Un petit peu de spectrographie stellaire avec Star’Ex pour changer des images solaires et se rafraîchir un peu la nuit.   J’ai souvent indiqué qu’une bonne configuration pour débuter en spectrographie stellaire avec Star’Ex était fort voisine de celle employée pour faire des images du Soleil (Sol’Ex) : réseau de 2400 lignes/mm et 80x125 mm coté optique. A condition d’adapter la largeur de fente à son télescope et d'utiliser une caméra refroidie (CCD, CMOS), on est quasi sûr de faire de bons spectres, et même très bons, avec une très haute résolution spectrale et un vrai intérêt astrophysique. Voir tous les détails ici : http://www.astrosurf.com/solex/sol-ex-etoiles.html   Plus difficile à utiliser (à peine à vrai dire, j’aurai l’occasion d’y revenir dans une vidéo future), une configuration avec un réseau de 300 lignes/mm. et 80x80 mm, présente aussi un intérêt. Star’Ex n’est pas trop mauvais dans cette disposition (en fait, j’ai optimisé l’optique Star’Ex pour cette solution 80x80, 300 traits/mm). Bien sûr, la résolution spectrale est bien plus basse, mais avec l’intérêt d’observer des objets assez faibles, disons de magnitude supérieure à 10.   Voici ce que cela donne par exemple avec un télescope Celestron C9.25 (f/10) avec Star’Ex en configuration 300t/mm, 80x80 et une fente assez large de 35 microns. La résolution spectrale est alors un peu supérieure à R=600. Je trouve le test sur ce setup instructif, car il est assez répandu côté télescope (gamme C8, C9, C11, mais autres instruments possibles bien sûr) et il peut encourager à ce lancer.   Voici un exemple caractéristique d’observations : l’étoile de type Be KY Cyg, qui n’avait pas jusqu’alors de spectres dans la base BeSS (http://basebe.obspm.fr/basebe/Accueil.php?flag_lang=en), car étoile sûrement jugée un peu faible avec une magnitude V=11.9 (pose cumulée de 30 minutes) - une première donc :     On voit une très belle raie H-alpha en émission (on la détecte aussi dans H-beta).   L’étalonnage spectral et le calcul de la réponse instrumentale avec un réseau de 300 lignes/mm est plus délicate qu’avec un réseau de 2400 t/mm, mais on peut tout de même faire des choses sympa, comme ici, le spectre comparé de l’étoile HZ44 de magnitude 11,7, un objet très bleu, utilisée notamment pour étalonner les données du Hubble et de pas mal de télescopes professionnels (la courbe rouge est la référence) :     Vous voyez que notre spectrographe en plastique (DIY) ... c’est du sérieux !   Cible plus difficile, mais c’est aussi le but de ma manip, la nova naine AM Her, qui montre des éruptions régulières, mais au moment de l’observation, au plus bas de sa brillance, ici vers la magnitude 15.3 (données AAVSO) :     Depuis mon site d’Antibes, avec en plus depuis quelque temps, un ciel pas bien transparent (0,5 magnitude d’absorption au moins je trouve dans le sud de la France), il faut poser longtemps, mais on ferait un sacré boulot si on regroupés nos observations (avec Star’Ex et autres, genre Alpy, bien entendu). Il faudrait que l’on s’organise !   Pour finir ce bref panorama d’observations récentes, j’ai entrepris une série à laquelle vous pouvez vous associer aussi, consistant à couvrir le cycle de 162 jours du micro-quasar SS433. On est ici sur l’un des objets les plus fascinants que l’on puisse observer lorsqu’on dispose d’un petit spectrographe. C’est un système double, dont l’une des composantes n’’est autre qu’un trou noir !   Il est de petite masse, un peu moins de 3 masses solaire (rien à voir avec le trou noir de notre Galaxie, tout récemment détaillé)., mais un trou noir, qui attire dans son horizon, la matière de son compagnon. SS433 est au centre d’un résidu de supernova (explosion estimé à 12 000 ans).  Il y a énormément à dire sur cet objet, vous pouvez regarder cette vidéo (en anglais, mais très illustration) :   https://www.youtube.com/watch?v=FNKC9acSBR0   A noter la présence du jet qui tourbillonne avec la précession et qui éjecte la matière à 79 000 km/s (vous avez bien lu, c’est 25% de la vitesse de la lumière !).  Dans ces deux spectres Star’Ex pris à 24 heures d’intervalle (hier et avant-hier) vous pouvez voir la signature de ce jet par la présence de deux pics rouge et bleu de la raie Halpha qui montrent une énorme vitesse radiale des gaz par rapport à la raie normale induite par le disque d’accession, comparativement plus calme :     Remarquez les changements en seulement 1 jour. Compte tenu des vitesses en question, c’est phénoménal. C’est comme si on observe le balayage d’un phare au bord de la mer.    Tout ceci échappe aux astrophotographes, qui ne voient qu’un point ;-)   Le but est de faire un film complet de la rotation du système SS433. A ma connaissance, même les professionnels n’ont jamais réalisé cela, car le coût d’observation sur leurs télescopes est trop élevé. Si on arrive à faire ce truc avec nos petits moyens (il n’y a pas de raisons), cette première fera grand bruit…. Vous voulez être de l’aventure !!!!???   Christian Buil     PS : accessible à Star’Ex, mais aussi à tous les spectrographes bien adaptés, genre Alpy, Lhires base résolution, Lowspec, UVEX...