CHUTES DE PIERRES
Gérard ODILE nous raconte les Météorites, ces pierres venues du ciel

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Les astéroïdes

A Palerme, Giuseppe Piazzi, moine et astronome, découvre le premier astéroïde le 1er janvier 1801. Il est nommé Cérès, en l'honneur de la divinité protectrice de la Sicile. Cérès est, pense-t-on, une petite planète, prévue par la loi de Titius Bode. L'astronome allemand Johann D. Titius prévoit en 1766 la présence d'une planète entre Mars et Jupiter, située à environ 2,8 UA du Soleil. En 1772, Johann Elert Bode, de l'observatoire de Berlin, vulgarise les calculs de Titius.
L'astronome allemand Heinric W. Olbers découvre en 1802 une autre petite planète nommée Pallas. Il avance la théorie d'une planète désintégrée.
En 1807, deux autres objets sont découverts : Juno et Vesta. William Herschel, qui a découvert Uranus en 1781, suggère le nom "astéroïde", du grec "asteroeidês" : "aster" pour "étoile" et "eidês" pour "similaire à".
Les découvertes se suivent : 13 en 1850, une centaine en 1870, 500 en 1900, plus de 3 000 en 1985.
Les tailles : 1 Cérès 914 km, 2 Pallas, 4 Vesta et 10 Hygiea, entre 400 et 500 km de diamètre (le chiffre qui précède le nom est l'ordre de la découverte, il faut au moins trois observations pour localiser un astéroïde). Nous comptons actuellement 17 000 astéroïdes identifiés.

Distribution des astéroïdes en fonction de leur distance au Soleil :
La plupart des astéroïdes se situent dans la ceinture principale, entre 2,1 et 3,3 UA du Soleil.
Les astéroïdes sont constitués de grains de la nébuleuse protoplanétaire riche en fer et en silicates. Comme les planètes, les gros astéroïdes ont des matériaux lourds (métaux) au centre et les silicates dans le manteau et la croûte.
Le 9 décembre 1994, à 104 700 km, un astéroïde frôle la Terre, il s'appelle 1994 XM1, il a 9m de diamètre. Le 8 décembre 1992 à environ 700 000 km, un objet de 4 km a aussi frôlé la Terre. Cet objet 1989 AC 4179 découvert en France en France (Cerga), est baptisé Toutatis.

classification selon la nature chimique :

L'analyse spectrale a permis de distinguer différentes classes, trois types principaux :
C : Pour carbone, soit les 3/4 des astéroïdes connus (albédo 0,03), semblables aux météorites carbonées.
S : Pour silicate, soit 17% des astéroïdes (albédo de 0,10 à 0,22), relativement brillants, de composition métallique, à base de nickel, de fer, avec des silicates de fer et de magnésium.
M : Pour les autres, soit 8% (albédo entre 0,1 et 0,18), constitués de nickel et de fer.
Avec les observations , une classification plus fine a été nécessaire : les types D, F, G, E, B, T, A, V, Q et R ont été rajoutés.
La classe "primitifs" des astéroïdes est surtout dans la région extérieure de la ceinture principale, la classe "ignés" dans la région intérieure et la classe des "métamorphiques" dans la région centrale de la ceinture. La masse de ces astéroïdes est 450 fois plus faible que celle de la Terre.

Albédo
Spectre
Minéralogie
PRIMITIFS
Q
de 0,04 à 0,06
relativement plat avec
faibles structures
silicates et carbone
présence d'ions hydratés
C
de 0,04 à 0,07
plat sans structure
croît dans l'infrarouge
complexe
matériaux organiques
inférieur à 0,1
plat rougeâtre
intermédiaire
entre C et D
matériaux organiques
D
de 0,18 à 0,2
forte absorption
vers 0,7 micron
pyroxènes olivines
métaux
IGNES
S
de 0,14 à 0,17
rougeâtre
absorption Fe++
silicates et métaux
M
environ 0,12
faiblement rougeâtre
sans structure
métaux (Ni, Fe) ou métaux
+ silicates neutres
E
0,38
plat sans structure
silicates neutres
(enstatites, achondrites)
A
de 0,18 à 0,20
très rouge forte
absorption dans
l'infrarouge
olivine
R
de 0,12 à 0,30
rouge, fortes structures
Fe++ silicates
V
de 0,18 à 0,20
forte bande d'absorption
dans le rouge
olivines et pyroxènes
METAMORPHIQUES
F
de 0,04 à 0,1
sous classe de C
argile, silicates neutres
G
environ 0,1
forte absorption
dans l'ultraviolet
sous classe de C
silicates neutres, argile
B
de 0,04 à 0,08
plat avec légère
décroissance
dans le bleu
silicates neutres, argile
T
de 0,04 à 0,1
assez plat légère
absorption dans le rouge
silicates hydratés
mais altérés
Les trois grandes classes d'astéroïdes. (D'après D. Tholen et M.A. Barucci,
Asteroid, II, 1989 ; Burbine et R.Binzel, Asteroid, Comet, Meteor Meeting, 1993.)

Les météorites, provenances

En 1719 Edmund HALLEY remet en cause la théorie du phénomène atmosphérique d'Aristote. Une météorite brillante est observée en des points du globe suffisamment éloignés pour pouvoir déterminer l'altitude du phénomène. Halley l'estime à 100 km, et sa vitesse supérieure à 8 km/s. Toutefois l'origine extraterrestre des pierres tombées du ciel sur Terre reste encore longtemps contestée.
Ernst Florenz Friedrich CHLADNI (1756-1827), connu pour ses travaux en acoustique, met en évidence les vibrations d'une plaque mince en en saupoudrant la surface de sable fin et en l'excitant avec un archet. Le sable se rassemble aux noeuds des ondes et dessine les "figures de Chladni". Il en fit une démonstration à Napoléon lors d'un séjour à Paris.
Suite aux récits des observations de pierres tombées du ciel et de la grosse météorite trouvée par le naturaliste Peter Simon PALLAS (1745-1811), constituée de fer et d'une sorte de verre ambré, F. Ghladni, en 1794, publie un ouvrage dans lequel il fait le lien entre les bolides lumineux et les météorites.
Le 26 avril 1803 vers 13 heures, une pluie de pierres tombe près du village de L'Aigle, dans l'Orne. Elle est estimée à trois mille fragments, d'un poids total estimé à 37 kg sur une surface elliptique de 11 km2.
Le président de l'Institut national, le chimiste Chaptal, désigne BIOT pour aller enquêter sur les lieux du phénomène. Jean-Batiste Biot (1774-1862) venait d'être nommé membre de l'Institut national (avec François Arago, auteur des lois sur la polarisation de la lumière, et Félix Savart, découvreur du champ magnétique créé dans le vide).
Il partit en emportant un échantillon de la pierre météoritique de Barbotan (le 24 juillet 1790 vers 21 heures, une boule de feu traverse le ciel du sud vers le nord avec une détonation qui fut suivie d'une pluie de pierres), pour s'en servir par comparaison.
Biot questionne les témoins dans toutes les classes sociales, du berger au préfet d'Alençon. On lui montre les traces laissées par les pierres, les branches brisées et il découvre lui-même une pierre. Biot lut son rapport à l'Institut et convainquit le monde scientifique que ces pierres sont bien tombées du ciel.


Les météores

Les météores sont des phénomènes lumineux qui résultent de l'entrée dans l'atmosphère de particules solides venant de l'espace.

Les météorites sont des objets solides qui atteignent la terre.

Les étoiles filantes
Lors de la rentrée dans l'atmosphère, la magnitude limite correspond à des poussières de 0,002 gr. Nous avons une magnitude 0 (Véga) pour des poussières de 0,4 gr et la magnitude -4 (Vénus) pour des corps de 50 gr à une vitesse de rentrée d'environ 15 à 20 km/s et à une hauteur de 120 km à 70 km, mais plus la masse est faible, plus le freinage est important.

Pour qu'ils arrivent au sol, les météores doivent avoir une masse d'au moins 10 kg et une trajectoire favorable. Le frottement leur fait perdre environ 80% de leur masse. Nous comptons environ 5 chutes par an en France, mais nous n'en avons répertorié que 74.
Des centaines de millions de poussières cosmiques arrivent chaque seconde. Souvent les météores s'éteignent vers 20 km d'altitude mais 100 000 à 200 000 tonnes par an tombent sur la Terre sous forme de poussières.


Les impacts

Meteor Crater (nom officiel : Berringer Crater) est situé sur un plateau sédimentaire, en Arizona, à 60 km à l'est de Flagstaff et 150 km au sud-est du Grand Canyon. C'est un trou de 1 200 m de diamètre et de 200 m de profondeur.
Dès 1886 des morceaux de météorites de fer (baptisés Canyon Diablo) ont été trouvés à plusieurs km du cratère.
En 1902, un géologue de Philadelphie, Daniel Moreau Barringer, sonde pendant plus de 25 ans le cratère pour trouver du fer, mais n'y trouve rien. D'après Eugène Shoemaker c'est un astéroïde de 30 km de diamètre en fer, d'une masse de 100 000 t, qui plonge dans le sens nord-sud sous 30° à 15 km/s (50 000 km/h). Dans les basses couches de l'atmosphère, il s'échauffe et se brise en plusieurs morceaux. Il heurte le sol. L'énergie cinétique libérée est totalement transformée en chaleur. L'astéroïde et la roche sont partiellement vaporisés.
Il y a d'autres traces de chutes de météorites :
En Australie, près de Henbury, nous avons un ensemble de 13 cratères qui vont de 10 à 200 m de diamètre.
En Arabie Saoudite, près de la ville de Wabar, 2 cratères de 100 m ont été découverts ainsi qu'une météorite de plus de 2 t.
En Afrique du Sud, l'anneau de Vredefort, une structure de 100 km de diamètre serait un impact d'il y a 2 milliards d'années.
Le cratère du Nouveau Mexique (dans le nord de la baie d'Hudson), un lac circulaire de 3 km, daté de 5 millions d'années.
Deep Bay (Saskatchewan) au Canada, un lac de 12 km, daté de 100 millions d'années.
Le Manicouaga, au nord du St Laurent, large de 70 km (aussi appelé mont Babel), daté de 210 millions d'années.
Deux des lacs Clear Water, 20 et 30 km de diamètre, de 290 millions d'années, avec un dôme central, sont l'impact de deux fragments d'un même objet.
Le Nordlingen Reis à 100 km de Stuttgart, de 24 km de diamètre, formé il y a 15 millions d'années.
Stopfenheim Kuppel et le Steinheim, de 8 et 3,5 km, formé par le même astéroïde que celui du Reis.
A Rochechouart, près de Limoge, il y a un impact de plus de 20 km et daté de 160 millions d'années.
Dans le golfe du Mexique, à Chicxulud, un impact de 200 km de diamètre, à demi englouti, vieux de 65 millions d'années (couche limite K-T découverte par l'américain Water Alvarez (K-T crétacé-tertiaire), couche d'iridium).
A Peekskill, l'objet s'est fragmenté vers 40 km d'altitude, sa vitesse était de 15 km/s lors de la rentrée dans l'atmosphère. Elle était encore de 5 km/s lors de l'impact sur une voiture.


Les plus grosses météorites

Les métalliques : l'une des plus grosses a été découverte en 1920 à Hoba (Nanibie) et pèse 70 t. La seconde en poids, du Cap York (Groenland) appelé aussi Ahnighito a été rapportée à New York par R.E. Peary. Trois fragments de 36 t, 3 t, et 400 kg sont au musée de la ville.
La troisième, tombée dans le désert de Gobi, appelée Shingo, pèse 30 t. Il y a aussi celles de Bacubirito (Mexique) de 20 t, de Chaco (Argentine) de 30 t, de Mbosi (Tanzanie) de 16 t. Celle de Si Kote Alin (Russie), la plus grosse pièce pèse 1,7 t mais le poids total récupéré est de 20 t.

Les pierreuses : nous avons celle de Jiling de 1,7 t en Chine, de Norton County aux USA de 1 t, de Long Island aux USA, 3 000 fragments pour un poids de 600 kg. En Europe, en Tchécoslovaquie, à Knyahinya, une météorite d'un poids de 300 kg est tombée le 9 juin 1866. Près d'Odessa, aux USA, il y a trois cratères, le plus grand mesurant 200 m de diamètre.
En 1992, 130 cratères sont authentifiés, dont 32 ayant plus de 20 km de diamètre. Il y aurait 330 cratères estimés.


Les tectites

A une certaines pressions , la plupart des roches fondent et les minéraux se solidifient en verre d'impact sous form de billes, des impactites. Ces billes retombent dans les environs, d'autres, les tectites sont éjectées à des centaines, voire des milliers de kilomètres du cratère.
Des tectites présentent des indices d'une deuxième fusion partielle, qui serait due à leur retombée dans l'atmosphère après un vol balistique : l'impact les aurait éjectées hors de l'atmosphère.
Les moldavites, en Bohème et en Moravie, agées de 15 millions d'années, dues à l'impact du Ries Krater (30 km de diamètre) situé à 300 km à l'ouest du champ de tectites (150 km de Munich).
Les ivoirites, en Côte d'Ivoire, agées de 1,3 millions d'années, dues à l'impact de la météorite de Bosmtwi au Ghana (300 km à l'est).
Les tectites de l'Amérique du Nord, en Géorgie et au Texas, agées de 35 millions d'années, dues à l'impact situé dans la région du golfe du Saint Laurent au Canada (bédiasite).
Les australites qui couvrent plusieurs millions de km2, en Australie, Indochine, Malaisie, Océan Indien, agées de 700 000 ans (impact sous la calotte de l'Antartique ?).
Ne pas confondre avec les pierres de foudre qui sont du sable aggloméré cylindrique, en longueur, appelées fulgurites.


Verre libyque

En 1850, le consul de France à Djeddah rapporte qu'un bédouin avait trouvé du verre entre Kufra et Dakhla.
Le professeur Théodore Monod, du Muséum d'histoire naturelle, est le premier français à s'intéresser à ce problème.
P.A. Clayton redécouvre le gisement de verre en 1932. Il est situé près du plateau du Gilf Kébir sur des couloirs de 3 à 5 km de large, sur une surface de plus de 3 500 km2.
Le verre libyque est de couleur jaune à vert clair, est plus ou moins transparent et contient des bulles d'une couleur blanche. Les morceaux assez gros, sont plus ou moins enterrés, polis par le vent et doux au toucher. La formation du verre est estimée à 29 millions d'années.
Trace du cratère ?
Deux cratères, en Libye, à environ 150 km à l'ouest ont été identifiés, datés du Crétacé supérieur, ils sont l'impact d'un astéroïde, ou plutôt d'une comète.


Classification des météorites

Les métalliques :

Aucune n'a moins de 5 % de nickel, la majorité en a entre 6 et 10 %, quelques dizaines ont plus de 14 % de nickel.

Les octaédrites :

Les plus nombreuses, avec 7 à 15 % de nickel.

L'autrichien Widmanstätten (1754-1849) est né dans une famille d'imprimeur. Sur une section polie, il attaque une météorite à l'acide nitrique dilué, y met de l'encre et fait des gravures.

Les figures de Widmanstätten sont des bandes qui se croisent selon deux, trois ou plusieurs directions. Leur réseau apparaît différent, en fonction de l'orientation de la section considérée :
- si la section est parallèle au plan de l'octaèdre, trois systèmes de bandes se coupant avec un angle de 60° apparaissent ;
- si la section est parallèle au plan du cube, deux systèmes de bandes se coupent avec un angle de 90° ;
- si la section est parallèle au plan du dodécaèdre, trois systèmes de bandes se coupant avec un angle de 109° sont visibles ;
- une section quelconque fera apparaître des bandes se coupant avec des angles variables.

Les hexaédrites

Structures en gros cubes (5 à 6 % de Ni), les stries parallèles sont appelées "lignes de Neuman", elles sont le résultat d'un choc lors de la formation de la météorite.

Les ataxites

Elles dépassent les 16 % de Nickel. Les bandes de Widmanstätten ne sont plus visibles à l'oeil nu.

Les bandes sont dues au lent refroidissement de l'alliage : il est de l'ordre de 1°C par million d'années.

Ci dessus : bandes de Neumann dans le fer de Sancler Landia (x 120). Ces mâcles mécaniques se forment lors de chocs inférieurs à 130 kbars. On voit ici des lamelles orientées suivant trois directions. La symétrie du métal permet en fait douze orientations différentes.

Météorites pierreuses ou aérolithes :

Elles représentent 70 % des chutes, elles sont constituées essentiellement de roches silicates, et parfois de roches carbonnées, avec du fer enfermé en petites boules appelées "chondrites". Elles sont classées en deux groupes, les chondrites et les achondrites.

Les chondrites représentent 90 % des chutes de météorites pierreuses (65 % des chutes en général).
1 Chondrites à enstatite (groupe E, 25 %)
Constituées en grande partie de pyroxène (silicate de fer, magnésium, calcium), avec sous-groupe I et II si métal inférieur à 12 %.
2 Chondrites ordinaires (groupes H, L, LL, 80 % des chondrites)
Elles sont divisées en trois groupes.
Groupe H à bronzite et olivine (silicate de fer et de magnésium) avec haute teneur en métal, de 16 à 21 %.
Groupe L identique à H, mais de 7 à 12 % de métal.
Groupe LL avec 30 % d'olivine mais moins de 7 % de métal.
3 Chondrites carbonées (groupe C)
Ce sont les météorites les plus primitives, voisines de la nébuleuse présolaire. Elles contiennent 40 % d'olivine, 30 % de pyroxène, 10 % de plagioclase (calcium et sodium (feldspaths)), et parfois du carbone sous forme organique, mais très peu de fer.
Groupe CI, type chondrite d'Ivuna, météorite tombée en Tanzanie le 16 décembre 1938, avec 3 à 5 % de carbone, 20 % d'eau. La météorite d'Orgueil rentre dans ce groupe.
Groupe CM, type chondrite Mighéi (Ukraine), tombée le 18 juin 1889 avec 0,6 à 2,9 % de carbone et 1,3 % d'eau.
Groupe CO, type chondrite d'Ornans, tombée dans le Doubs en France le 11 juillet 1868 avec 1 à 0,2 % de carbone, moins de 1 % d'eau.
Groupe CV, type chondrite de Vigarano en Italie, tombée le 22 janvier 1910. Moins de 0,2 % de carbone et 0,03 % d'eau. La météorite d'Allende fait partie de ce groupe.

Les achondrites représentent 10 % des météorites de pierres et 5 % des chutes en général. Elles sont pauvres en métal et se classent en fonction de leur teneur en calcium (de 0 à 25 % de calcium).
1 Les achondrites riches en calcium (+ de 5 %)
Les angrites, ANG, riches en pyroxène calcique titanifère.
Les eucrites, EUC, composées de pigeonite et de feldspath calcique.
Les howardites, HOW, sont hétérogènes et contiennent des débris rocheux.
2 Les achondrites pauvres en calcium (- de 3 %)
Les diogénites, DIO, leurs pyroxènes sont moyennement riche en fer.
Les urélites, URE, 4 % de ferro-nickel, elles peuvent contenir des diaments.
Les aubrites, AUB, elles sont claires, sans calcium.

Les météorites mixtes ou sidérolites :

Elles représentent 3 % des chutes et forment trois groupes.
Les pallasites, des grains cristallisés d'olivine, avec une matrice de ferro-nickel. Leur nom vient du naturaliste allemand Peter Simon Pallas (1745-1811) qui, au service de l'impératrice Catherine II de Russie, a trouvé la grosse météorite et l'a transportée à Krasnojarsk.
Les mésosidérites présentent à parties égales silicates et métal (Esrherville).
Les lodranites, rares, contiennent à parts égales du métal, d'olivine, des pyroxènes. Il y a 2 chutes répertoriées.

Les météorites sont aussi classées en deux groupes suivant leurs corps parents.

Les chondrites ou météorites non différenciées proviennent d'astéroïdes qui n'ont pas subi de différenciation.

Les Chondrites
A gauche : comparaison entre les abondances des éléments chimiques majeurs dans les chondrites de type CI et celles mesurées dans la photosphère solaire. Tous les points tombent sur la diagonale (droite de pente 1 passant par l'origine), ce qui signifie que les abondances sont identiques dans les deux milieux. Les chondrites CI, les plus primitives des météorites, ont une composition représentative du système solaire dans son ensemble.

Les achondrites ou météorites différenciées auraient comme origine des petites planètes qui, après accrétion et à une petite activité volcanique, se seraient différenciées. Ces petites planètes, tournant dans la ceinture d'astéroïdes, se sont percutées en se brisant en de très nombreux fragments.

Les météorites différenciées
A droite : comparaison entre les abondances des éléments chimiques majeurs dans l'achondrite de Bouvante et celles mesurées dans la photosphère solaire. Contrairement au cas des chondrites, la plupart des points s'éloignent de la diagonale, ce qui signifie que les roches différenciées ont des compositions très différentes de celle du Soleil (et de la nébuleuse solaire). Les eucrites, correspondant à la croûte d'un astéroïde différencié, sont pauvres en éléments qui ont tendance à entrer dans le noyau (nickel, cobalt...).

Classification des météorites


Météorites particulières

Ensisheim
Le nom d'une ville entre Colmard et Mulhouse sur laquelle est tombée une météorite, la plus ancienne chute d'Europe, connue et observée.
Entre 11 et 12 heures, le 7 novembre 1492, un grand bruit de tonnerre fut entendu de Lucenne jusqu'à Villing. Un jeune garçon, qui était dans un champ de blé, observe la chute d'une pierre d'environ 127 kg, qui creusa un trou de plus de deux mètres de profondeur. Le roi Maximilien vint à Ensisheim quelques jours plus tard et fit mettre cette pierre dans le château où elle fut suspendue à la voûte de l'église. Elle est actuellement au musée municipal, mais ne pèse plus que 55 kg.

Allende
Le 8 février 1969 vers 1 h 05, près de Pucblito de Allende, dans l'état du Chihuahua, au nord du Mexique, des milliers de pierres, après plusieurs explosions, s'abattent sur une zone elliptique de plus de 150 km2. Les pierres sont recouvertes d'une croûte noire terne et sont très abondantes. Le poids total est estimé à près de 3 tonnes. Elles se distinguent des autres par des inclusions blanches de minéraux réfractaires en aluminium, en calcium et titane. Cette météorite est classée dans les chondrites carbonées et son âge est estimé à plus de 4,6 milliards d'années. Elle a un excès de magnésium 26 dans les inclusions, et on peut en conclure que le "père" du magnésium 26, l'aluminium 26, s'est produit par l'explosion d'une supernovae lorsqu'elle répand sa matière. Selon une des hypothèses, cette supernovae en ejectant sa matière aurait contribué à transformer la nébuleuse planétaire en un système solaire. L'âge du système solaire est estimé à 4,55 milliards d'années environ. Avec les inclusions dans la météorite d'Allende, nous avons des informations sur les premiers instants du système solaire.
En Arabie Saoudite, à La Mecque, la Kaaba serait-elle une météorite ?

Une nouvelle classification a été créée pour les météorites particulières. Des achondrites qui ne ressemblent à aucune autre, mais proche des roches terrestres furent mises dans un groupe des S N C. Le nom est issu des trois météorites, Shergotty tombée en Inde le 26 août 1865 et d'un poids de 5 kg, Nakla tombée en Egypte le 28 juin 1911 d'un poids de 40 kg (elle aurait tué un chien) et Chassigny tombée en France à 20 km au sud de Langres dans la Haute-Marne le 3 octobre 1815. L'âge de cristallisation était de 1,3 milliards d'années, elles sont beaucoup trop jeunes pour provenir des astéroïdes. L'hypothèse de la provenance de la planète Mars reste la plus probable. Suite à la mission Viking (1976) pendant laquelle des analyses ont été effectuées, les origines martiennes de ces météorites semblent avoir été confirmées. La vitesse de libération sur Mars est de 5 km/s mais de 11,2 km/s sur Terre. Il est plus facile de quitter la planète Mars que la Terre.
Une autre météorite martienne, ALH 48001, trouvée dans l'Antartique, "aurait" des fossiles dans sa structure, mais ceci n'a pas été confirmé.

Beaucoup de météorites ont été trouvées dans l'Antartique (10 000 à 12 000 fragments et 2 000 chutes depuis 1969).
Elles se conservent très bien par le froid, la sécheresse et elles se regroupent près des obstacles. Ceci est dû au glissement des glaciers.
Une petite météorite trouvée en 1981, ALHA 81005 de 31,5 gr, après plusieurs analyses a été classée "Lunaire" en 1983. Elle a pu être comparée avec des échantillons rapportés des missions Apollo dont le poids est estimé à 400 kg.
La première météorite lunaire trouvée dans la partie libyenne du Sahara est la Dar Al Gani 262 pèse 513 gr et fut découverte en 1997. Une deuxième, aussi dans le Sahara, la Dar Al Gani 400, fut trouvée en 1998.
Actuellement (1999), il a été découvert 14 météorites martiennes et 14 lunaires.

Météorites martiennes vers une confirmation de la provenance ?


Liste des chutes de météorites

Plus de 787 chutes de météorites répertoriées en France et dans le monde !!!

 

Lexique

accrétion :
Capture gravitationnelle de matériel externe par un astre. L'accrétion a formé les planètes et les petits corps (astéroïdes, comètes) du système solaire à partir de grains de poussières.

achondrite :
Météorite différenciée silicatée. Les achondrites peuvent provenir de la surface ou du manteau de leurs astéroïdes parents. Certaines sont proches des basaltes terrestres.

âge modèle :
Age radiométrique reposant sur des paramètres dont l'un au moins (en général, la concentration initiale de l'isotope fils) est estimé et non mesuré.

anomalie isotopique :
Composition isotopique anormale par rapport à la composition "normale" du système solaire (et dont l'origine ne peut être attribuée à un simple fractionnement en masse).

astéroïde :
Petites planètes rocheuses de taille très variable (environ 930 km pour Cérès, la plus grosse) et de forme irrégulière. On en connait des milliers, dont la plupart gravitent entre Mars et Jupiter dans une région dite "ceinture des astéroïdes". La plupart des météorites en sont issues.

Chondres :
Particules sphériques cristallisées à partir de goutelettes silicatées, et dont l'accumulation au sein d'une matrice forme les météorites primitives (chondrites).

chondrite :
Météorite non différenciée, en grande partie formée par l'accumulation de chondres au sein d'une matrice.

comète :
Petit corps du système solaire composé d'un noyau solide assez petit qui, au voisinage du Soleil, éjecte une atmosphère pasagère de gaz et poussières à l'aspect de chevelure diffuse qui s'étire dans la direction opposée au Soleil en une double queue parfois spectaculaire.

concordance dans le système U-Pb :
Accord des âges obtenus par chacun des deux chronomètres uranium-plomb (U238-Pb206, U235-Pb207).

cratère :
Dépression circulaire creusée par l'impact d'une météorite à la surface d'une planète.

différenciation :
Séparation en plusieurs phases physiquement et chimiquement distinctes d'un composé initialement homogène. Météorite différenciée : provenant d'un astéroïde ayant subi une différenciation.

eucrite :
Météorite différenciée de nature basaltique probablement issue de l'astéroïde Vesta.

figure de Widmannstätten :
Répartition particulière des deux alliages de fer-nickel différents qui constituent les météorites de fer ayant plus de 6 % de nickel, et que l'on révèle après une légère attaque à l'acide. La séparation s'est faite lors du refroidissement très lent au sein d'un astéroïde parent d'un alliage homogène : l'étude de la largeur des bandes permet de déterminer la vitesse de refroidissement.

géante rouge :
Etoile plus ou moins massive, mais de très grande taille (car ses couches externes sont dilatées) et de forte luminosité. Son combustible nucléaire est en voie d'épuisement et elle est appelée à disparaître à plus ou moins brève échéance.

grain présolaire :
Grain formé au voisinage d'une étoile avant même la formation du système stellaire et qui nous est parvenu en tant que tel.

impactites :
Roches vitrifiées associées aux cratères, résultant de la fusion de roches de la planète cible par la chaleur dégagée lors de l'impact.

inclusion blanche ou réfractaire :
Aggrégat de minéraux réfractaires (v. réfractaire) ayant existé en tant que tel avant incorporation dans la météorite.

lacune de Kirkwood :
Discontinuités observées dans la répartition des orbites des astéroïdes : celles-ci sont liées aux résonances induites par Jupiter.

météorite :
Objet naturel d'origine extraterrestre ayant survécu au passage dans l'atmosphère.

nébuleuse solaire :
Disque de gaz et de poussières entourant le Soleil nouvellement formé, et au sein duquel se sont développées les planètes.

pallasites :
Météorite formée d'un réseau continu de ferro-nickel contenant de nombreux cristaux d'olivine. Les pallasites sont probablement des échantillons de l'interface manteau-noyau d'un astéroïde.

réfractaire :
Stable à haute température dans les conditions nébulaires de basse pression. Les éléments réfractaires (Ca, Ti, Al...) sont les premiers à se condenser à partir d'un gaz se refroidissant. Les inclusions réfractaires sont constituées de minéraux à base d'éléments réfractaires.

régolithe :
Couche de débris rocheux produite par les impacts à la surface d'un objet planétaire.

tectite :
Verre naturel produit à très haute température, à la suite de l'impact d'une très grosse météorite (produisant un cratère de diamètre supérieur à 10 km). Les tectites peuvent être projetées à des centaines, ou même des milliers de kilomètre du point d'impact. On connait 4 champs de tectites au monde.


Bibliographie

La documentation a été prise dans les livres suivants :

Les Météorites et leurs Impacts
de Alain Carion, éditions Armand Colin

Les Comètes et les Astéries
de A. Chantal Levasseur-Regourd et Philippe de la Cotardière, éditions Sciences

Collisions dans le Système Solaire
de Philippe Bendjoya, éditions Belin

Ces Pierres qui tombent du ciel
de Jean-Paul Poirier, éditions Le Pommier

Les Météorites
du Muséum National d'Histoire Naturelle, éditions Bordas

ABC mines
juin-juillet 1998, bulletin n°13

Tombé Du Ciel... Météorites et Catastrophes
de Jacques Ayer, éditions Muséum d'Histoire Naturelle de Neuchâtel

Bulletin de l'U.L.P.
Université Louis Pasteur de Strasbourg, tome 33

Gérard ODILE