Salut à tous,   je précise l'intitulé : c'est un bilan partiel puisqu'il s'arrête fin août ; et puis le terme de "bilan" ne doit pas être perçu comme quelque-chose d'ambitieux, il consiste juste en un relevé des changements constatés entre mes différents dessins.   Disons-le clairement, l’opposition 2018 n’a pas été telle qu’on l’espérait : on attendait de pouvoir contempler Mars avec un luxe de détails, mais dès début juin la tempête est venue jouer les rabat-joie et a fait chuter (voire a annulé) le contraste des taches d’albédo. Du coup, le bilan porte davantage sur les effets de la tempête que sur les petits détails du sol martien qui seront souvent restés timides. Autour de la date d’opposition le globe est demeuré vide de taches d’albédo, sauf si l’on avait un filtre rouge sous la main, dont l’effet est assez miraculeux. Non pas que le contraste devienne fort grâce à lui, mais il est rehaussé et les contours des formes qui apparaissent dans l’image sont plus nets. Il a également comme effet de réduire la turbulence (on est dans les grandes longueurs d’ondes du spectre visible) et de réduire la dispersion atmosphérique, ce qui est appréciable quand on observe à moins de 20° de hauteur au-dessus de l’horizon.   Tous les dessins sont faits au T406 à 600X en bino et filtre rouge RG610. Sur Mars, je n’ai jamais eu intérêt à descendre en grossissement, même quand j’observais bas. Ceux qui sont faits depuis chez moi en Vendée ont été réalisés avec un seeing correct, quand c’était trop mauvais je ne faisais pas de dessin. A Ténérife (deuxième quinzaine de juillet) j’ai eu un seeing excellent quand je m’installais à proximité de l’observatoire d’Izana. Les 20° supplémentaires de hauteur dans le ciel ont aussi bien aidé… En Afrique du Sud sur la première quinzaine d’août, seeing très variable, le passage de Mars au zénith n’a pas été une garantie de lisibilité de l’image. J’y ai quand-même eu quelques très belles visions de la planète rouge.   Une petite photo du spot à Ténérife, à 2240m. En haut, la vue vers Izana à l'est ; en bas la vue dans la direction opposée, vers le volcan Teide à l'ouest. On voit aussi un bout de mer de nuages en contrebas, vers le nord. Le flux majoritairement de nord arrive de l'océan et remonte le relief jusqu'à atteindre le spot en question, ça explique sûrement la qualité du seeing ici.   Une photo d'Afrique du Sud, prise lors d'une ballade du soir près de la ferme astro de Hottie ; ambiance savane. La nuit arrive, les prédateurs se préparent...   Voilà une planche avec tous mes dessins 2018, depuis le 10 février jusqu’à fin août. Les tailles des globes sont à l’échelle. J’ai juste précisé la date, la longitude du méridien central, et l’endroit (quand rien n’est précisé, c’est depuis chez moi en Vendée). En cliquant dessus elle devrait s'afficher en plus grand.     De fin juin à mi juillet, on voit bien les effets de la tempête, avec un contraste très faible et un globe presque sans détails, malgré le filtre rouge. Et puis vers la fin juillet, la tempête se calme, la poussière commence à se déposer par endroits, le contraste remonte, mais le filtre rouge demeure tout de même indispensable pour mieux voir.   Les effets de la tempête :   Visibilité de Valles Marineris D’habitude, on localise le célèbre canyon grâce à Tithonius Lacus et au segment sombre qui le relie à Aurorae Sinus (Agathadaemon). En juillet (à gauche, dessin du 26/07/2018), la poussière a été canalisée dans le canyon et a ainsi révélé la portion de Valles Marineris qui traverse Aurorae Sinus, sous la forme d’un chenal clair coupant Aurorae Sinus en deux morceaux (flèche sur mon dessin). Sur l’image de la sonde Mars Orbiter de 2014, on voit un fin chenal clair à cet emplacement, mais j’imagine qu’en juillet la poussière l’a rendu plus brillant, voire a donné l’impression de l’élargir en débordant un peu du canyon.   Sur mon dessin de 2014 (et sur celui du 4 juin 2016, plus bas), on ne voit pas cette séparation claire.   Solis Lacus Sur le dessin de gauche, Solis Lacus et les formations environnantes semblent s’être soudés pour prendre la forme de cette grosse masse sombre. La tempête se trouve juste à gauche sur le dessin, elle commence donc à transformer aussi l’aspect de Solis Lacus. Entre cette formation et Mare Sirenum, un bourgeon clair a émergé, c’est le début d’un autre foyer de tempête. Un mois plus tard, sur le dessin de droite, le pourtour de Solis Lacus a retrouvé un aspect plus proche de la normale.   Syrtis Major Le 24 avril 2018 (à gauche, 10,4’’ d’arc) la grande Syrte a sa forme classique, tout comme sur le dessin de 2016 à droite. Dessin central : dans le courant du mois d’août, alors que la tempête a cessé (mais qu’il y a encore de la poussière en suspension), Syrtis Major s’est amincie sur ses flancs ouest et est, Deltoton Sinus (flèche noire) se résume à une tache noire isolée au lieu d’être classiquement intégrée à la masse de Syrtis Major, comme sur le dessin de droite. La zone qui correspond à la connexion entre Sinus Sabaeus et Mare Serpentis a aussi considérablement changé depuis 2016, Deucalionis Regio est plus foncée ce qui donne l’impression que Sinus Sabaeus s’est élargi (flèche rouge).   Margaritifer Sinus Sur le dessin de droite en 2016, Oxia Palus (flèche) est dans le prolongement de Margaritifer Sinus et forme une pointe dirigée vers le nord. C’est l’aspect habituel de ce secteur. Sur celui du centre début août 2018 après passage de la tempête, il y a une interruption entre Margaritifier Sinus et Oxia Palus, ce dernier paraissant maintenant faire partie de Niliacus Lacus au nord et formant une pointe dirigée vers le sud cette fois. Le dessin de gauche, croqué en pleine tempête, est là pour montrer la différence de contraste avec le dessin du centre à quasi un mois d'intervalle (avec un filtre rouge dans les deux cas).   Mare Cimmerum Sur le dessin de gauche, la tempête est encore active, elle masque une bonne partie de Mare Cimmerium dont il ne reste de visible qu’une portion en forme de poire (flèche noire). A droite, début août, cette mer a retrouvé sa physionomie habituelle. A gauche on remarque également la disparition d’une partie de Mare Tyrrhenum (flèche rouge) et que la calotte (ou en tout cas pour sa portion diurne) est presque entièrement recouverte par de la poussière.   A toutes fins utiles je mets un lien vers une carte pour s’y retrouver dans les noms de formations que j’ai mentionnées : http://alpo-j.asahikawa-med.ac.jp/kk07/m070515r.htm   Celui vers mon post sur Mars à Ténérife : http://www.astrosurf.com/topic/120632-mars-depuis-ténérife/   Et vers le récit sur l’observation en Afrique du Sud : http://www.astrosurf.com/topic/121312-afrique-du-sud-1-bilan-et-dessins-de-nébuleuses/   Sinon, Mars ça continue , vendredi soir les images étaient tout à fait exploitables, malgré les 'seulement' 15'' d'arc.   Fred.