Huitzilopochtli

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Messages posté(e)s par Huitzilopochtli


  1. Hello Vaufy !

    De toi : « OK Huitzy, on est en phase.. »

    De moi : A vrai dire…pas vraiment !

    V : « 15° en fin janvier ! Ca veut dire que fin avril 2009 on sera déjà près des 17° pendant quelques heures par sol... »

    8 : J’ignore comment tu effectues ce calcul (sans doute avec un rein).
    Pour ma part je me contente de regarder paresseusement le tableau fourni par la NASA indiquant les hauteurs du soleil au cours de l’année martienne et je constate :
    Fin avril 2009, nous serons, dans Vastitas Borealis, en pleine nuit polaire, et le soleil restera obstinément sous l’horizon toute la journée jusqu’à la fin juin.
    Là-dessus, y a pas à tortiller.

    V : « Sauf que, parallèlement, en creusant la question de mon côté, je viens de m'apercevoir que la calotte de CO2 ne régresse guère avant Octobre, ce qui veut dire que les températures ne baissent pas assez avant le printemps pour que le CO2 retourne dans l'atmosphère. »

    8 : Alors là, cela devient un peu confus dans mon esprit.
    Je pense que tu as plutôt voulu dire que la T° n’augmentait pas assez pour que le CO2 retourne dans l’atmosphère ?...

    Personnellement, je n’ai rien trouvé de décisif sur la période ou le site de Phoenix serait libre de glace. Après tout, la météo sur Mars connaît aussi des fluctuations qui nous empêchent des prévisions très pointues.
    Sur la disparition de la gangue des glaces emprisonnant Phoenix, une première valeur nous manque, celle de son épaisseur.
    Cela risque de pouvoir varier de quelques dizaines de cm à deux ou trois mètres, n'est-t'il pas ?
    On a bien compris que pour des valeurs hautes de cette fourchette, les panneaux seraient irremédiablement écrasés et que toutes nos supputations actuelles se révèleraient alors particulièrement inutiles.
    Toutefois, certains points du scénario sont déjà clairement établis.
    La glace carbonique, nettement plus abondante, se sublimera d’abord puisque cela se produit à une T° plus basse que pour la glace d’eau. Avec un decallage possible de plusieurs semaines, la fine pellicule de givre d’eau subira finalement le même sort et se dispersera aussi dans l’atmosphère.
    Ce sera la T° qui régira la sublimation de ces glaces et ceci, en toute logique physique, devrait être un processus relativement rapide dès que les T° requises pour leurs sublimations seront atteintes…
    Cependant la sublimation de quelques cm ou, de quelques mètres de glace, ne prend forçément pas le même temps.
    Le paramètre clé pour l’élévation de la T°, en un point géographique donné, reste la déclinaison de la course du soleil dans le ciel martien qui détermine aussi le nombre d’heures d’ensoleillement.
    Malgré son atmosphère éthérée, Mars possède aussi une gamme de nuages variés, mais qui n’impacte que très peu le niveau des T°.
    Seules les tempêtes de poussières ont un effet réellement significatif sur l’énergie solaire reçut au niveau du sol. Si l’on exclut ce type d’évènement, on considèrera que la hauteur du soleil dans Vastitas Borealis pourrait déterminer en première approximation l’évolution de l’épaisseur de la glace sur Phoenix et ses panneaux solaires.
    On sait que début novembre 2008, pour un soleil à une hauteur de 30° (à midi) seul un givre épisodique apparaissait quotidiennement dans le secteur. Rien de très incapaçitant pour la recharge en énergie des batteries. Là encore, seuls l’angle d’incidence des rayons et le nombre d’heures d’insolation sont les paramètres déterminant la quantité d’énergie captée par les panneaux.
    Si l’on se réfère à la courbe de déclinaison du soleil pour le site de Phoenix et que l’on se fie à mon raisonnement, il ne devrait pas y avoir une très notable différence pour la présence de glace entre le mois de novembre 2008 et le mois d’octobre 2009.


    V : « Je pense que le vrai problème est là : Même si le soleil se profile quelque peu assez tôt en début d'année, les panneaux solaires sont encore probablement recouvert de glace de CO2 jusqu'au printemps, voire au delà !... »

    8 : Je ne désire pas affirmer de façon péremptoire qu’en octobre, il n’y aura plus de glace recouvrant le lander mais je souhaitais expliquer pourquoi je pense que ce ne sera probablement pas le cas.
    Je sais pertinemment que je peux faire erreur.

    V : « Ce qui explique sans doute le choix de la NASA de ne pas rechercher le contact avant cette date... »

    8 : Non, La NASA avance pour cela le niveau d’énergie disponible dans les batteries.

    8zi’


  2. Hé Bé!
    Oui, naturellement je connais Orbit-Mars.
    Il n'est d'ailleurs pas rare que j'aille y puiser de bonnes informations.
    Dans ce cas , je crois qu'ils ont manqué de précisions.
    Je ne lance la pierre à personne car si je devais faire le compte de mes propres erreurs ou autres approximations...

    Tiens par exemple, pas plus tard que tout de suite, je me suis aussi pris les pieds dans le tapis en parlant de 15° d'élévation pour le soleil en novembre alors qu'il s'agissait de 30°.
    15° sera la valeur enregistré le 20 janvier.
    Je tire ces données d'un tableau publié sur le site officiel de Phoenix, intitulé: Sun at Phoenix lander site.
    Pour retrouver une hauteur du soleil à 30°, il faudra attendre la fin octobre et je confirme que c'est bien ce qu'a prévu de faire la NASA.

    Amicalement.


  3. Hello Vaufy,

    Le 8zi' n'est toujours pas d'accord avec tes explications!
    Je suis catégorique.
    Entre début mars et fin juin 2009, le soleil n'apparaît même pô au dessus de l'horizon de "Vasistas Boréalix".
    Il faudra bien attendre octobre pour le voir atteindre un dégré d'élévation quotidien, similaire à celui que nous avions début novembre de cette année.
    Au mois d'octobre 2009 donc, avec un soleil culminant à environ 15° à midi, la sonde ne bénéficiera que de quelques heures par jour pour se gorger d'une énergie encore chiche.
    Biensur, il faudra aussi tenir compte des possibles tempêtes de poussière, fréquentes au début du printemps, et qui sont susceptibles de venir obscurcir durablement les cieux.
    On a déjà vu quel rôle a joué la dernière survenue, dans la fin un peu précipitéé du lander.


  4. Bonjour vaufrèges,

    Je te demande pardon de bien vouloir m’excuser mais il y a un petit détail qui me chagrine dans ton dernier post.
    Tu écris :
    « On peut imaginer que de nouvelles tentatives pourraient être réalisées à partir d’avril/mai 2009, lorsque le soleil reviendra caresser à nouveau les panneaux solaires du lander, avec l’espoir un peu fou de le voir renaître… »

    Je crois plutôt qu’il nous faudrait patienter jusqu’au mois d’octobre de l’année prochaine pour que le soleil s’élève suffisamment au dessus de Green Valley et puisse, très éventuellement, carresser assez énergiquement les panneaux de Phoenix pour que les batteries soient réalimentées un tant soit peu…
    La NASA n’envisage, me semblet-il, de ne se remettre à l’écoute que dans le dernier trimestre 2009.
    Certes mon correctif est purement formel puisque (selon moi) il n’y a srictemement aucunes chances que l’oiseau renaisse de ses cendres…euh…de ses glaçons.
    Cela nous permet aussi de nous rappeler que les saisons martiennes ont une durée double des nôtres.

    8zi’


  5. Hélas encore, Hellas toujours, Vastitas calembour.

    Bon, apparemment, la parenthèse que je me sentais coupable d’avoir ouvert dans ce topic, semble ne pas déplaire à tout le monde.
    Et après tout, parler de planétologie, stricto sensu, dans un sujet comme celui-ci n’a rien d’inconvenant.
    Surtout, Vaufrèges en arbitre des élégances, ça vaut le détour…

    Où en étais-je ?
    Ah ! Oui, de l’eau liquide (si Jeff de webastro passe par là, je vais encore me faire engueuler !!!) sur Mars…, sous Mars…, et le gloups de Gilles qui modère mon élan d’optimisme.
    Si l’on s’en tient aux observations, tu as totalement raison, l’eau liquide dans les profondeurs de cette planète, actuellement, reste une hypothèse, certes vraissemblable, mais demeurant à être confirmée.
    Volontairement, j’exclus toute tentatives d’explications géomorphologiques parce qu’elles me semblent assez peu pertinentes pour l’évaluation de la crédibilité, dans le présent, de mon hypothèse.
    Pourtant, un certain nombre de faits me portent à penser inexorable la transformation en eau, de la glace stockée dans le mégarégolite martien.
    La moindre gravité de Mars permet à la porosité du mégarégolite de subsister bien plus en profondeur que ne l’imposerait la pression lithostatique sur Terre.
    Je n’ignore pas, non plus, que la diagenèse peut-être intensifiée par des cristallisations de minéraux induites par la présence d’eau.
    En fonction du taux de porosité attribué au mégarégolite, on obtient une limite inférieure pour de possibles réservoirs de glace, entre 6 et 12 Km de profondeur.
    Comme sur Terre, l’interieur de Mars génère un flux thermique continu qui, plus on s’enfonce à l’interieur de la planète, va générer une élévation de T°. Cette augmentation de T° peut varier localement en fonction de la nature géologique des roches (car toutes ne possèdent pas la même capacité de conduction thermique).
    Cependant, on peut estimer à une moyenne de 4 Km la profondeur à laquelle le sous-sol martien atteindrait de façon constante les 0°C fatidique.
    En croisant ce fait, avec l’autre paramètre déterminant pour la présence d’eau liquide, à savoir la pression (générée par le poids des couches supérieures), on pourra en arriver à la conclusion que la cryolithosphère se liquéfie gentiment (et paradoxalement) aux moyennes et hautes latitudes, entre 5 et 10 Km de profondeurs, sans présumer de fortes variations locales engendrées par certains des facteurs dont j’ai parlé plus haut.
    Le paradoxe évoqué tient aux permafrosts équatoriaux dont la limite inférieurs envisagé par les scientifiques, à savoir 3 Km, ne lui permettrait pas d’atteindre la zone profonde où les conditions physiques seraient réunies pour qu’il se tranforma en eau.

    On voit aussi par l’exposé de cette thèse, la relation étroite que cela peut entretenir avec mon autre centre d’intérêt, sur l’éventuelle et actuelle activité volcanique de la planète.

    Okay ! Okay ! Nous sommes en pleine construction intellectuelle dont quelques paramètres mériteraient confirmation.
    Il faut aussi savoir vivre dangereusement.

    En tout cas, Gilles, tu as légitimement tempéré mon ardeur démonstrative quand, lorsque voulant convaincre Vaufrèges du voisinage tellurique de Mars et de la Terre, tu me balances dans les pattes les exemples de la glace carbonique et des geysers polaires qu’elle exhale brutalement au primtemps.
    Oui, biensur, on est quand même sur un autre monde.

    A+

    8zi’


  6. Hélas, c’est encore moi !!!

    J’ai écris :
    Vasistas ou was ist das Boréalis !
    Elle est bien bonne celle-là, d’autant plus que ce n’est pas la première fois que je fais cette coquille !
    Allez ! L’allemand a emprunté beaucoup au latin pour que cette faute grossière me soit pardonnée.

    Sinon, je crois que l’on a fait le tour du problème.
    Je trouve qu’approfondir ces notions et nuancer nos avis n’est pas inutile, même au risque d’ennuyer.

    Je te cite :
    « C'était tout l'objet de mes posts précédents. La taille des sols polygonaux et de leurs faces supérieures me laisse penser que ces blocs de glace ne sont pas très épais ; pas plus de quelques décimètres ou quelques mètres tout au plus ! Cette glace affleurante ne me semble pas (mais ce n'est qu'un avis provenant de l'observation des clichés) être épaisse de 100, 300, 500 ou 1000 mètres !
    Pour moi c'est bien une couche superficielle, peu épaisse.
    Elle a peut-être été mise en place "récemment", à la faveur du dernier tilt de l'axe de rotation par exemple (je suis volontairement provocateur là !!!). Voilà pourquoi il faudrait dater de manière absolue ces dépôts, ces sols polygonaux ! »

    D’accord. Je crois mieux comprendre désormais ton point de vue même si mon interprétation reste légèrement différente.
    Pour moi, c’est une forte conviction, l’épaiseur des lentilles de glaces est de l’ordre de ce que tu indiques. J’oserais même une estimation entre 20 et 60 cm dans un proche périmètre autour du lander.
    La taille des polygonnes et leurs reliefs sont à ce titre révélatrices.
    Leur formation par cryo-osmose sans passer par une phase liquide me paraît être une très grosse interrogation non discutée jusqu’ici.
    Peut-être pourrais-tu m’apporter qq éclaircissements ?
    Perso, je ne comprends pas du tout.
    Maintenant pour estimer leur répartition en profondeur, puisque d’importants forages ne sont pas envisageables avant très longtemps, on pourra certainement s’appuyer sur l’imagerie orbitale, couplé aux sondages radar, quand ce type d’instruments (SHARAD, MARSIS) auront enfin livré des résultats conformes aux espoirs des scientifiques, au moment de leurs mises en orbite…, et pour peu que ce secteur soit exploré.
    D’ailleurs, il n’est pas impossible que les agences aient déjà des données exploitables.
    Tu es sans doute mieux placé que moi pour le savoir.

    De Gilles :
    « Par ailleurs, je pense que la couche superficielle de poussières et autres dépôts éoliens, est à cet endroit négligeable (quelques mm à cm tout au plus). Pour étayer cela : si PML a creusé le sol, ce n'est qu'entre les lentilles de glace qu'il l'a fait !!! »

    Cette couche superficielle est assez précisément de 5 à 8 cm d’épaisseur. Cela résulte des observations lors du creusement des tranchées.
    Pour le fait que Phoenix n’ait creuser que dans les creux des reliefs polygonnaux, j’ai un gros doute. Je tâcherai de vérifier.

    J’aurais souhaité encore répondre aux autres points développés dans ton post mais hélas, le temps me manque et je dois partir au boulot !!!
    Demain, je m’efforçerai d’ajouter d’autres commentaires.

    Pourtant, je ne résiste pas à evoquer, de suite, la conclusion de ton dernier post :

    « Quoiqu'il en soit, c'est un plaisir que d'échanger sur ces thèmes peu abordés. Cela pousse à réfléchir encore et toujours sur nos certitudes et nos prismes individuels. »

    Je fais mienne cette sentence, en espérant que tous, nous nous l’appliquions inlassablement.
    La quête scientifique, à tous niveaux, n’a rien de l’enonçé d’un dogme, et je nous vois complètement en phase dans cette démarche.
    Merci pour cette enrichissante et amicale confrontation.

    8zi’


  7. Salutations,

    Il m’est agréable d’échanger avec toi Gilles et, en persévérant, nous allons peut-être finir par être complètement d’accord.

    Dans Vasistas Boréalis les Températures, tout au long de l’année martienne, demeurent nettement au dessous du point de congélation. Du fait que le pergé…, la cryolithosphère, est un phénomène purement thermique, indépendant de la composition des sols, je considère que la surface de cette région peut être appréhendée légitimement comme le plafond du pergélisol, sans exclure le régolite et la couche de poussière superficielle, dans lesquelles l’absence de glaces, hormis l’hiver, ne saurait constituer un critère de séparation, d’exclusion. Ai-je tort ?
    Il ne peut exister à ses latitudes et à ces pressions, de mollisol, selon moi, ce qui dans ce cas, cadre bien avec les définitions un peu anciennes de Derruau.

    Tes réponses à ChiCo font parfaitement le tour des questions soulevées par les scientifiques sur l’histoire géologique de Mars.
    Aucuns des points que tu soulignes n’est mineurs.
    Pour ma part, je m’interesse particulièrement à l’historique du volcanisme, notamment à la recherche d’éventuelles traces d’activités actuelles ou reçentes.
    Et puis l’eau, evidemment, dont l’état liquide en profondeur n’a toujours pas été mis en évidence autrement que par des indices, mais qui pourtant ne fait aucun doute.

    Vaufrèges STP, quand tu me cites, ne tronque pas ma prose, cela t’évitera de longs développements.
    Dans sa totalité :

    « Bien entendu, Mars est un autre monde.
    Mais les fondements scientifiques prévalant chez nous doivent pouvoir s’appliquer là-bas.
    L’exploration spatiale peut amener, sans contestations, des évolutions importantes dans une science comme la géologie, sans, pour autant, que chacunes de ses définitions ne soient invalidées par ce que nous découvrons ailleurs. »

    Si je peux poursuivre dans l’optique c… c…., nôtre discussion est résumée par une expression que tu emploies (et moi aussi) : « géologie martienne ».
    Gê-ologie, Gê : ce qui rapport à la Terre, ologie : son étude… et Mars un peu plus loin…
    Nous exportons nos concepts sans refus de les adapter.
    Regarde aussi en minéralogie. Y a-t-il un seul minéral decouvert sur Mars qui n’existe pas sur Terre ?
    Bien entendu les conditions physiques sont très differentes, pourtant, jusqu’ alors, elles n’entrainent que des différences d’échelles, de fréquences, d’intensités et de durées, entre les phénomènes « aréologiques » et géologiques, observés.

    Tout ça, c’est un peu pour blablater en attendant les résultats.
    J’espère que personne ne s’en offusque.

    8zi’


  8. Oui ChiCo'.
    J'avais bien déviné que tu étais moins à ton aise en géologie qu'en cosmo.
    Simplement quand on me dit que sous les pieds de Phoenix il n'y a point de permagélithocryosol, je m'insurge et trouve que cela mérite de creuser la question.
    Quant aux tiennes, je veux bien essayer d'y apporter mes réponses... demain, parce que maintenant je vais bosser.

    A+

    8zi'


  9. Bonsoir,

    Il est toujours assez amusant de voir à quel point l’on peut s’attacher à défendre un point de vue en ignorant souverainement les objections de ceux qui ne le partage pas.
    Même si cela m’arrive aussi trop souvent, je tâcherais cette fois ci de faire preuve de plus d’humilité et d’honnêteté.
    D’ailleurs, pour aller au fond des choses, je me réjouis toujours d’apporter un soupçon de désaccord sur un point qui semble faire une unanimité relative (Vaufrèges & Gilles, en l’occurrence).

    De Gilles : « On parle sur Terre pour désigner un sol gelé de "gélisol", terme de géomorpho peu connu du grand public qui lui préfère "pergélisol" et sa traduction US "permafrost". Mais le bon terme est bien gélisol (cryosol est un mixte malheureux de grec et de latin). On trouve aussi en russe le terme de merzlota et en suédois de tjäle. Notez que le radical "sol" est ambigu et n'a rien à voir avec le substratum, provenant de la décomposition superficielle de la roche. Aussi certains auteurs parlent de "permagel"... »

    Lorsque j’ouvre mon précis de géomorphologie, M. Derruau, 6ème édition, Editions Masson, dans le chapître 3 consacré au système d’érosion périglacière, je trouve un paragraphe consacré au pergélisol où le mot est utilisé à plus d’une vingtaine de reprise. On pourra certainement considérer que ce terme a un usage qui ne se limite pas au grand public et que son utilisation dans un discours à prétention géostructurelle n’est pas une approximation d’amateur aux connaissances superficielles (substratum intellectuel frigorifié).

    Les explications de Gilles aux points 2 et 3 me paraissent conformes à ce que je pourrais avoir dit sur le sujet.

    Par contre sur sa conclusion donnée au point 4 me paraît radicalement fausse :
    « Je persiste donc à dire que les observations de Phoenix ne traduisent en aucun cas la présence de pergélisol sur Mars...
    Nous verrons bien les arguments publiés d'ici peu quant à l'origine de ce paysage polaire, mais c'est fascinant comme il trahit les changements passés du climat de la région. En fait, on ne sait finalement pas si il y a un pergélisol profond dans cette région : ce que l'on sait, c'est qu'il y a des lentilles de glace plus ou moins pures sub-affleurantes... et un gélisol planétaire !»

    Je me permets de t’opposer ce court passage de Nirgal, site de Philippe Labrot
    ( http://www.nirgal.net/glace.html ) :

    « L'épaisseur du pergélisol atteint 3 à 8 km dans les moyennes et hautes latitudes, contre 1 à 3 km dans les basses latitudes. »

    Mais parce que je parlais d’honnêteté dans mon préambule je rajouterais ce passage pour tempérer mon propos.

    « Aujourd'hui, avec des températures moyennes situées bien en dessous de zéro, le sol de Mars est la plupart du temps gelé et il constitue ce que l'on appelle un pergélisol ou permafrost. Sur Terre, on désigne le permafrost comme étant la couche du sol ou la température ne doit pas dépasser 0°C degrés sur une période de deux ans. On le voit, cette définition se réfère uniquement aux températures et ne tient pas compte de la présence de glace dans le sol. Un permafrost peut être tout à fait sec ! Malheureusement, on utilise souvent ce terme pour désigner un sol riche en glace dans de nombreux ouvrages. Il faut l'avouer, c'est un raccourci bien pratique et je l'utilise d'ailleurs dans quelques chapitres de ce site (y compris celui la !). Mais il serait préférable d'utiliser un terme moins ambigu pour faire référence à la couche du mégarégolite qui est en permanence gelé (et qui renferme donc forcément l'eau sous la forme de glace). Cette couche est désigné sous le nom savant de cryolithosphère »

    On voit donc que même si sur le fond cela semble aller dans mon sens, la question de la terminologie reste posée et cryolithospère pourrait peut-être fédérer les avis ?...

    De Vaufrèges : « Il est peut être difficile d'aligner systématiquement ces phénomènes géologiques martiens sur les modèles "terriens" car, sur Mars, on est bel et bien dans un "nouveau monde" dans lequel les conditions par lesquels ils s'élaborent sont totalement différentes de celles de notre planète. »

    Bien entendu, Mars est un autre monde.
    Mais les fondements scientifiques prévalant chez nous doivent pouvoir s’appliquer là-bas.
    L’exploration spatiale peut amener, sans contestations, des évolutions importantes dans une science comme la géologie, sans, pour autant, que chacunes de ses définitions ne soient invalidées par ce que nous découvrons ailleurs.

    Allez ! J’arrête de vous ennuyer, c'est promis.

    8zi’


  10. Bonsoir Vaufrèges,

    Pardon, mais la précision était plus d'ordre géologique que sémantique.

    Le pergélisol est purement un phénomène thermique qui doit être en fait totalement dissocié de la composition des sols qu'il concerne.

    Il n'est pas rare que les couches supérieures du permafrost soient constituées de 50 à 70 % de glace, mais elles peuvent aussi ne pas en contenir. En avançant la valeur maxi de 100%, je me suis un peu embâllé, mais 90% est un niveau relevé parfois lors des campagnes de surveillance de son évolution.

    Mais je vais fermer cette parenthèse, car ce n'est pas exactement le sujet du topic.

    8zi'


  11. Bonjour,

    Comment, moi aussi, ne pas commençer ce message sans renouveler mes félicitations à Vaufrèges pour la tenue de ce sujet.
    J’ai horreur de la flagornerie, tout autant que du manque de reconnaissance d’un talent.
    Ton dernier post qui fait la synthèse de la mission est un modèle de clarté et l’apport majeur, que tu soulignes, de Gilles Dawidowicz, dont l’expertise aide tout les passionnés que nous sommes à mieux comprendre l’exploration martienne, n’y est pas pour rien non plus.
    Merci à vous deux de faire vivre sur ce forum une passion qui est aussi la mienne.

    Je souhaiterai encore une fois étaler toute ma brillante culture aux yeux d’un public ébahi, en apportant une modeste correction sur un point et sans vouloir pour autant faire croire que je n’apprends jamais rien de vous quand je vous lis :

    Sur Terre, le permafrost (ou pergélisol) peut voir sa teneur en glace aller de O% à 100%. Cette part en glace et l’homogénéïté de son mélange, dans le terrain considéré, dépend totalement de sa porosité et de sa composition.
    Lorsque des lentilles de glace presque pure (cette qualification me semble encore un peu excessive pour un élément non analysé) se forment sous la surface pour constituer les sousbassements des sols polygonnaux, cela résulte d’un processus appelé ségrégation. Ce processsus se déroule fréquemment dans les sols dont les constituants minéraux sont sous formes de grains très fins (comme souvent dans les sols superficiels, sur Mars).
    Phoenix s’est donc bien appliqué à creuser un pergélisol dans Green Valley, quand bien même ce terrain est localement constitué de lentilles de glaces.
    Cette soupe de lentilles (si j’ose dire) et de poussières agglomérées, très inhomogène, répond bien à la définition scientifique de ce type de terrain.
    J’espère ne pas paraître trop pinailleur.
    Je pense que cette précision n’est pas totalement sans intérêt.

    Si l’on revient sur l’atterrissage, qualifié à juste titre de réussite totale, on peut quand même se souvenir que le lander s’est finalement posé en limite de l’ellispe prédéfinie comme zone d’atterrissage, en raison d’un retard (dont je n’ai pas encore trouvé d’explication officielle – ou que j’ai oublié) dans l’ouverture du parachute.
    On entrevoit par cette péripétie, la minceur qu’il existe entre un remarquable succès et un échec retentissant dans toutes entreprises humaines.

    Et pour terminé, je dirais à Bernard, qui s’étonne de voir ce topic ne pas finir d’en finir, qu’il sera peut-être temps de le clore lorsque les résultats de la mission auront été publiés et commentés.
    Encore un peu de patience!

    A+. Huitzi


  12. Bonsoir à tous ;

    Salut Vaufrèges,

    Tu as superbement résumé tout cela.

    Je me permets quelques minimes indications complémentaires.
    Selon mes sources, diverses et variées, je m’avançerais jusqu’à dire de les fours 0, 4, 5, 6, et 7 ont bien été approvisionnés avec des échantillons martiens.
    Le N°1 a servi à deux tentatives successives d’analyses de matériaux riches en glace. Ces essais ont échoué.
    Le N°2 fût dédié au test de calibration carbone à partir de l’Organic Free Blank qui, au final, ne s’est pas déroulé convenablement et le le four N° 3, comme tu l’as déjà indiqué, n’a pas daigné ouvrir ses portes.

    Le sous-système de chauffage des prélèvements qu’utilise TEGA est un DSC (Calorimètre différentiel à balayage) qui opère, normalement, sa phase de pirolyse sous balayage d’un gaz neutre. J’avoue ne pas savoir si une adaptation du processus, en fonction de l’absence d’oxygène dans l’atmosphère martienne, est effective sur TEGA (ce flux de gaz neutre servirait plutôt à l'entrainement vers le spectromètre de masse) mais en tout état de cause, je crois que l’on ne peut pas parler de combustion à aucuns moments de l’analyse.

    Je suis d’avis, et je crois que tu le partages, que l’on peut affirmer que TEGA fût très en dessous des espoirs que l’on avait mis en lui.
    Une des tâches majeures de Phoenix était l’analyse de la glace du permafrost.
    A ce niveau, c’est indiscutablement une franche déception.



  13. ChiCo, si tu continues, tu vas te faire immoler.
    Comme dit Vaufrèges, pourquoi demi.
    Je me dois de rester entier.

    Toi: « Comment expliquer cette attitude ? »

    Par ma voix, tu connaîtras la Vérité.
    Je dis :

    Toi: « A) Ils ont des objectifs scientifiques raisonnables (géologiques) mais ils pensent qu'ils n'obtiendront rien avec ces seuls objectifs, »

    Ta deuxieme question vaut-elle aussi pour MSL et ExoMars qui sont les prochaines étapes martiennes, et dont les packages scientifique sont très fondamentalement orientés vers la recherche de traces d' activités biologiques…

    Toi: « B) Ils se foutent des résultats scientifiques, veulent avant tout vendre leur daube, »

    C’est un fait. Tous les scientifiques sont des enfants de putains.
    Pas un pour croire vraiment à ce qu’il fait. Juste là pour se faire du blé sur le dos du contribuable.

    Toi: « C) Ils croivent vraiment qu'ils vont ramener des bacmarsies (ben quoi ici ce sont des bactéries ) dans leur baboite. »

    Les quelques qui pourraient avoir un brin d’honnêteté intellectuelle, diraient certainement qu’ils ne croient pas à grand chose mais qu’ils cherchent.
    Quoi me diras-tu ?
    Bordel ! Limpide comme de l’eau martienne !
    Une réponse à une question.
    La Vie a-t-elle pu se développer sur un autre monde que le nôtre ?
    Et c’est vrai que s’ils ne trouvent pas là-bas, ils iront chercher plus loin.
    Et que cela pourrait durer longtemps.
    Et que c’est peut-être en pure perte.
    Et qu’il est acquis que, l’étoile du matin et l’étoile du soir n’est en fait qu’une seule et même chose et, qu’avant de le savoir, nous l’ignorions...


  14. « Aaah Huitzilopochtli, je t'ai un peu vanné car, initialement, tu as posé une question dont tu avais manifestement toutes les réponses, et tu les as d'ailleurs parfaitement exposées plus loin..
    Et puis piétines ! Sur un autre post, je sollicite (assez vainement) les intervenants, alors ici, je ne vais pas me plaindre.
    Un des points faibles de la mission, à mon sens, c'est le choix des techniques pour l'atterrissage. Mais j'aimerais confronter mon "à-priori" à d'autres point de vue...
    Ainsi, pourrais-je carresser l'espoir de connaître le tien ?
    Amicalement »


    La question quand on connaît la réponse !?!?
    Ca c’est ma technique pour parraître intelligent.
    Mais pour cela, il ne faut pas que les gens s’en aperçoivent.

    Euh…, sans rire, de quelle question parle-tu ?

    C'est bien volontiers que je vais continuer à participer et à m'exposer à tes moqueries.
    D'ailleurs, j’adore quand tu carresses et tu vas le connaître…
    Cependant il va falloir attendre demain car de ce pas,je m’en vais au boulot.
    A dem’

    [Ce message a été modifié par Huitzilopochtli (Édité le 13-10-2008).]


  15. « Dis moi Huitzilopochtli, toi qui sait tout… »
    Ben voyons !
    Quand je dirai des choses fausses ou inintéressantes, ne te prive pas de me remettre à ma place.
    Si je peux malgré tout, tenter une réponse à ta question, dis le moi explicitement.

    (en apparté) « Et moi qui étais venu ici pour vous faire bénéficier de mon expertise !!! »

    Pour le site d’atterrissage, le processus de sélection continu.
    Orbit-mars fait le point de fort belle manière : http://orbitmars.futura-sciences.com/mars-actu-suite.php?id_news=317

    Zut! je viens de m’aperçevoir que je piétine encore les plattes-bandes de Vaufrèges.
    Pardon.

    [Ce message a été modifié par Huitzilopochtli (Édité le 13-10-2008).]


  16. Salut Kaptain,

    Ah les nanotechnologies !
    Des centaines de microscopiques robots crapahutant sur les surfaces planétaires pour nous en dévoiler tous les secrets.
    Un jour cela se fera sûrement.
    En attendant deux obstacles majeurs nous ont empêché de voir un MSLilliputien.

    La première, c’est qu’entre la conception et la réalisation d’une sonde il se passe presque une dizaine d’années…Dans le domaine des nouvelles technologies les évolutions se comptent en mois et les révolutions en années.
    Il existe donc une impossibilité incontournable à appliquer les techniques les plus réçentes dans la construction des sondes spatiales.
    C’est aussi en partie pour cette raison, que les ordinateurs de bord des engins actuellement en service, ne possèdent que les capacités informatiques developpées au début des années 2000.

    La seconde plus specifique à MSL, même dans l’état actuel de nos connaissances, il ne nous est pas encore possible de construire de nano-spectroscopes, de nano-laser, de nano-générateur nucléaire et toute une batterie d’instruments équipant le lander.
    Il nous faudra attendre encore quelques temps avant d’avoir pû concevoir tester et envoyer des instruments d’analyses à echelle microscopique pour étudier d’autres mondes.
    Dans 10, 20 ans ou davantage, je ne saurais dire…


    [Ce message a été modifié par Huitzilopochtli (Édité le 12-10-2008).]

    [Ce message a été modifié par Huitzilopochtli (Édité le 12-10-2008).]


  17. Oui Vaufrèges , un pseudo compliqué se rapportant à un autre, sur Webastro.
    Si je dis que c’est mon vrai nom, quelqu’un ici va-t-il me croire ?...

    A l’origine le coût de la mission avait été estimé à 1.6 milliards $ puis comme presque toujours dans ce type de projet une augmentation à 1.9 milliards $ est venue perturber les prévisions initiales.
    Cette somme avait été avalisé par le congrès, mais les dernières difficultés techniques rencontrées dans la réalisation de certains sous-systèmes, comme expliqué dans le lien fournit par Kaptain, nécessiteraient maintenant le déblocage d’une rallonge de 100 à 200 millions de $.
    Il serait peut-être possible de trouver toute ou partie de cette somme dans le buget martien de la NASA en réagençant certains projets, voir même d’élargir au programme d’exploration planétaire tout entier les sources envisageables ou l’on pourrait puiser.
    Dans l’hypothèse ou le lançement serait repporté à 2011, un surcoût de 300 millions de $ supplémentaire viendrait encore s’ajoutter aux sommes engagées. Cette éventualité coûterait donc encore d’autres sacrifices puisque dans le contexte actuel il est presque acquis que Washington ne se montrera guère généreux.
    La NASA est habituée depuis longtemps à jongler avec les fonds globaux qui lui sont alloués. En retardant ou abandonnant certains projets, elle garde une petite liberté de manœuvre pour réorienter les fonds vers ce qu’elle considère comme ses priorités.
    Il semble que MSL soit encore considéré comme telle, comme un rouage essentiel dans tout le programme d’exploration martien qu’elle a construit pour la prochaine décennie. Mais la pression que représente la mission européenne d’ExoMars n’y est sans doute pas non plus complètement étrangère ?...


    Bien sûr, l’option d’une rallonge budgétaire accordée par le congrès resterait une solution bien plus confortable pour l’agence américaine.
    Il sera seulement extêmement compliqué de convaincre les argentiers de l’administration de montrer un peu de souplesse dans le contexte actuel.

    Pour ce qui est de la raison précise du retard dans la mise au point de moteurs activant les roues et le bras-robot de MSL, il s’agît d’un important changement dans l’approche technique initialement envisagée. Face à la difficulté de concevoir un lubrifiant sec pour actionner les rouages mécaniques de ces éléments, aux basses T° martiennes, les ingénieurs du JPL ont dû renoncer à cette innovation. Ils en sont donc revenus à la tecnologie employée sur les rovers Spirit et Opportunity. En l’occurrence, l’utilisation d’un lubrifiant visqueux, qui nécessitera l’adjonction de réchauffeurs électriques, avec pour but d’empêcher celui-ci de figer puis de geler. La conséquence, si cela devait arriver, en serait, vous l’aviez compris, de bloquer irrémédiablement toutes les parties mobiles sur MSL.
    L’avantage sera de recourrir à une technologie ayant déjà fait ses preuves, avec toutefois un changement d’echelle significatif, et surtout l’inconvénient d’avoir à modifier une part non négligeable des plans du rover.
    On pense que ces dernières pièces modifiéés pourraient être intégrées sur l’engin vers la fin novembre. Ensuite, les tests environnementaux (Vide, températures, vibrations) seront effectués pour valider la resistance du lander.

    Deux des problèmes cruciaux, qui restaient aussi à solutionner, qu’entraînait la substancielle masse de MSL à freiner avant son atterrissage, consistait en la conception d’un bouclier thermique et d’un parachute suffisamment résistants.
    Ces difficultés sont maintenant résolues.

    Bien sûr, reste à boucler le finançement mais… aux dernières nouvelles, Lehman Brothers, Dexia et Fortis s’accoçieraient pour donner un dernier petit coup de pouce…
    Tout n’est donc pas désespéré.


  18. Salut à tous,

    Je suis nouveau mais je vais tout de même oser poser une question à Monsieur Superfulgur.
    Pourquoi parler d'un retard de MSL puisque l'annonce de la NASA annonce confirmation du lançement pour 2009.
    Ils pourraient nous mentir, bien sur, mais je n'en vois pas trop l'intérêt.
    Le ton géneral de vôtre message semble comme un peu pessimiste.
    C'est vrai aussi que l'ambiance génerale n'est pas à la fête en ce moment.