Benj Poup

CROA sur les pas de la Licorne

Messages recommandés

A la vue des rafales de vent et de la pluie qui balaient les rues de Reims ce matin, il est difficile d'imaginer qu'il y a de cela moins de 12 heures, j'étais en train de contempler le ciel étoilé. Une parenthèse opportune entre deux passages pluvieux, un ciel lavé, apaisé, noir (autant qu'il puisse l'être, à 15 km de Reims...), transparent ... une quiétude que quelques nuages ne manquent pas de venir troubler de temps à autres.

Il ne fait donc pas particulièrement beau au moment où j'ouvre le cimier de l'observatoire de Beine-Nauroy. Le mercure tutoie le zéro. Des nuages bas traversent le ciel, mais ne s'attardent pas. Quelques voiles d'altitude, plus lents, m'inquiètent davantage.

Je tourne le 410mm vers Orion. La brillante Rigel est au centre de la mire du Telrad, et illumine le champ de l'oculaire de 21mm. Quelques corrections pour la recentrer, quelques manipulations supplémentaires pour valider mon étoile-repère : le système de pointage est calé, et je peux entamer mon périple. Mais au lieu de filer droit vers M 42, je m'attarde sur Rigel ... et je découvre, perdu dans ses lumières, une étoile très faible. J'avais oublié que Rigel était une étoile double ! 7 magnitudes et une dizaine de secondes d'arc séparent les deux étoiles. Vérification faite, je n'avais jamais observé cette double ! Et on ne pourra pas mettre cet oubli sur le dos de quelques difficultés de pointage.

Je glisse ensuite sur M 42, la célèbre nébuleuse. Au cœur du trapèze, je pars en quête de E et F, respectivement 5ème et 6ème étoile du trapèze. Mais un voile nuageux passe, et obscurcit la nébuleuse. E est visible par intermittence, mais je ne parviens pas à sortir F. Je passe en plan large : le 40 mm ne résout pas mon problème de E et de F, mais offre une vue d'ensemble de l'épée d'Orion - même si les deux extrémités se trouvent collées au bord du champ. La nébuleuse est assez contrastée, les étoiles sont très piquées, ce qui rend la vision très agréable. Cette transparence me permet de voir M42 avec un œil neuf. Je découvre, dans la nébuleuse, une profondeur qui m'avait jusque-là échappé. Simple illusion ? Autour du trapèze semble s'enrouler deux boucles de gaz : les deux grandes ailes, bien connues, entourent les étoiles, alors qu'une autre boucle, plus petite, semble passer derrière avant de réapparaître, de l'autre côté, en contre-jour.

Me voila sur Sigma Ori, magnifique étoile quadruple située entre l'épée et le baudrier d'Orion. Les deux étoiles, de mag.7, qui accompagnent l'étoile la plus brillante, sautent immédiatement aux yeux. La 4ème, de mag. 10, demande un deuxième survol, mais est parfaitement visible. L'ensemble baigne dans un champ d'étoile plutôt joli, à la fois riche et homogène.

C'est évidemment au 40mm que l'on apprécie le mieux M 41. Facilement repérable aux jumelles, juste en dessous de Sirius, l'amas occupe presque la moitié du champ de l'oculaire de 40mm. Je compte au total une quarantaine d'étoiles. L'étoile qui est au centre de l'amas, la plus brillante, me semble nettement orangée. L'amas occupe tout le champ de l'oculaire de 21mm, et ne se détache plus du fond de ciel. La couleur de cette étoile centrale me semble maintenant évidente.

Et me revoilà sur ce fameux "cygne au bec de canard", cette curiosité céleste qu'est l'amas NGC 2301, décrite de façon surréaliste lors d'une précédente sortie. Dans le corps de mon Donald Duck hybride, une étoile brille d'un éclat jaune orange. A ses côtés une étoile bleutée confirme cette impression. J'ai l'impression de revoir Albiréo au cœur de cet étonnant amas.

NGC 2244, l'amas d'étoiles situé au centre de la nébuleuse de la Rosette, forme une sorte de boite allongée, constituée d'une demi-douzaine d'étoiles brillantes. A l'intérieur, en vision directe, une douzaine d'étoiles viennent s'y ajouter. Je m'attarde sur un couple stellaire très serré visible au cœur de l'amas - le genre que j'affectionne particulièrement. La nébuleuse est quant à elle invisible.

Profitant de la transparence du ciel, je reviens sur M 42. Le ciel est extrêmement calme. Au 40mm, la vision en décalé permet de retrouver quantité de détails quasi-photographiques. Une coloration rose très très diffuse apparaît même près du trapèze et dans les régions les plus brillantes de la nébuleuse. Décidément, ce soir, Orion me gâte !

M 50 est également spectaculaire. Les étoiles les plus brillantes - une douzaine - dessinent une sorte de triangle, à l'intérieur duquel il est possible de compter quelque chose comme 70 étoiles plus ou moins brillantes. Et tout ça dans un amas qui occupe un tiers du champ du 40mm. C'est magnifique !

NGC 2353 est plus difficile à décrire. Il se compose de deux paquets d'étoiles distincts : un premier paquet, à peu près circulaire, comptant une vingtaine d'étoiles, et un deuxième lobe étoilé, qui semble enrober ce premier lobe central. Ce deuxième lobe compte environ 25 étoiles. L'ensemble se détache moyennement du fond de ciel, et doit être plus difficile à sortir dans un petit instrument.

Mon itinéraire me conduit finalement dans une région que j'affectionne particulièrement : les environs de M 46 et M 47. Ces deux objets, parmi les plus jolis qui soient, baignent dans un environnement très riche. J'ai déjà pu décrire ces deux amas, mais allez, revenons-y. M 47, composé d'étoiles brillantes, compte une soixantaine d'étoiles au total. Au nord, à quelques coups de raquette, on retrouve NGC 2423, un amas d'étoiles visible aux jumelles, sous la forme du tache floue. Au 40mm, je compte une trentaine d'étoiles assez faibles. Je glisse ensuite plus à l'est, sur M 46. Plus homogène que son brillant voisin, il est constitué d'étoiles plus faibles. Mais l'ensemble se détache parfaitement du fond de ciel. Je compte environ 80 étoiles. En leur sein, la nébuleuse planétaire NGC 2438, qui apparait immédiatement en décalé. Je pourrais y passer plus de temps, mais les nuages remontent, et je tiens à garder un peu de temps pour la planète Saturne, qui s'élève lentement au-dessus des maisons.

Saturne apparaît donc un peu troublée. Saturne, et ses anneaux vus presque par la tranche... On penserait plus à un obscure symbole mathématique qu'à une planète. Ses satellites sont parfaitement alignés, mais la planète elle-même ne révèle aucun détail. Juste une silhouette plutôt inhabituelle. A l'oeil nu, Saturne semble peu brillante. J'imagine que la fermeture de ses anneaux lui fait perdre une partie de son éclat. Quand même, quel curieux spectacle !

Il est temps que je termine cette soirée, car les nuages semblent pressés d'occuper le terrain, et de refermer ma parenthèse ... richement étoilée.

La version complète de ce CROA, enrichie d'objets plus discrets, est lisible à l'adresse suivante : http://bpoupard.club.fr/Dotclear/index.php?2009/01/19/60-18-janvier-2009-dans-le-sillage-de-la-licorne[/i]

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
Salut Benjamin,

Sympa ton petit CROA. Je prends note de certains objets pour mes prochaines sorties. En retour, je t'invite à voir mon CROA de l'année dernière sur les même zones.

Adresse:http://cielextreme.bbfr.net/observations-visuelles-dessins-objets-f1/croa-de-fevrier-t191.htm?sid=360d86a0f6c83ff856a6b0d412ca1501.

A plus

Astrofab-51

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant