Réflexion sur un article récent:
http://www.ca-se-passe-la-haut.fr/2016/07/lil-humain-un-organe-capable-de.html Où il est question de l'extraordinaire sensibilité de l’œil humain. Mais cela fait bien plus de dix ans qu'on le sait, que notre rétine réagit à chaque photon de lumière visible . Robert Rodieck en parle clairement dans son fameux livre de 1998 "La vision" que je conseille à tout mordu d'astronomie visuelle. Un régal, c'est passionnant et laisse entrevoir la complexité faramineuse du phénomène de vision. Cette notion de sensibilité quantique de l’œil doit être remise dans le contexte de la machinerie rétinienne qui traite le signal. En l'amplifiant ou en l’atténuant par exemple par des systèmes d'interaction et de rétroaction entre cellules rétiniennes, entre les différentes couches (en épaisseur) ou au sein même d'une couche (communication horizontale). Le signal est amplifié si un ensemble de cellules rétiniennes contiguës confirme la stimulation. Les cellules réceptrices communiquent et après "concertation" décident qu'il s'agit d'une info intéressante à transmettre au cortex visuel. Inversement les décharges spontanées aléatoires survenant dans ces cellules par dégradation du pigment visuel ou autres phénomènes biologiques critiques sont en quelque sorte négligées. Là aussi après dialogue des cellules entre elles qui en quelque sorte décident de passer outre. A savoir aussi que sur trois photons absorbés par une cellule rétinienne, seul deux produisent une photo-isomérisation du pigment visuel, la fameuse rhodopsine, ce que l'on appelle une capture efficace. Le facteur d’efficacité quantique, le rendement, est donc de 0,67. Et pour critiquer l'article, il est fait mention d'une sorte de cumul de l'action sur quelques secondes d'intégration. En fait il s'agit du temps d'obturation rétinien bien connu ( la persistance rétinienne) qui en fait est de 0,1s. Et qui concerne chacune des cellules réceptrices prises individuellement. Dans son bouquin Rodieck calcule que les photons émis par l'étoile polaire par exemple, et passant par la pupille sont espacés en moyenne de 3 km. La probabilité d'avoir deux photons en même temps dans l’œil est quasi nulle. Le captage des photons par la rétine se fait bien un par un dans ce cas d'observation. Mais on voit en fait la stimulation produite par 9400 photons accumulés toutes les 0,1s! Tout ça pour laisser entrevoir que l'analogie de l’œil avec la chambre noire de grand papa, simple et "objective" n'est vraiment pas adaptée, et que l'on se retrouve un peu dans la cas des capteurs numériques bardés de logiciels actifs dès l'acquisition. Ce qui est infiniment plus compliqué et moins objectif ("réel"). Et encore parle-t-on d'un seul œil et pas de l'apport de la vision binoculaire Finalement pour le chasseur prédateur diurne et nocturne que nous sommes, il n'y a rien d’étonnant à toute cette complexité qui permet à un outil relativement mal fichu au niveau optique et rétinien (la fameuse rétine montée à l'envers avec le câblage devant les récepteurs par exemple) d'y voir excellemment de jour comme de nuit. Pour faire mentir le poncif "des animaux qui eux ont toutes les qualités et tati tata". Pour les observateurs visuels acharnés de ciel profond, tous les espoirs sont permis! Et mort aux préjugés, seule l'observation opiniâtre et expérimentation compte. [Ce message a été modifié par Bernard Augier (Édité le 25-07-2016).]