Dr Eric Simon

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  1. Cette semaine, nous avons appris que notre cher télescope orbital Hubble avait découvert un nouveau petit caillou qui tourne autour de Pluton. Oui, mais Pluton n'est plus une planète depuis quelques années...

    Ce petit caillou dénommé pour le moment P4 (on imagine qu'il sera bientôt baptisé autrement) est une petite chose entre 13 et 34 km d'après les observations, dont l'orbite se situe entre celles de deux autres satellites plutoniens Nix et Hydra.

    La planète naine Pluton a donc officiellement 4 satellites maintenant (et oui, P4...) : Charon, Nix, Hydra et... P4. On suivra de près le baptème officiel de ce caillou, on peut parier sur l'un des enfants de la déesse grecque de la Nuit Nix, un petit frère ou petite sœur de Charon , allez au choix :
    Moïra, la Destinée ;
    Géras, la Vieillesse
    Philotès, l'Amour;
    Momos, le Sarcasme ;
    Apaté, la Tromperie ;
    Dolos, la Ruse ;
    Moros, le Sort ;
    Oizès, la Misère ;
    Hypnos, le Sommeil,
    les Oneiroi (les Songes) dont l'un des plus célèbres est Morphée ;
    Thanatos, la Mort ;
    Némésis, la Vengeance et la Justice Divine
    Érinyes, divinités persécutrices ;
    Kères, les Esprits des morts violentes ;
    Éris, la Discorde ;
    Lyssa, la Colère ;
    Hécate, la déesse de la sorcellerie
    Styx, un autre fleuve des Enfers.

    Faites vos jeux...

    Dr Eric SIMON http://drericsimon.blogspot.com

    Dobson Sky Watcher 254 mm F/4.7 TV Nagler 13 mm, TV Nagler 3.5 mm, HR planetary 5 mm, Plössl 10 mm, Plössl 25 mm, Barlow TV x2 filtres Moon et OIII, Guided by Telrad


  2. Hier soir, je savais que j'allais voir du nouveau, parce que je l'avais décidé. Oui, j'allais voir une planète bleue. L'autre planète bleue. Neptune. Mais avant d'arriver à cette destination peu banale, il fallait tout de même coller quelque peu à l'actualité astronomique du moment, quelque peu...

    C'est donc entre 23h30 et 02h45 que je me postai sur mon spot préféré, avec une qualité de ciel comme ça : bien.

    L'actualité concernant une de mes galaxies favorites (c'est décidé, je me l'approprie entièrement celle-là), je commence donc par aller y jeter un œil... Vous avez peut-être reconnu M51, la galaxie du tourbillon, qui a vu exploser une étoile dans l'un de ses bras fin juin. Il est donc encore temps, avant que cette supernova s'éteigne inéluctablement, d'aller regarder ça... Et effectivement, après avoir appris où se trouvait ladite supernova grâce à mon Astronomie Magazine préféré, je pouvais presque facilement la trouver. Faut quand même avouer que son éclat est pas loin d'une magnitude 14 et qu'une vision en décalé est nécessaire, mais c'est émouvant de ce dire que cette étoile est en train de disparaître dans un feu d'artifice final, pour laisser derrière elle peut-être qu'une petite étoile à neutrons tournante...

    Et, là je ne peux m'empêcher de penser à Bételgeuse... qui pourrait à son tour exploser, demain, après demain ? dans 10 ans ? Plus ? Ca serait un tel spectacle car nous serions au balcon...

    Quittons maintenant les Chiens de chasse pour quelque chose de totalement différent (and now for something completely different as would say John Cleese).

    Nous nous rendons vers l'horizon sud, dans la constellation de l'Ecu de Sobiesky (Scutum), et j'ai choisi d'observer l'amas ouvert le plus dense (le plus beau ?), M11, qui se trouve assez aisément, ma méthode est la suivante :

    - On commence par repérer l'étoile alpha de Scutum, elle se trouve sur le bord d'une zone dense de la voie lactée, on peut s'aider de éta et nu d'Ophiuchus, toutes les trois, elles forment un triangle presqu'équilatéral.

    - Une fois sur alpha, on traverse la voie lactée en direction d'une étoile assez brillante, lambda de l'Aigle.

    - M11 se situe très exactement à mi-chemin entre alpha scu et lambda aqu...

    Cet amas est d'une beauté sans nom pour un amas ouvert, sans doute parce que se densité le fait prendre pour un amas globulaire duquel on parviendrait à résoudre quantité d'étoiles... On peut distinguer quelques étoiles jaunes qui semblent s'être perdues dans cet essaim à dominante blanches/bleues. On peut admirer probablement entre 100 et 1000 étoiles ici. Je recommande fortement!

    Nous restons à la page 67 du PSA mais nous allons maintenant nous vautrer dans la globularité du Sagittaire... en clair, nous allons faire le tour des amas globulaires du Sagittaire dans le sens des aiguilles d'une montre en commençant notre tour de France Constellation juste en dessous de la nébuleuse de la Lagune (voir l'épisode précédent!!) et deux petits amas globulaires : NGC6544 et NGC6553, très petits, peu contrastés, pour ces deux là, la résolution en étoiles reste du domaine de l'imagination.

    En descendant vers le bec verseur de la théière du Sagittaire, nous passons là encore dans les parages d'une visite précédente, mais pour regarder un globulaire sans aucune prétention : NGC6540, assez semblable aux précédents, bien que quand même plus intéressant, je ne sais trop pourquoi...

    Nous arrivons ensuite à la pointe du bec verseur, autrement dit sur Alnasl (ou encore lambda), qui a la particularité d'arborer pas moins de deux amas globulaires, certes minuscules et peu contrastés, dans son voisinage proche, à tel point que tout ce beau monde tient dans le champ de 82° de mon Nag13. NGC6528 se trouve juste au dessus de Alnasl, très peu contrasté; NGC6522, un peu décalé, est mieux visible, mais ça reste des petites boules diffuses sans noyau défini et ni une vision décalée, ni un grossissement plus fort n'apportent beaucoup plus.

    On pivote légèrement du côté de l'étoile Kaus Media (delta), pour retrouver NGC6624, qui est un globulaire sans grand intérêt (du moins avec mon instrument!).

    On continue notre descente vers l'horizon pour retrouver un Messier, et quelque chose me dit que ça va être plus joli à regarder : M69. Sans non plus casser trois pattes à un canard (sauvage?), M69 est un amas globulaire bien plus contrasté que les précédents visités, la séparation en étoiles individuelles se fait difficilement, sa taille n'est pas énorme non plus...

    NGC6652 : petit, faiblement contrasté, mouais. On retourne chez Messier pour la peine, avec M70, qui lui est super facile à pointer puisqu'il se trouve à l'aplomb de lambda (le couvercle de la théière, vous suivez ?) et pile au milieu (ou à un chouïa) de la base entre Ascella et Kaus australis... M70 a une ressemblance avec son accolyte M69, mais offre d'avantage d'étoiles résolues, ce qui est somme toute une marque de courtoisie bienvenue pour l'astram qui commence à avoir un peu froid...

    Le tour continue en se rapprochant de Ascella, et on retrouve M54, petit en taille, certes, mais fort pourvu, cet amas, joli tout plein dirai-je même, un noyau central bien brillant, une population dense et pas mal résolue (Nag13, je ne tente pas plus gros). A déguster sans modération. Mais je crois que ce n'est rien avec ce qui nous attend ensuite parce que nous remontons vers le sommet de la théière pour se jeter à corps perdu sur M22...

    Que c'est beau ! que c'est magnifique ! M22 est énorme ! En fait je conseille à tout le monde de faire le tour des globulaires du Sagittaire dans ce sens, parce que le contraste de taille et de tout devient alors saisissant ! Je pense soudain à M13 ou M92, c'est dire si la comparaison est flatteuse...

    M22 est à graver sur les tablettes de gourmandise. Il tient entièrement dans le champ du Nag13, ou presque, oui... On y est, on y reste de longues minutes....

    On termine ce globutour avec un tout petit NGC6638, pas loin du géant, sans aucune compassion possible .... seule la vue dans le même champ que lambda possède un intérêt; puis, non loin de lambda également, de l'autre côté, on termine avec M28, qui est de taille moyenne, on y distingue nettement une partie centrale brillante, sans pouvoir résoudre beaucoup d'étoiles individuelles. Disons qu'il est du même ordre de grandeur qualitative que M70 ou M69.

    On quitte la page 67 du pocket sky atlas pour ce rendre sur la page 66, tout en restant dans le Sagittaire, et pour aller voir si j'y suis sur un autre globulaire (Sagittaire, c'est un peu LA constellation des amas globulaires, vous le savez)... euh, oui, je parlais de M55. Il est étonnant ce M55, il montre une vaste étendue, presque aussi gros que M22, un peu moins en fait, mais surtout peu brillant, dense, mais peu brillant, sympathique car différent.

    Le froid et l'humidité (bizarre!) commencent à s'accentuer, il est temps de passer sérieusement au planétaire et à l'actualité, comme promis. C'est donc Vesta qui sera ma cible avant d'attaquer Neptune. Vesta, donc. Astéroïde qui fait parler de lui, exploré qu'il est par une sonde bien curieuse... Et exploré par mon Dobson muni de ces Nagler.

    Vesta se trouve aujourd'hui dans le Capricorne, pas très très facile à localiser, avouons, mais j'ai remarqué que c'était toujours plus difficile en fin de sortie, étrange, non ?...

    Bon, c'est donc quelque part entre epsilon et iota du Capricorne qu'il faut scruter, non loin d'un petit couple dont l'une est une double... Fameux jeu de piste (je pense toujours aux gens qui ont des montures goto et qui ne connaissent pas cette joie du jeu). Après moult triangles et aventures pythagoriciennes, je trouve enfin ce Vesta très brillant au demeurant, oui! Il est bien jaune aussi, brillant et jaune. On ne cherche pas à voir un quelconque diamètre bien sûr, c'est juste pour voir...

    Le ciel commence à se couvrir méchamment vers l'horizon nord-nord-est, je ne sais pas ce que ça signifie, ou du moins, je comprends que c'est bientôt fini pour moi, mais il me reste Neptune à voir ce soir, vite...

    Heureusement, on est déjà dans les parages, sauf que... il faut pouvoir trouver des points de repères visuels utiles pour arriver sur Neptune... que choisir ?

    On part de iota du Verseau et on trace une droite vers théta du Verseau (Ancha), sur cette droite, à environ 1/3, se trouve une étoile (38) et Neptune se trouve juste en dessous... Facile sur le papier, un peu moins en réalité... mais on y arrive, comme toujours, en prenant le temps qu'il faut.

    La voilà cette planète bleue ! Elle brille de pleins feux bleu-vert, I'd say, ressemblant à une grosse étoile brillante, la géante gazeuse semble bien turbulente, (l'atmosphère s'est fortement dégradée, des nuages approchent, du vent en altitude, des inversions de température, rien de bon...), mais laisse place à l'imaginaire, cette planète si lointaine, qui me renvoie les photons de mon soleil à moi, surtout les bleus, comme pour réchauffer mon esprit rafraîchi, qui s'endort lentement dans la nuit silencieuse, en rêvant à ces confins du système solaire...

    Il est 2h45 seulement, les nuages s'amoncèlent gravement, me laissant sur un désir d'Uranus inassouvi... mais laissant par là même un objectif certain pour les prochaines aventures. Fort heureusement.

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  3. Oh, une broutille... un quasar nommé ULAS J1120+0641, vient d'être découvert. Oui, mais non seulement c'est une galaxie qui abrite un (petit) trou noir de 2 milliards de masses solaires, mais il se trouve à un endroit de l'espace-temps un peu loin, excusez du peu : 12.9 milliards d'années lumières.... l'Univers n'avait "que" 770 millions d'années.

    On a toujours du mal à s'imaginer que ce que qu'on peut voir à voyagé pendant près de 13 milliards d'années...
    Cet objet a apparemment un autre record à son actif, c'est (pour l'instant) l'objet le plus brillant situé dans les 800 premiers millions d'années de l'Univers... jusqu'à la prochaine découverte.

    Rappelons ici que le terme "Quasar" avait été inventé au 20ème siècle et signifiait "quasi stellar", on peut sourire maintenant!

    source : Nature, 30 june 2011

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  4. La canicule étant revenue, le ciel azur étant désormais assuré jusqu'en septembre et la Lune se couchant à  nouveau tard, le temps est revenu de retourner dans notre garigue préférée pour un cinquième épisode.
    Cette soirée d'hier fut consacrée à  des objets que mon ami Dobson avait encore eu peu l'occasion de visiter : c'est ainsi une soirée "étoiles doubles et amas ouverts" que je vous offre de découvrir. Nous aurons l'occasion de virevolter entre le Bouvier et le Cygne en s'attardant un peu dans le Sagittaire, étape incontournable du moment.

    Donc, point de galaxies ce soir... autant dire que ce sera difficile de résister, mais bon, il faut savoir restreindre ses ambitions.
    Ce soir la transparence était au top du top (et quand je dis ça, je veux dire que la Voie Lactée me saute à  la figure dès que j'éteins les phares de la bagnole, alors je ne vous dis pas trente minutes plus tard après que mes petits bà¢tonnets préférées pleins de rhodopsine se sont habitués...), en revanche, de côté de la turbulence atmosphérique, même si le vent est quasi nul, c'est pas ça, c'est à  dire que ma tà¢che d'Airy sur Polaris à  343X hésite entre danse de saint-guy et pogo...

    Et je philosophe en me disant qu'il y a du Heisenberg là  dedans : on ne peut pas tout avoir en même temps : énergie et temps, position et vitesse, beurre et argent du beurre, transparence et non-turbulence...
    On fera donc avec. Au moins, il ne fait pas froid (encore 24 degrés à  23h).

    Allez, on débute notre voyage vers 23h30 dans une garrigue pleine d'odeurs de romarin en se dirigeant vers une constellation printanière s'il en est, le Bouvier.
    Nous sommes à  la recherche de la dénommée Izar, ou epsilon Bootis. Elle est très facile à  trouver puisque faisant partie de la structure géométrique de la constellation.
    Voilà , Izar possède deux composantes : une jaune brillante et une bleu, plus faible. Au Nag 13 (x92) , je ne les sépare pas. Ce n'est qu'avec le 3.5 mm (343x) que le contraste des couleurs, qui ressemble à  s'y méprendre à  celui d'une autre double fameuse que nous verrons un peu plus tard, prend toute son ampleur et montre toute sa beauté. Je saisit brutalement pourquoi elle est aussi appelée Pulcherrima ("la plus belle").

    Alors que les grillons crissent autour de moi et que les effraies chassent le mulot avec ardeur, nous restons dans le Bouvier pour trouver Ksi Bootis. Cette double est splendide : sa composante la plus brillante est jaune pà¢le, son compagnon est d'un couleur rouille profond. Le spectacle est encore plus beau au 3.5 mm.

    Nous quittons le Bouvier pour descendre vers la Vierge et celle qui accompagne Saturne depuis de nombreuses semaines maintenant, Porrima, qui est aussi une double, mais que je ne puis point séparer, toute blanche quelle soit (environ 1'' les sépare alors que ma résolution théorique est de 0.45'', mais ça turbule...).

    à‡a se confirme d'ailleurs quand je vais voir Saturne si proche, que de turbulence, bon c'est vrai qu'on est bien bas mais quand même... Saturne nous quitte, planète du printemps qui nous a tant éblouis, te voilà  donnant une révérence pour laisser place à  d'autres... ton temps est fini... Je vais pouvoir soigner ma Saturnite, alors ? A moins que ça se transforme en Neptunite, on ne peux être sà»r de rien...

    Continuons notre périple en pivotant à  l'aplomb de Spica pour atterrir dans la balance et sa composante principale, Zubenelgenubi (alpha Librae), donc.
    Qu'est ce que c'est que cette double, c'est une double, en vrai ? Faut dire que je suis un peu surpris de voir que déjà  dans le chercheur les deux composantes sont séparées, étonnant, il s'agit de deux belles blanches, presque absolument identiques, non, l'une des deux prend un peu le dessus sur l'autre, mais point de contraste de couleurs chez ces deux là ... Deux froides sœ“urs jumelles, et de fausses jumelles en fait puisqu'il s'agit d'une double visuelle, 3'51'' les sépare. Elle est surtout intéressante pour être carrément sur l’écliptique donc sujette à  occultations lunaires ou autre...

    On continue la rotation et encore avec du facile, on se retrouve classiquement dans l'arachnide piquant du désert (le Scorpion) pour scruter et essayer de détailler un peu l'antimars, anti-arès, Antarès, en un mot... On le voit souvent clignoter au raz de l'horizon avec ces belles couleurs émeraude et rubis, simplement parce que ces composantes possèdent ces couleurs, mais en allant y voir de plus près, je ne parviens pas à  les résoudre, ces deux là , certainement du à  l'éblouissement de la supergéante, en revanche, j'observe un effet amusant, la tà¢che que je vois au 3.5 mm est littéralement coupée en deux dans la direction nord-sud : une moitié rougeà¢tre, et l'autre moitié verdà¢tre... très poilant finalement, merci ma chère atmosphère!

    Bon, il me semble qu'on avait dit que c'était une soirée "doubles et amas ouverts" ! mais où sont les amas alors que je crois entendre au loin des grognements de sangliers ?

    On y est presque, on arrive, nous y sommes, c'est vers le dard du sanglier du scorpion que nous allons maintenant, direction M7. Il faut signaler que celui là  est gigantesque, complètement visible à  l’œ“il nu, c'est même pourquoi Ptolémée l'a tellement bien vu avant moi... Autant dire qu'il faut ressortir les oculaires à  faible grossissement/grand champ (c'est selon et les deux en même temps, ça doit être le pied, mais j'ai pas encore mon pano24), je glisse donc mon Plà¶ssl 25 mm de piètre qualité, mais ça me suffit pour admirer ces au bas mot 140 étoiles qui parsèment ma pupille... Si Ptolémée avait eu un Dobson de 254 mm au lieu d'une pupille de 7 mm (on pense qu'il était déjà  vieux) ..., OK, ok, lui au moins il ne devait pas avoir peur des sangliers qui rôdent (qui Rhôdes ?)

    Anyway, quand on est sur M7, on n'a qu'une envie, c'est de perdre une unité et se retrouver sur M6 (on parle pas de téléshit, hein), le Butterfly cluster, alias M6, quoi.

    Ou là  là  qu'il est beau celui là  ! Mais oui, c'est une merveille d'amas ouvert! Je vois bien pourquoi le papillon, c'est réellement une forme de papillon que l'on voit, mais du genre papillon empereur si vous voyez ce que je veux dire.... il y a notamment une intrue jaune parmi ces blanches bleutées (blanches beautés) et qui forme le bout de l'aile droite de l'insecte. Je recommande à  un grossissement faible là  encore (40x) voire 92x mais pas plus, ça serait gà¢cher. Je suis bien content de mon choix, tiens...

    Il est temps maintenant de faire une petite pause enfilage de pull, il doit faire dans les 17°, avant de repartir vers le Sagittaire voisin...

    Pour sortir un peu du scope de la soirée, mais sans sombrer dans la galaxite aigue, je m'offre des jolies nébuleuses, classiques d'un début d'été, j'appelle donc d'abord, la grosse, la somptueuse miss Laguna (des voitures à  vivre ??), numérotée M8 dans nos catalogues préférés. Sans oublier de visser le filtre OIII sur mon euh, 25 mm là  encore (trop vaste étendue). Et elle me montre ses structures faites d'entrelacs un peu sombres, dans toute sa splendeur diaphane.

    Et qui dit Lagune dit Trifide, vraiment pas loin, pourquoi s'en priver ? On met un grossissement plus important pour M20, et je constate que le filtre OIII apporte moins de contraste qu'avec M8, c'est mieux sans. Mais il faut tout de même le regarder de travers pour voir ses canaux à  ce trèfle gris!...

    On continue en retournant dans les amas, quoique, puisque je me déplace vers un couple peu banal : un amas accompagné d'une nébuleuse noire... C'est NGC 6520, beau petit amas qui est presque entouré par cette masse sombre B86, on est chez Hitchcock me semble-t-il. Ou bien chez Lynch, dans un couloir sombre qui mène vers des monstres... (j'ai pas dit des sangliers, on n'entend plus rien du tout dans la garrigue, pas même un piaillement...).

    Il est temps de laisser le Sagittaire à  d'autres aventures et de remonter, en direction d'un amas ouvert situé dans Ophiuchus et qui porte le numéro 6633 chez Herschel. Quelques dizaines d'étoiles le compose, sympa petit amas qui coà»te rien et qui est un bon arrêt sur l'autoroute Sagittaire - Lyre.

    Mais avant d'arriver sur la Lyre, il y a un arrêt quasi obligatoire, bien sà»r, c'est la tête du Cygne, Albireo, sans doute la plus belle double du monde... Aah ces couleurs jaune et bleu... on croirait voir une mésange... Albireo est la mésange du ciel boréal!...

    Nous montons toujours plus haut, plus haut, plus haut, diantre, c'est dur, on est au zénith là ... c'est difficile de viser, que ce soit au telrad ou au chercheur, je me casse le dos, le cou, le c..l ! Nous restons dans les doubles, et là  c'est une double particulière, encore une epsilon, tiens... oui, c'est une double formée de doubles... une quadruple, en somme... ça y est, on y est c'est juste à  gauche de Véga, facile, non ? Epsilon Lyrae, c'est impressionnant, une des deux doubles est formée de deux blanches nord-sud et l'autre de deux autres blanches identiques mais orientées à  90° (est-ouest). Super!

    Qu'est-ce que c'est que ce phare qui m'éclaire, là  ? Hein ? Qu'est ce que c'est ? Vache, c'est le croissant de lune qui se lève... déjà  ... Ca veut dire qu'il se fait tard (ou plutôt tôt), ok, ok, il nous reste une dernière double à  aller voir ce matin, et c'est dans le Cygne qu'on va finir ce doux voyage : direction 61 Cygni, que j'ai eu un peu de mal à  localiser, sans doute la fatigue qui ne disait pas son nom... mais aussi le nombre considérable d'étoiles dans ce Cygne... Jolie binaire assez serrée avec un couple orange-rouge du meilleur effet...

    De quoi refermer tranquillement ce chapitre stellaire et remballer le matos en regardant apparaà®tre derrière la colline dans un silence assourdissant le gros Jupiter juste en dessous de la Lune, prêt semble-t-il à  remplacer son pote Saturne dans les semaines et les mois qui viennent...

    Dr Eric Simon http://drericsimon.blogspot.com
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  5. Alors, la voilà cette annonce attendue, cette découverte faite grâce aux télescopes orbitaux Chandra et Hubble : il y a au moins 30 millions de trous noirs supermassifs au coeur des galaxies peuplant l'Univers jeune, âgé de moins d'1 milliard d'années (environ 800 à 900 millions d'années).

    On pensait avant cette découverte qu'il y en avait, certes, mais 100 fois moins !

    Belle découverte qui valait bien le teasing de ces derniers jours ! Et qui vaut bien aussi une publi dans Nature (numéro du 16 juin).

    De là a en déduire que les galaxies se forment autour des trous noirs et non que les trous noirs se forment au centre des galaxies, on peut laisser vagabonder notre imagination...


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  6. La date à retenir, c'est mercredi prochain, le 15 juin. Certes nous devrons assister à une belle éclipse de Lune vers 21h14 (même si le soleil n'est pas encore bien couché...) mais c'est aussi ce jour-là que des gars de la Nasa, Ezequiel Treister et Kevin Schawinski vont nous faire une annonce qui paraît détonante au sujet de trous noirs géants très vieux... Le teasing est à son comble...

    Vous pourrez suivre en direct cette annonce sur le site de la Nasa mercredi, en attendant le roussissement Sélène: http://www.nasa.gov/connect/chat/chandra_chat.html

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  7. La lune ayant enfin eu le bon goà»t de jouer à  l'adolescente, c'est à  dire se lever taaaaard, et le ciel ayant retrouvé des caractéristiques optimales suite à  une semaine caniculaire, turbulence très faible, vent presque nul, transparence merveilleuse (mvlon proche de 6), le temps était revenu de retourner dans notre garrigue préférée hier soir (quelque part entre Mirabeau et Grambois).

    Il faisait encore 23° à  22h quand je positionnai mon ami Dobson dans ses supports polystyrènes demi-cylindriques sur la banquette arrière.

    Un quart d'heure de route, vitres grandes ouvertes, histoire de mettre en température sans attendre, un quart d'heure d'observation gagné, c'est toujours ça.

    Nous commençons notre voyage qui nous mènera du Lion au Scorpion, par une des plus jolies étoiles doubles, celle-ci est situé dans le Lion, vous aurez sans doute reconnu Algieba, qui me montre deux composantes d'un beau jaune l'une comme l'autre. Cette étoile à  la particularité d'être le point d'origine (le radiant) d'une pluie de météores, les Léonides... aah, mais c'est pas en ce moment, c'est plutôt en novembre.

    Descendons maintenant en traversant le ventre du sphynx. Nous nous allons en direction d'un trio galactique, parfois appelé le "triplet du Lion", comme c'est original. Nous sommes ici en présence de trois belles spirales, qui ne sont séparées que par quelques dixièmes de degrés... M65, M66 (très proches) et NGC 3628 (un peu plus loin et vue par la tranche). Je voulais faire le petit test de savoir si les trois tiendraient dans le champ de mon Nagler 13 (92X). Je confirme donc, la vision de ce trio très agréable à  regarder est parfaite, avec les deux Messier en haut et 3628 tout en bas du champ, mais bien dedans. Du coup, ça permet de regarder au centre et d'apprécier ces trois spirales en décalé en même temps. Magnifique.

    Nous quittons maintenant le Lion pour se rapprocher de l'horizon Sud et passer du côté de la Vierge. Saturne et en ce moment au plus près de Porrima, et nous allons guetter ce rendez-vous. Au 25 mm c'est déjà  beau, au 13 mm c'est encore plus chouette. Cette Porrima un peu bleuté qui semble surveiller ce Saturne doré à  quelques encablures à  peine... Encore quelques semaines avant une séparation douloureuse (pour nous surtout).

    Restons un moment dans la constellation de la Vierge en remontant un peu vers le Nord. L'endroit magique à  trouver se situe entre Denebola du Lion et Vindemiatrix de la Vierge. Nous nous y étions déjà  perdus lors d'un précédent épisode un peu fameux. Mais cette fois-ci, j'ai un but précis : le monstre M87. M87 est une galaxie elliptique qui est énoooooooorme, et surtout qui renferne en son centre un trou noir encore plus énooooooorme : plus de 6 milliards de masses solaires, imaginez...

    Bon, pour arriver à  M87, il faut se frayer un chemin entre les galaxies, c'est que c'est touffu par là , dedieu. Ca fourmille de spirales dans tous les sens, d'elliptiques, ça virevolte, ça jongle...

    Pour se repérer, il est nécessaire de prendre un point de repère, et notre point de repère, ça sera un petit astérisme de trois étoiles qui se trouve presque exactement à  mi-chemin sur le segment Vindemiatrix - Denebola.

    Dans le prolongement de ces trois étoiles qui ne sont pas figurées dans le PSA (page 45), on trouve naturellement le couple spiraloïde M84-M86. M87 n'est plus loin, on peut revenir à  l’astérisme et suivre l'étoile du centre qui forme le sommet d'un triangle très aplati.

    M87 est gros, c'est un monstre, très elliptique, sans aucune structure spiralesque... Je reviens à  mon repère triostellaire pour remonter ensuite vers M88 puis je saute vers M91, M90, M89, M58, M59, M60... Au passage, j'attrape au vol plein de petites dont je n'ai pas noté le nom, dans mon champ de vue de Nag13, je vois à  un moment donné 6, peut-être 7 galaxies ... Cet amas de la Vierge est vraiment somptueux.

    Hop, quittons la Vierge et son amas pour la Chevelure de Bérénice et son oeil noir. L'oeil noir, ce n'est autre que la galaxie du même nom, cataloguée 64 par Messier ou 4826 dans le NGC... Mais avant de monter vers M64, faisons un petit arrêt à  côté de alpha Com, l'étoile principale de cette petite constellation. Car tout juste à  côté de cette étoile se trouve un amas globulaire du nom de M53. Petit et assez diffus, M53 ne supporte pas la comparaison avec M13 ou M5, comme nous le verrons par la suite. Il faut dire qu'il est bien loin de nous cet amas, dans les 60 000 années lumière, ce qui explique sa taille apparente...

    Après une bonne pause café- petits gà¢teaux pour se réchauffer (oui, ce n'est parce qu'il fait 32° dans la journée que les nuits sont forcément chaudes ici), nous retournons donc une dernière fois dans le monde galactique et le fameux oeil noir. Je dois avouer que j'ai un peu de mal à  voir l'oeil en question.Cette galaxie montre des irrégularités, certes, mais de là  à  affirmer voir un œ“il, je n'irai pas jusque là .

    Allez, on va finir la soirée dans le monde globulaire. C'est écrit sur ma feuille de route. Pour ça, on file en traversant de part en part le gros Bouvier, sans s'y arrêter, direction Hercule, pour y voir le maà®tre globulaire par excellence, bien sà»r M13. C'est évident, on ne compare pas M13 avec M53, ce serait indescent pour le cinquante troisième. Mon petit plaisir avec M13, c'est de troquer le Nag13 pour son petit frère Nag3.5. Grossi plus de 300 fois, on plonge littéralement dans une nuée d'étoiles emplissant l'oculaire, on pourrait s'y noyer de bonheur.

    Mais il faut refaire surface, nous avons d'autres globulaires au programme, cependant. Nous nous dirigeons vers la constellation de la tête du Serpent, un peu plus bas vers l'horizon. Les oiseaux piaillent au loin, ça dort pas les oiseaux diurnes ?

    C'est M5 qui est notre cible dans la tête du serpent. Facile à  trouver grà¢ce à  mon ami Telrad. Belle composition pour cet amas, qui pourrait bien tenir la comparaison avec M13, vraiment.

    On tourne légèrement maintenant en direction d'Ophiuchus, le voyage n'est pas fini, nous avons trois amas globulaires à  visiter dans ce serpentaire. Des voisins de catalogue : d'abord M12, puis M10 et enfin M14. M12 et M10 sont plus modestes que M13 et M5, ils sont très semblables et très proches aussi, je me demandais d'ailleurs si je n'étais pas revenu sur M12 en voyant M10. La fatigue. Ils sont juste très ressemblant. Granuleux comme il faut, de taille réduite mais sympathique.

    En revanche, M14... qu'est ce que c'est que cette boule diffuse sans granularité ? Je demande remboursement. Pas beau, M14.

    Bien évidemment, il est hors de question de rester sur une impression globulaire médiocre, et ça tombe bien puisque nous avons un dernier amas globulaire au programme, dans une dernière constellation, la septième de la soirée, c'est dans le Scorpion que nous allons, et la recherche de M4 est on ne peut plus facile, à  réserver pour les fins de sortie en quelques sortes. Il suffit de pointer la rouge-verte-rouge Antarès et on arrive à  notre destination finale. M4 est à  quelques encablures de là . Il est assez peu contrasté mais vaut son prix. On découvre de nombreuses étoiles dans un beau piqué, malgré la hauteur assez basse sur l'horizon, qui ne facilite pas les choses.

    Arrivé au terme de notre périple, je dois évoquer un phénomène inquiétant. J'ai le plus souvent utilisé mon Nagler 13 mm ce soir, soit un champ de vue de 82° grossi 92 fois, c'est à  dire un champ réel de 0.89° sur le ciel.

    D'après vous, quelle est la probabilité pour voir passer un satellite artificiel dans ce champ qui représente 0.62 degrés carrés sur un ciel qui fait 25400 degrés carrés (à  la louche). Le rapport des surfaces angulaires est égal à  1/41000 environ.... Et bien en une seule soirée de 4 heures, ça m'est arrivé 4 fois ! J'ai été pollué visuellement 4 fois par des objets artificiels dans mon champ!

    Je crois que je commence à  mesurer l'ampleur de cette pollution. C'est tout à  fait inquiétant. Plus inquiétant est de se rendre compte du nombre de trucs en tous genres qui nous tournent autour à  quelques centaines de kilomètres à  peine et qui peuvent retomber à  peu près n'importe comment et n'importe où, et surtout venir nous polluer nos observations.

    En même temps, je ne suis pas le plus à  plaindre, je ne fais pas de photo, mais je me mets à  la place du photographe qui fait une longue pose et qui retrouve un cliché complètement barré....

    Il était 2h15 quand j'ai remballé Dobby, à  la fois heureux et inquiet, un bout goà»t de café en bouche et les yeux un peu globuleux, il faut bien l'avouer...

    Dr Eric Simon http://drericsimon.blogspot.com

    Dobson Sky Watcher 254 mm F/4.7 TV Nagler 13 mm, TV Nagler 3.5 mm, HR planetary 5 mm, Plà¶ssl 10 mm, Plà¶ssl 25 mm, Barlow TV x2 filtres Moon et OIII, Guided by Telrad


  8. Si il y en a une qui me permet de la regarder bien en face, c'est bien cette bonne vieille Saturne. Quoi de mieux en attendant le dernier quartier de lune que de se jeter sur cette planète printanière qui bientôt fera sa révérence ? Vous allez dire "ça y est, il a rechuté, il nous refait une crise de saturnite...", et vous aurez sans doute raison. Oui, je suis saturnolique, j'ai la saturnite. J'assume. C'est comme ça (la la la laaaa...).
    Donc ce soir, je me suis mis en quête du Graal, enfin, de la crêpe. L'anneau de crêpe, vous savez.

    L'anneau C ou anneau de crêpe est le plus proche de Saturne (parmi ceux qu'on peut voir avec nos instruments), il est de teinte gris sombre et a une largeur d'environ 17000 km. Il est séparé de l'anneau B par un espace de 7000 km.
    Vient ensuite l'anneau A, 16000 km de large, qui est séparé de l'anneau B par la division de Cassini (4000 km).

    De par son albedo bien plus faible que celui des deux autres anneaux et du disque planétaire (0.25), cette grosse crêpe qui pèse tout de même dans les 1,1E18 kg est assez difficile à distinguer...
    Mais c'est pas pour ça que je vais m'en détourner, sacrebleu, enfin, gris quoi. On cherche un anneau gris, donc. Mais oui ! Il est bien là ! Ai-je dit que le ciel était parfait ce soir à Pertuis ? Turbulence très faible, transparence au top, c'est dit.
    Saturne m'a dévoilé ses charmes gris, blancs et un peu jaunes durant une bonne heure et demie, le temps pour lui (pour elle, c'est vous qui voyez) de passer au méridien et par là même d'inverser sa course dans mon oculaire dobsonien puis de se fondre dans cet arbre mort qui trône sans charme dans le jardin...
    J'avais commencé en laissant dériver le seigneur des anneaux du haut à gauche vers le bas à droite et je termine en devant baisser le tube une poussée sur trois. Je ne me suis même pas rendu compte de l'instant précis où il traversait le champ horizontalement, comment peut-on remarquer ça d'ailleurs quand on regarde une crêpe grise ?
    En tous cas, Japet a foutu le camp, on dirait; il se retrouve très excentré par rapport à ses copains. Je ne pensais pas que ce puisse être lui. Mais si.

    Vous savez quoi ? j'ai vraiment rechuté, voire sombré... parce que... comment dire... bin, j'ai ressorti ma barlow avec mon 3.5 mm. Si. J'ai osé.
    Ouh là là, 686, c'est un beau nombre non ? Tout en chiffres pairs. Comme la turbu était faible, je l'ai fait, voilà.

    Et je peux affirmer haut et fort qu'une crêpe grise qui pèse un milliard de milliard de kilos, c'est super émouvant quand c'est grossi 686 fois !


  9. Si il se confirme que la matière noire est constituée de particules massives (ou autres bestioles bizarres) et que ça colle avec les modèles cosmologiques etc, oui, les théories de gravité modifiée comme MOND sont effectivement à mettre au panier...
    Mais nous ne pouvons pas encore affirmer cette mise en évidence de la matière noire sous cette forme; Soyons patient, ça va probablement venir très bientôt... Une troisième expérience observant la même chose que les manips DAMA et COGENT serait par exemple un fait définitif.


  10. A la fin du précédent épisode qui n’était que le premier d’une longue série promise, nous étions restés sur notre faim, et surtout moi, par l’absence de trouvaille d’une certaine nébuleuse planétaire du nom de Blinking, de l’anglais to blink, clignoter, bien sûr. Et la raison de ce son nom seul offrait le désir d’en savoir plus sur cet objet catalogué dans le New General Catalogue sous le matricule 6826 . Non seulement d’en savoir plus, mais de le défricher enfin, le détrousser, le traquer, le voir, l’admirer voire jouer avec tout simplement. Parce que la particularité qui lui vaut son nom incite au jeu m’avait-on dit (qui a dit que j'étais joueur ?).

    C’est donc profitant d’un ciel à la transparence parfaite, quoiqu’encore quelque peu turbulent au goût de mes oculaires de faible focale que je me mis en mouvement hier soir, et malgré une maudite Lune qui n’en finissait pas de se coucher (il était alors environ 0h45, on peut dire que c’était aujourd’hui, en fait).

    Nous partons en direction du Cygne que nous avions laissé dépités jeudi dernier. Cette fois-ci, il est hors de question de se perdre dans le poudroiement lacté de cette zone. J’ai travaillé un peu mes alignements et c’est donc vers le bout de l’aile (celle qui monte) du Cygne que je positionne mon viseur à cercles rouges concentriques, le point de repère est simplement l’étoile qui pourrait être le poignet de l’oiseau, la dénommée théta Cygni.

    Arrivé par là, la suite du voyage se fait par contre un peu forcément à tâtons, puisque Blinking est de petite taille dans une nasse stellaire, voire très très petite taille. Deux solutions s’offrent à nous : si nous sommes munis d’un filtre OIII, il pourrait convenir de le visser sur l’oculaire, sinon, nous profiterons de la nature « clignotante » de cet objet fugace.
    A ce stade, il faut sans doute préciser qu’un grossissement ni trop fort, ni trop faible est requis, c’est dans mon cas le Nagler 13 mm qui est optimal (X92).
    Avec un OIII, de nombreuses étoiles alentour s’éteignent et on peut repérer la petite boule assez diffuse. Pour ma part, avec ce filtre, je n’observe absolument aucun effet d’apparition/disparition en décalant/recentrant la vision. En revanche, c’est sans filtre que tout prend son ampleur !

    Effectivement, c’est bien grâce à cet effet que je l’ai trouvée, sans filtre (je ne le mis qu’ensuite), peut-être devrais-je dire par hasard. Il faut s’arrêter un instant sur ce qu’on appelle vision décalée et sur la physiologie de l’œil humain parce que cette nébuleuse est un formidable petit outil pour explorer nos propres yeux…

    Qu’est-ce que la vision décalée, et comment ça marche ? L’œil humain est un organe qui a évolué depuis des dizaines de millions d’années, autant dire qu’il est arrivé à un niveau de complexité et d’efficacité redoutable (certes, nous voyons moins bien qu’une chouette en pleine nuit, certes). C’est ainsi que sa physiologie permet de s’adapter au niveau d’intensité de la lumière. On connait tous l’effet des pupilles qui se dilatent et se rétractent selon la luminosité, mais dans une forte obscurité, la pupille étant dilatée à son maximum, l’œil possède encore des atouts pour continuer à « voir ».
    Les cellules de la rétine qui permettent de transformer les photons vieux de milliards d’années que collectent nos miroirs en influx nerveux chatouillant nos cerveaux émoussés sont de deux sortent : les bâtonnets (environ 120 millions) et les cônes (environ 5 millions).

    Les cônes sont sensibles aux couleurs et aux fortes luminances. Ils sont directement reliés au nerf optique et fournissent individuellement un signal à notre beau cerveau. Ils produisent une excellente acuité visuelle.
    Leur nombre augmente de plus en plus quand on se rapproche de l’axe optique du cristallin. Exactement sur l’axe optique, on trouve une zone de 2 mm de diamètre, constituée principalement des cônes, c'est la Macula.
    A l'extrême centre de la Macula, c'est la Fovea, qui ne contient aucun bâtonnet mais énormément de cônes très fins. C'est donc là sur l'axe optique que nous avons notre acuité visuelle maximale (perception de détails fins)...

    Les bâtonnets quant à eux, sont sensibles aux faibles luminances et ne permettent pas de distinguer les couleurs (la nuit tous les chats et toutes les galaxies sont gris...). De plus, ils sont reliés au nerf optique par paquets, ce qui ne permet pas une bonne acuité visuelle avec eux. Diantre. Où sont-ils sur la rétine ? Et bien, au pourtour de la Macula, et surtout pas au centre, nous n'en avons pas dans notre Fovea, pas un seul !... Vous commencez à me suivre ? Cela signifie que nous sommes en partie aveugles pour les faibles lumières au centre de notre champ de vue.

    Revenons à notre test de vision décalée sur Blinking. Je vous encourage à faire ce test à votre tour : sans filtre OIII, vous regardez en décalé la minuscule boule grise (25'' de diamètre), dont vous pouvez apercevoir très faible son étoile centrale, puis vous décidez de fixer cette étoile centrale, et là par enchantement, la nébuleuse disparaît pour ne laisser voir que l’étoile. Qu’à cela ne tienne, vous regardez légèrement à côté, et la nébuleuse réapparaît. Mais attention, le plus amusant c’est qu’il ne s’agit pas d’une disparition brusque, mais plutôt d’un fondu enchaîné… la nébuleuse s’estompe. En revanche, il me semble que le retour, lui, est brusque. Étonnant phénomène rétinien. Ce qui est surtout intéressant c’est de tester la distance angulaire qui est nécessaire pour voir en décalé, cet objet est définitivement un bon petit outil pour cela. J’ai probablement passé de longues minutes à jouer avec mes deux yeux (des fois qu’il y ait des différences entre le droit et le gauche, scoop : il n’y en a pas (pour moi en tous cas)).

    Etant donné que le fonctionnement des bâtonnets dépend fortement de la production d’une molécule qui s’appelle la rhodopsine, composée de rétinal et d’opsine, et qui elle-même dépend fortement de la présence de vitamine A dans nos organismes frigorifiés, il pourrait être expérimentalement intéressant de tester l’efficacité de nos bâtonnets en termes de vision décalée, suite à l’ingestion massive de carottes et autres myrtilles, connues pour leur forte teneur en précurseurs de vitamine A…, je vais y penser.
    Ce qui est intéressant à savoir c'est que la rhodopsine semble produite "à la demande", c'est à dire quand il y a obscurité, et il lui faut environ un quart d'heure pour être fabriquée dans notre œil; en revanche le moindre éclat de lumière blanche (mais pas la rouge, ouf), suffit à détruire purement et simplement ces précieuses molécules... Nous ne sommes que des machines photochimiques, quelle déception.

    Tout ceci ne valant peut-être pas un pet de lapin, je me suis alors empressé de tester mon angle de visée décalée sur ma favorite Whirlpool (alias fifty-one pour les intimes). Beau résultat (le ciel aide les gueux aussi, faut avouer). Mais c’est vraiment amusant (aussi fatiguant je trouve) de travailler le décalage visionnaire sur une féérie : tu regardes le noyau (l’œil) de NGC 5194, tu vois celui de 5195, tu regardes celui de 5195 , tu vois celui de M51, tu tournes alors autour comme un fou, tu vois des spirales magnifiques, tu sombres dans un tourbillon, en chantonnant :
    Elle avait des yeux, des yeux d'opale,
    Qui me fascinaient, qui me fascinaient.
    Y avait l'ovale de son visage pâle
    De femme fatale qui m'fut fatale...

    Fifty-one, j’aimerais tant te regarder en face pour te dire que je t’aime…

    Dr Eric Simon

    Dobson Sky Watcher 254 mm F/4.7 TV Nagler 13 mm, TV Nagler 3.5 mm, HR planetary 5 mm, Plössl 10 mm, Plössl 25 mm, Barlow TV x2 filtres Moon et OIII, Guided by Telrad http://drericsimon.blogspot.com


  11. Le voile commencerait-il à être levé sur l’existence des WIMPs ? De nombreuses équipes de recherche de par le monde travaillent dur à la traque de cette matière noire dont il semblerait qu’elle peuple toute galaxie qui se respecte en y formant un halo.

    Une des hypothèses les plus crédible serait l’existence d’une nouvelle particule qui interagirait très faiblement avec le reste de la matière (celle dont nous sommes fait) et qui serait assez massive, d’où cet acronyme weakly interacting massive particle (WIMP), qui veut également dire « mauviette », les acronymes sont toujours bien choisis par leurs inventeurs.

    Je n’entrerai pas sur les détails de la nature de ce WIMP, des théories s’affrontent, fondées sur des pans de physiques nouveaux. Il faut simplement savoir que pour essayer de mettre en évidence l’existence des WIMPs, trois types de méthodes sont utilisées :

    Une détection directe
    Dans ce cas, on cherche à l’aide d’un détecteur, à obtenir un signal, qu’il soit électrique (ionisation), thermique (phonons) ou bien lumineux (scintillation), signal produit par l’interaction des wilmps avec les noyaux de la matière ordinaire, par simple choc élastique (le principe de la boule de billard).
    Une fois un signal mesuré, un effet qui permet d’attribuer à ce signal une forte conviction qu’il s’agit bien du WIMP et pas d’autre chose est ce qu’on appelle la modulation annuelle du taux de comptage. Comme la terre tourne autour du soleil qui lui-même tourne autour du centre de notre galaxie, nous baignons continuellement dans le halo de wimps, avec une vitesse relative qui est différente selon que la terre avance dans le même sens que le soleil par rapport à la galaxie ou bien en sens contraire. On devrait alors pouvoir observer une très légère différence dans le taux de wimps détectés à 6 mois d’intervalle (entre été et hiver).

    Une détection indirecte
    Comme toute particule qui se respecte, le wimp possède une antiparticule, qui se trouve être lui-même, un peu comme le photon. Il peut donc se produire une annihilation lorsque deux wimps se rencontrent, ce qui devrait somme toute arriver assez fréquemment, notamment là où ils se concentrent, au cœur des étoiles et au cœur des galaxies. En s’annihilant, les wimps vont donc logiquement produire des photons gamma énergétiques d’énergie égale à leur masse. Il « suffit » donc de détecter simplement les photons gamma de haute énergie, ou leurs produits secondaires qui arrivent sur notre petite planète pour ensuite essayer de modéliser tout ça et remonter difficilement à ce qui à pu les créer.

    Une production
    La dernière méthode possible pour mettre en évidence l’existence des wimps est de simplement les fabriquer ! Les grands accélérateurs de particules comme le LHC au CERN et le Tevatron à Fermilab sont à même de produire tout type de particules, y compris de nouvelles comme celles composant les wimps. Des expériences y sont d’ores et déjà dédiées entièrement.

    Il y a 12 ans, une expérience italienne de détection directe de WIMPs installée au laboratoire souterrain du Gran Sasso nommée DAMA avait annoncé avec fracas avoir détecté un signal à l’aide de détecteurs scintillateurs, et une grande force de ce signal reposait sur une modulation annuelle du taux de comptage mesuré. A l’époque, personne n’avait pu reproduire l’expérience, n’exploitant pas tout à fait les mêmes systèmes de détection (pour les méthodes à détection directe). Cette expérience avait même été quelque peu discréditée par l’ensemble de la communauté, qui disait en cœur que les modèles ne collaient pas et que les italiens ne comprenaient pas bien leur propre signal, etc…

    L’année dernière, une expérience américaine appelée COGENT a utilisé là encore une méthode de détection directe dans un labo souterrain du Minnesota, mais avec d’autres types de détecteurs, à ionisation ceux-là (germanium). Le but recherché de cette expérience était de refaire le même type de mesure que DAMA pour démontrer définitivement que les italiens rêvaient. Et qu’annoncèrent les responsables de COGENT quelques mois seulement après ? Qu’ils mesuraient quelque chose à basse énergie, qui pourrait correspondre à des wimps ayant le même type de masse que ceux annoncés par DAMA… en revanche, ils n’avaient pas suffisamment de comptage pour parler d’une modulation annuelle…

    Mais…. Il y a quelques jours à peine, le porte parole de l’expérience COGENT à fait une annonce devant la American Physical Society pour dire la chose incroyable : après seulement 15 mois de mesures, une modulation annuelle est observée dans l’expérience COGENT aussi !

    Nous avons donc deux mesures effectuées sur deux continents différents, avec des détecteurs différents et des traitements différents, qui parviennent à un résultat similaire : un signal correspondant à une masse du WIMP d’environ 5 à 10 GeV, avec un maximum de taux de comptage en été et un minimum en hiver, concordant avec une répartition en halo dans la galaxie.

    Serait-on à l’aube de la compréhension de quelque chose ? Quelques années seront encore nécessaires, mais ça commence à sentir bon !

    Dr Eric Simon

    Dobson Sky Watcher 254 mm F/4.7 TV Nagler 13 mm, TV Nagler 3.5 mm, HR planetary 5 mm, Plössl 10 mm, Plössl 25 mm, Barlow TV x2 filtres Moon et OIII, Guided by Telrad http://drericsimon.blogspot.com


  12. Je suis donc sorti hier soir, il était 22h30, le croissant de Lune prenait une teinte orangée en s’approchant de l’horizon, cette soirée devait être dédiée à la traque aux nébuleuses planétaires.

    Et c’était l’occasion pour moi également d’inaugurer un nouveau lieu d’observation, situé un peu plus à l’abri de la pollution photonique humaine, quelque part dans la garrigue entre Mirabeau et Grambois pour ceux à qui ça parle. Il me faut 17 minutes pour être sur site depuis Pertuis, ça va…

    Objectif nébuleuses planétaires en tête, je m’installe confortablement, la transparence est bonne ce soir, bien que j’avais aperçu des espèces de nuages de haute altitude qui me faisaient craindre un ciel moyen. Le vent souffle encore un peu fort, disons 20 km/h par petites rafales, mais je prends tout de même le risque, je n’ai que trop attendu depuis la découverte de ce lieu prometteur.

    Avant d’attaquer la profondeur de ce ciel, je me tourne vers mon ami jaunâtre du printemps Saturne, toujours aussi majestueux, je distingue très très bien les ombres et la division à mon grossissement favori 343X. L’hémisphère nord semble bien blanchâtre contrairement au reste du disque. Les gros satellites sont disposés de manières singulière ce soir : ils sont tous du même côté et les trois « petits » forment un beau triangle pointant vers le gros Titan, amusant comme tout.

    Sautons du planétaire aux nébuleuses qui n’ont de planétaire que le nom (comme chacun le sait), et je me tourne vers le classique des classiques pour commencer cette promenade, miss Lyre (M57), la dernière fois que je l’avais pointée, cette petite, je n’avais pas encore de telrad, mais maintenant, quelle efficacité… en trois coups de cuillère à pot, je te mets le cercle pile entre les sommets du losange de la Lyre, et l’anneau se retrouve comme par enchantement dans le champ du 13 mm. C’est beau. On pousse au 3.5mm quand même, pour se délecter de la chose, le filtre OIII apporte un léger mieux mais pas violent.

    Allez, on zappe, direction Ursa Major, pour un autre classique, la chouette M97 qui est si facile à trouver au telrad là encore, il suffit juste de positionner le grand cercle pour qu’il touche Merak, en faisant coïncider le diamètre avec le segment Merak-Phecda. Logiquement, ce que l’on voit alors dans l’oculaire grand champ, c’est… pas M97, mais une galaxie… sa voisine toute proche, voire les deux dans le même champ… Bon on y est, on est là… que c’est chouette, que c’est chouette, que c’est chouette… Je pense discerner les fameux yeux de l’oiseau nocturne…

    Et quand même, mon bel objectif de soirée en prend un coup, puisque je viens de voir M108 à côté, et je ne l’avais encore jamais vue comme ça… et là tout bascule, « faut pas te limiter aux nébuleuses planétaires, profites de ce beau ciel ! » entendis-je dans la nuit emplie de hululements…

    Voilà, mon côté galactique a repris le dessus, étant dans U Major, je ne peux m’empêcher de glisser lentement vers Canes Venatici, et bien sûr celle qui représente peut-être pour moi le test idoine de qualité d’un ciel et d’un site, fifty-one. Voilà, ma fifty-one, j’arrive !

    J’irai droit au but : depuis que j’ai ce Dobson et que je regarde fifty-one, elle ne m’avait encore jamais montré ce qu’elle m’a montré hier soir. Tout simplement grandiose (et pourtant il y avait du vent, je le rappelle) : bras spiraux nettement visibles, et pas seulement en décalé, pont de matière entre les deux tourbillons, une pure merveille. Ô, que Je suis heureux d’avoir déniché cet endroit…

    Après M51, je reviens un peu dans UMa pour aller voir si j’y suis du côté de M101, vu le résultat précédent. Mais oui, j’y suis ! Je vois presque des bras, avec un noyau brillant.

    Une dernière visite de la grande Ourse pour aller voir le duo classique eighty-one-two (M81/82), là encore, vision panoramique contrastée au rendez-vous. Je me demande si je n’ai pas réussi une collimation parfaite ce soir… Well well well, il faudrait que je retourne un peu à mon objectif initial quand même… j’ai une idée !, je me souviens qu’il y a une nébuleuse planétaire située dans le carré du Corbeau, je n’ai qu’à aller jeter un œil sur le Sombrero (j’aime bien mais classiques, vous remarquez ? surtout pour comparer avec les images que j’ai en mémoire sous d’autres cieux), le Sombrero, disais-je, et comme ça, je descendrai ensute doucement dans Corvus pour trouver la faible NGC 4361…

    M104 est parfait, rien à dire de mal dessus. Il donne envie de parler espagnol. NGC 4361 est une nébuleuse planétaire assez faible, au contours assez diffus, un peu difficile. Cohérente avec ce que j’en attendais finalement.

    La nuit avance et l’oiseau a maintenant déployé ses ailes et son long cou…. L’Oiseau, c’est bien sûr le Cygne, animal mythologique qu’avait utilisé Zeus en son temps pour séduire la belle Léda, qui avait donnée ensuite naissance aux jumeaux Castor et Pollux…. Et je pense soudain qu’il est trop tard pour aller du côté de ces deux là pour découvrir la nébuleuse planétaire que j’avais prévue dans mon programme, la dénommée nébuleuse de l’Eskimau… j’aurais dû commencer par là. Bon, il faut aussi garder des buts dans la vie, revenons au Cygne, et gardons l’Eskimau au frais…

    Le Cygne, c’est la fameuse page 62 du pocket sky atlas, c’est aussi par là que se trouve des superbes nébuleuses planétaires, notamment Blinking Planetary (NGC 6826) et Dumbell (M27), que j’ai mises à mon programme un peu improvisé, il est vrai…

    Mais avant toute chose, quand on se tourne vers Cygnus, on se penche forcément vers l’extrémité de la tête de l’Oiseau, pour y admirer sans doute la plus belle étoile double bicolore du ciel boréal (j’abuse ?), il s’agit de Albireo la magnifique. Elle me montre ses deux belles composantes jaune et bleu, les deux yeux du Cygne en quelque sorte.

    Pour aller chercher Dumbell, j’ai eu un peu de mal tellement la densité stellaire est imposante dans ce coin de voie lactée. Trop d’étoiles nuit au repérage !... qui l’eut cru.

    J’ai heureusement repéré un petit astérisme situé en dessous de Albireo qui va me permettre de fixer la belle Dumbell dans mon oculaire. Première impression : cette nébuleuse planétaire n’est absolument pas ronde ! Ca contraste avec mes précédentes invitées. On devine assez aisément des strucures internes complexes dans cette vaste nébuleuse aux contours francs.

    Allez, je me mets à la recherche de Blinking, vu qu’il paraît (je ne l’ai encore jamais vue) que l’effet de clignotement est très amusant, même si j’ai l’impression que je commence à clignoter un peu tout seul par la fatigue. Mais c’est dur. Je ne la trouve pas… Je tourne, je fouine, je cherche. Pas de Blinking… Il me faut un peu de café chaud, une pause thermos bienvenue. Je reprends ma traque, mais en vain, il est possible que je sois un peu trop fatigué.

    Mais il est quand même hors de question de plier bagage sur un échec, je décide donc de retourner dans le monde galactique en me laissant dériver sans but précis entre Denebola (vous savez, la patte arrière du Lion) et Vindemiatrix (epsilon Virginis)… en plein dans l’amas de la vierge, où Makarian vit une chaîne, et où je saute de galaxies en galaxies sans savoir qui elles sont, j’en vois par la tranche, des de face, des petites, des grandes, au moins une dizaine, des centaines et des centaines de milliards d’étoiles et dix fois plus de matière noire sont sous mes yeux, dans un calme absolu…

    Je voulais finir cette soirée sur un beau coup, et toujours afin de tester (comme si je n’en étais pas encore convaincu) la bonne qualité de mon nouveau site d’observation, d’autant qu’on m’avait récemment fait l’apologie de M92, amas globulaire qui rivaliserait, parait-il avec son voisin M13. Qu’à cela ne tienne, je vais donc finir en beauté en allant comparer les mérites respectifs de ces deux accolytes Herculéens.

    D’abord M13, pour fixer la référence. Y’a pas de doutes là-dessus, ça flashe la pupille, et quand je glisse le 3.5mm dans le PO, waouh ! M13 occupe tout le champ… je rêve ou quoi ?... Ca rend humble, des choses pareilles. On se dit que c’est là depuis tellement longtemps…

    Au dessus du quadrilatère de Hercule, on trouve assez vite M92, et je dois dire que la réputation qu’on m’en a faite n’est pas loin d’être justifiée, M92 est différent de M13, plus dense au centre, moins étalé, mais d’une grâce vraiment semblable à celle du beau thirteen. Combien d’étoiles puis-je discerner dans mon oculaire 100 ? 1000 ? 10000 ?

    Cette fois le temps est venu de plier le matos, le temps de sommeil va être court, je range mes précieux Nagler, en ayant complètement oublié mon échec sur Blinking, mais je sais que je la trouverai la prochaine fois et qu’en plus il n’y aura pas de vent du tout… J’entends des chouettes hululer au loin.

    Eric
    http://drericsimon.blogspot.com


  13. ah mais c'est évident que c'était des conditions très mauvaises au point de vue turbulence (comme je l'ai précisé), ce qui explique tout à fait la division difficile à voir.

    J'ai pas pu vérifier ma collimation sur étoile, justement parce que mes disques d'Airy ressemblaient plus à un plat de spaghettis vivants qu'à une cible de tir à l'arc ;-)

    Je referai la manip par temps calme, évidemment.


  14. Malgré (ou à cause d') un ciel bien venteux, je décidai hier soir de sortir Dobby dans le jardin Pertuisien pour tester ma nouvelle Barlow... C'est une Barlow Televue x2, de base quoi.

    Objectif Saturne, évidemment, dirait-on. Et on aurait raison. Saturne donc. Mon but est de tester ce que donnent les grossissements les plus forts dans des conditions turbulentes. J'ai deux oculaires de faible focale : 3.5 mm et 5 mm, pour une focale d'instrument de 1200 mm. Je ne vous laisse pas faire le calcul : avec l'ajout de ma Barlow, je me suis donc fait Saturne ("se faire Saturne"!) avec les grossissement suivants:

    1. 5 mm : 240x
    2. 3.5 mm : 343x
    3. 5 mm + Barlow : 480x
    4. 3.5 mm + Barlow : 686x

    Cette séance s'est déroulée entre 22h30 et 0h00 environ. Je connaissais déjà la belle aux anneaux jusqu'à 343x.
    Il faut rappeler ici qu'on est ici en Dobson, avec suivi à la mano donc, ça a son importance...

    Bien évidemment, on y va crescendo.
    240x :
    Saturne se dévoile fidèle à lui même, Titan est là à gauche. Toujours aussi beau. Aucune influence de la turbulence, pourtant le vent souffle assez fort.

    343x :
    Un peu plus gros, très peu de différence sur la finesse de ce que je vois, m'enfin, cette impression de 3 dimensions c'est quand même quelque chose!! Allez, on va vers l'inconnu, on chausse miss Barlow (nan, j'ai pas dit Lou...), avec le 5 mm...


    480x :
    Ah mais... mais... c'est bien plus gros!, et bien plus beau ! Toutes ces bandes horizontales... Mais en plus ça turbule pas tant que ça !! C'est marrant comme l'anneau semble plus sombre que le disque, limite marron.Mais le vent m'empêche quand même probablement de séparer Cassini, ouais, quand même...
    Vaille que vaille, il faut aller au bout, on fourgue le Nag 3.5 dans miss Barlow maintenant.

    686x :
    Bon, là, on est à un grossissement G=2.7D, j'en ai conscience, c'est un poil crazy, mais faut bien maniper pour savoir.
    C'est sûr, on est beaucoup moins lumineux qu'à 480x, et on ne gagne rien en résolution, donc toujours par de division Cassinienne... Et là je vois bien l'effet de la turbulence, mais aussi du mouvement de notre chère planète à nous... il faut bouger le tube toutes les 5 ou 7 secondes, dedieu... Mais, mais... par moments certes fugaces, la turbu s'estompe et je parviens à contempler quelque chose qui ressemble fortement à un magnifique Saturne qui occupe une bonne surface de mon champ oculaire...
    Titan, Dioné et Rhéa sont à gauche, Thétys semble bien seul à droite, je ne vois pas Encelade... peut-être normal après tout...

    J'ai dû rester un bon moment à pousser le rocker toutes les 5 secondes, à traquer les instants de calme. Finalement, c'est peut-être le mouvement qui est le plus gênant, plus que le reste, me dis-je... C'est même un peu pénible, et surtout quand on tourne la tête un peu trop longtemps et qu'on perd l'objet convoité...

    Crottin! Faut rallumer le telrad et remettre un grand champ... Oh la vache c'est quoi ce point minuscule ?? Délire. C'est Saturne ça ? En fait je venais juste de remettre le 5 mm après avoir perdu la poursuite, et ça me semble tellement petit maintenant bien que déjà à 240x... C'est amusant de constater comment le cerveau s'habitue vite à la taille d'une image...
    Je constate par la même occasion ô combien la finesse est bien meilleure à 240x (mais j'avais déjà oublié, absorbé que j'étais).

    Mais c'est bien trop petit quand même, c'est vrai, une fois qu'on y a goûté, c'est fini, on ne peut plus rester sur des faibles grossissements (pour Saturne, j'entends).

    Et je dirais que le bilan de cette soirée est que même par forte turbulence, un grossissement de 480x reste tout à fait jouable, je renfile donc mon 5 mm dans Lou Barlow et je replonge jusqu'à la fin des temps dans les volutes abracadabrantesques de cet anneau magique qui tournoie sans fin autour de cette boule blanchâtre et tempêtueuse...

    Eric

    Dobson Sky Watcher 254 mm F/4.7 TV Nagler 13 mm, TV Nagler 3.5 mm, HR planetary 5 mm, Plössl 10 mm, Plössl 25 mm, Barlow TV x2, filtres Moon et OIII, powered by telrad
    http://drericsimon.blogspot.com


  15. merci Michel !

    Heureusement que j'avais dit "amas globulaires" ;-)) histoire de recentrer le sujet...

    Ok, il ne me reste plus qu'à faire un croa "les nébuleuses planétaires du printemps", c'est une fort bonne idée aussi!...
    Le hibou c'est une des premières nébuleuses planétaires que j'ai donné à voir à mon dob, c'était début mars et le ciel n'était pas super, mais un bon souvenir quand même... qui mérite d'être renouvelé.

    Eric


  16. pour répondre à Michel, il y a un peu de pollution provenant d'Aix, mais j'observe bien à l'écart de Pertuis vers l'Est, ce qui met le halo vers le sud-ouest. Je parviens tout de même à taquiner une mvlon de 6.0. Je songe également à bouger plus au nord en me réfugiant dans les hauteurs du Luberon où c'est beaucoup plus favorable.
    Le telrad est déjà sur ma liste d'achat!.. J'en entends que du bien, c'est vrai (un avis opposé ?)...

    Quant à M84, M86 et leurs copines, elles ne payent rien pour attendre... la prochaine nouvelle lune !...

    Eric