Jose Rodrigues

Hello,

J’ai mis du temps avant de me décider à écrire le récit de ce dernier jour à la Silla, à clore ce post de ce voyage de rêve. Je m’y mets. 

Jeudi 27

Pour ce dernier coucher de soleil, je mets le cap vers la coupole du 3.6m que j’ai utilisé pendant ces deux semaines. J’ai envie d’être seul.

Je prends une petite vidéo pour partager avec les copains en arrivant. J’essaie d’appeler @LANTHA mais je n’ai pas pris en compte le décalage horaire, il était en pleine animation astronomique avec un groupe.

La vue est sublime.

Finalement je ne suis pas seul, je remarque un couple du diucas gris qui niche dans la trappe de la coupole du 3.6m. 

Plus bas, c’est un guanaco que j’aperçois gambader, plutôt discret ces bêtes. Je suis content d’en revoir un  !

Euler, le télescope Suisse de 1.2m de l’université de Genève se prépare aussi à observer. Il est désormais piloté à distance la grande majorité du temps:

Derrière-lui, le NTT se met lui aussi à température:

La lumière évolue vite, le soleil se rapproche de l’horizon.

Je scrute une dernière fois le rayon vert, et ai été gratifié de l’un des plus brillants qu’il m’ait été donné de voir. Malheureusement j’ai raté la photo, les indications dans le viseur ne sont pas simples à lire avec les larmes dans les yeux. C’était un peu trop d’émotion pour moi. J’espère avoir l’occasion de revoir le soleil se coucher depuis cet endroit si magique.

Ce soir, c’est le repas du directeur, les chefs ont fait un travail magnifique: Après le traditionnel pisco sour, médaillon de bœuf, de bons vins rouges chiliens. Et une tour Eiffel décorative et de bons desserts.

J’essaie de ne pas en abuser, il faut partir observer. On commence gentiment sur du HARPS pour une bonne mise en jambe. La nuit commence bien, les objets s’enchaînent, on a même un peu de temps pour aller observer la lune qui se couche. 

Vient le temps de passer à NIRPS et on arrive au gros pépin de la nuit, le liquide de refroidissement indique 40°C, pas idéal pour un instrument infrarouge. On appelle les techniciens, et on essaie de résoudre le problème de notre côté. 40°C est aussi la saturation du capteur, on regarde aussi côté software, sans succès. On rebascule donc sur les cibles HARPS pour essayer de ne pas perdre trop de temps d’observation pendant que tout le monde s’affaire à identifier la cause du souci et la résoudre. La première bonne nouvelle vient des techniciens nous indiquant que l’instrument n’a pas surchauffé, ce qui nous oriente plutôt vers un souci logiciel ou de capteur. Nous n’arriverons pas à trouver une solution ce soir.

Mon seul dessin de cette dernière nuit sera IC 4662 dans la constellation du Paon. C’est une galaxie irrégulière intéressante.

Nous avons observé toutes les cibles et tous les backups de mon run d’observation, on se décide donc à fermer la coupole et sortir profiter un petit au en visuel avec l’opérateur télescope.

On finira la nuit sur 47 Tuc que l’on verra disparaître dans les lueurs du jour. On se salue et je plie le télescope. Ce dernier démontage n’était vraiment pas facile, ça fait beaucoup d’émotions.
Je fais ma valise avant de me coucher, la navette part dans 11h.

Vendredi 28

Une fois réveillé je pars prendre le petit déjeuner et dire au revoir aux copains. La tradition est d’écrire un mot dans le livre d’or de la cantine qui est pour beaucoup une des meilleures surprises de La Silla, on y mange vraiment très bien.

Paul m’a réservé une surprise: Il me fait visiter le 2.2m MPG avant que je redescende. C’est vraiment gentil et un bon souvenir, c’est autant une visite d’astronomie que d’archeo-informatique.

16h, je rentre dans la navette. On ferme la porte et on part. Par la fenêtre, La Silla s’éloigne. Les conures de l’entrée ont laissé leur place à des coureurs du Chili. Une dernière sortie pour confirmer mon identité et nous voilà hors de l’enceinte de La Silla, puis sur la Panaméricaine qui m’amènera à La Serena.

J’ai eu la chance de vivre deux semaines dans cet endroit hors du temps, de vivre pleinement l’astronomie et d’accomplir un rêve auquel j’ai consacré une grande part de ma vie. J’espère sincèrement revenir au plus vite et ramener d’autres dessins et images.

Merci de m’avoir lu,
Astronomicalement,

José

Hello,

Je vous présente ma version de M51 prise depuis l'OFXB ( @LANTHA à la prise de vue).

M51, aussi connue sous le nom de galaxie du Tourbillon, est une star incontestable de l’hémisphère nord. Située à 27 milions d’années lumières dans les Chiens de Chasse, elle a été la première galaxie classée comme spirale après les observations de Lord Rosse en 1845.
M51 forme un couple en intéraction avec NGC 5195, une galaxie lenticulaire qui se trouve légèrement en arrière plan.

Je serai moins actif ces temps. Suite à un souci de santé, je vais passer une bonne part de l’année en hôpital. Je continuerai néanmoins de traiter quelques images dans la mesure du possible.

Télescope: SW 300mm f5

Monture: Paramount ME II

Caméra: ASI 1600MM Pro

Les poses sont réparties commme ça:
L: 25 x 120s = 50min

R: 16 x 120s = 32min

G: 16 x 120s = 32min

B: 16 x 120s = 32min

Hα: 24 x 120s = 48min

Traitement: Pixinsight

Astronomicalement
José

Mercredi 26

Ma dernière sortie ornitho de La Silla. Je rejoins un coin qui m’a été indiqué par Etienne Artigaud via email. Le pari s’avère gagnant: J’y vois un couple de caracaras montagnards qui prend son envol:

Je profite de ces instants paisibles avant de remonter à la cafétéria, je crois un diuaca gris devant l’entrée.

Le soleil se couche, aurais-je un rayon vert comme dessert? Le chef a du rater la cuisson, il est bleu.

Ce soir, mes remplaçants arrivent. Le prochain run commence le 28, donc je serai chargé de les former à utiliser NIRPS. Ils n’ont malheureusement pas oublié le jet-lag dans leur chambre. Je fais la première transition entre instruments et leur laisserai faire la 2e, qu’ils puissent aller se coucher l’esprit reposé.

On sort observer un peu pendant du HAPRS, je leur sers de guide et ils rentrent dormir. Je me demande quel effet ça aura sur eux pour la suite d’avoir eu leur première vision dans un télescope depuis La Silla. ça fausse un poil les standards.

Plus tard dans la soirée, j’explore la queue du scorpion. Elisa m’appelle, je réponds avec mon casque.
C’est quand même beau la technologie. Je suis à la Silla en train d’observer NGC 6188 pendant qu’elle part travailler, et on discute normalement. Je lui décris ma vision et fais part de ma frustration de na pas avoir de champ pré-étoilé. La nébuleuse est étendue, les zones sombres enchevêtrées. Elle cherche une photo et m’indique “une nébuleuse planétaire” qui n’est pas loin. Je suis des indications et tombe sur NGC 6164, que je dessinerai:

Je rentre manger et vérifier les observations, avant de ressortir observer un peu plus, pointant une vraie nébuleuse planétaire cette fois: NGC 6153. Elle n’est pas bien grande mais vaut le détour avec sa campagne orangée:

Astronomicalement,
José