Un petit dépoussiérage de ce post annoncer une découverte intéressante. Le design du Plössl asymétrique de Clavé a été refait par la commission des instruments de la SAF, dont Jean Texereau, à l'attention des amateurs. Ceci a pris le pas sur ce petit bout de brevet qui n'a sans doute pas été compris et masqué par cette re-conception. Le brevet de 1939 comprend deux conceptions : un orthoscopique et le plössl asymétrique.
A sa lecture, le n°2 (plössl) est assez étrange, le concept est normalisé à 100mm avec des épaisseurs de verre énorme. (48mm pour les crowns convexes)
J'ai eu donc quelques doutes sur le fait que ce soit la source originelle utilisée.
Mais grâce à un peu d'intuition et de la lecture historique du pourquoi comment Clavé avait hérité du bébé, je suis tombée sur les fesses (excuser l'expression) quand j'ai compris ce que Texereau avait fait. Il faut savoir qu'à cette époque, l'on ne disposait pas de calculateur (1950-1960) aussi puissant que maintenant et les logiciels de ray-tracing n'existait pas.
Par contre Texereau, élève de A.Couder est très doué en fabrication d'optique et cherchait dans la cadre de la vulgarisation de quoi fabriquer de façon fiable un oculaire accessible aux amateurs.
C'étaient les très cher orthoscopiques Manent en coulant 27 qui avait la meilleure réputation à cette époque.
Centrer deux achromats, même ceux à la correction aussi tordue que sont ceux du design d'Albert König est beaucoup plus simple que les trois verres d'un orthoscopique. Bref, Texereau et consorts refont la conception sur une série d'oculaire et font le tour des manufactures d'optique. Clavé étant un amateur lui-même et devenu grand "copain" de J.T. prend l'affaire. On réduit les épaisseurs et on prend comme étalon un Newton 200mm à f/D=7
pour les tests. (cf le chapitre 11 du livre La construction du télescope d'amateur).
Par la suite Texereau proposera dans son livre d'ouvrir un peu plus les newton proposé de 150mm vers 200mm, car ce diamètre collecte quand même plus de lumière pour les objets intéressants et spectaculaire en champ profond. Le newton f/D=6 étant considéré comme un compromis vers les RFT "grand champ" de l'époque ou l'on travaillait encore avec des Cassegrains 200 f/D=15 et 250 f/D=200 pour les astronomes sérieux. (et les primaires sphériques étaient limité à f/D=4).
Bref le 200/1200 est le "télescope de balcon" pour amateur. A.Couder pour la monture et J.T pour la vulgarisation du polissage et du contrôle à l'appareil de Foucault Donc on fait les tests qualités en retour de rue Metra et "prout" on se rend compte sur le 200mm de test que le design se limite à 15° de champ aussi pointu que les orthoscopiques et bien que l'astigmatisme décroisse plus doucement que l'ortho, il faut limiter le champ à 50° pour que ça fonctionne à f/D=7. En sachant qu'il faut aussi ne pas décevoir les utilisateurs Newton à f/D=6. Bon J.T. sans doute plus optimiste au début (le design du plössl est antérieur à ses choix de newton f/D=6) laisse courir le truc et fini par trancher à 50° en mettant en avant la fameuse barlow aplanatique correctrice de coma de Maurice Paul comme palliatif à l'augmentation continue de l'ouverture des instruments (perspective d'avenir vers du f/D=5, j'ai un souvenir vivace d'avoir lu ça en 1991).
Je sens poindre sa déception dans l'article en lisant sa logorrhée de justification. Mais que savait-il vraiment de ce fameux brevet de A.König posté avec des cotes étranges aux Etats Unis à la veille de la guerre alors qu'Heinrich Erflé gardait jalousement son design pour fins militaires...
68 ans pour Albert König à cette époque, considéré comme le grand maître concepteur de chez Zeiss, initiateur du projet traitement anti-reflet des lentilles qu'Alexander Smakula met au point. Et surtout pourquoi refaire à sa sauce 2 designs archi-connus comme l'orthoscopique et le plössl alors qu'il avait déjà pondu un tas de brevet bien pointu et innovateur. Je vous laisse imaginer ce qu'il avait en tête vis à vis du futur. Le Clavé plössl bridé 50° est alors validé et a acquis par la suite son excellente réputation. (Il restait alors pas mal de lunettes et télescopes à f/8, f/10 et + à l'époque et c'est donc passé dans le flux des oculaires grand champ à acquérir en 1er step avant les Erflés très cher qui ont ensuite inondés le marché (surplus militaire).
Uniquement pour les 8° de plus que les orthos classiques... Bref voilà le topo : après plusieurs semaines à triturer la formule pour trouver de quoi réparer le Clavé 55mm de Sylvain (disciplus), je craque et je tombe par hasard sur un flat achromat de précision de chez Surplus Sched. Première baffe, je n'ai pas compris pourquoi ça marche mais bon j'améliore le truc pour une focale ramenée à 53.6mm : image belle, facile comme le Pic du Midi (pour ceux qui connaissent la série). Et puis Disciplus me mail sur un projet de CPI-Z pour son 600 f/D=10. Faire un Huyghens 80mm grand coulant (>3").
C'est faisable si on trouve de grandes lentilles mais ça c'est plutôt réservé à un fabricant. En plus le Huyghens ne fait pas un beau champ au-delà de 30°. Je cherche quand même et j'abandonne, donc je vais plutôt vers du plössl, et trouve par hasard une possibilité.
Et puis je me dis : f/D=10, pourquoi ne pas vérifier "pour le fun" qu'un Clavé recalculé pourrait convenir, d'autant que j'avais regardé les possibilités à f/D=24 pour les Gregory en 2" et que c'est précis comme un rasoir. Voilà le résultat, je relis le brevet et je tombe sur la taille du field stop à 120mm pour la mise à l'échelle de 100mm de la conception. 3 petits chiffres qui ne m'avaient pas interpellée la première fois.
Quelle baffe j'ai prise...
Le tilt côté oeil est bien supporté voire même bénéfique grâce au verre d'oeil plat (excellent angle jusqu'à 7° pour le 10mm soit 1,2mm de décalage), l'allongement du f/D améliore tous les résultats et "bam" je pousse à 61° et ça tient aussi : le contraste standard au bord, et aussi un champ diffraction limited au centre qui s'ouvre à partir de f/D=8.3 et monte à 5° de part et d'autres du centre à f/D=10 et carrément demi-champ à f/D=20 ! Le brevet initial est ci-dessous, ainsi que l'article de Texereau sur son cheminement oculaire (qui est un supplément publicitaire pour Clavé mine de rien). Vous apprécierez, j'espère, d'autant qu'il y a eu par le passé quelques plössl à 60° comme Sterling et Kitakaru RPL. A se demander si le filon a déjà été éventé, mais je ne pense pas. Conclusion : le plössl asymétrique d'A König a sans doute été inventé à la suite de la conception de son réfracteur apochromatique (les objectifs B) pour l'équiper en oculaire grand champ et en quelques sortes comme un leg de ses connaissances aux générations futures. CQFD
Myriam
http://atom.lylver.org/AstroSurf/PDF/Texereau/chapitre11.pdf
http://atom.lylver.org/AstroSurf/Design%20Optique/Oculaires/ZEISS-ORTHO+PLOSSL-US2217281.pdf [Ce message a été modifié par lyl (Édité le 15-07-2017).]
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