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Messages posté(e)s par Vesper
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il y a 25 minutes, Adamckiewicz a dit :J’attendais un moment d’indolence pour avoir le temps de savourer ton récit
Merci Adamckiewicz !
(vieux photon toi-même !! )
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Il y a 23 heures, lolodobs a dit :je me dis qu'il faut que j'aille admiré 7331
Elle vaudrait largement un dessin, à mon avis ...
Il y a 23 heures, lolodobs a dit :même avis sur l'intensificateur de Jonathan, pour l'instant je préfère les photons naturels ...mais si un jour j'y vois plus clair ben son alternative est géniale
Ah ça, ça pourrait presque rendre la vue aux aveugles !
Il y a 22 heures, Bruno- a dit :NGC 7331 ? Il n'est pas du tout solitaire : il a plusieurs satellites, et d'ailleurs c'est un challenge d'essayer d'en voir le plus possible.
Atteignables au 300 ? Je n'ai rien vu.
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il y a une heure, Bruno- a dit :Mais demain je travaille, alors je me recouche.
Le lendemain, au boulot, je ne pense qu'à ça.
Oui, en astro l'adage : "Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras" s'applique complètement !
J'aime beaucoup 1097. Tout ça donne des idées à mon 300 !
Encore une de ces petites constellations improbables dont le bon abbé avait le secret...
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Je ne suis pas non plus un talentueux dessinateur d'Astrosurf , mais magnifique voie lactée pointilliste et belles impressions lunaires !
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il y a 15 minutes, serge vieillard a dit :" en fin de compte, je crois que j'en ai rien à foutre "
Le summum de l'éloquence .
il y a 18 minutes, serge vieillard a dit :c'est quand le bidule est associé à un filtre h alpha
Oui, le filtre h alpha fut essayé (oublié de le mentionner) et c'est l'accès à une dimension supplémentaire. C'est un très bel outil, ça donne beaucoup à voir, c'est complémentaire, mais rien ne remplace "l'émotion du direct" (quoi que ça veuille dire) de l'observation naturelle, du moins je l'espère.
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Je rembourse encore, p*** ! ("1€" !)
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IV- Nuits publiques et jours indolents
“Quand on regarde quelqu’un, on n’en voit que la moitié”
Christian Vincent
Je suis un peu ours et passerai à côté de quelques personnes et non des moindres. Tel astro-dessinateur réputé, tel autre ténor des forums… Ce n’est pas désintérêt, bien au contraire. Alors quoi, le syndrome de l’observateur solitaire ?
Peut-être.
Mais je ne bouderai pas les nuits publiques.
J’en suis, et plus souvent qu’à mon tour.
C’est peut-être ma position, un peu avancée sur la route, qui m’expose. Xavier lui, le rusé, est en retrait. D’ailleurs un peu plus tard, au cœur de la nuit, il m’avouera que parfois il part se cacher derrière un arbre. Moi seul tiendrai ferme la barre. Je suis aux avant-postes.
Un couple se présente et j’entame un tour de découverte du ciel d’été. Je suis encore frais et dispo, et tout y passe, en partant du Sagittaire je remonte toutes les flaques de lumière, jusqu’aux dentelles, en passant par Saturne (“Oh !”). Il est vrai qu’elle claque bien, et d’ailleurs j’ai un souvenir mémorable d’une autre nuit : Saturne figée, un trou de turbulence, les anneaux parcourus de microsillons (Encke ? En tout cas je l’ai cru), le disque crémeux rayé de bandes en nuances de bruns. Un de ces moments, rares, où l’atmosphère veut bien s’effacer.
Ce soir elle est très bien, même si la grâce est absente.
Mais les gens sont heureux et d’ailleurs ils s’en vont, ce qui me permet de revenir à mes observations, voire de revenir à moi.
Je file dans Andromède revoir l’inévitable M 31 qui est d’ailleurs obligatoire, quand je suis dans le coin. Pour une fois elle est bien contrastée, certes laiteuse à souhait comme toujours, mais alors contrastée, contrastée ! Et puis il y a comme des zones de densité différentes, on devine qu’elles sont structurées différemment. Ça n'est pas ce brouillard laiteux mais délavé habituel, c’est une pâte de lait plus dense, plus opaque, plus profonde, avec des zones crémeuses plus ou moins renforcées. Avec M32 et M110 dans le même champ au 30mm, c’est beau. Vraiment beau. Et cela me conforte intérieurement dans ma pratique de ré-observation systématique des classiques, quand je suis de passage dans le secteur. J’ai bien fait, très bien fait même : j’ai une demi-épiphanie sur cet objet, classique parmi les classiques, mais souvent dilué.
Dans Pégase je fais mes hommages à M15, le globulaire vedette du coin. Son cœur est toujours spectaculaire par sa densité. A déguster avec un peu de puissance : aux 8 et 5mm.
Puis je passe au véritable sujet de ma visite : NGC 7331, qui se révèle splendide. Je me l’étais notée comme étant à revoir sous un ciel de qualité et mes vœux sont exaucés : sa structure apparaît dès la vision directe, le bulbe saute aux yeux (ou plutôt : à l'œil). En vision décalée, des zones de densité variées émergent peu à peu, formant très certainement les bras. Une vraie crise de beauté à l’oculaire.
J’y passe un long moment en essayant d’intégrer le maximum de photons anciens. Les vieux photons, voici mon péché mignon, me dis-je. Curieuse monomanie ! Quoi qu’il en soit c’est une très belle observation. Je lis rétrospectivement qu’on a longtemps pensé à NGC 7331 comme à une jumelle de notre voie lactée (BURNHAM Jr., Robert, “Burnham’s Celestial Handbook”, Dover publications Inc., 1978, vol. III, p. 1387) mais qu’entre-temps la nôtre s’est barrée, si j’ose dire, et que la comparaison n’est plus de mise. Mais peu importe, il y a des observations qui réconcilient et compensent toute la litanie des nuits banales, molles, et celle-ci en fait partie. Ah c’est bon, le pep’s !
Je m’apprête à me délecter visuellement du Quintette de Stephan quand trois touristes débarquent, comme surgis de nulle part. C’est le syndrome des soirées publiques : on y est interrompu à la brutale. Si on y ajoute le syndrome commun à toutes les star-partys, qui veut qu’on ait des autres que des murmures et des ombres chinoises, il y a de quoi sursauter à l’occasion.
Je repars illico pour une mini-excursion “des-merveilles-du-ciel-d’été”. Mon sourire doit être un peu crispé, mais heureusement ça ne se voit pas (le coup des ombres chinoises. Pratique).
Une heure plus tard et croyant toujours en ma chance, je me dis que ça y est, je vais pouvoir jouir du moment pour revoir le Quintette de Stephan. Je retourne dans Pégase. Cherche. Eh bien… eh bien il faut faire preuve de persévérance pour ne compter que 4 galaxies. Je n’arrive pas à séparer NGC 7318 A de 7318 B. Voilà qui contrarie l’observation et l’observateur par la même occasion. Bigre ! D’un moment à l’autre, le ciel reprend ses faveurs. Il eut fallu pouvoir profiter davantage de l’instant de grâce constaté tantôt ! Ah ces touristes !
D’ailleurs pas de NGC 7320 C non plus, mais bon là il ne faut pas pousser : je n’y comptais pas, la nuit est belle mais quand même. Je ne peux pas tout mettre sur le dos des passants (quoique…). Et puis je n’ai que 300mm sous la pédale, enfin sous l’oeil.
Je vais me consoler sur NGC 7662, la boule de neige bleue, que je vois bleu-vert. Mieux sans aucun filtre, au naturel. L’étoile proche qui l’accompagne dans le champ est bien visible (mag. 13,2), mais malgré mes efforts je ne parviens pas à distinguer la centrale. Je ne suis d’ailleurs pas certain qu’elle soit à portée de 300. Mais l’enveloppe est belle, j’ai l’impression qu’elle s’assombrit vers le centre en arborant une teinte bleutée.
La nuit continue et sur les avant-postes, toujours je suis. J’y reste. Et du coup, j’assume. Je débite du touriste sauvagement, deux ou trois personnes d’âge certain se présentent encore, allez on y va, je sens maintenant venir une vocation de montreur du ciel, voire de médiateur scientifique, hahaha rien ne m’arrête plus, je suis un véritable go-to humain, je… je suis fatigué. Vers 2h du mat’, je cale. J’ai dû montrer les dentelles une bonne dizaine de fois, et les autres vedettes du ciel d’été itou. J’ai soif. Faim.
Une diversion s’impose. Je vais, moi aussi, jouer au touriste, il n’y a pas de raisons tiens, et file vers le bas du parking. Il y a là un 500 que j’avais repéré en journée, et surtout son propriétaire, détenteur d’un bidule qui intensifie la lumière, qui prend les photons et les multiplie, j’en prends deux et je t’en rends vingt, enfin un tour de passe-passe du genre. Le propriétaire en question m’accueille gentiment et me prévient aussitôt : chaque fois que j’émettrai un juron ou autre interjection du genre en regardant dans son binoculaire truc-muche intensificateur, il faudra que je verse 1 €. J’accepte en riant et il me tend l’appareil. Dans le noir complet je ne distingue pas grand-chose, c’est un objet qui arbore approximativement les formes et dimensions d’une petite paire de jumelles, disons des 8x40, et c’est léger.
- “Alors bon, regarde d’abord autour de toi, hein, pour t’habituer… Je te demande uniquement de ne pas fixer longuement des sources de lumières intenses…”. Je me demande de quoi il veut parler : il n’y a aucune source de lumière intense, à part bien sûr les quelques inévitables loupiottes rouges qui… “- OH purée !! (en vrai j’ai dit un mot moins noble) ;
-1 €.
- Hein quoi ?
-1 € : tu as dit : p**.
- Ah oui. Mais… OH la vache !!
-1 €.”
Autour de moi, il fait subitement jour. Incroyable : on se croirait réellement en plein jour. Un jour un peu grisâtre, un peu granuleux. Mais jour. Je me rends compte que j’ai plus de personnes autour de moi que je ne le pensais. Ils ont l’air un peu hagards, comme s’ils regardaient dans le vide. C’est que pour eux, il fait nuit noire et leurs regards sont tournés vers… le néant. Du moins, c’est l’impression qu’ils donnent. Me revient l’expression bien connue : “au royaume des aveugles, les borgnes sont rois”. Sauf que je ne suis d’ailleurs pas borgne, mais bien binoculaire. C’est réellement spectaculaire : je pourrais me promener au milieu de cette petite assemblée tel l’homme invisible, héhéhé. De quoi se prendre pour superman, ou au moins pour un soldat d’élite pendant quelques minutes…
- “- Et maintenant, regarde le ciel. La voix de l’heureux propriétaire me tire de mes rêveries de super-pouvoirs.
- Oh p*** !!.
- 1 €
- Hein quoi ? Ah oui, les jurons tout ça… Nân mais arrête… Mais purée (“1 €”, dit l’écho) mais c’est complètement fou : sous mes yeux une voie lactée surréaliste se déploie, brillante et tourmentée. Tous les nuages obscurs sont visibles d’emblée, les Barnard, les que sais-je, et toutes les nébuleuses brillent comme des oasis de lumière, incroyable. C’est saisissant. Un peu gris, un peu granuleux, d’accord, mais saisissant. Oh purée…
- 1 €.
- Ah oui, m***
- Et 1€.
- Mais screugneugneu, débranchez-le ! …Non !! Attends encore un peu…
- Si tu veux, on peut le monter sur mon 500.
- Ah mais oui ! J’étais d’abord venu pour ça, et sous le coup des ébahissements répétés j’avais oublié (!).
Ni une ni deux, le schmilibilick est dans le porte oculaire, tel une bino ordinaire. J’y colle les yeux :- “Va sur NGC 7000”, me susurre la voix. Je pivote, tel une tourelle de DCA, sur North America.
- “Oh purée !!”
- 1€, fait l’écho.
Que dire, tout y est et plus encore. La Floride, le golfe éponyme, la Californie, les extensions, des radicelles de fumées obscures qui irriguent tout ça, c’est Byzance, enfin non c’est l’Amérique ma parole ! Incroyable. Non mais c’est vraiment fou, tout en vision directe, et qui resplendoit, en plus, enfin qui luit, qui scintille, quoi. Ah oui ! Mince alors (“1 €”. Je commence à comprendre comment il rembourse le crédit du bidule) ! On file sur Pacman, qui apparaît là encore de façon surréelle : la silhouette typique de l’animal, oui mais pas que, tout scintille, il y a de la matière, l’image est photographique. Il ne manque que la musique du jeu. Tiens, ce serait une idée d’option ça… Non mais sérieusement : c’est spectaculaire. Tout tient en ce seul mot : spectaculaire. C’est sorcerie ! J’en reste baba un long moment, je dois avoir la bouche ouverte, heureusement que les autres ne voient rien.
Puis je réalise que le mot spectaculaire, qui dit tout, comporte aussi sa part d’ombre : le spectacle est assuré, certes. Les images sont brillantes et sautent aux yeux. Mais quid du patient et lent décryptage qu’impose la vision naturelle (appelons-la comme ça) ? Quid de la patiente découverte et de la lente assimilation des détails ? De l’effeuillage, couche par couche, de la réalité ? Là au contraire, tout est donné d’emblée, sans pudeur. Le spectacle est assuré, certes, mais où est la lente séduction ? J’ai l’impression que la nature esthétique de l’univers ne se dévoile qu’aux observateurs, non aux indiscrets. J’ai presque l’impression d’avoir commis une effraction, ou à tout le moins une infraction.
Je ne veux pas paraître ingrat : l’instrument donne à voir un spectacle, et je suis reconnaissant à son propriétaire de m’avoir permis d’essayer. C’est le festival des lumières ! C’est sûrement un complément intéressant à la découverte. Mais ça n’est pas la chose elle-même, c’est une représentation (amplifiée) de la chose. Elle ne remplace pas, à mes yeux, la lente intégration des détails qui, ici, sont noyés dans la lumière. Non, je lui préfère les photons anciens, les photons vieux, “originaux” si ce mot à un sens. Plutôt que la visualisation amplifiée, assistée (je ne veux pas ici rouvrir le débat), je préfère l’observation naturelle. Voilà, je crois que j’ai trouvé la terminologie adéquate : observation naturelle.
Néanmoins je l’ai dit, c’est certainement intéressant comme outil de découverte, et c’est idéal dans les star-party ! Et le mode de refinancement du propriétaire est intéressant (et nécessaire, quand on connaît le coût de la chose : prévoyez cinq chiffres ) !
Je retourne dans mes pénates et sur mes observations (naturelles). Des touristes noctambules passent, et tout est à nouveau entrecoupé de coups d'œil sur les vedettes du ciel d’été.
Dans un moment de tranquillité je repars vers Andromède, plus précisément sur le Triangle, M33, dont je distingue les spires. Une jolie observation de cette galaxie, mais le meilleur instant de la nuit ne se reproduit pas.
Il y aura également encore, dans le Verseau, M 72, petit et faible, à fleur de montagne, puis M 73, amas ouvert carrément étique, remarquable de pauvreté, dont Burnham lui-même affirme : “Cet objet, qui n’est pas un véritable amas, n’est qu’un noeud de quatre petites étoiles” (trad. libre) et un peu plus loin, citant le fameux Amiral Smith : “Un trio d'étoiles de 10ème magnitude dans un champ pauvre - c'est M73. Je le donne par respect pour la mémoire de Messier" (in BURNHAM Jr., Robert, “Burnham’s Celestial Handbook”, vol. I, pp.189-190.).
Une sorte de curiosité à l’envers, en somme.
Des touristes passent, jettent des coups d'œil, repartent.
Xavier me montre la supernova de M 101 dans son 500, qui semble avoir bien décru (la supernova, pas son 500). Elle reste néanmoins plus brillante que ce que j’ai pu en voir au 300 ces derniers temps.
Une dame d’un âge certain m’accapare un moment, je repars sur les-merveilles-du-ciel-d’été. Du côté de Xavier, on n’entend plus que des crayons. Cette dame est du coin, on sympathise, on discute de l’époque, du retour de l’obscurantisme, on refait le monde.
Une fois partie, Xavier, depuis l’arbre où il était caché, m’informe que j’ai dit deux ou trois bêtises. Du style : j’ai mis le trou noir de M 87 dans M 82. Oui bon, un détail, quoi. Moi je n’ai pas noté que le ciel avait basculé pour autant. Ce n’est pas la mort du petit cheval…
Xavier pointe NGC 6503 dans le Dragon. Je distingue une bande d'absorption horizontale, et peut-être comme des bandes sombres verticales à certains endroits, à moins que ce ne soient des zones de moindre densité. J’en profite pour comparer avec le 300, où le fuseau reste évident, mais sans détails.
En visite de courtoisie, je vais comme de juste rendre visite à NGC 6543. L'œil de chat apparaît ovalisé, structuré, complexe. Belle observation !
Je finis sur Kemble 2, petit astérisme en forme de Cassiopée. Il est mieux au 30mm, dans son environnement. C’est curieux et mignon comme tout, cette mini-cassiopée au fond de son champ étoilé.
Ces deux nuits touristiques (oui : je regroupe ici plusieurs nuits) sont étranges, entrecoupées qu’elles sont de voix dans la nuit. Clairement, ça perturbe les listes d’observation, mais c’est sympa et gratifiant, il faut le dire aussi. Ça bruisse de mouvement, on est frôlé dans la nuit, c’est la salle des pas perdus. Il y a le syndrome des stars parties : on n’a des gens que leurs ombres et leurs voix, des voix fantomatiques dans la nuit, et peu voire aucune image mentale. Quelques ombres chinoises. La nuit protège (tiens, il y a quelque chose, là). C’est aussi un peu frustrant.
Il y a les “oooohhh” et les “aaahhhh” ! Il y a les discussions à bâtons rompus jusqu’à plus d’heures du mat’. On refait le monde, on refait la nuit.
J’en garde un très bon souvenir.
Jours indolents
“La nuit ne communique pas avec le jour,
Elle y brûle”
Matthias Enard
Les journées sont un peu molles, indolentes quoi, mais c’est bien normal : on est zombifié par la fatigue. A la fatigue initiale de la route s’ajoutent les fatigues des nuits blanches qui se succèdent. On ne revient jamais tout à fait à soi. On évolue ainsi dans une version un peu terne de soi-même, mais la tête encore pleine des richesses de la nuit.
Les plus courageux, dont je ne fais pas partie, peuvent se livrer à quelques activités : pour les familles, mini-golf, tir à l’arc, tyrolienne et, pour les plus téméraires, Deval’kart, une sorte de caisse à savon qui dévale la montagne.
Pour les astrams, il y a une conférence dans l’après-midi. Etant arrivé après celles dont les thèmes auraient pu m’intéresser, j’ai préféré craquer pour la sieste.
Pour tout le monde, il y a le soleil et le grand air, qui sont abondants. Et à propos de soleil, on trouve dans le campement quantité d’instruments dédiés. J’observe d’abord dans la Lunt de Xavier. Le disque orange est marqué de quelques taches et facules, et sur son bord ouest il y a une belle protubérance. C’est assez spectaculaire.
Mais il y a plus loin une gigantesque lunette : une TEC 180, avec une bino. Ah c’est grandiose, et je parle tout à la fois de l’ensemble matériel (avec la longueur du tube, la bino, les rallonges et tout, on dirait une mini-grue !) et de l’image. En bino la sensation de relief est bien là, l’immersion est complète. On perçoit le soleil comme une sphère, quelques taches solaires sont distribuées dessus, c’est splendide ! Ça vaut surtout pour la sensation de relief.
La plus belle vision viendra cependant d’un instrument d’apparence (un peu) plus modeste : une autre Lunt, mais “double-stack” cette fois-ci. Les deux étages de filtration permettent d’accéder simultanément à plusieurs couches du soleil. Et bien que monoculaire, la vision fut saisissante : le disque orange était parcouru de marbrures blanches, les facules, où évoluaient également des taches solaires. Il y avait une sensation de profondeur et même de relief, bien qu’on soit en mode cyclope je l’ai dit. Clou du spectacle, des protubérances ceinturaient le disque ! Elles étaient de tailles variées, petites pour la plupart, mais l’une d’elles formait une arche de matière qui devait être colossale. L’image était petite, mais fine et précise, on pouvait distinguer dans cette arche comme des filaments, des fibrilles, des arcs qu’on devinait magnétiques, enfin c’était splendide. Au retour Xavier me demanda si j'avais vu des baobabs, sur le coup je ne compris pas : il parlait en fait des protubérances qui, oui, apparaissaient à la surface du disque, non sur le pourtours, comme en relief ou en surimpression sur fond orange.
C’était une splendeur.
Il fallut cependant se remettre en route vers des cieux moins cléments, moins propices à l’observation, même si nettement plus confortables. Mais l’inconfort matériel participait à la libération de l’esprit.
Oui : j’ai vu des forêts de baobabs.
Et bien des flambées d’étoiles !
Le ciel là-bas en vaut la peine.
Il faut y aller.
Il faut y retourner 🙂.
* Bibliographie :
TRUSOCK, Tom, “Small wonders”, Cloudy Nights ;
FRENCH, Sue, “Celestial sampler”, Sky & Telescope Media ;
KEPPLE (George Robert), SANNER (Glenn W.), “The Night Sky Observer’s Guide”, Willmann-Bell, Inc., 2002 5e édition.
BURNHAM Jr., Robert, “Burnham’s Celestial Handbook”, Dover publications Inc., 1978.
Bande-son de l’épisode :
Jimi Hendrix (“Little wing”...) ;
Joe Satriani (“Why”...) ;
Led Zeppelin ;
Tangerine dream ;
Agar Agar (“Je collectionne les synthétiseurs ; c’est cher, mais je n’achète plus de vêtements” Armand Bultheel. :-D) ;
Daft punk ;
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Quelle splendeur ! C'est grandiose. Glorieux.
Merci.
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Le 27/09/2023 à 19:18, etoilesdesecrins a dit :NGC 4460 (mv 11.3) et STF 1645.
Merci.
Le 28/09/2023 à 13:21, etoilesdesecrins a dit :attention à l'effet du filtre sur ces observations NP et galaxies
Oui bien entendu : filtres et galaxies sont deux termes antonymes . Mais c'est le piège à touriste .
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il y a une heure, etoilesdesecrins a dit :R Leporis, quasi angoissante cette couleur dans les ténèbres !
Oui : angoissante et magnifique à la fois.
il y a une heure, etoilesdesecrins a dit :galaxie proche d'une double, dans les Chiens de Chasse
Si ça te revient (mais à le réflexion ça me dit aussi quelque chose), ce sera bien volontiers !
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il y a 54 minutes, Bruno- a dit :Et elles n'ont pas toutes le même rouge. Celle que j'aime bien, c'est V Aquilae, parce qu'elle est facile à pointer, sur la route de M11...
Oui très belle.
Finalement c'est comme pour les diamants : la teinte dépend du degré de carbone, je crois...
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Il y a 9 heures, yapo a dit :et ceux que les proximités galaxie-quasar titillent
Merci Yapo. La liste s'allonge (même si, au 300, je risque d'être un peu "court") .
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Excellent, c'est la teinte, je suis fan de ces étoiles cramoisies. Merci à toi ! Parmi les plus célèbres on pourrait citer Mu Céphée, R Leporis, ou encore La Supeba . Et il y en a tant d'autres...
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il y a 4 minutes, Adamckiewicz a dit :tu as vu je sors de mes tachouilles des fois 😂
...Nul n'est parfait !
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Splendide Jupiter ! Gassendi aussi, hein, mais Jupiter fourmille de détails... (de l'apport du suivi !)
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Il y a 4 heures, yapo a dit :et pas près d'être observée en totalité de mon côté.
Du mien non plus !
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Il y a 2 heures, lolodobs a dit :Abell 70 dans l'aigle, une nébuleuse planétaire doublée d'une galaxie d'arrière plan sur l'un de ses bords.
Thanks.
Il y a 1 heure, Adamckiewicz a dit :ca donne quoi dans un 300?
Je vous tiendrai au jus ! 🙂
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il y a 17 minutes, etoilesdesecrins a dit :Et la galaxie du Quintet en avant-plan, pas très excitant ?
Ah mais j'en parle dans le prochain (et dernier ) épisode .
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Merci. Je vais renommer ma liste : "Objets à Haut Potentiel de Vertige", ou OHPV .
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Il y a 12 heures, lolodobs a dit :NGC4319 + NGC4291 et le Quazar MRK205
Ah, merci Lolo (! tu permets ?), je le note dans ma liste optimiste (je doute pour pour le quasar au 300) !
Il y a 12 heures, Bruno- a dit :M35 et NGC 2158
Oui (2600 et 12000al).
Il y a 13 heures, Bruno- a dit :Toujours pour les très gros diamètre, dans M44 (loin derrière), il y a quelques galaxies de magnitude 15 et plus.
Je me note tout, néanmoins.
Bon : passé un certain diamètre (voire un diamètre certain), il y aura des galaxies à l'arrière-plan de chaque objet .
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Il y a 3 heures, etoilesdesecrins a dit :M46 et NGC 2438 alors
Ah mais oui !
Il y a 3 heures, etoilesdesecrins a dit :Y en a plein je pense
Je suis preneur de ce plein !
Merci ! -
...Et en plus, posée près de la route, y'a plus qu'à emballer c'est pesé : sont trop forts ces 'ricains !
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Il y a 1 heure, serge vieillard a dit :l'oeil de chat et un petit pgc galactique perdu.
Je me le note, même si pour la tachouille pgc-esque le 300 n'y suffira pas (mais mes listes d'observation sont très optimistes ).
Il y a 1 heure, serge vieillard a dit :Thin Lizzy
Ah j'ai d'abord cru qu'il s'agissait d'un objet improbable (particulièrement fin : thin, quoi !). Si on fait dans l'exotisme, je souhaite signaler The Hu, les seuls représentants du "Hunu rock" (et en plus c'est assez bon).
il y a 48 minutes, Adamckiewicz a dit :6939 et 6946
Merci : noté !
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Oui voilà !
PS : je réfléchis de mon côté, si d'autres ont d'autres idées... bienvenue et merci !
Nuits heureuses dans la Drôme - IV- Nuits publiques et jours indolents (fin)
dans Observation visuelle
Posté(e)
Merci Etoiles, je tenterai de les débusquer une prochaine fois.
Le Vlasov effectivement indique du monde autour (mais j'avais le Taki, qui lui ne mentionne rien ) :
Filaire = filtre, je pense (?)
Je n'ai pas eu l'impression. Il y a une granulosité dans l'image, et même si celle-ci est fine, c'est peut-être une histoire de définition mais je n'ai pas eu l'impression qu'il serait possible de sortir plus d'informations de l'image qu'il n'en saute aux yeux. Je peux me tromper : il faudrait réessayer plus longuement, plus attentivement. Mais (pour utiliser une analogie peut-être foireuse), j'ai eu l'impression de fixer un écran de télé : on ne percevra pas plus de détails en collant le nez dessus (au contraire) ou en l'observant en décalé .
Mais encore une fois : il faudrait faire un vrai test. Là, en mode star-party, avec du monde qui attend pour essayer et n'ayant vu que 3 objets vite fait, je ne voudrais pas me prononcer davantage, ce ne serait pas honnête.