Du blog "Optiques de Russie"

Bonsoir à tous,   Le début de nuit du 23 mars 2021 fût assez magique, et a donné lieu à pas mal de posts en astrophotographie de mes collègues astram. Voici en résumé ce que j'ai pu faire. Une fois n'est pas coutume, j'ai utilisé le Maksutov STF de 200mm de diamètre et de 2000mm de focale (F/D:10). Cela faisait des mois que je l'avais mis de coté pour n'utiliser qu'exclusivement la lunette de 152mm en photographie planétaire. A vrai dire, ce n'était pas un choix judicieux, mais je l'ai pris en connaissance de cause pour me faire une idée des capacités du réfracteur apochromatique, et de la qualité de l'optique. Elles sont assez fabuleuses pour une optique de 152mm. J'ai préféré aussi prendre la lunette pour sa mise en route rapide, mais le télescope de plus grand diamètre fait la différence en imagerie. Pas de doute. Donc, si on devait résumer: La lunette Apochromatique de 152mm à 1200mm de focale pour le visuel, et pour une sortie rapide, quand le temps est incertain, et éventuellement pour la photographie (Ciel profond et planétaire) Le télescope pour la photographie planétaire, mais avec l'assurance d'avoir une nuit calme et dégagée, pour laisser le temps à la mise en température de l'optique, qui est assez longue (au moins 2 heures). Les choix du roi.....   Voici les conditions de prises de vue lors de cette soirée de photographie de la Lune:   Maksutov 200/2000 - Barlow 2X TAL - Caméra ZWO ASI 2900MM - Filtre IR/UV cut (pas d'ADC) Vidéo de 2000 à 5000 image, retenue 20% avec autostackkert ou astrosurface proxima, et traitement ondelttes avec Regitax 6. Echantillonnage de 0.15 " d'arc/pixel . Valeur théorique. Avec la mobilité du miroir primaire, la focale change chez un Maksutov. Il faut étalonner préalablement la chaine optique si l'on veut faire des mesures. Monture Celestron CGE pro en vitesse lunaire après la mise en station quasi parfaite.   J'ai auparavant fait quelques étoiles doubles (Castor et Wasat des gémeaux, et Algieba du lion). Avec Castor, j'ai constaté, après traitement, une légère décollimation du tube. Le tube n'était donc pas parfaitement collimaté lors des prises vidéos. ici une image de l'étoile double Castor lors de la séance photo, avec les mêmes conditions de prises de vue (1000 images et 500 retenues). Mesures de l'échantillonnage: 44,4 pixels. En 2021, la double CASTOR est séparée de 5.44 " d'arc soit E = 5.44/44.4 = 0.1225 " d'arc/pixel.     Pour Wasat (5.48" d'arc), j'obtiens 44.9 pixels soit 0.1220 " d'arc/pixel, et pour Algieba (4.73" d'arc), j'obtiens 38.9 pixels soit 0.1216 " d'arc/pixel.    En moyenne (0.1225, 0.1220, 0.1216), je prendrai 0.122" d'arc/pixel si je dois réaliser des mesures sur des cratères.   Wasat      Algieba      Les cibles sur la Lune sont prises un peu au hasard.     COPERNIC avec recadrage, centré sur le cratère     Autre vidéo, avec léger recadrage pour éliminer les défauts de suivi.       CLAVIUS     BULLIALDUS     MONTS RIPHAEUS     LONGOMONTANUS     TYCHO (2 films différents)       Quelques mesures de résolution des images   TYCHO: On observe sur le cliché de Tycho, un minuscule cratère près du pic central      LRO: https://quickmap.lroc.asu.edu/?extent=-14.1678242,-44.2475447,-8.90441,-41.7419318&proj=10&layers=NrBsFYBoAZIRnpEBmZcAsjYIHYFcAbAyAbwF8BdJUTBbSfI0yq8iioA   Avec LRO, sur cette capture d'écran, on a une échelle de 5000 mètres pour 20 millimètres soit 250 mètres/millimètre. Ici, le cratère mesure entre 4 et 6 mm sur le cliché (il semble ovale, mais il y a une ombre portée). En prenant 5 mm, on trouve 1250 mètres.     Mesures de mon cliché ci-dessous: 6 pixels à 0.122 " d'arc/pixel soit : 0.7 " d'arc soit 1300 mètres. Pour rappel, le PS d'un instrument de 200mm à 555nm est de 0.69 " d'arc soit en moyenne 1300 mètres sur la Lune.     Je trouve une valeur proche de 5% pour le diamètre, et je suis au pouvoir séparateur théorique de l'instrument. Nota: Mon cliché n'est pas suffisamment net, et la carte LRO m' a permis d'être sûr de l'emplacement du cratère. A ma décharge, on est au PS.... D'autres détails plus petits sont visibles, mais il serait erroné de les mesurer, car ils sont déformés par la diffraction. Soit la taille mesurée > taille réelle.     COPERNIC: Mesure de la distance des bouches de volcan du dôme de l'un des volcan d'Hortensius   Sur le cliché du cratère Copernic, l'ensemble des volcans d'Hortensius sont visibles. Sur l'un d'eux, la bouche du volcan est double. On le remarque déjà dans l'Atlas de la Lune de Gründ. Il est possible de mesurer l'écartement des bouches.   Ici mon image avec la zone des volcans en bas à gauche, dans le cercle. Le dôme avec la bouche volcanique double est au milieu.   La mesure: 9 pixels à 0.122" d'arc/pixel soit 1.1" d'arc. 1.1" d'arc c'est approximativement 1600mètres.   Image de LRO: https://quickmap.lroc.asu.edu/?extent=-29.6599214,6.6621747,-25.8888568,8.5062364&proj=10&layers=NrBsFYBoAZIRnpEBmZcAsjYIHYFcAbAyAbwF8BdJUTBbSfI0yq8iioA Je mesure sur l'image 8mm pour une échelle de 24mm pour 5000 mètres, soit 1700 mètres entre les deux bouches de volcan, soit à 100 mètres près de ma mesure.     BULLIALTUS: Un cratère double dans l'arène du cratère   La mesure donne 6.3 pixels soit 0.77" d'arc soit 0.08" d'arc au-dessus du PS de l'instrument. Cela donne environ 1450 mètres entre le centre des deux cratères.   Image LRO: 5mm de centre à centre soit 1250m pour une échelle de 5km pour 20mm.   Comparaison des résolutions des images de mon télescope Maksutov 200mm avec celle de la sonde LRO: On donne ici pour LRO une définition d'image de 56 à 58 m/pixel, soit en arrondissant, 0.03" d'arc/pixel, à comparer avec mes 0.122"/pixel. Le rapport est de 4 en faveur de la sonde. Si on devait faire les mesures sur mes clichés de tous les détails LRO inferieurs à 1200m, ils auraient, à peu de chose près, une forme arrondie ou oblongue de taille minimale de 1200mm sur mon cliché, sans rapport avec leurs tailles réelles. On est dans le domaine de la détection, qui n'est possible d'enregistrer qu'au bon vouloir du contraste au lieu où elle se produit. On peut être tenté de vouloir dire que son cliché à détecter des détails de 1000 mètres, ou 800 mètres, mais cela n'a pas de signification , car en l'absence de l'image de la sonde, on serait dans l'impossibilité d'en connaitre la taille réelle. Nota: Ne pas oublier que le pouvoir séparateur varie en fonction de la longueur d'onde pour un diamètre d'ouverture donné. Pour une cible fortement lumineuse, comme certaines planètes, la lune ou le soleil, on peut "gratter" quelques fraction de pouvoir séparateur avec des filtres, en sélectionnant les longueurs d'ondes,  du rouge (moindre PS) vers le bleu (meilleur PS) si l'instrument le permet.  N'oubliez pas le critère de Rayleigh:  Claude Schuhmacher