Éclipse solaire totale du 11 août 1999 (25256 bytes)
Le récit

La course

250_Carte Europ.jpgC'est sur l'océan Atlantique, au large de la côte est des États-Unis, à 09h30 UT, que le Soleil a disparu en premier. Filant à plus de 1700 km/h, l'ombre de la Lune a traversé l'océan pour frapper l'ouest de l'Europe, dans le sud de l'Angleterre, vers 10h10 UT. La côte de la Haute-Normandie fut plongée dans l'obscurité quelques minutes plus tard. Puis l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie, le nord de la Yougoslavie et la Roumanie. C'est à cet endroit que la noirceur a duré le plus longtemps: 2 minutes 23 secondes.

L'alignement Soleil-Lune a poursuivi sa course pour plonger le nord de la Bulgarie dans la noirceur. Les ténèbres ont ensuite franchi la mer Noire pour atteindre la Turquie vers 11h20 UT. Poursuivant son périple au Moyen-Orient, le spectacle céleste a traversé le nord de la Syrie, l'Iraq, l'Iran et le Pakistan. Vint ensuite l'Inde vers 12:28 UT. C'est à quelque 300 km à l'est de ce pays, dans l'océan Indien, que s'est terminé la course folle à 12h30 UT.

L'ombre de la Lune aura donc traversé l'océan Antlantique, l'Europe, le Moyen-Orient et une partie de l'Asie en 3 heures seulement... Suivant pratiquement la même trajectoire, il nous aura fallu plus de 8 heures d'avion pour faire le voyage jusqu'en France.

La France

TrajectoireFrance.gifLa bande de totalité faisait environ 100 km de large. En France, elle passait à 50 km au nord de Paris, approximativement de Fécamp à Stasbourg.

Au moment de notre départ de Montréal, le 8 août, les conditions météo ne s'annonçaient pas favorables pour l'Europe. Arrivés sur les lieux le lendemain, la prédiction s'est confirmée: le nord de la France était sous un épais plafond nuageux.

Deux jours avant l'éclipse, il était encore très difficile de prédire si le ciel nous serait clément et surtout, où le serait-il le cas échéant.

À l'aide d'une voiture de location, nous avons entrepris de longer le bande de totalité d'est en ouest en partant de Paris. Nous suivions approximativement le centre de la bande à l'aide d'un GPS (système de positionnement par satellites). Cette démarche avait pour but de faire du repérage de sites.

La sécurité

271_Affiche2.JPGPartout sur notre route, des affiches, des bannières et autres enseignes nous rappelaient que quelque chose allait se passer.

Ici, on voit une affiche située le long d'une autoroute. Elle invite les gens à se protéger les yeux lors de l'éclipse.

Des millers de lunettes solaires spéciales ont été distribuées gratuitement dans les grandes villes en vue de l'éclipse.

L'ambiance hospitalière

272_Feu circulation.JPGDans les villes, des affiches sur les feux de circulations et dans les commerces nous invitaient à séjourner sur les lieux pour admirer le spectacle.

Le commerce

273_Vitrine.JPGIl y en a toujours qui en profitent pour s'improviser spécialiste... On voit ici une vitrine de boulangerie!

Notez la lunette en forme de baguette...

La campagne

290_Campagne.JPGLa photographie est représentative des paysages que nous avons, Mélanie et moi, rencontrés sur notre route (Picardie et Haute-Normandie).

Durant notre excursion au GPS, nous avons toujours privilégié des routes de campagne. J'avais décidé préalablement de ne pas m'installer en milieu urbain, d'abord pour éviter les risques de congestions routières. On prévoyait en effet des embouteillages monstre le long de la bande de totalité. Cela n'aurait pas été pratique en cas de changement de destination à la derniere minute (météo oblige parfois). Je désirais aussi une certaine quiétude pour réaliser mes premières photographies d'éclipses totale.

Lestocq, 14 +/- 8 habitants

280_Lestocq.JPGToujours en longeant la bande de totalité, du 9 au 10 août, nous avons roulé de Paris jusqu'à Dieppe, repérant des sites potentiels d'observation sur notre passage. Moins de 24 heures avant l'événement ultime, le ciel était toujours couvert; de violentes tempêtes de pluie ont même ralenti notre parcours.

Dans ce type d'expédition, certaines choses sont parfois difficiles à obtenir, notamment les cartes météo satellites. J'ai donc appelé mon ami François Chagnon, de l'ASTROLab du Mont-Mégantic, qui avait accès à Internet, pour qu'il m'éclaire. Pour lui, il devait être environ 4 heures du matin, mais entre astronomes, c'est rarement un problème. Il s'affairait d'ailleurs aux derniers tests pour ses propres observations de l'éclipse au Mont-Mégantic (éclipse partielle).

Après quelques minutes de recherche, nous avons élaboré la statégie suivante, soit de retourner vers l'est jusqu'à la longitude de Paris. C'était d'ailleurs, en quelque sorte, un pari. Tout le nord de l'Europe était et allait probablement rester couvert d'un épais plafond nuageux. Notre seule lueur d'espoir était un trou de quelques centaines de km se déplaçant sur l'Atlantique vers la France. Nous devions anticiper l'endroit où il se trouverait 24 heures plus tard, en supposant qu'il existerait encore...

Notre choix s'est donc abattu sur Lestocq, un petit village que nous avions repéré auparavant. Je disais souvent, à la blague: Lestocq, population 14 plus ou moins 8 habitants. J'ignore toujours si j'étais loin de la vérité...

Lestocq est situé à 2.15 degrés Est de longitude et 49.7 degrés Nord en longitude (à environ une cinquantaine de km au sud d'Amiens).

Le savoir faire et l'imagination de l'homme ont rendu notre planète bien petite. Gamin, pour je ne sais quelle raison obscure (ou lumineuse), je me passionne déjà pour l'astronomie. J'oriente mon parcours intiatique là où le ciel s'emballe. À 26 ans, après y avoir pensé pendant plus d'un an, je pars à la chasse de l'éclipse totale de Soleil de la fin du millénaire. Grâce à des centaines de scientifiques inspirés qui ont vécu avant moi, je sais précisément que le Soleil disparaîtra le 11 août 1999 à 10h21min50sec (UT) dans une petite ville au nord de la France. Je convaincs mon amie de partir avec moi et, poussés par une imposante technologie, nous quittons momentanément la surface de la Terre. En quelques heures, nous parcourons près 6000km pour nous poser sur le sol français. Autrefois, ce voyage aurait duré plusieurs mois. Sur place, n'étant pas certain des conditons atmosphériques, je téléphone à un ami resté en Amérique. Notre voix se propage sous forme d'impulsions lumineuses le long d'une fibre optique nous reliant sous l'océan Atlantique. Avec une très grande précision, il me décrit les nuages que je vois au-dessus de moi et ce, grâce à une photographie satellite prise par un engin passé à quelque 600km au-dessus de ma tête un peu plus tôt. Cette image lui est parvenue - par le biais d'un fantastique réseau d'ordinateurs planétaires reliés par ondes radio, lignes téléphoniques et câble souterrains - d'une station de contrôle aux États-Unis. Et cela n'était rien par rapport à ce qui allait se passer 24 heures plus tard...

Lieu éternel, le site mythique

300_Cimetiere.JPGPour nous, et cela était encore plus vrai pour les peuples anciens, le Soleil est source de vie. Ainsi lorsque l'astre diurne s'éclipse, cela peut devenir inquiétant...

C'est du moins ce que ressentaient nos ancêtres. Il faut avouer que même aujourd'hui, le phénomène fait encore peur à beaucoup de gens. Souvent, au cours de l'histoire, les éclipses solaires et lunaires ont été associées à de mauvais présages et à la mort.

Pour se mettre dans cette ambiance mythique, toujours dans l'esprit de la fin du millénaire, nous nous sommes installés à proximité du cimetière de Lestocq.

Incroyablement ambiant et pittoresque, ce site s'est avéré parfait...

De l'acier, de l'aluminium, du plastique, du silicium et de l'imagination

MaterielKangou.jpgLentilles, appareils photographiques, télescopes, trépieds, ordinateurs, piles, chronomètres, cartes, gaffer tape, tout était contenu dans ces caisses.

Plus de 70 kg de matériel que nous avions transporté avec nous dans un seul but: immortaliser l'éclipse.

Le Soleil allait se faire lentement dévorer le lendemain et les heures étaient comptées. Nous avions notre site, il fallait alors se préparer.

H - 12 heures : La préparation

PreInstallation.JPGLa nuit tombe pour la dernière fois avant l'heure H, il fait de plus en plus noir et il pleut...

Cette séquence, prise par Mélanie, montre quelques étapes de la pré-installation qui aura duré près de trois heures.

H - 3 heures : L'installation définitive

310_Cimetiere.jpgNerveux, je me lève plusieurs fois durant la nuit. Le ciel est toujours couvert mais j'apercois quelques étoiles: Polaris, Véga, Déneb et plus tard, Fomalhaut. La vue de ces étoiles me permet de bien dormir encore quelques temps.

À 5 heures du matin, temps universel (UT), je me lève, quinze minutes avant que mes trois réveille- matin ne sonnent! Le ciel est totalement couvert, un épais brouillard m'empêche de voir à plus de deux mètres et pour couronner le tout, il tombe une alternance de neige fondante et de grésil. Il fait environ zéro degré Celcius.

Armé de tuque, gants et manteau d'hiver, je marche autour du cimetière à la recherche d'un nouvel emplacement pour le matériel, le premier ayant été vaincu par la boue.

Malgré cet épais brouillard qui m'empêchait de voir le ciel et même de me rendre compte que j'étais encore sur Terre, je savais que quelque chose allait se passer. La mécanique céleste était formelle: la Lune allait précisément rencontrer le Soeil dans quelques heures. Même si le ciel ne se dégageait pas, nous étions quand même là...

Les minutes passent, la vue s'améliore, le brouillard se dissipe, la température augmente. J'enlève ma tuque et j'entends les coqs chanter. Le jour se lève pour nous. Le ciel est moins gris, on ne demandait pas plus; du moins pour l'instant...

Trois heures avant le début du spectacle, j'installe le matériel définitivement près de la route, du côté sud-ouest du cimetière. C'est de ce côté qu'arriverait l'ombre de la Lune...

Les nouveaux amis

Famille.jpgDurant l'installation, cinq personnes se sont joint à nous. Comme des millions d'autres, ils avaient pris la route pour se déplacer quelque part sur la bande de totalité. Ils recherchaient, tout comme nous, la tranquillité de la campagne.

Leur rencontre fut très agréable et leur présence a fortement agrémenté le spectacle.

Prêts pour le spectacle

a1_36.jpgNous étions prêts à temps, Mélanie et moi, pour la conjonction. Il y avait tellement de matériel sur place qu'il fallait être deux pour l'opérer. Deux postes de travail ont donc été délimités.

Gros plan

340_Matos2.jpgL'un des postes était réservé aux longues focales, c'est-à-dire aux instruments qui fournissent un grossissement suffisant pour distinguer les détails de l'éclipse.

La lunette dans laquelle regarde Mélanie est, optiquement, le plus court des deux appareils. Son but était de fournir des détails de la couronne qui s'étend au-delà du disque solaire.

L'instrument orange est curieusement celui avec la plus longue focale. Cela est possible grâce à un jeu de miroirs à l'intérieur du tube optique. Son but était de saisir les détails près du Soleil: protubérances, chromosphère, grains de Baily.

Les deux intruments étaient équipés d'appareils photographiques et montés sur une plateforme motorisée permettant de suivre le Soleil tout au long de l'éclipse.

Vue d'ensemble

350_Matos3.jpgL'autre poste, opéré par Mélanie, était constitué de deux appareils fixes, c'est-à-dire qui ne se déplaçaient pas avec le Soleil.

L'objectif le plus long visait à faire une photographie à multiples expositions. Sur ce genre de photographie, on peut voir toutes les étapes de l'éclipse sur un même cliché. Cela est possible en prenant des photographies à intervalle régulier (ici 5 minutes), sans avancer le film. Comme la Terre tourne, à chaque pose, le Soleil a le temps de se déplacer un peu. C'est ce qui permet de voir plusieurs étapes sur une même photographie.

L'autre appareil servait uniquement en vue d'une seule photographie: le ciel et les étoiles lors de la totalité. En effet, quand le Soleil est complètement couvert, les étoiles et les planètes apparaissent sur la voûte céleste diurne.

Au naturel, ou presque

345_Flitre_yeux.JPGOutre les instruments, il y a aussi le plaisir d'observer l'éclipse à l'oeil. Toutefois, avant que l'éclipse ne soit totale, cela représente un grand danger. Il faut donc se munir de filtres spéciaux approuvés pour l'observation du Soleil.

On voit ici Mélanie qui porte une des nombreuses paires de lunettes filtres qui ont été distribuées à la population francaise.

Pour être sur qu'on n'a pas rêvé

560_Photothermo1.JPGCet appareil inusité permet d'enregistrer la luminosité globale du ciel et la température de l'air à chaque 1.5 secondes. Il a été construit avec l'aide précieuse de mon ami Patrick Lamontagne.

J'avais apporté cet appareil pour mesurer quantitativement la variation de luminosité lors de l'éclipse. De plus, si le ciel avait été couvert, la sensibilité de l'appareil aurait détecté quelque chose. C'était ma manière d'observer à travers les nuages...

Les papillons

370_10h20m37s.JPGVoix des enfants: "10, 9, 8, 7, 6...".

Mais, tout cela sous un ciel couvert. Seules les prédictions et l'horloge GPS permettaient de savoir que le Soleil avait commencé à se faire gruger au-dessus des nuages à 9:04:21 UT.

C'est seulement une vingtaine de minutes plus tard que des percées nous ont permis de voir que le phénomène était bel et bien en cours. Graduellement, le ciel s'est dégagé pour ne laisser qu'un léger voile d'altostratus qui n'empêchaient pas d'apprécier la splendeur de ce qui se déroulait.

La dimension de ce qui restait du Soleil allait à l'inverse de notre excitation. A 10:21, le Soleil nous sourit une dernière fois avant de disparaître. Je sens les papillons qui veulent sortir de mon ventre...

L'excitation
10:21:34 UT
H - 16 secondes

380_10h21m34s.JPGC'est magistral. La Lune dévore inexorablement le Soleil et le ménisque brillant s'atrophie à une vitesse folle...

Le relief crépitant
10:21:37 UT
H - 13 secondes

390_10h21m37s.JPG... le relief accidenté de la Lune commence à scinder aléatoirement les restes évanescents...

Les grains de Baily
10:21:38 UT
H - 12 secondes

400_10h21m38s.JPG... le Soleil va bientôt mourir, réduit à un chapelet de perles scintillantes entrecoupées d'indentations montagneuses venues d'un monde lunaire.

L'astronome anglais Francis Baily avait vu la même chose que moi deux siècles auparavant.

On appelle aujourd'hui ce chapelet de lumière: les grains de Baily.

Les ténèbres
Vers 10:21:50 UT
H + 1, 2, 3...

Tenebre.JPGEt la noirceur fut.

"Ouaissssss, WoW...": accent terrien.

"C'est total!": accent québécois.

"Beep Beep Beep": accent électronique.

"Ha la vache!": accent français.

"Incroyable": accent québécois ému.

"Mmmmm": accent de Mélanie.

"Click Click Click Click et reClick...": accent Nikon.

"Regarde mamam on dirait qu'il y a un trou dans le ciel": futur accent francais.

"Regarde, regarde, non mais regarde, regarde...": pourtant très accentué.

Tout le monde crie, saute, s'exite. Personne ne se regarde ni s'écoute (sauf le magnétocassette). C'est magique comme dirait l'autre...

La couronne

420_n3_13.JPGLa couronne ou l'atmosphère externe du Soleil est un plasma, une soupe de particules énergétiques, portée à 10 millions de degrés Celcius.

Habituellement, c'est impossible de la voir même pour la plupart des télescopes. La brillance du Soleil nous en cache les secrets. Toutefois, lors des éclipses, la couronne solaire nous apparaît, immense et lumineuse.

Elle est visible, durant certaines éclipses, à plus de 4 millions de kilomètres au-delà du Soleil. Ici, on la voit s'étendre sur environ 750_000 km, soit environ un rayon solaire.

Il m'aurait été possible d'obtenir une photographie montrant une couronne plus étendue. Deux raisons m'en ont empêché. D'abord, le ciel n'était pas complètement transparent (voile de nuages), et surtout, dans mon extrême excitation, j'ai fait des erreurs de manipulation concernant l'ouverture d'un des objectifs, empêchant ainsi une importante quantité de lumière d'atteindre mon film...

Certaines personnes prétendent qu'il ne faut pas prendre de photographies durant les éclipses solaires. Selon eux, cela empêche d'apprécier pleinement le spectale. D'autres, au contraire, prétendent que sans photographies, on ne peut mémoriser le spectacle. Cependant, dans les deux cas, on s'entend pour dire qu'à la première éclipse, tout se déroule trop vite. Je suis maintenant d'accord avec eux!

L'imposant matériel technique m'a assurément empêché de ressentir toute l'éclipse. De plus, l'excitation m'a empêché d'utiliser le matériel pleinement. Ce n'est donc optimal dans aucun cas. Toutefois, je ne regrette en aucun temps mon choix. Comme plusieurs, je suis maintenant mordu des éclipses solaires et j'ai désormais l'intention de les chasser et de continuer à les photographier.

L'éclipse 1999, avec les images que j'en rapporte, malgré quelques ratées, m'aura apporté énormément d'expérience. De toute façon, même s'il avait fait plus beau, si l'éclipse avait duré plus longtemps, si j'avais pu faire une meilleure photo de couronne ou des gros plans de protubérances, cela n'aurait rien changé: j'étais saturé par le phénomène.

Malgré cette nouvelle expérience, je suis pratiquement certain que l'excitation, lors ma prochaine éclipse, aura encore raison de moi...

Lueur d'espoir
10:23:16 UT
H + 86 secondes

430_10h23m16.JPGPlusieurs structures, habituellement invisibles car trop sombres par rapport au Soleil, étaient visibles lors de l'éclipse.

Outre la couronne, il y a aussi la chromosphère, fin disque orange qui entoure la surface du Soleil. Ici, elle apparaît magenta.

Le plus spectaculaire reste les protubérances, ces immenses jets de matières témoignant de l'extraordinaire activité interne de notre étoile. S'étalant sur des milliers de kilomètres, ses éjections retombent sur le Soleil ou s'échappent vers les bas fonds du système solaire.

Sur cette photo, on distingue plusieurs protubérances dont une immense en haut de l'image qui s`élève à plus de 60_000 km de la surface. Plus subtile, à sa droite, un jet filiforme atteint 100_000 km. Toutes ces structures étaient visibles à l'oeil nu, sans filtres ni télescopes!

Avec le temps qui passe, on sent que le Soleil veut reprendre sa place. On remarque, dans le coin supérieur gauche, que le combat débute.

Et la lumière fut...
à nouveau
10:23:50 UT

440_10h23m50.JPGLes ténèbres s'évanouissent lentement. Le Soleil, exaspéré, reprend violemment le rôle qui lui revient. Éblouissant, un éclair jaillit du relief lunaire.

Diamond Ring
10:24:01 UT

460_10h24m01s.JPGDernier cadeau, l'arc fin de la chromosphère se profile lentement, orné d'un étincelant diamant.

Le Soleil est maintenant, même s'il n'est encore qu'une parodie de lui même, redevenu dangereux. Il faut remettre les filtres et nos lunettes. La totalité est terminée. Le spectacle aura duré environ deux minutes 11 secondes.

La Lune poursuit sa route

480_10h26m00s.JPGLa Lune poursuit sa route pour offrir maintenant son spectacle aux orientaux. Elle prendra encore une heure avant de complètement libérer le Soleil.

Multiple expositions par
tentatives multiples

365_Multi.JPGL'histoire de la libération du Soleil débute à gauche. Entre chaque cliché, il se passe cinq minutes et la Terre tourne juste assez pour déplacer le Soleil. À chaque étape, la Lune se retire, laissant la place au Soleil. À 11:45:09 UT, tout était terminé pour nous. Restait à ranger le matériel et à dormir!

Il s'agit de la photographie à multiple expostions de Mélanie. Elle devait être centrée sur le moment de la totalité et montrer les étapes d'avant et d'après. Toutefois, elle aussi, dans l'excitation générale, a commis une erreur de manipulation. Tous les clichés devaient être pris avec filtre solaire à l'exception de celui de la totalité. Tout s'est bien passé jusqu'au maximum. Après quoi, elle a oublié de remettre le filte. Il n'en fallait pas plus pour éblouir le film et perdre les premiers clichés.

On voit ici une autre tentative mais avec le filtre! Ce n'est pas grave, cela fait seulement une autre bonne raison de chasser la prochaine éclipse.

Nous n'avons pas rêvé

courbe.jpgLe photomètre électronique, insensible à l'excitation, nous a fourni l'évidence que nous n'avions rien exagéré.

Les points jaunes montrent la baisse de luminosité du ciel lors de l'éclipse annulaire du 10 mai 1994 à titre de comparaison. La ligne jaune concerne l'éclipse que nous venions d'observer. Voir la section photo-thermomètre pour plus de détails.

En fait, ce n'était pas tant la noirceur de la totalité qui impressionnait mais la vitesse à laquelle elle est apparue. Les ténèbres sont arrivés si rapidement que mon cerveau n'y croyait pas. Habitué de voir de la lumière en plein jour, il s'efforcait de me convaincre d'un éclairage constant, baissant abruptement le niveau lumineux lorsque qu'il n'en pouvait plus. On aurait dit que le bleu du ciel s'enfuyait en descendant un escalier!

Mambo

Mambo.jpgMambo, le chien des nouveaux amis. Aboyant, d'abord inquiet de notre surexcitation, ensuite parce que terrifié par les ténèbres, il fut un des protagonistes de l'ambiance.

Le spectacle venait de partout. Il y a la luminosité qui s'atténue d'abord subtilement puis à la vitesse grand V. La température qui décroît conformément à la lumière jusqu'à nous transporter en automne. Suivant la variation de température, la pression atmosphérique baisse, aspirant des courants d'air de toutes parts et soufflant les nuages. La végétation réagit en se préparant à la tempête. Les coqs indisciplinés, qui chantent le jour, cessent leur cris. Les vaches désinvoltes s'endorment durant le paroxysme. Les oiseaux font de même.

Tel un film jouant à reculons, le tout revient à la normale lorsque la Lune, poursuivant sa trajectoire autour de la Terre, s'écarte de la rarissime conjonction.

Paris a survécu à Pacco Rabanne

260_Eiffel.jpgLe lendemain de l'éclipse, 142 jours avant la fin du millénaire, Paris n'avait pas péri sous le choc de la station Mir.

Un couturier européen, Paco Rabanne, avait prédit que durant l'éclipse, un objet métallique s'abatterait sur le château de Vincennes et enflammerait Paris, faisant de milliers de morts. Selon lui, ce devait être la station orbitale soviétique Mir.

Ce qui montre qu'encore aujourd'hui, les éclipses solaires totales font travailler l'imagination dans toutes les directions...

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Conception et réalisation de Sébastien Gauthier
sauf indication contraire.
© 22/10/1999, 31/01/03
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