Lucien

Echoué sur une lointaine planète mais avec une imprimante 3D

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Oui, assombrir le bleu, si l'atmosphère est du même genre que la nôtre, pourrait être une bonne idée (cela t'arrangerait, n'est-ce pas ? )
Par contre ton scénario impose quelques contraintes qu'on peut exploiter utilement pour ne pas taper au hasard :
Si le soleil local paraît fixe dans le ciel de cette planète, c'est qu'elle est en rotation synchrone avec son étoile.
Pour que les forces de marées les aient "soudées" l'une à l'autre, il faut qu'elle l'orbite à faible distance avec une courte période.
Son ciel zodiacal défile rapidement : impossible en conséquence que la moitié de l'Univers nous demeure durablement caché, aucun risque que notre Terre reste non-localisable car du mauvais côté
Ensuite pour que la planète se retrouve malgré la proximité de son soleil en zone habitable, ce ne peut être qu'une naine rouge.
Aussi son pic d'émission de corps noir est décalé vers le rouge par rapport au Soleil : il faut déjà filtrer en conséquence
D'autre part, dans cette situation l'année locale y est forcément courte : un seul jour-nuit éternel par an selon de quel côté on se place en ce qui la concerne équivalent en durée à quelques dizaines, voire à une centaine de jours terrestres tout au plus
Ceci implique au moins deux choses :
L'environnement stellaire défile à grande vitesse en arrière-plan au voisinage de l'écliptique (10x plus vite que vu de la Terre en ordre de grandeur) donc exit des poses "longues" sans suivi sidéral si on veut détecter des signaux "pinpoint" sur un fond de ciel déjà hyper lumineux... (problématique d'Amalthée en pire )
La planète inconnue est suffisamment massive pour s'être différenciée à sa naissance et permettre ensuite à sa rotation de se synchroniser sur sa révolution...
Il s'ensuit qu'une planète assez massive en orbite proche de sa naine rouge à seulement 30 al du Soleil, ne devrait pas avoir échappé à une détection préalable avec les moyens dont nous disposons d'ores et déjà : serait-elle donc forcément connue et ce scénario irréaliste ?
... eh bien pas si elle orbite quasi perpendiculairement à la ligne de visée depuis la Terre, car alors elle serait restée très difficile à détecter
Auquel cas il faut rechercher la Terre depuis cette planète à 90° du plan de l'écliptique locale - soit quelque part vers l'horizon puisque son soleil apparaît au zénith, et préférentiellement en direction des pôles écliptiques - soit dans deux directions opposées privilégiées sur cet horizon, qu'il sera facile de déterminer si l'on parvient à observer la dérive d'une étoile et une seule, n'importe laquelle, pour commencer
Cela - on va dire - élimine déjà 90% de champs qu'il est inutile de scanner : une bonne chose de (pas) faite
Comme, toutefois, pour les 10% restants on n'a ni boule de cristal à bord (quelle négligence !) ni suivi sidéral possible au départ, on commencera ensuite logiquement par balayer patiemment l'horizon en quête de circumpolaires, jusqu'à ce que les arcs plus courts décrits par la rotation de champ au voisinage immédiat des pôles écliptiques, facilite la révélation des étoiles les plus brillantes dans cette direction grâce à leur faible déplacement angulaire durant la pose, ce malgré l'absence à ce stade de tout suivi sidéral : on saura dès lors que l'un des deux pôles détectés pointe approximativement vers la Terre
Un filtre polarisant pourrait sûrement nous aider déjà à trouver une étoile brillante à 90° du foutu soleil de cette foutue planète malgré la foutue lumière de son foutu jour sans fin ! (ou guère moins de 90°, puisqu'il faut bien chercher quelques degrés au dessus de son foutu horizon pour surmonter sa foutue extinction )
En outre, vu la modeste densité stellaire de notre voisinage galactique, il ne doit guère exister plus d'une trentaine d'étoiles à +/- 30 Al de la Terre en intégrant l'incertitude sur la mesure de leur distance - faible ici - d'après les données Hyparcos & Childs.
Parmi ces trente, on peut éliminer d'office toutes celles qui sont déjà connues pour posséder des planètes (sinon notre vaisseau saurait déjà où nous nous trouvons et nous aussi ! ) ainsi que toutes celles qui ne sont pas des naines rouges.
Donc il en reste... disons... dix (ou dix et demie si je me suis lamentablement vautré dans mes estimations )
Depuis chacune de ces dix, on peut modéliser facilement l'environnement stellaire tel qu'il devrait apparaître en perspective autour de la Terre, vu depuis notre belle et sauvage inconnue - mais plus tout à fait si inconnue
Comme déjà démontré, nous savons que notre planète X orbite son étoile sur un plan voisin d'une perpendiculaire à la ligne de visée "home sweet home".
Ce qui gâte provisoirement l'affaire, c'est que notre Soleil "maison" n'est pas directement détectable depuis 30 al dans nos conditions déplorables d'observation...
Cependant, il suffit maintenant que nous opérions une sélection des étoiles les plus brillantes détectables en arrière-plan (beaucoup plus que notre Soleil en magnitude apparente) après filtrage selon les caractéristiques déterminés précédemment de transparence/contraste/diffusion de notre ciel éternellement diurne, pour faire apparaître ce que nous cherchons : une base de données de référence, réaliste et rétrécie. Pourquoi rétrécie ? eh bien parce que ça risque de ne pas aller comme sur des roulettes pour l'analyse photométrique et/ou spectrale de champs depuis le plancher d'une planète inconnue, sous une atmosphère inconnue, éclairée par un soleil inconnu... Les marges d'incertitude sur nos mesures, traduisant notre ignorance locale, se traduiront nécessairement par plus d'incertitudes sur la détermination de nos cibles. Alors plus on sera sélectif, mieux on se portera !
Pour terminer, il va nous rester à scanner méthodiquement la voûte céleste locale avec notre télescope 3D print, mais plus de façon exhaustive ni totalement au hasard à présent : en commençant par l'horizon puis en élargissant progressivement au voisinage des pôles écliptiques, jusqu'à faire apparaître des champs exploitables d'étoiles m<3 à proximité des directions probables où se trouve la Terre (on pourrait désormais faire ça à partir de n'importe quel champ puisqu'on compense à présent la révolution sidérale, mais on économisera utilement temps et énergie en cartographiant directement la zone où pointer notre transmetteur laser pour maximiser nos chances de communication )
Dès la première étoile détectée, nous mesurerons donc expérimentalement la vitesse sidérale, puis à partir de là, la magnitude maximum détectable avec suivi sidéral sur ce fond de ciel gravement illuminé, nous permettant enfin d'affiner nos modèles de champs - une situation nettement moins pire qu'au départ en termes de détectivité et de sélectivité vous en conviendrez, qui rentabilise bien quelques déductions préliminaires
On n'aura plus qu'à comparer à mesure nos champs scannés avec ceux de notre base de données, en guettant avec fébrilité sur l'écran l'apparition salvatrice du mot : "MATCH !"
Si l'on admet qu'on peut scanner en gros une dizaine de degrés carrés par champ photographié en conservant un rapport f/D suffisant pour assombrir assez le fond de ciel afin d'y détecter les étoiles de magnitude <3 par exemple (et je pêche sûrement par excès de pessimisme) on devrait pouvoir situer notre position après avoir scanné seulement quelques centaines de champs au maximum ; et avec un peu de chance, beaucoup moins si on parvient à repérer un trio d'étoiles angulairement bien positionnées, sur lesquelles opérer des mesures pour une identification certaine
J'ajoute que si l'on peut observer un léger aplatissement de notre étoile dès le départ, cela fournira directement la direction des pôles écliptiques : ainsi avant toute autre chose il semblerait pertinent de commencer par caractériser et mesurer très soigneusement cette étoile, d'autant qu'il faudra bien faire la MAP de notre instrument sur son limbe ou sur ses taches s'il en existe (ce n'est pas là une tâche bien compliquée si vous voyez ce que je veux dire ^^^ )

[Ce message a été modifié par Alain MOREAU (Édité le 17-03-2016).]

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Bigre !

Alain,
ta démonstration est impressionnante et elle mérite une relecture demain soir à tête reposée.

J'avais imaginé de comparer la cartographie à disposition et les images à réaliser, afin de déterminer la direction approximative de notre Soleil.
Mais ça c'est presque évident.

Ce qui l'est moins est de tirer des conclusions pratiques de l'environnement de la planète ici et de son soleil; mouvement, spectre...

Pour le reste, je vais relire l'exposé.

Bravo en tout cas pour cet exercice qui pourrait être un cas d'école.

On peut espérer que le pauvre gars perdu là-bas, ne soit pas simplement un conducteur de bus extrasolaire !

Lucien

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Oh, mais c'est que le permis de pilotage intersidéral, y z'en font plus cadeau de nos jours !...
Même et surtout pour le ramassage extrasolaire

[Ce message a été modifié par Alain MOREAU (Édité le 17-03-2016).]

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