Inspiré par une observation vraiment exceptionnelle, remarquable, de Robin Leadbeater : http://www.spectro-aras.com/forum/viewtopic.php?f=6&t=2758 (il a utilisé un Alpy200, version modifiée du Alpy600, sur un C11), je me suis attaqué à l’observation d’un quasar situé à une énorme distance, avec un z de 4.41 et dont  la magnitude tourne autour de 19.   J'ai utilisé le tout léger et peu couteux spectrographe Star’Ex (impression 3D) , une fente de 23 microns, une caméra ASI183MM, le tout sur mon fidèle Newton de 200 mm f/5 :     Le spectre en haut est celui de la nova Cas 2021, observé la même nuit, et qui est un véritable phare par rapport au quasar en question.   Au centre le spectre du quasar. En fait vous ne voyez rien, si ce n’est l’intense pollution de mon site d’observation situé sur la Cote d’Azur (avec en plus un lampadaire sodium proche, dans ma résidence, bien intense, qui ne s’allume que par intermittence, mais… qui était allumé cette nuit là !). Il y a avait aussi la Lune dans le ciel.   En bas, le résultat après avoir retiré le fond de ciel par traitement informatique (ISIS). Et là, ce n’est pas très beau, mais on voit un trait horizontal sur la droite, un peu plus loin dans le rouge que la raie H-alpha, qui sort à peine du bruit (RSB de 4 ou 5, mais la détection est sure). Ce bout de spectre tout rouge, n’est autre que la raie Lyman alpha du spectre du quasar , qui est émise à la longueur de 1216 A, c’est à dire très loin dans l’UV, mais que l’on retrouve au niveau de la raie H-alpha bien connue en raison du décalage vers le rouge (red-shift).   Comme tenu de la valeur du z, ici z=4.41, on calcule que la vitesse de récession de l’objet est de l’ordre de 280 000 km/s (je rappelle que la vitesse de la lumière c’est 300 000 km/s). Cela amène la distance de ce quasar à environ 13 milliards d’annéee lumière. C’est le spectre de l’objet le plus lointain que j’ai jamais pris.   Voici un spectre pro de cet objet :     Sol’Ex a donc permis cette observation, mais tout bon spectro bien employé peut permettre de réaliser cette chose. Disons que le rendement de Sol’Ex est bon et autorise l’opération (ca donne une idée du nombre d’objets observable - no limit !).   Pour fixer la difficulté, voici trois images :     A gauche l’image du Digital Sky Survey. Le quasar n’est déjà pas trop évident. Au centre l’image du champ prise en 60 secondes avec une ASI290 mini. Le quasar est totalement invisible face à l’intense brillance du fond de ciel de mon observatoire. Cela permet de bien voir la fente dans la caméra de guidage (elle a une double largeur 23 et 230 microns, c’est une fente dite photométrique). A droite, j’ai positionné au jugé, en aveugle, le quasar dans la fente (c’est la grosse difficulté et incertitude), et puis c’est partie pour guider sur une étoile dun champ.   C’est le bruit de photon du fond de ciel qui limite ici. Je serais à la campagne, ce serait « facile » (en gros).   Je trouve amusant que le même instrument nous permette d’observer à la fois le Soleil à la magnitude -26,7 et l’un des objets les plus lointains de l’Univers à la magnitude 19. De quoi occuper toute une vie d’astronome avec un bout de plastique et un peu de verre !   Le setup :     Christian Buil