Dimanche 26 janvier : Machuca => Geysers du Tatio  -

Avant d'attaquer la journée, je me dois de vous raconter la nuit, la première nuit passée à 4000 m d'altitude. Je n'ai pas eu mal à la tête ni rien du tout, en revanche mon sommeil a été complètement haché. J'ai dormi sans m'apercevoir que je dormais et j'ai passé la nuit à me demander quand j'allais enfin pouvoir dormir !
En résumé, il semble que j'aie quand même dormi le bon nombre d'heures mais je me suis réveillé un nombre incommensurable de fois. Une première fois vers minuit et demi lorsque la moitié du dortoir a défilé à l'extérieur pour la pause pipi. Ça, c'est parce que les gars se sont couchés tout de suite après le repas, donc au bout de 3 heures leur vessie les a sournoisement réveillés.
Pour ma part, j'ai attendu 22h30 pour le coucher et j'ai écouté de la musique avec mon lecteur mp3. Au début, dans mon sac de couchage, j'ai eu tout juste chaud, puis la température à l'intérieur du sac s'est réchauffée jusqu'à devenir limite insupportable ! Donc un grand nombre de réveils intempestifs ont été consacrés à ouvrir ou fermer mon sac de couchage, sortir ou rentrer un bras, etc. Afin de réguler ma température corporelle... Avec des voisins qui ronflent ou qui se lèvent en éclairant avec leur lampe frontale... Pas cool pour bien dormir tout ça :-(

Au petit matin, on a eu droit à l'alarme de notre 4x4 qui s'est déclenchée sans raison (à 10m de nous, c'était parfaitement audible) vers 4h, à l'intrusion de trois villageoise vers 5h du matin qui sont venues chercher de la farine pour préparer de la pâte à empanadas, et enfin à partir de 5h30, au défilé des voitures, autocars et 4x4 qui prennent la direction des geysers du Tatio. En effet, Machuca est situé sur la route du Tatio et comme tout le monde y va pour le lever du soleil, ça fait beaucoup de circulation de très bonne heure. A 5h30, j'en ai profité pour me lever, je ne pouvais plus tenir dans mon sac de couchage sans savoir si on voyait ou non des étoiles. Et oui, on en voyait ! Le ciel était à moitié couvert mais vers le Sud on pouvait apercevoir la Croix du Sud, Alpha et Beta du Centaure et aussi la Carène. La Lune en croissant était à 70° de hauteur derrière quelques nuages de haute altitude. La température étant fraîche et ma combinaison slip / chaussettes / polaire étant un peu limite pour affronter le froid, je suis vite rentré m'allonger au fond de mon sac bien chaud pour l'heure et demie qui restait à dormir avant le petit déj.

Petit déj à 7h30 comme toujours, puis départ pour une petite marche d'acclimatation sur l'un des « petits » sommets qui surplombe Machuca, à 4450m d'altitude. Notre guide Manu (Emmanuel Villard) nous recommande d'y aller très doucement pour ne pas s'épuiser.
 
La végétation est très limitée à cette altitude : seules de touffes de longues herbes, de petites plantes grasses et des rochers végétaux poussent sur les hauteirs de Machuca. Ces quelques végétaux constituent une part importante de la nourriture des Vigognes

Après trois jours passés sous les nuages, nous accueillons le soleil avec grand plaisir, pour sa chaleur et sa lumière. Durant l'ascension, les derniers nuages s'éfilochent avant de laisser place à un grand ciel bleu

Malgré tout, nous mettons seulement 1h30 pour grimper au lieu des 2h prévues. En montant nous aperçevons des viscachas, sortes de gros rongeurs croisés entre écureuil, marmotte ('motte-mare' en verlan) et kangourou. Difficiles à approcher et à photographier, je suis déjà très content de les voir. Plus on monte et plus le paysage devient magnifique. On aperçoit rapidement de grandes montagnes enneigées, le Sairecabur, le Licancabur, et plein d'autres. Plus au Sud, une mer de nuages recouvre San Pedro.


Tout en haut, on finit par arriver un mirador désaffecté à moitié en ruine. Nous restons 45 minutes avant de redescendre, pour faire des photos et prendre une collation. A notre retour en bas, le repas est servi : une grande salade et des empanadas au fromage nous attendent !


La descente vers Machuca est motivée par la vision d'un bon repas. Photo (C) Simon Fabre


L'heure de la soupe a sonné !


Je profite d'un petit peu de temps libre pour me balader du côté de l'élevage de lamas

L'après-midi, nous prenons le mini-bus pour rallier les fameux geysers du Tatio, situés à une quarantaine de kilomètres vers le Nord, à 4300m d'altitude.

L'intention de dormir dans le mini-bus me traverse l'esprit mais rapidement l'état de la route en décide autrement : tôle ondulée, trous, passages dans des lits de rivière asséchés... Difficile de dormir quand on est secoués comme des pruniers. Finalement, ne pas dormir me permet de voir des dizaines de vigognes paissant un peu partout au bord de la route et dans la zone désertique que nous traverséons (de toute beauté, soit dit en passant).

On s'est arrêtés en chemin pour photographier le paysage mais il faut savoir que les photos, même les panoramiques les mieux réussis, ne rendent pas du tout la réalité et la beauté sauvage de ce qu'on voit avec les yeux...


Arrivés à destination, nous installons notre campement en dur comme la veille, car de la pluie est annoncée et plutôt que de se faire tremper sous les tentes, les organisateurs préfèrent que l'on dorme au sec dans la grande pièce du bâtiment principal situé à l'entrée du site des geysers. Ce soir, on va dormir à nouveau à quinze dans une pièce, c'est marrant.



Le dortoir improvisé dans la salle d'accueil du site du Tatio


Notre groupe coupe à travers les sources chaudes pour rejoindre les piscines à 35°C

Nos affaires posées, nous enfilons nos maillots de bain et nous nous précipitons vers les thermes, en gros la piscine d'eau chaude légèrement soufrée située au milieu des geysers. Je suis le premier dans l'eau, ce qui est, soulignons-le, extrêmement rare !!! D'habitude, quand il s'agit d'entrer dans l'eau de la mer ou d'une piscine, je suis le dernier : j'hésite, je trempe le petit doigt de pied, je mets la main, j'hésite encore... Les autres ont déjà fait trois longueurs que je suis encore en train de mouiller mes avants bras en poussant des cris du type 'Ahh mais euh ! C'est froooooiiiid !' Mais, là, c'est le contraire. A peine arrivé sur les rives en pierre volcanique de la piscine, j'ai quasiment arraché mes habits pour me précipiter dans l'eau tiède et pousser un « Aaahhhhhhh » de contentement qui a dû retentir dans tout l'Atacama ! ;-) Bien sûr je ne suis pas seul car la moitié du groupe fait comme moi et se régale de l'eau chaude.


Il y a un endroit de la piscine où l'eau est plus chaude... Devinez à quel endroit ?

Le petit plaisir de tremper dans de l'eau de 25 à 50°C suivant l'endroit dure une bonne demi-heure. Ce qui suit, à savoir la sortie du bain, dure quelques secondes et trouble la quiétude du site : moi transformé en fusée courant vers le vestiaire avec mes habits et ma serviette, en poussant des cris frigorifiés (oui je suis frileux). En tout cas l'expérience froid-chaud-froid et nager quelques longueurs à 4300m d'altitude mérite le détour ; on se sent vraiment mieux après une fois rhabillé.


A gauche : on se sent mieux dans l'eau (photo : Simon) ; à droite : les gars vêtus de mleur doudoune se demandent qui va se jeter à l'eau

Pour fêter dignement ce retour de baignade, nous avons droit à un petit grésil bien frais sur le chemin du retour (à peu près 1 kilomètre).

A peine séchés et nous voilà remouillés ! (avec nos serviettes mouillées dans les bras) Après ça : repos, car il faut bien récupérer en attendant le repas du soir. Je fais une balade avec mon appareil photo au milieu des geysers à la poursuite des vigognes et autres animaux (renards, oiseaux...). Malheureusement il se remet à pleuvoir et je parcours 5 km sous le crachin sans voir l'ombre d'une vigogne. Par contre j'ai vu des Geysers, c'est toujours sympa.

Le siote du Tatio sous les nuages prend une allure dramatique. Qu'il pleuve ou qu'il vente, les geysers continuent de bouillir



L'accueil du site du Tatio sous le grésil


Sources deau chaude



Geysers et fumerolles au Tatio


Ce paysage sauvage est tout simplement magnifique !


Il y a un renard (photo de droite) qui tente une approche de notre refuge à plusieurs reprises pour quémander de la nourriture. Il y a aussi des mouettes.

Dans le refuge, Pierre installe sa couchette derrière la table pour ne pas gêner les autres dormeurs avec ses ronflements ! Photo (C) Simon Fabre

Le soir, le coucher du soleil éclaire en rouge les nuages dans lesquels nous sommes coincés. Peut-être une chance d'avoir du beau temps cette nuit ? Coucher vers 21h30, le ciel restant bouché...

Magnifique coloration rouge des nuages au coucher du soleil

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