réveiller un mort, parfumé à la cannelle, ça change du clou de girofle. Ca requinque, et remet le moralomètre en station. On est là, on y reste, on va pas abandonner si près du but. Quelqu'un monte ? pas de réponse. Aïe, mal barré ça. On papote, on trépigne, mais rien n'y fait. Un petit poulailler est en train de caqueter là bas, je m'approche, et trouve la gent féminine affairée à parler chiffon (j'en sais rien en fait, c'est pour meubler que je dis ça, j'ai pas le moral, là...) et soudain de la hune tombe un cri, "là-haut, un bolide". Juste le temps de tourner la tête pour le voir exploser, sud est, 30° de hauteur. Derrière les nuages, une boule de feu jaune pale enfle et disparaît. Ca c'est un présage, mais pas pour tout de suite... Tiens, j'ai reçu une goutte, deux, trois, et au jus là dedans, l'averse qui conclut les débats... on fait la tortue dehors, on rentre dans les voitures, et ma foi, on s'en retourne penauds au bercail. Qu'à cela ne tienne, la nuit est à nous.
Mère Cathie nous concocte un petit feu de bois de derrière les fagots, qui réchauffe les cœurs, aidé par le ratafia, et toute une ribambelle de breuvages éthylés, et doucement, fatigués du voyage, et un peu dépités dans les coins, chacun regagne son gîte, pour une courte nuit réparatrice.

Samedi matin, réveil bien triste, le ciel est plombé, il pleut.. on gagne la salle commune, et les discussions reprennent. Fredogoto nous fait une docte démonstration de photoshop, et le temps passe, blafard.
Repas du midi, relativement calme, pas besoin d’aller jeter un œil dehors pour voir la voie lactée, c’est pas l’heure. Il nous faut nous concentrer, car cet après midi, on joue les Casteret, on spéléote, on grottouse, sur les traces du grand Maître Martel... Equipement des pionniers, les filles se gaussent, en voyant mon caleçon long qui me protège du froid (faut dire que c'est quelque chose...) Le caleçon est moche mais Coquette dort au chaud! On monte dans le bus et c'est parti pour quelques heures sous terre, où l'on oublie le ciel pourri qui nous surplombe. Le parcours est joli comme tout, la grotte est bien concrétionnée, les stalactites tombent, les stalagmites montent. Dans cette salle, messieurs dames, la vierge à l'enfant. N’oubliez pas le guide ! bonne rigolade, glissades et tout noir. Ah le tout noir, c'est un moment inoubliable de la vie des spéléos, le moment ou chacun s'installe confortablement dans un coin de la salle, et où on éteint les éclairages. Un par un, les feux qui nous relient à la réalité s'effacent, et surgit le noir absolu, total. Pas un photon, rien. Le silence est absolu. C'est le vide complet. Les premières secondes sont toujours un peu difficiles, et petit à petit, on se laisse engourdir par cet isolement, grisant et terrifiant à la fois. On croit entendre des bruits sourds, qui ne sont en fait que des essais de notre pauvre cerveau pour se raccrocher à la réalité. De temps en temps, une goutte d'eau qui tombe quelque part dans les profondeurs vient rappeler que nous ne sommes que sous terre ! Ce petit moment de calme remet les batteries à fond, et on peut finir tranquillement le parcours. Le jour, là bas, c'est la sortie. Ben ça y est, on a fini, déjà ? on en redemande...mais il faut rentrer, toujours sous une pluie fine mais omniprésente. Une bonne douche, et c'est l'heure du spectrorama. Notre ami nous fait partager avec une passion sans bornes ses expériences de spectroscopie d'étoiles et de galaxies, et nous promène dans son univers coloré de vert, de jaune et de rouge ( ). Que la vie doit être étrange, vue à travers un prisme de verre ! Mon voisin sonnant et trébuchant me verse un bon verre dudit prisme, qui me réchauffe rapidement, et qui calme les courbatures naissantes! Repas du soir, espoir. Ca y est, c'est dégagé, la voie lactée, une tuerie ! on voit M31 à l'œil nu sous les éclairages de la terrasse. Vite, chef, le dessert, un cawa en trombe et allez, on y retourne. Mère Cathie, fatiguée, nous quitte sur le parking, et j'ai l'immense honneur de lui faire redécouvrir quelques joyaux aux jumelles. Vite, M31, M13, H et Khi. Que c'est beau... Arrivée fébrile sur le site, la vitesse est plus rapide que la veille, ça gimkanase un peu, limite gamelle trophie mais cette fois c'est la bonne! On sort en trombe des voitures pour constater….. que la couverture de nuages est revenue... Mais ce soir, elle est plus lâche, comme fatiguée. Et c'est parti, tandis que nous maudissions les nuages, maugréant pis que pendre sur ces zouaves de la météo (faut bien que quelqu'un prenne !) la voie lactée est revenue...(pour goûter la suite, je vous conseille de mettre en musique de fond la Moldau, de Smetana...) Des diamants sortent de partout, pétillent dans le ciel d'encre. La voie lactée, telle une écharpe d'étoffe précieuse, nous entoure complètement. Le sagittaire, l'écu, Persée, Cassiopée. Au milieu trône le cygne, le roi de l'été. Ses ailes déployées embrassent l'espace. Il est posé sur le coton de la voie lactée, et son œil Albiréo clignote orange et bleu. L'epsiloscope farceur est sorti du scenic avec peine, on emboîte tout , le turbulateur dans le garamateur, en passant par la vis de fixation du cromzouteur à pédales. Première lumière sur l'endroit. L'ami Bluedob fait un saut par là et lui colle un laser dans le tradéritralalala. Ouchhh, qu’y fait ! Ben gars dis y'a comme un défaut. Alors deux hypothèses: soit le transport l'a bien secoué des miroirs, soit la dernière collim à tonton Epsi avait du jeu dans les rivets. On va partir comme hypothèse de travail que c'est la route qui lui a mélangé les boyaux de la tête ! Sitôt dit, sitôt fait, et hop, bon pour le service...archi mon bon Autostar !
On monte, on règle, on misenstationne à la Sardanapale (ou à la mord moi l'pif, c'est comme on veut), mais bon, pas de bigourdis ni de kong, ce soir, on fait du visuel, plein les mirettes, plein les berlons, plein les chasses et tout ça pour pas un rond ! La batterie, le fil rouge sur le bouton rouge et on lance la poursuite. Le ruban se tend, pas de farce, la cyanolit est prête à frapper, j'ai pas pris la caisse à outils pour des nèfles quand même? ben si, Jah live, children yeah ! Et c'est parti, direct Dumbell, ma chère et tendre, celle que si j'la vois pas deux jours de suite je pleure. Elle est là, et pour ce soir, elle a revêtu ses plus belles tenues, on la voit en entier, virginale dans son écrin de satin noir, avec ses pantoufles de vair, eh, pas louper, hein Epsi, faut assurer maintenant, t'es au pied du mur, c'est notre nuit de noces ! Une extase.... Je rends l'antenne le temps de notre union, c'est perso ça , vous ne m'en voulez pas ?.………… Quelques voiles nuageux viennent clore vaporeusement nos ébats, et je me remets de mon émotion, en lâchant quelques bouffées de clou de girofle, tel l'amant repu accoudé sur l'oreiller...

M15, ben pourquoi pas ? On le voit à l'œil nu, là bas, au bout des sabots de Pégase. Il donne une tonalité jaune, au contraire de M13 qui est blanc pur. Un break pour montrer le chemin à Gordon....
Mais cette fois c'est plus sérieux, les nuages arrivent. La fin ? non, on y croit, pas question de se laisser démonter.
Le final de la Moldau vient de tomber, on change de disque maintenant, et pour la suite, on fait petit bal du samedi soir, avec par exemple Georgette Plana dans le Dénicheur. La où y'a des friiiteeeeuuu, ambiance cotillons, accrochez la queue du mickey, roulez petits bolides.

Le stand buvette est ouvert, dans le wagon numéro quatre. Et là, c'est l'explosion gustative. Les frometons de Lafanet. Quelque chose de rare, d'une violence inouïe. La perfide bougresse nous a choisi des morceaux de pure folie. Je vois son œil malicieux pétiller rien qu'à humer le fumet diabolique qui exhale des emballages. Les papilles papillotent, le gosier s'enflamme. Du violent, mais suave à la fois. On explose, crachote, tousse, éructe, éternue, retousse, racle, salive, avale. Je me fais une quinte de toux apoplectique déclenchée par un fou rire au moment ou le bol fromager devait choisir entre l'œsophage et le trou du dimanche... Pfiouuuuu, faut reconnaître, c'est du brutal. Un p'tit verre du pommeau au gars Manux pour sécher les larmes, un autre pour pas repartir sur une patte, le petit troisième juste façon que celui du milieu se sente mieux entouré. Rogntudjuuuu, ça fait du bien, j'avions la dalle en pente moi avec toutes ces émotions.

Ah, ça repart, une autre trouée, ben M31, l'assiette du Picasso (celle-la Cathie, elle est facile...) qui emplit le champ complètement. Une vision exceptionnelle, ses voisines sont très nettes, et d’une luminosité que j’ai rarement pu observer sous mon ciel parisien, puis M81-82 aidé par Manux au pointage. Il les a aussi en ligne sur son dob, et je goûte au plaisir des oculaires de 50 mm, le confort d’observation est chouette. Son miroir est bien lumineux (250, normal !) et sa collim est au point. Ces deux galaxies, je n’ai pas l’habitude de les voir, car par chez nous, elles sont souvent un peu trop au nord pour être au net. Jolies les jumelles, bien spiralées, bien belles ! et puis un peu de tourisme, manière de se dégourdir les cannes. On butine à droite et à gauche, on papote un brin en attendant que la nouvelle fournée nuageuse surgie sur ces entre faits veuille bien riper ses tenailles par là bas voir si des fois j'y suis. Soudain…………………. tout se fige, tout s'arrête, l’air cesse de vibrer, une angoisse sourde et fiévreuse envahit le camp. Plus un bruit, plus un souffle. Le temps a cessé d'exister. La nuée se déchire, là bas à l’Est, et comme un lever de rideau, comme les toiles d’une gigantesque araignées qui s’effilochent lentement dans le vent hurlant d’un hiver glacial, apparaît la reine des nuits, la grande nébuleuse d'Orion.

On se fait un petit Pink Floyd Echoes, juste ce qu'il faut pour que la belle esquisse quelques pas de sa parade nocturne... Je vois d'ici les sensibles qui viennent de se faire une petite chair de poule comme si une goutte d'eau glacée leur avait couru sur l'échine. Tu trembles, carcasse, mais si tu savais où je te mène, tu tremblerais plus encore......

Juste au dessus d'elle, les trois rois, enivrés de turbulence, entonnent un étrange ballet grouillant, silencieux comme une tombe, qui couronne la déesse de ses fanaux de givre cristallin. Leurs clins d'œil aguicheurs de serpents de l’enfer invitent le voyageur des étoiles à franchir le fleuve des morts, pour s'agenouiller aux pieds de la souveraine. Une pensée pour ma douce et tendre M27, qui essaie de me retenir, la haut, au zénith. Mais je suis envoûté par la reine, plus rien au monde ne peut plus compter désormais.

Tremblant, suant, dégoulinant du telrad, je la fixe au centre de l'oculaire (mon petit bijou Antares W70, vous savez, celui à 60€...). Et enfin, je la contemple, esclave désormais éternel de son charme malin. Ses ailes sont grandes ouvertes, comme pour mieux m’attirer, et je l’ entends du fond de mon esprit, me murmurer de sa voix suave et langoureuse…….. "viens….viens…..". Je vois cette immense cape de velours vert pâle aux contours d'hermine et les quatre éclats de diamant bleuté, fins et glacés, dents de vampire ricanantes enchâssées dans ce bouillonnement de matière verdâtre et palpitante, au cœur du monstre. Plus un mot, juste les yeux qui se remplissent, qui boivent avidement. Plus rien n'existe à cet instant, que cette diablesse aux dentelles affriolantes de soie sauvage qui m'hypnotise et annihile ma volonté, me fixant dans les pupilles pour l’éternité. Plus moyen de m'échapper, je suis pris au piège, je glisse dans l’enfer glacial de la Grande Nébuleuse d’Orion. Une pensée fugitive me traverse l’esprit : si au moins ma mise en station était mauvaise, elle finirait bien par lâcher prise. Mais, peine perdue, l'epsiloscope, lui aussi sous le charme, la piste de près, le réticule happé par les quatre crocs de diamant... Cette sirène des nuits, flanquée de ses trois gardes, c'est elle la naufrageuse, le phare maudit qui attire irrésistiblement les carènes égarées de la voie lactée vers ses brisants mortels. C'est elle qui envoûte de son chant diabolique et de sa cape virevoltante le malheureux qui a eu l'imprudence de choir entre ses griffes. Et voilà mon pote Ced, qui me tend un filtre UHC, pour essayer de disséquer un peu mieux les fanfreluches de la diablesse. Et quel effet, le trapèze s'est transformé en émeraudes fluorescentes, et les nuances de vert subtiles deviennent plus évidentes encore. On peut voir au dessus du trapèze une zone noire très contrastée, et très détaillée, palpitante comme un cœur sacrifié. En dessous, M43 luit modestement, à sa façon, sans oser faire ombrage à la maîtresse. Mon vieil Epsi, remets toi, tu es en train de tomber dans le piège, et ta pauvre bergère va sombrer dans le chagrin et le désespoir, si tu t’abandonne aux griffes de la grande prêtresse des nuits......

Enfin, mon pauvre cerveau, dans un soubresaut de volonté, dans un ultime réflexe de survie, commande aux muscles de mon cou de se tendre, et ma tête pantelante se redresse. J’ai l’impression d’avoir traversé les siècles, d’avoir changé de dimension, mes yeux sont hagards, ma respiration courte et sifflante. Enfin, libre. Je jette un œil contrit à M27, car je sens ses reproches, je sens que mon infidélité lui a brisé le cœur. Je quitte donc la grande tentatrice, la laisse ravager d'autres cœurs en errance, et je fais ma petite ballade digestive.

Ca va ? C’est beau ? Pas trop froid ? Et ce faisant, je m'approche mine de rien en plumant des œufs du 600 de Raphaël. Je prends un ticket pour la visite, et j'attends mon tour... Et là, je me doutais bien de ce qui allait arriver, vu l'orientation du biniou. Au suivant, au suivant (pour toi, grand Jacques), et c'est mon tour. Je me penche, et là, mon cerveau devient blanc, désert comme les abords d'une centrale nucléaire un lendemain de fissure (pour toi, mon San Antonio préféré). Elle me poursuit, c'est comme un cauchemar sans fin, tous les télescopes de la planète sont fixés sur elle, mais cette fois c'est plus pareil, c'est indescriptible, je peux pas. Y'a que Nerval qui serait capable de le faire et personne d'autre. Ô fortuna, velut luna, statu variabilis....On pourrait tout dire, rien n'arriverait à décrire ce que je vois. C'est une photo, ni plus ni moins. C'est en relief, en creux, en dessous, en dedans, plat, rond, ovale, des bulbes verts, des limbes roses, des festons. Ça fait Mururoa dans ma tête à moi. Je ne peux plus contrôler le flux d'adrénaline qui me traverse, je ravale un sanglot, et je bredouille, anéanti, vide, niais, au suivant !

La musique de Pink Floyd s'éloigne petit à petit, le cercle de l'arène de Pompéi devient de plus en plus ténu, et j'émerge de ce rêve tourmenté, balancé là comme une coquille vide sur une plage déserte, pas frais pour deux ronds... Me faut un moment pour reprendre mes esprits. Un seul truc à faire, plus fort que moi. Manux, vite, un pommeau, pis tiens si t'en as en rab, verse à boire à ton cousin car il aime le bon vin.....

Ou suis-je qu'ai-je fait, que dois-je faire encore
Quel transport me saisit, quel chagrin me dévore
Errant et sans dessein, je cours dans ce palais
Ah ne puis-je savoir si j'aime ou si je hais!
Le délire n'est pas loin, il faut que je me ressaisisse.

C'est l'heure de vérité, voir ce que l'epsiloscope est capable de cracher. Les dentelles du Cygne. Là c'est technique, pas rater l'exam. Un OIII dans le groin, me demandez pas qui me l'a prêté ni qui a fait la visée, je sais que c'est pas moi, c'est tout... grossissement 140, et le bel oiseau blanc et orange (côté chevilles, tout va bien ?) pivote sans bruit (ça fait six mois que je m'escrime à équilibrer ce tromblon à piston) dans la nuit d'ébène. Alors, 52 au centre, devenue violette pour l'occasion, apparaît, fine comme une dentelle (ben tiens, facile) la dentelle tant attendue, fine parenthèse de soie blanche flottant dans l’éther à côté de l’étoile.
Il peut le faire, et il le fait ! Raphaël qui était là (c'est p'têt ben lui qu'a visé, à moins que ce ne soit Zorg, ou Ced, chais pu), jette un œil au biniou et constate de visu que la chose est vérifiée. Coup de tampon sur la carte d'identité du niouniou à moi. dentelles: validées. Bon, c'est choucard, mais c'est quand même pas le Pérou, et on va pas se battre pour ça hein ? A la limite, ça s'arrose, et ben glou donc ! Aux dentelles et à nos vingt ans, cré vingt d'bongu d'bois. A la tienne Etienne ! Pis un autre pour se consoler de les avoir loupées au 600.

Bon, v'la que Saturne maintenant (tu m'étonnes, et pas qu'un peu... hic...)
Pointage, raclement de gorge, un peu de sérieux s'il vous plait. Hum hum ! Bon, pile poil au minou à la barlow apo, ou accro, chais pu ! Un oculaire dans le valseur, et roulez. Ben, elle danse des anneaux (yé yé viens danser le houla hop), et mes pauvres pupilles à lambada sur 32 n'arrivent pas à suivre. Cassini, parfait, Encke, même pas en rêve. On voit très nettement l'ombre sur l'anneau. Faut dire qu'elle est presque à son maximum d'ouverture, la cocotte jolie. Ben profitons-en alors. Autostar jette un œil. Me dit « mais tu grossis pas 300 fois là, non ? » et moi, comme une tranche de cake qu'aurait passé la date « ben si chte jure » « Bon ki dit l'gars, si tu veux... » je me mords encore les doigts de mon erreur ! . Le lendemain, en démontant, je me suis aperçu que c'était ma bouse de Celestron Omni de 25 mm qu'il avait au fignedé, et pas mon Antares. L'avait ben raison, mon Autostar...je grossissais à peine 100 fois. Sniffff, ben ce sera pour la prochaine fois... Saturne marque alors la fin des combats. J'aurais bien tenté autre chose, mais cette fois, le rideau s'est tiré, j's'rais pas étonné qu'on ferme. Pi il est bien tard pour un si petit pays, pi on en a vu des globules célestes, pi on en a bu des verres de pommeau, pi le clou de girofle et autres essences essentielles...

Allez mon Grelots, on plie les gaules. L'epsiloscope est trempé comme une soupe, yayaille, l'électronique va adorer. Le PC, qui n'a pas servi d'ailleurs (pas de mise en station, ni d'acquise à la webcam) est une éponge. Pas bien ça... Un dernier coup de lampe par terre manière de s'assurer qu'on n'y laisse pas deux oculaires et un miroir primaire.

Et c'est le chemin du retour, avec le solo de batterie de Sweet Smoke à donf les mellega dans l'auto, tellement pris par la zique que je me gourre de chemin... demi-tour, machin bidule, et c'est l'arrivée à la salle commune. Pas grand monde. Grelots me fait un signe des ailes qui signifie qu'il est à court de jus et qu'il regagne la base en urgence. Une pensée pour la mé Cathie qui doit rêver de ses constellations à l'heure qu'il est !

Quelques âmes errantes, quand même. Ceux qui en ont plein les châsses, et qui s'en jetteraient bien un ou deux petits pour grimper la côte ! Allez Daniel, on se finit la bouboutte de casse patte de Bretagne. Glou, khlass, fini, apu.

Pi tiens, vl'a les Avesques, et pi Lafanet, pi c'est reparti, de la belge qui mousse, ça vous fait des gentillesses dans l'goulot! ahhhh, ben gars dis f'sait soif aux entournures...Et trois moussettes plus loin, tout en refaisant le monde, les cinq du matin sonnent à ma timex, entraînant avec elles mon petit corps meurtri de spéléo, et mes yeux en capote de fiacre, pleins de Dumbell, de M42 nosferatesques, de 600, de vieux foin détonnant que le maroilles à côté y sent la violette, de pommeau bien tiré, de Gudang Garam exportées, d'UHC trop tassé, de telrad trop mouillé, de crottes de sanglier, et demain faut rentrer.....

Je voulais mettre une morale à la fin, ben je la mettrai pas, na ! Pi tiens si, en pensant à ma petite Lisette qui dit toujours, depuis qu’elle à trois ans : « mieux vaut pas beaucoup que pas du tout… »

La suite, le départ glauque et véreux à souhait, vous la connaissez, j’ai pu la moelle pour m’y atteler, z’aurez qu’à faire un copier coller, et donc c'est pas comme dans la chanson, je m'en vais pas la recommencer, pirouette, cacahouète, hip hop, les doigts dans l'nez, les mains dans les poches .

Pour finir trop court, je voudrais lancer un grand merci à Lxfred pour avoir commis cette folie, d’avoir un jour posé la question à cent balles « a quand les rencontres astrosurf ? »

Quelle idée malencontreuse ! Il y a cru, le foldingo, l’hérétique, et nous, on a mordu ! Contre vents et marées, la mayonnaise a pris, pas facile de contenter tout le monde, et comme on dit, compromis, chose due ! Voilà, ce fut, et ce fut grand ! Il ne tient qu’à vous tous de remettre ça l’année prochaine, disons la même en couleurs. Alors, mes mignons, il ne reste plus qu’un an, ça approche !

Et bien sur, faut pas qu’on soit seuls, je suis sur que ceux qui nous lisent ont une envie irrépressible de venir constater de visu, de goûtu, de tactu et de boivu ce que la bande des amis du fêlé est capable de leur concocter aux petits oignons, pour le plaisir de leurs pupilles, de leurs papilles, la joie de leur foies, de leurs voix, de leur nez, et de leur pieds.

Pi voilà, j’ai découvert des potes tous plus machins ou bidules (je vous dis pas, à vous de découvrir la prochaine fois…) les uns que les autres, et je n’ai qu’une envie, les revoir fissa pour m’en remettre une ordonnance, et une sévère ….

Alors longue vie au TRAS, et à l’année prochaine, bisouilles, Epsi

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"Eppur si muove" Galileo Galilei