Bonjour a tous, dans un premier temps, je tiens à souligner qu'avant d'ouvrir ce post, j'ai demandé l'autorisation de Jean Philippe Cazard, afin de ne pas tomber dans le piège d'une critique du style annonce commerciale, publicité etc etc....
Je remercie Jean Philippe de m'avoir autorisé à ouvrir cette discussion. Le projet d'Hypertélescope est connu de certains d'entre vous, mais dans le détail, et pour ceux qui ne connaîtraient pas ce concept, il s'agit d'un projet novateur à l'initiative de 2 astronomes professionnels bien connus, que sont Antoine Labeyrie, membre de l'Académie des Sciences, professeur au collège de France, et père de l'interférométrie optique appliquée à l'astronomie, et Denis Mourard, actuel directeur scientifique adjoint de l'INSU. Ces deux cautions scientifiques montrent en soi qu'il ne s'agit pas d'un projet farfelu mais bel et bien d'un concept instrumental novateur, et dont la pertinence a été démontrée du point de vue théorique et pratique au cours de différentes étude de faisabilités ayant donné lieu a publications et autres joyeusetés chez les professionnels. Pour comprendre en quelques lignes en quoi consiste le projet, faisons un peu d'histoire...
Le premier télescope à réflexion de l'Histoire, inventé par Sir Isaac Newton en 1669, avait un modeste diamètre de 2 pouces (50.8mm) et dans son ouvrage sur l'optique (Optiks or a treatise of the reflection, refraction inflexion and colors of light 1704 p99), Sir Isaac Newton décrivait déjà les deux choses suivantes : A grandissement identique, plus le diamètre du télescope est grand et plus l'on accède à des objets peu lumineux, plus les étoiles sont ponctuelles.
La première de ces propriétés, liée à la faible quantité de lumière émise par les objet du ciel, est sa surface collectrice (donc à un facteur près le diamètre du miroir au carré). C'est en effet par son diamètre que la quantité de lumière arrivant au capteur (Œil ou matrice CCD) que l'on peut définir la magnitude limite des objets accessibles.
La deuxième propriété, relative à la taille des étoiles sur le capteur, conditionne ce que l'on appelle la « résolution » d'un télescope. Cette résolution est proportionnelle à la longueur d'onde et inversement proportionnelle au diamètre du miroir collecteur. Donc plus le miroir est grand, plus les détails de l'image optique obtenue seront fins.
Ces deux conditions ont guidé l'évolution des télescopes professionnels vers des diamètres de plus en plus grand, jusqu'aux monstres à miroirs monolithiques du European Southern Observatory, disposants de pupilles d'entrée de 8m.
Mais les limitations mécaniques d'une pièce optique de plusieurs mètres imposent une nouvelle architecture pour ces télescopes géants. Le record actuel de surface optique collectrice est de 10.4 mètres avec un miroir segmenté (Gran Telescopio Canaria) sur l’Île de la Palma en Espagne.
Les projets à venir sont des monstres dépassant les 30 mètres de surface collectrice, impliquant des technologies extrêmement coûteuses et restant encore à inventer. L'approche alternative proposée par Antoine Labeyrie consiste non plus à rechercher à tout prix une augmentation de la surface collectrice, mais plutôt à "synthétiser" une ouverture encore plus grande, avec des petits miroirs disséminés sur une surface sphérique de grande dimensions. Le pouvoir de séparation alors obtenu dépend de la distance maximale entre les petits miroirs les plus éloignés les uns des autres. Les miroirs n'ont pas besoins d'être jointifs, mais simplement assez éloignés les uns des autres pour assurer une résolution maximale correspondant à la séparation entre les miroirs les plus éloignés. Pour plus de précision sur le concept, tout est décrit ici :
http://hypertelescope.org
http://hypertelescope.org/le-projet/le-telescope-du-futur/
http://hypertelescope.org/le-projet/principe-technique/ Alors pourquoi l'ouverture d'un post sur ce sujet? hé bien parce que le projet, n'est plus soutenu financièrement par les organismes de recherche, et ce pour plusieurs raison dont la principale est une raison d'ordre administratif. En effet Antoine Labeyrie est depuis peu à la retraite, et statutairement ne peut plus gérer de budgets liés à cette recherche. Au delà de la période d'éméritat, ces seules attributions restent la possibilité d'encadrer des thésards, des stagiaires, mais exit les demandes de financement ANR, Européennes.... Voyant cette inéluctable échéance arriver, un petit groupe (dont je fais partie) d'amateurs, de professionnels, astronomes, ingénieurs, techniciens avec des profils divers (opticiens, électroniciens, informaticiens), se sont regroupés pour donner naissance à une association de soutien technique et logistique du projet. En effet, depuis 3 ans, le projet avance, soutenu par un nombre important de bénévoles, tant professionnels qu'amateurs, à tels point que l'équipe, à l'heure actuelle comporte 21 personnes actives et que l'on en est à 2 doigts actuellement d'achever la cosphérisation à 2 miroirs séparés de 16 mètres sur le prototype de l'Ubaye (en gros il s'agit d'obtenir des franges d'intérférences, préalable à l'obtention futures d'images directe, ce qui différencie l'Hypertélescope d'un interféromètre classique). Or nous arrivons à une limite structurelle du développement de ce type d'instrument. En effet, tout ceci a un coût, que la bonne volonté cumulée de chaque membre de l'équipe n'est pas forcément à même d'absorber. Pour palier à ce handicap, l'équipe à décidé d'ouvrir une campagne de crowdfunding susceptible de pérenniser l'effort engagé pour au moins les deux années à venir.
Je rebondis par là même à une remarque de Jackbauer sur un post voisin. Tous les détails de cette campagne de crowdfunding sont ici : https://www.kickstarter.com/projects/hypertelescope/hypertelescope-tomorrows-telescope-le-telescope-du Autrement dit ce post est un appel aux bonne volontés... Même quelques euros sont bienvenus dans le soutien au projet. Le principe technique est déjà validé sur le papier, et l'on est à quelques encablures des premiers résultats.....
Merci en tous cas, d'être allé au bout de la lecture de ce message un peu long d'introduction au sujet. Bernard