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Nuits australes à la Canelilla au Chili - Nuit 1 : le Scorpion, le Fourneau...

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Le chemin vers les étoiles chiliennes peut être difficile et demander des trésors de patience!

14 heures de vol depuis Paris, 5 heures de car entre Santiago et la ville la plus proche de notre site, Ovalle, puis 2h30 de 4x4 pour rejoindre notre site d'observation en montagne, dans la province du Coquimbo, qui abrite aussi des observatoires prestigieux 50kms au nord, Cerro Tololo et Gémini Sud.
Paysages montagneux à quelques encablures du Pacifique, le courant froid qui longe les côtes nord chiliennes et la cordillère des Andes de l'autre côté pour bloquer les nuages argentins et brésiliens, et voilà un ciel le plus souvent bleu, et ce quasi toute l'année.

Nuit du 24 au 25 octobre 2008
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Après la fatigue du voyage, la nuit précédente est passée à la trappe.
J'avais eu un sursaut de courage à 1h du matin pour monter le Strock dobson 254/1200 mais Morphée m'avait ensuite rattrapé.
Cette nuit, les troupes sont au grand complet : Jeff et son dobson flex-rocker Kentaro 300 de voyage dont ça va être la première véritable lumière, Daniel avec le Célestron 14 sous observatoire, Daoumy avec ses yeux et une paire de jumelles pour s'habituer au ciel austral, et Jean-Luc avec le Célestron 8 en extérieur sur monture allemande.

Contrairement à la Namibie, nous sommes peu éparpillés sur le terrain, à part Daoumi qui est en première ligne pour accueillir les pumas ( blague chilienne) et qui fera de fréquents voyages vers le C14 cette nuit! Jeff sera indéfectiblement le premier à monter au jour couchant pour aller collimater son dobson.

Pour rejoindre le site d'observation, il faut gravir tous les soirs une colline qui surplombe de 50 mètres nos chalets au charme rustique à 1500m d'altitude. Le prix à payer pour avoir malgré les montagnes des horizons bien dégagés.

Raymond, le gérant du site, nous a installé des bâches et plaques pour poser les télescopes, et des chaises et tables ou tablettes bien pratiques.

Vénus dans la tête du Scorpion et Jupiter dans le Sagittaire dégradent la vision nocturne par leur éclat. Cette dernière est à 70° de hauteur ici! Un rapide coup d'oeil sur elles au télescope, Vénus gibbeuse et les 2 trop turbulentes.

Je retrouve au fur et à mesure de la nuit le ciel austral déjà aperçu partiellement dans l'avion (au matin et sud-est de haut en bas le Grand Chien, la Poupe, Les Voiles, la Carène avec la fausse croix, puis la Croix du Sud et les étoiles alpha et béta du Centaure, par le hublot),
En début de nuit, voici la Voie Lactée d'été qui se couche bien pétante, polluée par la lumière zodiacale et Vénus dans le Scorpion. Cette lumière se prolonge dans la bande zodiacale, comme en Namibie, qui parcourt les constellations du Zodiaque jusqu'à la Voie lactée d'hiver qui se lève en seconde partie de nuit.
Cette Voie lactée plus subtile s'illumine vers le sud en passant des Gémeaux au Cocher, à la Licorne, constellations boréales vues ici la tête en bas, pour monter et se poursuivre dans le Grand Chien, la Poupe, et éclater en myriades d'étoiles, nébuleuses diffuses et zones obscures dans le sud de la Poupe, les Voiles, la Carène et la Croix du sud.

Vers le pôle sud, c'est le boxon, plein de constellations où 3 étoiles se battent en duel comme Apus l'oiseau de Paradis ou l'Octant, ou encore Mensa, la Table en mémoire de la montagne qui domine Cape Town en Afrique du Sud.
Je suis de nouveau perdu dans ces myriades d'étoiles, redevenu débutant sous un ciel de magnitude limite à 7.5 voire plus.
Léger halo de Ovalle au sud-ouest, fort discret.

Je repars de constellations connues pour mes premiers dessins austraux depuis 2 ans.
Première cible, le Scorpion, dont le dard menaçant est dressé assez haut dans le ciel, avec les pinces vers l'horizon.

NGC6124 est un amas ouvert de magnitude 5.8 situé à 2° nord de lambda du Scorpion. A 75x, il est assez fourni avec des étoiles assez brillantes.

Dans la même constellation, nous avons repéré une bien curieuse et sombre nébuleuse, noire comme du charbon : un nuage de notre atmosphère, qui contraste violemment avec la brillance de la Voie Lactée d'été sous ce ciel cristallin. Keskifoula?

Le ciel est très turbulent, va-t'on ravoir un seeing pourri comme en Namibie?

NGC6388 est un amas globulaire du Scorpion de magnitude 6.7 à 2° sud de thêta du Scorpion. A 218x il montre quelques étoiles perceptibles (magnitude 14.8). Il est graduellement moins brillant en s'éloignant du centre. Son coeur est très brillant. A 75x il est bleuté.

Daniel et Daoumy rigolent dur dans l'observatoire malgré des soucis de raquette sur le C14, les privant de GOTO. Il faut dire que Daniel est un expert es-Coluche! Par contre sa lampe frontale à 2 positions blanches pour une rouge nous fait moins rigoler, une vraie roulette russe! On va-t'y coller un filtre rouge, tiens!

Vers 23h, un peu de fatigue. Rien de mieux que quelques galaxies du Fourneau (cerné par le fleuve Eridan qui tente d'éteindre ses feux) pour se requinquer! Et une vision rapide de 47 du Toucan, NGC 104, toujours aussi beau en plat de couscous jaune au centre et bleu autour!

Le couple NGC 1097 (magnitude 9.2) + 1097A(magnitude 13.6) est situé à 2.5° nord-ouest de béta du Fourneau. A 150x, la première est assez grosse, un peu diffuse sauf à l'ouest, allongée, au centre assez faible et au pourtour très faible. NGC1097A est faible et petite, au nord-ouest de sa grande soeur.

Pour pointer NGC1079, galaxie de magnitude 11.3 , il suffit de glisser à 1° au nord. A 150x, elle est faible, un peu allongée et diffuse, avec un bien faible centre ponctuel.

La Tarentule, NGC2070 dans le Célestron 14 dépote, une grande arachnide à faire peur, brillante et verte!

Des nuages longent les montagnes au nord et à l'est.

Les oiseaux et l'ânesse dans son enclos à pourtant 300-400m se font bien entendre!
Pour nous ravitailler, l'observatoire est devenu un self-service fort apprécié avec boissons chaudes et fromage, fruit, gâteaux et amandes.

Premier contact avec le Grand Nuage de Magellan (GNM) via le globulaire NGC2210 de magnitude 10.9, vers nu de la Dorade, dans l'est du GNM. Rond, assez faible, petit, un halo autour à 150x. Entre temps, les rangs se sont clairsemés, seul Jeff est encore là.

Ensuite, deux galaxies, NGC2187(magnitude 12.3) et NGC2187A toujours dans le GNM à 1° sud de nu de la Dorade. A 150x, faibles, petites et faciles, rondes. Jeu des perspectives car ces objets sont situés loin derrière le GNM qui est dans la banlieue voie-lactienne.

Autour de nous, des nuages morcelés rappliquent par le nord-est, secondés par une brume qui monte à l'opposé. Les premiers contrarient mon dessin et me font dire : "je vois des galaxies dans une galaxie, puis ensuite des nuages sur un nuage (GNM)!"

A force de patience jusqu'à 3h à guetter les trouées, je finis mon dessin. Jeff et moi remballons à cause des nuages et de la brume qui risque de nous égarer sur le chemin du retour. De plus les piles de ma lampe frontale faiblissent et je dépend donc de lui pour rentrer aux chalets de la Canelilla.

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Salut,

Vous vous êtes gavés avec ce voyage ! ça me travaille ça, j'aimerais bien m'en faire un aussi un de ces quatres.

Comment c'est passé le voyage des instruments ?
Le strock en bagage à main tout le temps ? Pas de problème avec les douanes ?
Et le 300, il a voyagé dans la valise noir que l'on voit sur la photo ? En cabine, en soute ?
Quelle compagnie aérienne avez-vous choisit ?

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J'avais tenté en 2006 de passer le Strock en cabine, mais il a été considéré comme objet contendant, surtout que je ne l'avais pas caché dans un sac à dos.

J'avais prévu le coup et ai mis les optiques dans une boîte de protection.

Cette fois-ci, idem, la mécanique en soute dans une valise coque avec des vêtements autour et les optiques dans leur boîte en cabine.

Le 300 a voyagé dans une valise coque, mais son propriétaire y a laissé les optiques! L'ensemble est arrivé heureusement intact. La plus grande hantise c'est que les bagages se perdent!
Nous sommes partis avec Air France et surtout sur un vol direct.

Aucun souci à la sécurité ou douanes cette fois-ci au Chili, ce qui n'était pas le cas pour la Namibie en 2006

Xavier

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