Je ne peux pas dire mon coup de cœur de l'été, il ne fait que commencer. En fait ça concerne des observations effectuées hier et avant-hier : samedi 02/07 avec un super ciel, et dimanche 03/07 avec un ciel moins bon mais correct. Instrument : Dobson Orion Optics 300/1200.   Samedi soir, donc, j'avais au programme la recherche de quelques petites nébuleuses planétaires dans le but de retrouver la sensation Jonckheere 900, mon coup de cœur de cet hiver : une minuscule nébuleuse planétaire brillante, une sorte de grosse étoile bleu-vert phosphorescente − un truc bizarre. Hélas, aucune des cibles de ce week-end ne m'a donné la même sensation ; en fait il s'agit de nébuleuses très faibles avec une minuscule condensation centrale qui leur donne toute leur magntiude, au mieux on voit un très faible flou autour d'une étoile (reconnues par leur blinking et, dans certains cas, leur réaction à l'OIII). Bref, je me suis fait eu ! (À part pour PK 093-02.1, près de M39, dont la structure annulaire est devinée.)   L'une de ces cibles était NGC 6567, une minuscule nébuleuse planétaire du type ci-dessus située à l'extrémité ouest de M24.   Pas la peine de faire durer le suspense : le coup de cœur, c'est M24. Cet objet, qui n'est pas un amas ouvert mais une fenêtre ouverte sur la Voie Lactée (faible extinction), est un de mes favoris aux jumelles. Mais il mérite d'être détaillé, et je n'y avais pas pensé depuis près de vingt ans (j'ai relu mes notes, la dernière fois que j'ai plongé dedans, c'était en 2003 au Kepler 200/1200...) Ce qui m'a agréablement surpris, c'est qu'on perçoit la texture nébuleuse de M24, on voit ses limites, et même ses deux trouées : Barnard 92 et 93, trouvées sans carte. À l'intérieur, côté est, il y a l'amas NGC 6603, rudement intéressant : il montre une quarantaine d'étoiles faible à très faibles, très serrées, sur un fond nébuleux. C'est une sorte de M11 en beaucoup moins brillant (et moins riche quand même − la ressemblance est au niveau de la densité en étoiles). L'amas est traversé sur presque un diamètre par une ligne d'étoiles presque nord-sud.   Ma nébuleuse planétaire étant à l'extrémité ouest, je me suis calé sur une étoile brillante située non loin, à l'aide d'une carte préparée rapidement. Juste à côté il y a une jolie étoile triple. De retour à la maison je l'ai identifiée : HJ 594. De là rayonne une longue chaîne d'étoiles, qui part plein ouest, s'interrompt, puis repart en deux endroits, un vers le nord, un vers le sud-ouest. En me promenant à faible grossissement, je me suis aperçu qu'il y avait d'autres chaînes, comme des sortes de cascades de Kemble . Les deux plus spectaculaires sont celle qui part de HJ 594 et l'une au centre, qui part de l'étoile la plus brillante de l'amas. Elle part vers le nord en suivant les mêmes direction que le filament du triangle de Pickering, mais à l'opposé (le filament part vers le sud, mais ensuite les virages et changements de direction sont les mêmes).   Du coup j'ai préparé une carte détaillée dimanche afin de poursuivre l'exploration. En particulier j'ai prévu d'observer les étoiles doubles de M24 avant la tombée de la nuit (en théorie vers 1h du matin, mais j'ai remballé juste avant pour cause de boulot lundi matin...)   Voici la carte. J'ai dessiné par dessus, en vert, les chaînes d'étoiles vues samedi soir (à partir du croquis fait samedi soir) :   La carte montre toutes les étoiles jusqu'à la magnitude 12, et les numéros indiquent les étoiles jusqu'à la magnitude 9, par ordre d'éclat : l'étoile 1 est la plus brillante de la carte (mais ne fait pas partie de M24), l'étoile 2 est la plus brillante de M24. (J'ai jouté au crayon de papier les limites de M24, mais dimanche soir le ciel n'était pas aussi bon que la veille et la texture nébuleuse de M24 était très faible.)   Pour se repérer dans M24, c'est simple : − Côté est, l'amas NGC 6603 sert de balise. − Au centre, la balise est la cascade qui jaillit de l'étoile 2. − Côté ouest, c'est la chaîne 2, peut-être plus régulière (ses étoiles sont vraiment, mais vraiment alignées) qui joue ce rôle.   Impossible de se perdre !   J'en ai profité pour chercher les autres amas ouverts : Mrk 38 est un petit groupe d'étoiles très serrées dont la portion nord forme l'ensemble des composantes de l'étoile multiple BU 284. Collinder 469 est un petit groupe sans grand intérêt : il y a plein de groupes comme celui-ci dans M24. D'ailleurs l'observation de M24 à fort grossissement est tout aussi passionnante, et je remarque encore plus d'étoiles qu'à moyen grossissement. Je crois avoir vu deux des trois Turner : Turner 2 est un groupe d'étoiles faibles sur fond nébuleux, et j'ai noté avoir vu Turner 3 mais pas 4 samedi, et l'inverse dimanche. Peu importe, c'était juste un groupe d'étoiles peu détaché.   Alors c'est quoi ces chaînes d'étoiles ? Ce n'est quand même pas le hasard qui en construit d'aussi longues ? La Cascade Centrale, par exemple, contient plusieurs dizaines d'étoiles. Et dans la Grande Cascade de l'Ouest (on dirait un titre de western...), les étoiles sont tellement bien alignées que j'ai du mal à y voir un simple hasard. Quelqu'un a déjà entendu parler de ça ?
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