MINISTERE DE L'EMPLOI
ET DE LA SOLIDARITE
SECRETARIAT D'ETAT A LA SANTE
ET A L'ACTION SOCIALE

Paris, le 7 avril 1999

Communiqué de presse

DOSSIER DE PRESSE

11 AOÛT 1999 :
ECLIPSE TOTALE DE SOLEIL

 

  

LES RISQUES 

 Des lésions graves…

L'observation sans précaution d'une éclipse de soleil est susceptible d'entraîner des lésions ophtalmologiques graves, en raison de l'apparition de brûlures rétiniennes après observation de la lumière solaire intense. En effet, la rétine est naturellement protégée des radiations ultraviolettes de longueur d'onde inférieure à 380 nanomètres (UVB et UVA courts) ou supérieures à 1400 nanomètres (infra-rouges longs), car ces radiations sont arrêtées au niveau des éléments antérieurs de l'oeil : cornée, cristallin et milieu intérieur de l'oeil. Mais l'exposition de la rétine à des radiations dont la longueur d'onde se situe entre ces deux valeurs est responsable de lésions parfois irréversibles.

...Y compris en cas d’exposition courte

L'élévation de température au niveau des cellules rétiniennes est responsable d'une dénaturation des protéines des cellules qui constituent l'épithélium rétinien. Il suffit d'une exposition de courte durée pour constater de telles lésions, elles peuvent apparaître après moins de 60 secondes d'observation sans protection. Des altérations rétiniennes peuvent être constatées pour des temps d'exposition plus courts en cas de maladie rétinienne préexistante : maladie vasculaire ou dégénérative par exemple. Ces lésions sont dues en particulier à l'exposition aux rayonnements infrarouges courts de longueur d'onde située entre 500 et 1400 nanomètres, contenus dans le rayonnement solaire. La lumière visible et les ultraviolets courts sont également responsables d'une rétinopathie photochimique par des phénomènes photooxydatifs, ainsi que par photocoagulation de la rétine en raison d'une transformation de la lumière incidente en chaleur au niveau de la rétine. Dans les deux cas, la conséquence est la formation de zones rétiniennes aveugles.

...Ou d’exposition discontinue

La lumière intense du soleil ne permet pas de le regarder de manière prolongée en raison de la gêne importante que cette observation provoque. Aussi un observateur non-averti peut-il être tenté de le regarder de manière discontinue mais répétée à de nombreuses reprises tout au long de l'évolution de l'éclipse. Cette manière de procéder est également dangereuse car elle conduit à une accumulation d'agressions successives de la rétine conduisant au même résultat qu'une observation continue prolongée. L'utilisation d'instruments d'optique (jumelles, télescope, appareil photo) est extrêmement dangereuse, les lésions rétiniennes pouvant alors s'observer en une fraction de seconde.

 Des troubles visuels à une diminution irréversible de l’acuité

Ces lésions ne s'accompagnent d'aucune douleur ou symptôme immédiat, ce n'est que quelques heures, voire quelques jours plus tard qu'apparaissent des signes cliniques de troubles visuels ou de baisse de l'acuité visuelle, dont le pronostic dépend de l'importance du phototraumatisme initial. Ces lésions peuvent régresser lentement sans séquelles en quelques semaines ou mois. Cependant des séquelles peuvent persister : elles vont de simples troubles visuels à une diminution irréversible de l'acuité visuelle pouvant dans les cas les plus graves aller jusqu'à une cécité totale.

Au cours des dernières décennies, la littérature médicale a rapporté lors de chaque éclipse solaire la survenue de plusieurs dizaines voire plusieurs centaines de cas de pertes ou d'altérations sévères de la vision, en l'absence de protection oculaire adaptée (voir la fiche "Moyens de Protection"). Les cas recensés ne représentent probablement qu'une partie du nombre total des accidents. L’Institut National de Veille Sanitaire (InVS) a été chargé de procéder au recensement des cas de brûlure rétinienne provoqués par cette éclipse.

    

LES MOYENS DE PROTECTION

 Des moyens adaptés

L'Académie Nationale de Médecine, dans son voeu du 30 juin 1998, a attiré l'attention sur la nécessité d'utiliser des moyens de protection adaptés à l'observation directe du soleil. Pour être réellement efficaces, ces moyens doivent assurer une filtration effective des rayonnements solaires sur tout le spectre de ce rayonnement, y compris les ultra-violets et infrarouges. La densité optique des filtres doit être au moins égale à 5, c'est à dire qu'elle ne doit laisser passer qu'un cent millième des radiations. Ainsi une protection qui permettrait un bon obscurcissement de la lumière visible, mais n'assurerait pas une filtration efficace des infrarouges serait faussement sécurisante et par conséquent dangereuse.

 L’observation indirecte : à manier avec précaution

Il est possible d'observer une éclipse de manière indirecte en toute sécurité : le procédé consiste à projeter l'image du soleil sur une surface, à travers un petit trou d'un ou deux millimètres percé dans un carton mince ou une feuille de métal. Il convient cependant de bien manier le dispositif et de ne pas tenter de regarder l'éclipse directement à travers le trou.

 Des moyens classiques à déconseiller

Pour l'observation directe du soleil, il existe des moyens classiques, mais présentant des risques, comme la lame de verre noircie à la flamme d'une bougie ou d'une lampe à pétrole. Le procédé n'est pas recommandable, car la densité de la fumée n'est généralement pas uniforme, la couche de carbone est fragile et peut facilement être arrachée. Par ailleurs la filtration des infrarouges est également insuffisante.

La superposition de plusieurs films radiologiques ou photographiques noir et blanc complètement et uniformément exposés, ne peut constituer un filtre efficace que si les émulsions de ces films contiennent de l'argent. La présence de colorants en remplacement de l'argent conduit à une très mauvaise filtration des infrarouges. Il en va de même de l'utilisation de plusieurs films photographiques couleurs exposés superposés.

La superposition de plusieurs paires de lunettes de soleil, même très denses comme les lunettes de glacier, constitue un filtre inefficace et dangereux.

Des lunettes aux normes européennes pendant toute la durée de l’éclipse

La meilleure protection est représentée par les verres de soudeur utilisés en particulier pour la soudure à l'arc. Leurs caractéristiques sont définies dans la norme européenne EN169 :1992 qui définit plusieurs niveaux de densité selon les usages. Seuls les verres de densité 12 à 16 définis dans la norme sont utilisables en toute sécurité pour l'observation directe du soleil lors d'une éclipse. Le maniement de ces verres est délicat, ils ne sont pas toujours d'une taille adaptée, le prix est assez dissuasif pour une utilisation unique et de courte durée.

Des lunettes d'observation directe du soleil de faible coût, possédant des caractéristiques comparables aux verres de soudeur, ont été développées depuis quelques années et produites en grande quantité à l'occasion des éclipses. La partie filtrante est constituée soit de films plastiques transparents, notamment de type Mylar® recouverts d'une fine couche d'aluminium, soit de films de polymère noir teintés dans la masse. Ces films sont généralement fixés sur des montures en carton qui doivent être suffisamment larges pour assurer une bonne protection des yeux de l'utilisateur.

Ces lunettes sont des équipements de protection individuelle au sens de la directive 89/686 CEE du 21 décembre 1989. Elles doivent à ce titre répondre aux dispositions prévues par la directive, en matière de conformité à des règles techniques de conception et de fabrication. Ces lunettes doivent avoir fait l'objet d'une vérification par un organisme certificateur européen, qui délivre une attestation de conformité. Le marquage CE de conformité de type est obligatoire et doit figurer sur les lunettes de même que les références du fabricant ou de l'importateur identifié comme tel et de l'organisme certificateur. Les lunettes sont accompagnées d'une notice d'utilisation en français, qui peut figurer sur la monture. Pour assurer une bonne protection, les lunettes ne doivent être retirées de leur emballage qu'au moment de l'utilisation, afin d'éviter les rayures ou les trous, en raison de la fragilité des films plastiques. Un moyen simple permet de vérifier rapidement la qualité de ces lunettes : l'observation d'une lampe à incandescence claire placée à une vingtaine de centimètres des lunettes doit permettre de voir uniquement et distinctement le filament de manière homogène sur toute sa longueur.

Les lunettes doivent être conservées durant toute la durée de l'observation de l'éclipse partielle. Elles ne peuvent être retirées que durant la brève période d'observation de l'éclipse totale, afin de profiter du spectacle exceptionnel qu'offre ce phénomène.

  

LE PROTOCOLE D'ACCORD 

Compte tenu du risque de lésion oculaire du fait de l'observation directe du soleil lors de l'éclipse du 11 août prochain, le Secrétariat d'Etat à la Santé et à l'Action sociale propose un protocole d'accord aux distibuteurs de lunettes de protection pour l'observation directe du soleil et susceptibles d'être mises sur le marché pour cette occasion.

Ce protocole vise à mettre ces lunettes à disposition du plus grand nombre au prix le plus bas possible tout en assurant la conformité de ces dispositifs aux exigences de sécurité de la directive européenne sur les équipements de protection individuelle dont ils relèvent (voir fiche "Moyens de protection")

Ce protocole a été établi en liaison avec les deux principaux organismes d'astronomie de France, la Société astronomique de France, l'Association française d'astronomie particulièrement mobilisées pour l'animation autour de cet événement et engagées à ce titre dans la production de lunettes, ainsi qu'avec l'Association Rétina France et l'Association Nationale Sciences Techniques Jeunesse. Il reste bien sûr ouvert à d'autres partenaires

Le protocole :

Les cosignataires de ce protocole s'engagent par ailleurs à s'informer mutuellement de leurs actions de communication, qui intègrent l'objectif de prévention sanitaire, et à coordonner celles-ci.

Les lunettes diffusées dans le cadre de ce protocole portent le logo du Secrétariat d'Etat à la Santé et à l'Action sociale.

  

CONTACTS ASSOCIATIFS

Société astronomique de France
3, rue Beethoven 75016 PARIS - tél. : 01 42 24 13 74
Contact presse : 01 53 80 58 80

Association française d'astronomie
17, rue Emile Deutsch-de-la-Meurthe 75014 PARIS - tél. : 01 45 89 81 44
Contact presse AFA/Eclipse Info : 01 45 89 81 44

Association Nationale Sciences Techniques Jeunesse
16, place Jacques Brel 91130 RIS ORANGIS - tél. : 01.69.02.76.10

Rétina France - Vaincre les maladies de la vue
BP 62 - 16, allée de Naurouze
31771 COLOMIERS
Cédex - fax. : 05 61 78 91 00

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