L'ISS dans un ciel de banlieue

[epsilonzéro 16]

MERCREDI 4 JANVIER – L’ISS dans les brumes citadines

Il est 18h05, j’attends le tram à la gare des Moulineaux. Devant moi, une affiche du dernier film d’épouvante américain, des plongeurs dans une grotte avec sous l’eau des dents acérées sortant du rocher, et qui vont les happer… Un frisson…

Je lève les yeux et aperçois le croissant de lune au dessus du centre commercial, net, tranchant comme une serpe, menaçant de son sourire diabolique les folles illuminations criardes censées rassurer les humains … Une légère brume flotte dans l’air, une petite brise froide, des banlieusards hagards, une ambiance lugubre. Dans la tête me passe la scène du célèbre film « Un chien andalou » où l’on voit un petit nuage fin et acéré passer devant la pleine lune puis un œil tranché d’un coup de lame…

Cette rêvasserie sinistre me plonge dans une sorte de torpeur qui me fait passer comme un courant d’air glacial sur l’échine. Un cauchemar éveillé où l’on voudrait fuir mais sans jamais y parvenir.

Soudain, sous la Lune m’apparaît un gros point lumineux qui se déplace sans bruit d’ouest en est. Sa luminosité diminue lorsqu’il traverse les épais nuages vomis par la centrale d’incinération d’Issy. Le voilà qui se dirige vers Mars, ne la frôlant que de quelques degrés.

J’ai envie de crier à mes compagnons de transport, leur dire de regarder, que c’est habité, que ce n’est pas un avion, qu’ils ont sous les yeux une des merveilles accomplies par l’humanité, des hommes qui tournent autour de notre planète à une vitesse vertigineuse… Mais non, je ne dis rien, et je contemple cette visiteuse de métal qui traverse le ciel sans bruit, dans un mouvement parfait, propulsée par les seules lois de Kepler domptées par l’ingéniosité des Hommes.

Le tram arrive, je ne la lâche pas des yeux, je me poste devant la porte et tandis qu’il démarre, je me contorsionne pour ne pas la perdre. Elle passe maintenant derrière un immeuble tandis que le tram s'arrête à une station. Il repart, on dépasse l’immeuble et je la retrouve, maintenant plus faible, fonçant droit vers Paris.
J’entends une conversation téléphonique tout près, ça parle de futilités de la vie, mais je suis tellement absorbé dans ma contemplation que les sons me parviennent comme diffusés à travers du coton.
Au moment de l’abordage du terminus de la ligne, le paysage urbain se dégage, et, tandis que je descends, suivant les flots de voyageurs qui passent les tourniquets pour rejoindre le quai du RER, l’ISS n’est plus qu’un minuscule point orangé qui faiblit de seconde en seconde, et qui disparaît au moment où le puissant phare de la tour Eiffel balaye la brume.

C’est fini pour ce tour, elle est déjà loin, mais je l’ai vue !

Sur le quai, la Lune brille de plus en plus faiblement, éteinte par un front de nuages qui ferme progressivement le ciel…

[Melle Astro 0]

tes croa sont toujours aussi passionnant...

sa lecture me fait monter sur un petit nuage... hihihi !

t'es un as!

bises
@+

Melle

[Ce message a été modifié par Melle Astro (Édité le 04-01-2006).]

[Astroced69 113]

Comme d'hab c'est du grand Art
Faut vraiment que tu sorte un bouquin de tous tes CROA...

Juste une petite question: Comment sais tu que c'était l'ISS?

A++
Ced

[epsilonzéro 16]

Salut, pas d'erreur possible pour l'ISS, d'abord ses caractéristiques, gros point brillant mag 0 à peu près qui se déplace d'ouest en est et qui traverse le ciel en 4-5 minutes.
Ensuite vérification sur www.heavens-above.com, qui donne les caractéristiques suivantes:

-0.6 18:07:49 10 SW 18:10:41 59 SSE 18:12:48 16 ENE

la magnitude était de -0.6 , c'est bien elle