Apparition 2010 Note n°3

L'apparition 2010 est marquée par la disparition de la Bande équatoriale sud (SEB - lire la note n°1). Cependant, son équivalente de l'hémisphère nord, la NEB (North equatorial belt), présente également son propre cycle d'activité ; moins spectaculaire que celui de sa cousine australe, il est cependant plus fréquent, et surtout, d'une régularité suffisamment stricte pour qu'on puisse le "prédire" sans trop de risque !

Le cycle est essentiellement perceptible par d'importantes variations dans la largeur de la bande, qui peut s'élargir du simple au double ou au triple sur une durée d'environ quatre années terrestres. Mais d'autres phénomènes participent au cycle qui se définit de cette façon :

- Année 1 : la bande est étroite, confinée dans ses limites physiques (entre les courant-jet EZs et NEBn)
- Année 2 : la NEB "envahit" la Zone tropicale nord (NTrZ) par l'apparition de gros tourbillons sombres
- Année 3 : la NEB atteint sa plus grande largeur visuelle, prend une teinte brune-rouge prononcée, et développe une importante série de "barges" dépressionnaires. En parallèle, une série d'ovals blancs anticycloniques se forment dans la NTrZ
- Année 4 : Phase de récession. Dans la NTrZ "envahie", des régions commencent à perdre leur couleur (exactement à la manière de la SEB en 2009). A la fin, la NTrZ redevient blanche et la majeure partie des barges et spots blancs disparaissent. Le cyle peut recommencer...

En se basant sur ce schéma, le cycle actuel a commencé en 2008, année où la bande était étroite ; la phase 2 (expansion) a eu lieu en 2009 (lire le bilan 2009). L'apparition 2010 correspond à la phase 3, phase d'activité maximale avec invasion complète de la NTrZ, et développement des vortex dépressionnaires et anticycloniques.

Bandes de comparaison 2008-2010

En 2008, la NEB est étroite et "calme" sur son bord nord (en bas - une ou deux barges du précédent cycle sont encore discernables) ; la Zone tropicale nord apparaît aussi large et très blanche. 2009 : le courant jet qui sépare la NEB et la NTrZ est déstabilisé et se met à onduler ; de gros "spots d'expansion" sombres envahissent la Zone tropicale. L'ensemble est très perturbé. 2010 : la NEB paraît avoir doublé de largeur et est très contrastée et colorée. On distingue des "barges" dans la NEB et des anticyclones blancs (aWO) dans la NTrZ. Le plus gros, le "White spot Z" est le seul qui traverse les cycles sans disparaître : il existe depuis 1997. L'expansion de la bande se voit aussi car en 2010, il est complètement inclu dans cette dernière, alors qu'en 2009, il était sur son bord nord.

Images : Tomio Akutsu (2008), Jean-Jacques Poupeau (2009) et Jean-Pierre Prost (2010). Les flèches à gauche définissent la latitude des courant-jets.

Ci-dessous : vues globales de la planète permettant de resituer la scène dans son environnement. La situation en 2010 est particulièrement contrastée entre les deux bandes équatoriales (SEB et NEB), l'une étant à l'apogée de son cycle d'activité, et l'autre, à son périgée. Images : Xavier Dupont (2008), Don Parker (2009 : noter l'aspect perturbé de la NEB)) et Efrain Morales (2010).

Développement des "rifts" dans la NEB

La Bande équatoriale nord développe souvent des sortes de panaches blancs, qui sont communéments appelés "rifts" dans la nomenclature jovienne. Le terme est impropre ceci dit car loin de constituer des "fractures" dans les nuages bruns, ces "rifts" sont des éruptions de nuages plus élevés, identiques à celles que nous voyons plus rarement dans la SEB, beaucoup plus fréquents, mais moins puissants. Ils apparaissent vers le milieu de la bande et se développent en direction de l'équateur. Pris dans un fort gradient de vent, les volutes blanches sont étirées de plus en plus loin vers l'ouest (gauche si le sud est en haut) et terminent leur course à la limite de la zone équatoriale.

En 2010, l'activité de rift est assez intense. Les images ci-dessous montrent le développement de la série actuellement observable entre L2 = 250 et 300