Tout d'abord, mes excuses à ceux qui seront froissés, horrifiés, énervés par la présence d'un tel sujet en section observation visuelle.   C'est sur les conseils de @Bruno- que j'ai choisi cette section, de préférence à la section astrophoto. Le but est de poster un compte-rendu d'une petite session en ce qu'on appelle pour l'instant "VA" à défaut de mieux, et voir si la pratique peut s'éclairer par l'exemple. Et de trouver une meilleure appellation qui ne trompera pas le peuple, aussi.   Il s'agit d'une session qui a eu lieu la nuit du 8 au 9 mai 2021 à Peille, dans le 06, pas très loin du mythique observatoire de feu Georges Viscardy, en-dehors du cabanon familial. La proximité de Nice (6-7 km du centre) et des autres villes de la côte rend la PL très présente.   L'on sortait alors à peine de longues périodes de confinement ou de couvre-feu, suivies d'une météo désastreuse qui alternait forcément avec la Pleine Lune. Un genre de malédiction qui m'avait tenu éloigné de l'astro pendant des mois. Autant dire que j'étais au taquet, prêt à en découdre avec les éléments.   Il s'agit d'une session de "VA" typique : les images sont le résultat d'un empilement de plusieurs captures, les réglages sont faits à la volée.   La plupart des captures montrent l'interface de Sharpcap, qui est l'outil de prédilection pour l'empilement en direct, pour plus de fidélité avec ce que l'on voit réellement en session, mais aussi pour montrer les différents réglages d'exposition, d'histogramme (à but pédagogique). La plupart du temps, je donne le temps d'exposition unitaire, et le temps passé à empiler jusqu'à atteindre la zone des "rendements décroissants" où chaque nouvelle image n'apporte plus grand chose.   En voici le texte et captures d'écran originaux, ou presque, avec quelques éditions bien senties.         Nuit du 8 au 9 mai 2021, première sortie sangliers depuis...octobre 2020.   Nous sommes partis à deux, fiston astro n°2 (12 ans) et moi, pour profiter de cette unique nuit dégagée entre deux périodes de mauvais temps. Arrivée sur place à 18h58, juste à temps pour le couvre-feu, ouf.

Le seeing prévu était très médiocre avec pas mal de vent en altitude, et la météo prévoyait également l'arrivée de nuages entre 1 et 2h du matin (ils se sont matérialisés plutôt en fin de période).   Pour permettre des observations rapides, j'avais donc décidé de fonctionner avec le système le plus rapide dont je dispose : C9, Hyperstar v4 à f/2.2, et caméra mono ASI294MM Pro. La caméra était en mode bin1, soit des pixels de 2.315um pour essayer d'échantillonner à peu près correctement (c'est peine perdue avec l'Hyperstar de toute façon). Je n'ai pas utilisé de filtre pour laisser passer un peu l'infrarouge (si tant est qu'il soit capté par ma caméra qui n'est pas spécialement sensible en-dessous du visible). L'EvoGuide50ED, montée sur une seconde queue d'aronde n'a pas servi à grand chose au début, à part équilibrer en DEC le tube. Le tout était monté sur une AVX dont on se demande encore comment elle fait pour supporter tout ce barda. Le tout était alimenté sur batteries 12V (monture et caméra) ou 19V (NUC). Ma sacoche de plombier sert d'abri anti rosée, mais je n'ai pas eu à monter les résistances chauffantes pour une fois.
On aperçoit en fond le dispositif anti-sangliers qui, sauf la fois où le courant a sauté, a réussi depuis 12 mois à nous protéger des irruptions de bêtes féroces.   Après les habituels enquiquinements (le NUC qui s'éteint tout seul pour une raison inconnue, le routeur wifi qui ne route pas) résolus en quelques minutes, nous avons attendu patiemment la tombée du jour, fait l'alignement polaire avec Sharpcap, lancé un alignement CPWI avec une étoile, une MAP au Bahtinov et c'était parti pour une capture de flats.

Fiston a pris les commandes depuis le cabanon pendant que je tentais, à 30m de là, de régler la luminosité de l'écran à flats de façon à avoir un histogramme correct avec des poses de 4s (obligatoires avec ma 294). Nous avons passé 10 bonnes minutes à hurler des informations du genre "plus !", "moins !", "non, plus !" suivant la luminosité de l'écran. Pas simple, mais on a fini par y arriver, et ça a dû repousser les sangliers car je ne les ai pas entendus à ce moment-là.

Fiston a ensuite lancé Stellarium, connecté au télescope, mais impossible de me souvenir comment recentrer la carte sur l'endroit où pointe réellement le télescope. J'ai fini par lui montrer Cartes du Ciel, qu'il a utilisé pour la suite. Je n'ai absolument rien touché pendant 1h30, mais juste donné des indications, ce qui est assez reposant finalement.

Pour gérer en live les histogrammes, c'était simple, je lui ai montré la méthode Kawa : Auto sur le grand, Auto sur le petit, et réglage uniquement avec le mid du petit. Simple, rapide et efficace pour faire du VA sans se prendre la tête quand on a 12 ans et qu'on est impatient par nature.

Comme on n'était pas loin après l'alignement sur une étoile de la Grande Ourse, fiston a commencé par la Galaxie du Tourbillon (M51 bien sûr), tout en oubliant bien évidemment d'utiliser le flat qu'on avait fait avec difficultés. Ca m'arrive aussi, alors je ne lui jette pas la pierre. 10 minutes en poses de 15s, où le but était de voir la "boucle" de matière au-dessus de M51 (mais aussi les "grumeaux" dans les bras, lieu de formation d'étoiles de par les forces de marée dans cette interaction proche)   Juste à côté, M101 et ses voisines nous tendaient leurs (nombreux) bras. 6 minutes, toujours en poses de 15s   Une discussion sur le mécanisme de la formation des bras spiraux nous a amené sur les spirales barrées. Comme elle était visible et que c'est un bon exemple, M83, dans le pack de PL niçoise. 6min15s.   Avant de se coucher, Mini Clouzot voulait voir un amas globulaire, et il évidemment pointé M13, marqué en gros dans Cartes de Ciel, difficile de passer à côté. 5min30s pour voir aussi ses voisines (NGC 6207 en haut à gauche, et un petit test réussi par fiston qui a aussi débusqué la mini PGC3501401 et les autres micro-trucs dans le champ). Pas sûr qu'on voie le "Y" par contre tellement c'est brillant à l'Hyperstar   Juste après, du rab avec M64, en 10 minutes. Il est presque 23h30, c'est l'heure de laisser Clouzot-père avec ses sangliers et ses galaxies. Au lit, et que ça saute (bon, il ne va pas très loin vu la taille du cabanon, mais il s'endort quasi instantanément je crois)   Un premier "Clouzot Deep Field" du soir en quasi direct de la colline (10 minutes à l’Hyperstar et 294MM), autour de M100   ...et un second Clouzot Deepfield en 15 minutes dans le coin de M87 et de la Chaîne de Markarian   Je passe ensuite au triplet du Lion, 10 minutes. Dans cette direction, la PL niçoise est très forte mais les détails dans les bandes sombres de NGC3628 sortent plutôt pas mal.   Je passe au champ autour de M59, avec l'interaction entre M60 et NGC 4646 (aussi cataloguée Arp 116), en 5min30s     Je suis passé un peu avant à 30s de pose. Je pointe ensuite M81, et la rapidité hallucinante de l'Hyperstar est apparente avec cette pose unique de 30s   Puisqu'on m'avait posé la question en live (on discute aussi via Discord pour partager en direct nos écrans), un petit platesolve vite fait dans ASTAP pendant que ça stacke : Holmberg IX est la petite tâchouille juste en-dessous de M81, notée UGC 5336 sur le platesolve. C'est une galaxie irrégulière, satellite de M81 si j'en crois ceux qui savent. Je vois aussi une PGC 28731 qui semble tout aussi irrégulière, à gauche de M81 vers l'étoile brillante       Pas loin de là, ceci n'est pas une irrégulière, mais bien une faible spirale intermédiaire, IC 2574, dont on devine la forme et qui montre des zones brilantes bien définies. 10min30s et quelques spirales en arrière-plan   A suivre ci-dessous...