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Bébés-amas, le chainon manquant ?

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Un article du Point très intéressant :
http://www.lepoint.fr/astronomie/sur-la-piste-du-chainon-manquant-du-cosmos-14-04-2015-1920932_1925.php#xtor=RSS-221

quote:
C'est une découverte fortuite, mais qui pourrait bien faire faire un grand pas à la science. En analysant les données du satellite européen Planck, chargé d'étudier le fond diffus cosmologique - c'est-à-dire la lumière fossile de la toute première lueur émise dans l'univers 380 000 ans après le big bang -, des chercheurs ont repéré 2 000 sources lumineuses inconnues. Des formations dont la teinte rougeoyante permet aux scientifiques de déterminer qu'elles se trouvent très loin dans l'espace, donc dans le temps, et remonteraient à environ 3 milliards d'années après la naissance de notre univers, qui en a aujourd'hui 13,8 !

"Cela nous a tout de suite intrigués, pour au moins deux raisons. D'abord, parce que découvrir des galaxies lointaines (même si nous en connaissons déjà) nous intéresse toujours. Ensuite, parce que Planck n'a pas été optimisé pour détecter ce type d'objet et que si nous parvenions à les voir dans les données fournies par ce satellite, c'était qu'il s'agissait de quelque chose de vraiment très brillant", raconte Hervé Dole, de l'Institut d'astrophysique spatiale d'Orsay (université Paris-Sud-11/CNRS), qui a dirigé une grande campagne d'observation de 234 de ces points mystérieux à l'aide du satellite européen Herschel. Un outil qui permet de ne regarder que de toutes petites régions du ciel, mais avec une sensibilité 100 fois supérieure à celle de Planck.

"Et, là, nous avons été stupéfaits ! Car la majorité de ces sources lumineuses que Planck avait vues correspondaient à des concentrations extrêmes de galaxies dites infrarouges. Tant et si bien que nous pensons que ce sont des proto-amas de galaxies, c'est-à-dire des amas de galaxies dans une phase où ils sont en train de former énormément d'étoiles. Et, ça, c'est tout nouveau ! " lance l'astrophysicien, enthousiaste. "Car les amas de galaxies que l'on observait jusqu'à maintenant étaient toujours composés de vieilles galaxies ayant déjà formé quasiment toutes leurs étoiles", explique-t-il.

Précieux chaînon manquant

Il s'agirait alors d'une sorte de chaînon manquant entre les toutes petites fluctuations du fond diffus cosmologique qui témoignent d'une distribution de la matière quasiment uniforme dans le très jeune univers et les grandes structures - galaxies, amas de galaxies, filaments de gaz - que nous connaissons aujourd'hui dans l'univers vieux de 13,8 milliards d'années. "Nous avons des indices très forts. Toutefois, il nous faut encore des données pour nous assurer que ces fortes concentrations de galaxies qui forment beaucoup d'étoiles (cela, nous en sommes certains) sont bien des amas, c'est-à-dire être sûr qu'elles sont bien ensemble et que ce n'est pas juste une illusion d'optique du type projection sur la ligne de visée (où les galaxies seraient en réalité alignées les unes derrière les autres mais à des distances différentes, NDLR)", précise Hervé Dole.

Mais pourquoi ces "bébés amas", prédits par la théorie depuis quinze ans au moins, n'auraient-ils jamais été vus auparavant ? Tout simplement parce qu'ils sont extrêmement rares et que le hasard n'avait jusqu'ici jamais donné l'occasion aux scientifiques de les avoir dans le viseur. "Il fallait un satellite comme Planck capable de cartographier l'ensemble du ciel pour les détecter. Et si cela se confirme, ce pourrait être un pièce déterminante du puzzle", souligne Hervé Dole. En effet, les astrophysiciens ne comprennent pas du tout comment se sont formées les étoiles à l'échelle de l'univers. Aucune simulation numérique ne fonctionne. "Soit toutes les étoiles se forment très tôt dans l'univers et il ne reste par la suite que des étoiles vieilles. Ce qui ne correspond pas à la réalité. Soit on introduit les phénomènes qui ont tendance à retarder cette formation d'étoiles - que l'on connaît - et, là encore, si l'on obtient le bon nombre d'étoiles, mais pas avec les bonnes propriétés ou le contraire, on ne parvient absolument pas à reproduire ce que l'on observe aujourd'hui", explique l'astrophysicien.

Le coeur de l'énigme est la manière dont la matière ordinaire dite baryonique, qui compose tout ce que nous connaissons (étoile, planète, astéroïde, comète, etc.), interagit avec la matière sombre, ou noire, que nous ne voyons pas. "Nous cherchons une sorte de relation universelle qui nous dirait : si j'ai X matière noire en un lieu, j'attirerai X matière ordinaire et je produirai X étoiles", précise Hervé Dole. Or les probables bébés amas de galaxies découverts pourraient constituer un épisode clé, car ce sont des zones où les scientifiques pensent qu'il y a beaucoup de matière noire et où des étoiles sont justement en train de se former. "C'est unique !" conclut le scientifique.



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