Une vraie nuit d'observation !

[PerrouriefhCedric 4 128]

Salut,

Après une nuit de vendredi à samedi désespérément nuageuse, c’était vraiment très mal parti samedi soir pour faire de bonnes observations. Un groupe d’éclaireurs avait pourtant fait le déplacement, certains venant même des Alpes pour planter leurs tentes sur notre vieux terrain qui en a vu passer... Dès que la nuit tombe, on pointe tant bien que mal quelques objets dans un ciel horriblement pâteux, les images ne sont vraiment pas belles. Passent à l’entonnoir M3, M104, le hibou, méconnaissable. Pauvres éclé', que retiendront-ils de cette soirée, peut-être même de l’astronomie ? Quelques lueurs pâlichonnes, à peines perceptibles ? Je sens la rage monter en moi. Toute une semaine à attendre patiemment le week-end d’observation, pour ce résultat ? Ben merci ! Autant rester couché si c’est comme ça. Ha, puis j’allais oublier les éclairs qui s’abattaient sur le Var et les Alpes en nous aveuglant régulièrement. Surtout ne pas regarder vers l’est si vous vouliez conserver la vision nocturne. Bref, des conditions loin d'être idéales.

Pourtant, de brèves trouées font leur apparition, nous permettant de saisir au vol quelques objets : M13, M57, le duo M81/82 ou encore NGC 4565 (galaxie de l‘aiguille). De toute façon, il y a encore la lune, donc avec ou sans nuages, pas d’observation exceptionnelle à espérer dans l’immédiat. Espérons que les deux quittent la scène en même temps !

C’est justement ce qui se produisit. Petit à petit, les trouées gagnent du terrain pour laisser place, sur les coups de minuit ou une heure du matin (c’est arrivé progressivement) à un ciel limpide. En vision décalée, on aperçoit par intermittence l’étoile HIP 93104 dans la Lyre, de magnitude 5,9. Ne boudons pas notre plaisir : une belle nuit se fait si rare ces derniers temps ! Les choses sérieuses peuvent enfin commencer. Les éclés sont allés se coucher pour certains, ou partis en vadrouille dans les bois au milieu des sangliers pour d’autres... grand bien leur fasse. Ça nous laisse du temps pour faire des observations approfondies. Je ne sais plus exactement comment les choses se sont déroulées, toujours est-il que je me suis retrouvé avec le Nagler 7mm du club, que j’avais sorti en début de soirée en espérant montrer quelques cratères de la Lune, vissé au PO. Je ne me souviens plus quel objet du ciel profond j’ai pointé en premier avec ce fort grossissement (230 fois), mais j’ai été impressionné par la netteté de la mise au point. Des étoiles ponctuelles comme il est rare d’en voir quand on veut zoomer un tant soit peu. Le ciel est donc bien dégagé et transparent, et je me retrouve à observer M51 sans même en passer par le Pentax XW 20. Les deux bulbes sont évidemment bien visibles, avec les deux bras spiraux qui se déploient symétriquement autour du plus gros noyau. On distingue assez bien des zones de luminosité différente dans les bras, trahissant la présence de poussières. Malgré le temps passé à observer, en alternant œil droit/œil gauche toutes les deux ou trois minutes pour ne pas trop fatiguer la paupière qui reste close, je ne parviens pas à repérer le pont de matière qui relie les deux galaxies tel un titanesque cordon ombilical. Ce sera donc un sujet à reprendre la prochaine fois...

Vient ensuite NGC 6543, l’œil vert du félin qui vous fixe dans la nuit et vous glace le sang. A 80 fois de grossissement, cette nébuleuse planétaire apparaît comme une étoile bleue-verte mal résolue. A 230 fois c’est tout autre chose. On voit au premier regard une sorte de citron vert au contour bien marqué, dont les extrémités semblent pointues. L’étoile centrale est très bien visible, entourée de matière à l’aspect irrégulier. Le tout est contenu dans un halo assez lumineux. Très bel objet !

Petit crochet par NGC 6826 dans le Cygne, qui ressemble pas mal à la précédente. Le Sagittaire est à peu près au méridien, j’observe rapidement les classiques M8, NGC 6530, M20, M17... J’y passerai sans doute plus de temps cet été. On fait une courte pause, le temps d’un s’enfiler un pain au chocolat et un bon thé. On ressort vers 3 heures 45, peu de temps avant le passage de l’ISS qu’un de mes amis tenait à filmer. M57 est quasiment au zénith, et difficile à observer sans l’aide de l‘escabeau. Je décide pourtant de lui faire un sort car ça fait plusieurs semaines que je cherche à revoir le halo que j’avais deviné un soir avec le XW 20, et là c’est bien la nuit ou jamais. Justement, dans ce même oculaire, impossible de le retrouver. Curieusement, il apparaît très bien, bien plus nettement que la fois précédente, dans le Nagler 7 à 230 fois de grossissement ! J’ai du mal à me l’expliquer, je suppose qu’il s’agit d’une question de contraste plus important avec le fond du ciel (plus sombre dans le 7 mm) ? Quoi qu’il en soit, je m’étais donné pour objectif de revoir les extensions de M57 plus clairement, je peux considérer que c’est mission largement accomplie ! Je profite longuement de cette belle image et de ce beau et large halo qu’on distingue au bout de quelques secondes d’observation.

J’essaie ensuite de pointer la nébuleuse du Cocon, mais impossible, on ne voit rien. Il est maintenant quatre heures et demie et le ciel commence à s’éclaircir ! Hé oui, tout à une fin, et on arrive déjà à cette heure où les astrams, comme les chouettes, vont rejoindre les bras de Morphée. Un peu fatigué, et émerveillé par toutes ces observations et par ce moment paisible où arrivent les premières lueurs, je démonte la bête tout en repensant à ces quelques vers de Hugo :

« Et l’aube est là sur la plaine !
Oh ! j’admire, en vérité,
Qu’on puisse avoir de la haine
Quand l’alouette a chanté. »

[PETIT OURS 24 729]

Bonjour Cédric
il devait faire frais, c' est trés beau, et avec des belles images .
merci pour ce CROA qui fait envie.
Bravo
Gérard