Benj Poup

[CROA] Lever de soleil sur le Jura

Messages recommandés

... A force de me faire de l'oeil tous les soirs, la planète Vénus a réussi à me sortir de chez moi. Le C8 sous le bras, arborant ma tenue "primaire" - chaussures jaunes, pantalon bleu et blouson rouge, pour faire fuir les sangliers - me voilà, ce lundi soir, sous les rares, trop rares étoiles qui parviennent à dominer les lueurs sélènes ...

Le ciel n'est pas d'une folle transparence, ce soir. Autour des 5 étoiles de Cassiopée par exemple, je ne vois pas grand chose briller. Je m'étais pourtant fixé quelques objectifs pas trop ambitieux autour d'Orion, pour patienter le temps que le tube se mette en température. Le vrai problème, c'est de retrouver ces objets, car avec ma poignée d'étoiles éparpillées, le Telrad se sent bien seul !

Alors, je me lance, tête baissée, dans les papattes du lièvre. En fait de lièvre, celui-ci se limite à deux-trois étoiles visibles ... Le reste est englué dans la clarté du ciel. Me voilà bien... Pour commencer, je pointe à l'aveugle, au milieu d'un triangle marqué par Rigel, Saiph, et Alpha du lièvre, à la recherche d'IC 418, nébuleuse plus connue sous le nom de Spirograph ( Hubble en a fait une très très belle image, mais bon, allons, allons, mon Hubble perso ne m'offrira pas le même spectacle ). Et là, premier sursaut d'horreur : à l'instar d'un hubble fraichement sorti d'usine, mon C8 est complètement décollimaté ! Comment retrouver une nébuleuse dans ce magma d'étoiles floues ?!? ( Je n'ai évidemment pas pris la peine d'emporter mon jeu de clés allen, vous pensez bien ... )

Il me semble pourtant voir une étoile lumineuse encore plus floue que les autres. Serait-ce ma nébuleuse ? Je suis surpris par son éclat, mais de toute évidence, je l'ai bien en face de moi !

Un peu plus bas, je trouve, non sans mal, M79, un amas globulaire qui doit être assez joli dans un ciel bien noir. Pour le moment, il s'agit plus de déchiffrer le ciel que l'observer.

Je file sur le grand Chien. En dessous de Sirius, une proie facile : M 41, un amas ouvert large, avec pas mal d'étoiles brillantes. Dans ce même grand chien, la vraie bonne surprise viendra de NGC 2362, splendide amas ouvert réhaussé par une étoile brillante en son centre ! Le voilà inscrit pour longtemps dans mon Top 50 céleste !

Dans le même secteur, M 93, encore un amas ouvert, n'est pas mal non plus !

Me voilà sur la route de M46 et M47. Ces deux là m'avaient fait une forte impression l'année dernière, et je comptais
bien les retrouver. Seulement voilà, aucune étoile visible autour de ces amas pour accrocher mon Telrad. Et j'ai beau
tourner autour, rien à faire ... Grosse déception ...

Puis, vient l'heure des planète ... Je commence par attraper Vénus avant qu'elle ne se dérobe. Ooooh .... Le joli croissant tricolore ! Qu'espérer de Mars, alors ? Ooooooh, la jolie-minuscule boule orange ! Bon, soyons raisonnable un instant, et tournons plutôt notre attention vers les planètes géantes.

Bon, toujours la faute à ma collimation dégueulasse, Saturne fait pâle figure ... C'est pas vraiment l'extase. Je file sur Jupiter, et là, j'ai une surprise : Galilée nous a menti ! Bon, d'accord, il nous avait déjà fait le coup il y a près de 400 ans en osant affirmer que la Terre tournait autour du Soleil. De là, on pouvait déjà douter de la santé mentale du bonhomme ... Mais en plus, il ne savait même pas compter jusqu'à 5 ! Si si, je vous assure, en regardant bien autour de Jupiter, je vois Io et Europe près du bord de la planète, et plus loin, Ganymède, Callisto ... et autre chose ! En fait ( vous l'auriez deviné ! ) un étoile est venue semer le trouble dans le ballet céleste, en se déguisant en satellite galiléen.

Je garde le plus lumineux pour la fin. Retour sur la Lune, pour une longue ballade aux abords du terminateur : Clavius, Tycho, Copernic ... Tout cela est évidemment superbe ! Je m'attarde sur les nuances de gris dans la mer de pluies, et petit à petit, le regard glisse vers le golfe des Iris.

Et là, il faut que je vous raconte mon voyage imaginaire.

Me voilà propulsé sur les plus hauts sommets du Jura. Non non, pas le Jura que vous connaissez si bien; je parle des hauts sommets de ce Jura lunaire, qui m'ont littéralement transporté. Les sélénophiles avertis connaissent évidemment ce paysage : au nord de la mer des pluies, le golfe des Iris, immense dépression recouverte de lave, à moitié cernée sur sa partie nord par les gigantesques montagnes du Jura.
Et me voilà au sommet d'une de ces montagnes, à plus de 6 000 mètres d'altitude. Le paysage tout autour de moi est encore profondément enfoncé dans la nuit. Derrière, il fait noir. Mais l'autre extrémité du golfe, qui se confond avec la ligne d'horizon, s'illumine. Face à moi, le Soleil vient juste de se lever, et éclaire, sur 400 km, les crêtes qui m'entourent. Mais sous mes pieds, le golfe devra attendre un peu avant de voir le Soleil se lever à son tour. Et j'ai bien envie de patienter un peu...

( Et là, j'aimerai vraiment y être ! )

------------------
Benjamin Poupard

Megrez 80 & Coolpix 885
"Dans les étoiles" - http://perso.club-internet.fr/bpoupard

La liste des astronomes de Chateau-Thierry, de Reims et des environs - http://fr.groups.yahoo.com/group/astrotheodo

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites
vraiment dommage que tu n'ai pas emporté l'outil nécéssaire à la collimation.Les miens sont toujours ds la boite à oculaires! Mais cela ne t'as pas empêché d'avoir de bonnes images de la Lune!

Pour la "cinqième" lune de Jupiter,on l'a vue aussi mercredi soir avec mes amis de la fac.

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant