Le retour tant attendu de la comète de Halley en 1986 m'a permis de vivre un voyage extraordinaire en Amérique du sud notamment au Chili et au Pérou. Comme la comète repassait à nouveau près de la Terre le 11 avril 1986 et qu'elle était très haute dans le ciel du sud, l'Association des Groupes d'Astronomes Amateurs du Québec (AGAA) dirigé à cette époque par Maurice Provencher avait organisé pour l'occasion une expédition pour aller observer et photographier la comète de Halley et le ciel du sud.
Notre groupe se composait d'une dizaine de personnes dont Maurice Provencher, Robert Lotte, Martin Rochette et moi-même (Denis Bergeron). Nous avions pour l'occasion apporté un télescope Celestron 5 équipé d'un moteur synchrone inversé pour le ciel de l'hémisphère sud. Comme l'alimentation de ce moteur exigeait une tension alternative de 220V, j'avais installé à la sortie du variateur de fréquence un transformateur que l'on se sert en voyage qui donne du 110V/220V. Sur le télescope principal, j'avais installé deux plate-formes sur le dessus pour recevoir deux appareils photos équipés d'objectifs ordinaires et une téléphoto 135mm F2.8 et un autre support installé en-dessous du télescope pour une téléphoto 200mm F2.8. Le film utilisé était du Kodak 2415 hypersensibilisé et du film couleur diapositive Fuji 400-D et 1600-D. J'avais mis de nombreuses semaines pour étudier le ciel du sud et j'avais apporté mon atlas céleste (ATLAS OF THE HEAVENS) pour pouvoir observer et photographier le plus d'objets célestes possibles.
Nous sommes partis de l'aéroport de Montréal le 04 Avril 1986 pour Santiago (Chili). Durant le voyage en avion, j'étais très impressionné de voir les constellations inversées quand nous avons passé l'équateur. Je voyais aussi très bien la comète de Halley. C'était féérique. Nous avons passé quelques jours à Santiago à notre arrivée afin de visiter cette ville. Santiago est situé dans une vallée et la ville est entourée de la cordillère des Andes. C'est une ville moderne mais très polluée. C'est par contre une très belle ville à visiter. Il y a de très beaux parcs (San Cristobal), un planétarium, un métro moderne, de nombreux marchés publiques, etc.
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Nous logions dans un hotel de luxe (Crown Plaza) avec tous les services et commodités et on remarquait partout des affiches de la "cometa". Le premier soir de notre arrivée, nous sommes montés sur le toit de l'hotel et nous avons installé notre télescope Celestron 5 afin d'observer le ciel et la comète malgré le ciel pollué lumineusement de Santiago. J'ai pu repérer facilement une grande quantité de nouvelles constellations dont Alpha et Beta du Centaure et la fameuse constellation de la Croix du sud. L'étoile Alpha du Centaure est une étoile triple dont on distinguait facilement deux étoiles jaunâtres placé une à côté de l'autre. Alpha du Centaure est l'étoile la plus proche de nous après notre Soleil. Tous les instruments étaient parfaitement fonctionnels. Nous avions très hâte d'aller observer à Vicuña dans les Andes Chiliennes non loin du Cerro Tololo où on retrouve les plus gros observatoires américains.
Autour du 08 Avril 1986, nous sommes partis vers Vicuña petite ville située à environ 600km au nord-est de Santiago. Cet endroit est proche du Cerro Tololo qui est une montagne située à environ 2 800 mètres au-dessus du niveau de la mer. L'air est très sec et le ciel est d'une clarté et d'une beauté incroyable. On y retouve plusieurs gros observatoires professionnels modernes gérés par un consortium d'universités américaines. Nous avons aussi été visité les observatoires européens (ESO) situés au nord de la ville La serena. Nous sommes allés visiter ces observatoires durant notre séjour à Vicuña.
Durant notre voyage, les paysages étaient d'une beauté extraordinaire. En voici quelques exemples:
Vicuña et ses environs:
Vicuña est une petite ville très pittoresque d'environ 10 000 habitants entourée de paysages extraordinaires. Les Andes y sont majestueuses et le ciel d'un bleu très limpide. Nous avions séjourné pendant une semaine dans un hotel moderne où les repas et le service étaient impeccables. Personnellement, nous allions observé toute la nuit dans les Andes grâce à la grande bonté de nos guides. Ceux-ci venaient nous déposer sur un site prévu par les autorités de l'hotel dans les Andes et vers 1h du matin, ils revenaient à nouveau pour chercher les astronomes qui voulaient retournés à l'hotel. Nous pouvions même observé directement dans la cour de l'hotel tellement le ciel y était clair. A cause des observatoires professionnels, Vicuña possède un éclairage très discret qui ne nuit pas à l'observation du ciel. Les conditions d'observation sont idéales pour un astronome. Nous n'avions aucun insectes ni aucune humidité. La température externe était fraîche même la nuit. Nous ne portions qu'un chandail de laine pour observer. Quant à moi, j'observais toute la nuit dans les Andes. Les guides revenaient nous chercher vers 8 h du matin. On déjeunait en arrivant à l'hotel puis on allait se coucher jusqu'à midi environ. L'après midi, on visitait la ville et vers 16h on se préparait pour aller observer à nouveau dans les montagnes.
Les observatoires américains de Cerro Tololo près de Vicuña
Les observatoires européens ESO à La Silla au nord de la Serena
Paysages environnants | Chemin d'accès | Observatoires | ||
Coupole du 3.6 mètres | Salles de séjour | |||
Il est impossible de décrire dans des mots ou de montrer en image toute la beauté du ciel du sud dans un paysage de montagnes désertiques sans aucune pollution lumineuse. Imaginez une Voie lactée qui nous éclaire et qui se déploie d'un horizon à l'autre au-dessus des montagnes dont on pouvait voir la découpure dans le ciel. Il n'y a aucun bruit que la nature même et une tranquilité indescriptible. Ce fut pour moi, l'un des plus beau moment de ma vie de vivre dans un tel paysage, seul, sous un ciel d'une incroyable beauté. C'était un moment très mystique où on était tous dans un état d'admiration devant un si beau spectacle de la nature.
Les deux galaxies voisinnes de notre propre galaxie (la Voie lactée) que sont le Grand et Petit nuage de Magellan contenaient une multitude d'objets célestes (amas, nébuleuses) qui leurs sont propres et qu'on pouvait facilement observer avec notre petit télescope. Les constellations du Centaure avec les étoiles Alpha et Beta Centauri et la Croix du Sud avec non loin l'énorme nébuleuse obscure appelé "Coal Sack" attiraient notre attention et on partait de ces deux contellations pour repérer d'autres constellations.
Les constellations du Sagittaire et du Scorpion que l'on voit presque à l'horizon sous nos latitudes sont au zénith au Chili et ces régions du ciel étaient extrêmement riches en étoiles. Il faut signaler que lorsqu'on regarde vers le Sagittaire, on regarde vers le centre de notre galaxie. La Voie lactée était tellement brillante qu'elle est saturée sur mes images. La nébuleuse Eta Carina (NGC 3372) était très facile à observer à l'oeil nu et très belle au télescope. Le fameux amas globulaire Omega du Centaure de magnitude +4 était visible à l'oeil nu comme une étoile floue et facilement résolu au jumelle 7 X 50. Au télescope, je n'ai jamais vu un amas globulaire aussi splendide et facile à observer. Il est de beaucoup plus beau que l'amas globulaire d'Hercules. On y voyait sans aucun problème des milliers d'étoiles complètement résolues. Tout un spectacle! De nombreuses galaxies comme Messier 83 et NGC 5128 (Centaurus A) étaient facilement discernables au jumelle 7 X 50. On voyait facilement la barre sombre de Centaurus A au Celestron 5. Les étoiles Sirius et Canopus étaient les plus brillantes du ciel. Les constellations comme le Lion, Orion, Corbeau, et d'autres près de l'horizon nord et ouest étaient tous inversées. On les voyaient à l'envers. De même, les quartiers de la lune étaient complètement inversés par rapport à ce que l'on voit au Québec. Par exemple, un premier quartier de lune au Québec apparait comme un "D" alors qu'au Chili, il apparaît comme un "C". C'était très spécial à voir.
Avec la comète de Halley facilement visible dans le Centaure, le spectacle céleste était à son comble. Personnellement, j'ai trouvé le ciel du sud beaucoup plus beau que celui du nord. Peut-être que c'est à cause de la qualité du ciel exempt d'humidité et de la moindre pollution lumineuse. Le voyage de 1986 au Chili restera gravé à jamais dans ma mémoire. J'y suis retourné en 1993 avec Pedro Borquez pour cette fois observer avec mon télescope 15cm F4 les centaines d'objets célestes que j'avais photographié en 1986. Là aussi, ce fut un voyage mémorable.
Pour conclure, je vous invite à jeter un coup d'oeil sur quelques unes de mes images mais soyez certain qu'elles ne justifient en rien la beauté du spectacle tel que vécu dans la réalité et la vraie nature. Si un jour vous avez la chance de visiter le Chili et d'aller observer le ciel du sud à Vicuña, il y a maintenant un observatoire moderne ouvert pour le public. Vous pourrez aller observer le ciel dans cet observatoire. Je vous garanti que votre voyage ne vous décevra pas et que vous vivrez une expérience extraordinaire.
Les instruments: Celestron 5 et téléphotos
C5 avec téléphotos | transformateur 110v/220v | Denis Bergeron | ||
Le ciel de l'hémisphère sud en images
NOTE: Pour ceux que ca pourrait intéresser, essayez de repérer les étoiles des constellations apparaissant sur les images suivantes à l'aide d'un atlas céleste précis avec les constellations du ciel de l'hémisphère sud. Servez-vous des titres ou des informations apparaissant sur les images et commencez votre recherche par les objets que vous pouvez reconnaître facilement. Orientez votre atlas céleste dans le même sens que les étoiles que vous reconnaissez sur les images. Cet exercice est exactement ce qu'il faut faire pour repérer les constellations dans le ciel.